Un petit volume ravissant retrouvé dans mes rayonnages, Jolie publication énigmatique... une sorte d'OVNI....
Durant des années, la photographe,
Hélène Bamberger a parcouru les paysages normands avec son amie,
Marguerite Duras, et comme chauffeur,
Yann Andrea !...
Des clichés, images insolites, de plus en plus dirigées pa
M.D, qu'elle revisionnera ultérieurement et y apposera des textes aussi insolites...l'idée d'un album naîtra !!!
Des instantanés souvent habités par la mer, des lieux divers, surprenants,un terrain de tennis déserté, symboles disparates évoquant la
mort , le temps qui passe inexorablement, comme une plage animée, une gare abandonnée, comme un cimetière, le haut d'un crucifix....des images plus sereines, comme des cordages, la pénombre-lumière de l'intérieur d'une église, un ensemble de troncs d'arbres coupés , en attente sur un quai... une belle maison , sans fenêtres, abandonnée...
de belles plages, etc.
"Ces cordages faits pour retenir les bateaux
de rejoindre le vent et de s'y perdre.
La mer est toujours surveillée, vérifiée.
Des fois qu'elle ne voudrait plus vivre.
Comme il y a des gens qui ne veulent plus
partir mais seulement rester là, à vivre dans
l'immobilité du temps. " (p. 34)
Plusieurs clichés me fascinent dont cet ensemble de troncs d'arbres coupés, marqués, en attente sur un quai...
"C'est du bois.Des BOIS. Venus des arbres des sols des
pays de grandes misères, venus des forêts d'Asies
différentes, comme le Siam qui a donné son nom
à des continuités terriennes perdues dans la géographie.
Celles des contrées perdues, comme étant d'un
autre temps.
Que pourrait-on montrer d'autre que ce qu'on voit ? Ce
qui est simplement vrai et qui échappe à l'homme ." (p. 38)
Il est aussi de nombreuses allusions aux guerres et au second conflit vécu par m.d.
un détail d'ombre d'un balcon de son appartement normand :
"Lire : l'ombre.
C'est l'ombre du balcon de notre appartement aux Roches Noires.
(...) La guerre est devenue lointaine comme l'âge des
enfants, comme la guerre, le temps passé en guerre. On
ne sait plus où elle a lieu. Parfois on va jusqu'à ne plus
savoir s'il y a encore des guerres, aujourd'hui ou hier.
On ne sait plus rien, presque, à force de savoir Tout.
Tout comme on croit savoir. C'est ce qu'on appelle un
état avancé du désespoir. (p. 20)
Un petit volume original... qui peut laisser perplexe...la meilleure attitude ,du moins personnellement, est de lâcher prise, de se laisser happer , dériver par la contemplation des photographies comme par les mots accompagnateurs !!!
Une rêverie multiforme, personnelle et différente pour chaque lecteur !!!