Êtes-vous islomane, comme l'un des personnages de
Lawrence Durrell dans son livre «
Vénus et la mer » « ? (« Nous, les islomanes, dit Gideon, sommes les descendants directs des Atlantes, et c'est vers l'Atlantide perdu que notre subconscient est attiré »). Lisez «
Les oiseaux de pierre », de
Jacky Essirard ! Vous y trouverez une île qui ne dit pas son nom, sur la côte nord de la Bretagne, mais qui abrite tous les éléments de rigueur en terre insulaire : un port miniature, des façades et des murets blancs, des hortensias, des genêts, des vipérines bleues, des pins à l'odeur entêtante, une grotte, des fantômes de naufrageurs, une maison de granit à toiture d'ardoise entre ajoncs et rochers, pleine de secrets.
Êtes-vous amateur d'atmosphères prenantes et mélancoliques, voire morbides ? Lisez
Jacky Essirard ! Dès les premières pages, les haubans claquent, l'océan gronde. le héros se retrouve sur un quai désert, attendant une jeune femme qui doit l'emmener dans l'île voir l'un de ses amis, peintre très malade dont il écrit la biographie… et cette jeune femme n'arrive pas.
Êtes-vous amoureux de la nature ? de la peinture ? Amoureux tout court ? Lisez «
Les oiseaux de pierre » ! Vous arpenterez la forêt, les sentiers, les criques, en réfléchissant aux revirements stylistiques de Chirico ou de Picabia, et aux dessins érotiques empilés sur votre lit – par qui ? –pendant votre courte absence.
Êtes-vous épris de mystère ? Il vous faudra en percer plusieurs, en compagnie du narrateur : celui du passé de son ami Manuel Canaro, le peintre qui a sollicité sa venue, et qui pourtant ne semble pas prêt à se confier. Celui des sentiments de Manuel à l'égard de la jeune femme qui a été sa compagne, son modèle, et qui veille encore sur lui. Celui de ses propres émotions, déroutantes. Celui de la grotte où semblent se dérouler d'étranges cérémonies.
L'écriture de
Jacky Essirard est riche en images (« Je m'endormis dans la position du blessé affalé de travers attendant l'arrivée des secours », à propos d'un somme en plein air ; « Je regagnai la chambre et m'attardai devant l'Origine du monde version Manuel Canaro. Vaste programme ») comme en trouvailles : « le hasard fait parfois des efforts ». le livre est un bel objet, malgré quelques coquilles non corrigées. Format que l'on tient bien en main ; illustration de couverture énigmatique, en écho au contenu ; la couverture elle-même, avec ses petits rabats, est très agréable. Lisez... etc. !!!