Sachez qu'en matière de polar, thriller et autres tueries, j'ai beaucoup moins de recul qu'un Walter PPK et comme je n'apprécie guère les situations glauques, ce qui aggrave mon cas, j'imaginais alors avoir beaucoup de mal à rester constructif.
Contre toute attente, j'ai pris énormément de plaisir à lire ce roman écrit au scalpel qui découpe et décrit avec la même précision chirurgicale les faits, les protagonistes et les victimes en suivant les pointillés de leur vie, de leur caractère et de leur trajectoire :
Ceux du gendarme Gomulka en fin de carrière, fatigué du képi que sa femme quitte d'avoir trop attendu ainsi que ceux de l'ambitieux Lieutenant Delahaye assoiffé de reconnaissance, qui a tout à prouver et à valider, même ses origines. Haïtien à Soissons, questionnements à foison.
Il y a aussi ceux des « Spartiates », un groupuscule d'extrême droite sensé avoir profané la partie musulmane d'un cimetière militaire. C'est une plaie.
Il y a également les pointillés à moitié effacés de Julia, en pleine thérapie, traumatisée par un accident insensé qui l'a laissée déboussolée et dépendante. Ex-DRH abusive et c'est un pléonasme.
On déplore les pointillés désoeuvrés des migrants venus de pays ou il ne pleut que des obus et maintenant parfois des abus, à l'opposé des pointillés acérés des dirigeants d'une clinique psychiatrique spécialisée en addictions et en diverses opérations.
Et enfin, les pointillés de camés paumés dirigés par Karim Safti sans oublier ceux émoussés d'Éric, un milouf revenu d'Afgha avec ses stigmates et d'autres loustics qui ne pourront pas regagner leurs pénates.
Bien sûr, dans ces enquêtes, on découvre des mains arrachés, des corps découpés, une tête de chien tranchée, des hommes égorgés mais c'est malheureusement justifié comme peut l'être la sordide réalité des évènements quand les individus débordent de haine à la recherche du succès, du gain et de la performance dans cette société bouffée par la réussite sans aucune compassion pour « le facteur humain », celui qui nous sonne sans arrêt et à qui on n'ouvre que partiellement et avec parcimonie la porte.
Le souci du détail et la qualité de traitement des sujets abordés ont emporté mon adhésion.
Thomas Fecchio à écrit un roman brûlant en s'emparant de thèmes actuels et sensibles qu'il a su exposer avec habilité dans ce polar noir.
Merci à Babelio de m'avoir fait confiance et aux éditions Seuil « Cadre Noir » pour cet envoi.