AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Gérard-Henri Durand (Autre)
EAN : 9782221115794
336 pages
Robert Laffont (09/09/2010)
3.08/5   31 notes
Résumé :

"Je serai le témoin de cette femme." Ainsi commence le récit du séjour, et de la fin, de Charlotte Douglass à Boca Grande. Charlotte, jeune et belle Américaine, a gagné cette petite république d'Amérique centrale dans l'espoir de retrouver sa fille en fugue.

La narratrice de l'histoire, c'est Grace Strasser-Mendana, une riche Américaine atteinte d'un cancer, ethnologue de formation, devenue, par son mariage, un personnage considérable à B... >Voir plus
Que lire après Un livre de raisonVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
UN LIVRE DE RAISON de JOAN DIDION
Grâce a été orpheline à dix ans, depuis 1935 elle vit à Boca Grande en Amérique Équatoriale. Elle fut d'abord anthropologue puis étudia la biochimie avant de se marier avec un grand propriétaire local qui produisait du coprah. A sa mort, Grâce hérita de l'argent en grande ainsi que d'une redoutable influence politique. Elle s'intéressa à Charlotte uniquement car elle posa ses valises à Boca Grande et de ce jour décida de témoigner de son histoire. Charlotte va tous les jours à l'aéroport, pourquoi, mystère. Elle est à Boca Grande pour retrouver sa fille, Marine, qui a disparu. le FBI prétend qu'elle est une passionaria révolutionnaire, surprise, on a retrouvé son bracelet en or près des débris d'une bombe meurtrière. Au même moment débarque Warren, ex mari de Charlotte qui vit avec Leonard alors qu'on signale Marine un peu partout dans le monde. Un jour c'est avec Gurdjieff, une autre fois avec des médiums qui mentionnent Edgar Cayce, elle semble avoir le don d'ubiquité.
Un roman bien étrange où les problèmes de communication sont centraux, et pas seulement entre les êtres. Pour appeler Miami de Boca Grande il faut passer par Quito et l'ambassade américaine utilise un radio amateur pour joindre son consulat.
Une écriture laconique qui distille des dialogues absurdes dans une réalité incertaine voilà ce qui vous attend en lisant ce livre. Surprenant.
Commenter  J’apprécie          90
Glaciale. C'est le premier mot qui me vient à l'esprit pour qualifier l'atmosphère de ce roman, ainsi que tout ce qui le constitue. La phrase initiale : « Je serai le témoin de cette femme » donne le ton : la narratrice Grace raconte le séjour de Charlotte Douglas à Boca Grande, république d'Amérique centrale (en réalité le Panama), où elle-même vit depuis son mariage avec un planteur de cocotiers, mais elle annonce un récit qui va se caractériser par une distance exprimée autant par le l'usage du mot « témoin » que par celui du démonstratif « cette ». D'ailleurs un peu plus loin elle confirme « Je ne m'intéresse à Charlotte Douglas que dans la mesure où elle est passée par Boca Grande, que dans la mesure où je ne parviens toujours pas à saisir le sens de ce séjour ». le problème est qu'à la fin du roman on n'en sait à peine plus sur Charlotte. Elle est à la recherche de sa fille de dix-huit ans qui a disparu après avoir commis un attentat. Mais jamais elle ne semble la chercher réellement même avant d'apprendre qu'elle est ailleurs ; et son comportement ne cesse d'être incongru, contradictoire, incompréhensible. Les deux femmes n'entretiennent pas une relation amicale, ni même cordiale. On peut lire sur la quatrième de couverture qu'il s'agit d ' « une remarquable enquête psychologique », pourtant l'enquêtrice manifeste bien peu d'intérêt pour son objet d'étude, lequel brille par son incohérence et son indifférence. Et ce n'est pas la seule raison pour laquelle l'univers de ce roman est désarçonnant : il est constitué de scènes de préférence dans le désordre dans lesquelles, plus qu'ils ne se rencontrent les personnages s'affrontent ou s'esquivent, ainsi dans les dialogues il est rare que l'un d'entre eux daigne répondre à son interlocuteur, souvent chacun poursuit sa propre idée sans se préoccuper de l'autre. Les rapports entre tous les personnage sont dégradés ; il n'y a pas de place pour le respect d'autrui, et encore moins pour la moindre forme d'amour, la valse-hésitation de Charlotte entre ses deux maris en est un bon exemple. La vie politique est abordée sous le même angle : l'ambition et la cupidité justifient tous les coups. Les hommes au pouvoir pratiquent une violence qui peut se retourner contre eux, ainsi le beau-frère de la narratrice Luis a-t-il été exécuté ; la corruption est partout : les groupes révolutionnaires sont manipulés par les hommes puissants dans leurs luttes intestines. Enfin les personnages sont hantés par la mort, en particulier la narratrice : elle dit à propos de celles de ses parents : « … je m'aperçois que perdre, comme moi, une mère à huit ans, présente quelques avantages. Et mon père est mort au cours de ma dixième année ; je n'étais pas encore trop occupée. », mais elle a perdu aussi son mari, son beau-frère, et tout comme Warren Bogart le premier mari de Charlotte, elle est elle-même en train de mourir d'un cancer. Bien sûr cela peut expliquer la vision pessimiste du monde, mais pour autant le texte, même s'il ne manque pas de profondeur, est dans l'ensemble bien peu séduisant.
Commenter  J’apprécie          33
Grace Strasser-Mendana, la narratrice, est une américaine qui s'est mariée avec l'un des fils de la famille Mendana, au pouvoir du Boca Grande, un état imaginaire d'Amérique centrale. Grace était anthropologue, elle a travaillé avec Lévi-Strauss, puis elle s'est passionnée pour la biochimie. Elle est veuve, atteinte d'un cancer incurable. Elle a décidé d'être le témoin de Charlotte Douglas, une autre américaine, échouée à Boca Grande parce qu'elle recherche sa fille Marine, disparue à l'âge de dix-huit ans. Marine qui s'est enfuie avec un groupe de combattants révolutionnaires, Marine dont le corps aurait été retrouvé à la suite d'une opération de guérilla. Mais cela, Charlotte ne peut pas l'entendre et Grace s'est donnée pour tâche de reconstituer son parcours, sa quête pour retrouver sa fille.

