Sally est le 10ème d'une série de 12 romans portant un prénom féminin écrits par
Howard Fast ou son alias,
E. V. Cunningham, lorsque pourchassé par McCarthy et ses complices pour son activité militante rougeoyante, jeté en prison durant un an puis blacklisté, il doit se cacher pour continuer à écrire. Initialement publié en 1967,
Sally est paru chez Neo, éditeur regretté, en 1986 avec une traduction due à Pierre Sergine et l'une des mythiques couvertures créées par
Jean-Claude Claeys. C'est sous cette forme que je viens d'en achever une seconde lecture. Et toujours la magie …. Et toujours la perfection...
Sally Dillman, fille d'un mécanicien de locomotive, est institutrice. A la suite d'une erreur de diagnostic médical, elle se croit condamnée à brève échéance, et pour profiter de ses derniers moments après avoir vendu la maison de ses défunts parents, s'installe à l'Hôtel Saint-Regis de New-York, en attendant que le tueur à gages qu'elle a elle-même commandité abrège ses souffrances à une date qu'elle a souhaité ignorer. Mais tous les diagnostics ne sont pas fiables.
Tout se joue au cours d'une seule journée, durant laquelle Frank, désigné par son chef, met toutes ses compétences et son attirance au service de
Sally pour retrouver le « pistolet ». Embarquement immédiat pour une splendide, instructive et sociale promenade dans New-York, avec pour guide Frank Gonzalez, flic portoricain né dans un taudis du quartier espagnol de Harlem, dont la madeleine de
Proust consiste en l'odeur d'urine et de chou incrustée dans sa rue. Il a grandi dans une jungle, avant de réussir par miracle l'examen de sortie de l'école secondaire puis de l'université. A 32 ans, Frank vit toujours chez son étouffante mama, cuisinière hors pair, qu'il doit informer de chacun de ses déplacements ou de tout retard pour manger avant de se signer et de jurer que non, son travail n'est pas dangereux.
Il présente à
Sally, Gramercy Park, lui en résume l'histoire, lui parle de la clé qui en interdit l'entrée à tous, à l'exception d'une poignée d'enfants des familles friquées domiciliées alentour.
Sally et Frank se rendent ensuite dans une salle de boxe, sur les traces de ganstères que Frank connaît puisqu'ils ont été ses copains d'enfance immigrée et que leurs mamas partagent pauvreté et souvenirs du pays. Puis, ils traversent The Sheep Meadow où ne paissent plus les historiques moutons ; font une halte à l'Hôtel Saint-Regis dont le bar célèbre, La King Cole Room est l'un de ces endroits new-yorkais où une femme ne peut entrer que si elle est escortée d'un homme.
Sally est un roman bref, percutant, social, dont chaque détail réaliste est le reflet de l'humanisme, de l'engagement politique de
Howard Fast, qui a été l'un des fondateurs du Mouvement mondial pour la Paix, et acteur de tous les combats émancipateurs et progressistes, au détriment de sa propre liberté.