Je suis très consciente que mon résumé ne donne qu'un aperçu très incomplet de ce livre assez bizarre. Deux femmes très différentes, l'une qui essaye de comprendre comment fonctionne l'autre et ce qui l'a conduite jusqu'à Boca Grande où elle a trouvé la mort. Autant Grace est rationnelle, attachée aux faits et aux chiffres, autant Charlotte Douglas est fantasque, passionnée, irréfléchie. Grace ne s'entend pas avec son fils, Charlotte est prête à tout pour sa fille. Grace a compris le fonctionnement politique de Boca Grande, ses dangers et les compromissions obligées si l'on veut rester en vie, Charlotte n'hésite pas à défier les agents de la CIA qui la surveillent et elle ne respecte aucune règle de conduite.

Peut-être faudrait-il lire plusieurs fois ce livre pour réussir à en extirper ce qu'a voulu nous raconter Joan Didion, il faudrait accepter de se confronter plusieurs fois à ces personnages qui ne sont pas sympathiques, l'un d'entre eux, Warren Bogart, premier mari de Charlotte et père de Marine, étant le pire de tous, raciste, sexiste, alcoolique et j'en passe ! La narration est heurtée, suivant en cela l'attitude de Charlotte Douglas, femme toujours au bord de l'abîme, instable, incapable de se poser. La description que donne Grace des soubresauts politiques qui traversent régulièrement le pays est savoureuse et certainement inspirée de faits réels.

Pour résumer, une lecture un peu difficile d'accès, qui permet néanmoins de découvrir plus avant le talent de Joan Didion, que j'ai toujours plaisir à explorer. Je me demande encore pourquoi l'auteur a nommé son livre « A book of Common Prayer » en version originale, il y a certainement une intention dans ce titre que je n'ai pas élucidée. Il faudra sans doute que je cherche à lire les articles parus aux États-Unis à propos de ce livre pour le découvrir. Si quelqu'un a une idée, ça m'intéresse !
Commenter  J’apprécie          10
Un livre de raison est un registre domestique. le titre français est une traduction lointaine du titre original, « A book of common prayer ». Les deux titres n'annoncent guère le contenu, la narration par Grace des errements et de la fin de Charlotte dans un milieu de femmes riches et désoeuvrées, dans le petit monde de Boca Grande, une république sud-américaine instable et corrompue, contrôlée par l'ambassade des USA. Charlotte est une femme dépressive, inconstante ou menteuse, qui doit faire face à la disparition de sa fille terroriste et à deux maris (l'ancien, le nouveau) plus intelligents et plus cyniques, qui la manipulent et la méprisent.  Grace, qui se définit comme mourante d'un cancer et ailleurs comme une scientifique, est une confidente étonnée et une amie post-mortem : elle survit à Charlotte et n'a jamais compris ou pu se faire comprendre par celle-ci de son vivant. le récit est construit pour dérouter (« Charlotte conservait le souvenir de certaines nuits, de certaines journées, mais leur ordre chronologique lui échappait. Comme si l'on avait battu les cartes de sa mémoire », p 162), et Grace ne fait rien pour l'éclaircir : « Cette rencontre de Charlotte et de Gerardo inversa le champ neutronique de ma pelouse, modifiant non seulement l'humeur des personnes présentes mais peut-être également certaines structures cellulaires (cette possibilité m'intéresse) » (p 208).

L'auteur fait peu d'effort pour se cacher derrière le personnage de Grace-narratrice (voir p 23). Joan Didion s'adresse directement à un lectorat réceptif qui saura apprécier une peinture psychologique virtuose sans se soucier de l'intrigue. Cela ressort particulièrement du sixième cahier, le plus court et le plus distant : « Ainsi vous connaissez l'histoire » […] « Je n'ai pas été le témoin que je voulais être » […] « De toute façon, tout cela a si peu d'importance ». Il faut pour apprécier ce livre une complicité ou un préjugé favorable qui me
Commenter  J’apprécie          20
Quatrième de couverture :

« Je serai le témoin de cette femme.» Ainsi commence le récit du séjour, et de la fin, de Charlotte Douglass à Boca Grande. Charlotte, jeune et belle Américaine, a gagné cette petite république d'Amérique centrale dans l'espoir de retrouver sa fille en fugue. La narratrice de l'histoire, c'est Grace Strasser-Mendana, une riche Américaine atteinte d'un cancer, ethnologue de formation, devenue, par son mariage, un personnage considérable à Boca Grande. Son enquête sur Charlotte va l'obliger aussi à s'interroger sur elle-même. Exotisme et sensualité se mêlent ici à une réflexion sur la nature du pouvoir et de l'esprit révolutionnaire. À travers le portrait de deux femmes d'exception, décrites avec une acuité chirurgicale, Joan Didion a montré, dans ce Livre de raison, qu'elle était une analyste hors pair de la destinée humaine.
Avertissement : ô toi le lecteur qui est habitué de ces lieux, toi qui lis la quatrième de couverture au lieu d'un résume concocté par mes soins, tu te doutes que ceci est de mauvaise augure…et tu as raison!
Après un début très laborieux pour savoir qui était exactement Grace et sa fonction à Boca Grande, le reste de ma lecture a été très confuse. Entre passé et présent, de nombreux dialogues où Chralotte intervient, j'avoue être totalement passée à côté de cette lecture ! Je suis restée hermétique à ce livre (ou alors c'est l'inverse).
L'écriture est clinique,froide et je n'ai ni trouvé exotisme ni sensualité. Je me suis ennuyée du début à la fin… et pire, je n'y ai trouvé aucun intérêt.
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          12


critiques presse (1)
Telerama
22 février 2017
Avec cette passionnante enquête psychologique dans l'Amérique centrale des années 1970, Joan Didion fait, une fois encore, preuve d'une rare acuité.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Y a -t-il jamais eu un vieux qui ne considérait pas les jeunes comme des dégénérés ? C'est dans l 'ordre des choses. On souffre de voir le monde changer sans nous.
Commenter  J’apprécie          00
S'attarder sur le passé conduit á la faiblesse et à la démence. (...) Ne pleure pas sur le lait tourné, Grace, fais-en du fromage blanc.
Commenter  J’apprécie          00
Après-trois-jours-les-invités-c'est-comme-le-poisson-ça-pue.
Commenter  J’apprécie          10
Il ne suffit jamais d'avoir raison.
Il vaut mieux chercher à s'améliorer soi-même.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Joan Didion (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joan Didion
"J'entre ici en perdante. Je sais que les mots ne pourront rien. Je sais qu'ils n'auront aucune action sur mon chagrin, comme le reste de la littérature. Je ne dis pas qu'elle est inutile, je dis qu'elle ne console pas." C'est ainsi que débute Inconsolable, le livre que nous explorons au cours de cet épisode.
À travers un récit porté par une narratrice confrontée à la mort de son père et qui scrute, au quotidien, la douleur, la tristesse, le monde qui n'est plus le même et la vie qui revient malgré tout, son autrice, la philosophe Adèle van Reeth, tente de regarder la mort en face et de mettre des mots sur cette réalité de notre condition d'êtres mortels. C'est un livre qui parle de la perte des êtres chers et qui est en même temps rempli de vie.
Adèle van Reeth nous en parle au fil d'un dialogue, où il est question, entre autres, de la difficulté et de la nécessité d'écrire, de la vie avec la tristesse et d'un chat opiniâtre. Et à l'issue de cette conversation, nos libraires Julien et Marion vous proposent de découvrir quelques livres qui explorent la question du deuil.
Bibliographie :
- Inconsolable, d'Adèle van Reeth (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21563300-inconsolable-adele-van-reeth-gallimard
- La Vie ordinaire, d'Adèle van Reeth (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20047829-la-vie-ordinaire-adele-van-reeth-folio
- le Réel et son double, de Clément Rosset (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/501864-le-reel-et-son-double-essai-sur-l-illusion-e--clement-rosset-folio
- L'Année de la pensée magique, de Joan Didion (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/1177569-l-annee-de-la-pensee-magique-joan-didion-le-livre-de-poche
- Comment j'ai vidé la maison de mes parents, de Lydia Flem (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16192372-comment-j-ai-vide-la-maison-de-mes-parents-une--lydia-flem-points
- Rien n'est su, de Sabine Garrigues (éd. le Tripode) https://www.librairiedialogues.fr/livre/22539851-rien-n-est-su-sabine-garrigues-le-tripode
- Vivre avec nos morts, de Delphine Horvilleur (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21199965-vivre-avec-nos-morts-petit-traite-de-consolati--delphine-horvilleur-le-livre-de-poche
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (94) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1821 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}