Dans l'atelier de Coco Chanel

Christine Féret-Fleury nous propose dans l'atelier de Coco Chanel un portrait de cette femme hors du commun qui a changé l'allure des femmes en ce début du XXè siècle les faisant entrer dans un monde moderne où elles pouvaient enfin bouger et vivre "libres".
C'est Aimée, une jeune modiste embauchée dans son atelier de Deauville en 1913 qui ,à travers les pages de son journal ,nous raconte ou plutôt nous conte la vie de Coco.tellement déjà la légende et les rumeurs circulent ..
Ce journal retrace aussi les années 1914/1918 , la première guerre mondiale, le contraste entre ceux qui meurent, qui ont faim, froid et peur et ceux qui continuent à vivre dans l'opulence, aveugles à tout ce qui n'est pas leur plaisir.
Un récit précis, accessible qui , pour les plus curieux, ouvre la porte à de nombreux champs d'explorations.
2021, 50 ans après sa disparition ,Gabrielle Chanel fascine toujours autant et son nom est connu dans le monde entier. de là où elle est elle doit être fière de sa réussite ...

De 1914 à 1919, on va suivre le quotidien d'une couturière engagée dans les ateliers de Coco Chanel. On va suivre pas à pas le déroulement de la guerre, le développement des activités de Coco Chanel et la vie des petites gens, à l'ombre des nanties qui peuvent se payer des tenues Chanel.

C'est écrit pour un public jeune. C'est bien documenté. le format "journal d'une couturière" convient bien au propos. On a dès lors de nombreuses anecdotes, des rumeurs (des fakes news de l'époque), des faits de guerre consignés par Aimée, engagée à 16 ans comme couturière dans les Ateliers Chanel. C'est ça ou les industries d'armement, ou la rue. La grippe espagnole est également évoquée en fin de récit.

Le roman bien documenté sert de prétexte à un survol des différents comportements de la société française. On aborde la question des gueules cassées en passant par les bonnes bourgeoises retranchées à Deauville ou Biarritz, ou l'émancipation (timide) de la femme par la mode. C'est un peu léger, et l'autrice ne manque pas de critiquer la société qui se préoccupe de ses tenues pendant que les soldats meurent par dizaines de milliers au front. le grand écart entre le monde "superficiel" de la mode et les comportements de l'armée (chair à canon, conscription, gueules cassées, conseils de guerre, exécution pour mauvais comportements, désertions...) est largement abordé.

Même si ce ne sont pas les années les plus intéressantes de Coco Chanel, elles demeurent intéressantes pour comprendre ce qui arrivera ensuite.

Le récit procède par petites touches, de la Grosse Bertha à la toile utilisée pour habiller les femmes, en passant par les rudes hivers, les conditions de vie des ouvrières, les prix, le rationnement, la progression des idées communistes, l'immigration vers les USA... On apprend donc pas mal de petites choses, et on a une vision globale (même si édulcorée) des années de guerre.

Quant au côté féministe du roman, la question de l'émancipation de la femme (qui remplace les hommes partout en France) est centrale. Même si on voit que la route sera longue et complexe, et qu'elle ne conduira pas à une libération de toutes les femmes de manière égale et linéaire. L'autrice termine d'ailleurs sur une note plutôt négative, pessimiste par rapport à Aimée qui n'ose pas dire à Coco Chanel qu'elle voudrait se marier et partir. Coco Chanel était en effet contre le mariage de ses ouvrières, prônant la libération des femmes pouvant s'acheter ses créations, mais refusant cette libération à ses employées, les aliénant à sa personne.

On est donc loin d'encenser Coco Chanel dans ce roman qui se conclut par un dossier assez complet sur la créatrice.

J'aime beaucoup cette collection présentant une biographie sous la forme d'un journal intime. A travers les yeux d'Aimée la jeune couturière, on découvre le portrait de Gabrielle Chanel, femme libre et indépendante qui par son talent et sa créativité, va bouleverser la mode féminine.
D'emblée Aimée est fascinée par celle que son compagnon, Arthur Capel dit Boy, appelle Coco: "Cette femme ne marche pas, elle court; elle ne parle pas, elle s'enflamme; c'est un ouragan". Nous sommes à Deauville en 1914, dans un petit atelier de bord de mer. D'ailleurs les premières créations à succès de la styliste seront les canotiers ("Ces chapeaux d'homme qu'elle a mis à la mode pour les femmes et que toutes ses amies parisiennes s'arrachent.") et les marinières ("inspirées de celles des pêcheurs d'Etretat"). Ce que souhaite Gabrielle, c'est "dégager les femmes de toute contrainte, des baleines et du corset, des jupes entravées et des talons trop hauts" afin de libérer leurs mouvements: "Le confort des femmes lui tient tant à coeur qu'elle est prête à déclencher une révolution pour l'obtenir".

La styliste va d'ailleurs beaucoup s'inspirer des tissus (comme le jersey) et des coupes empruntés aux vêtements masculins. Sa veste de tailleur deviendra un incontournable et c'est aussi elle qui inventera le pyjama "comme pour les hommes. Il fallait s'y attendre. Depuis quatre ans, elle ne cesse de s'approprier les vêtements masculins, plus pratiques, plus confortables".

Même pendant la guerre, Coco ne cessera de créer, d'innover. Si, de retour à Paris pour l'hiver, les petites couturières cousent sans relâche des uniformes d'infirmières, les commandes des riches bourgeoises sont de plus en plus nombreuses ("Je couds pour des femmes qui ont des caprices de reine. Comment peuvent-elles penser à leurs robes?"). Au point que la modiste ouvre, non pas une nouvelle boutique, mais une véritable maison de couture. de nouvelles ouvrières sont embauchées chaque semaine, au point que "la villa ressemble à une ruche". Aimée, qui a connu l'atelier Chanel à ses modestes débuts, a désormais "la sensation de participer à une grande aventure", même si elle regrette sa complicité d'autrefois avec Gabrielle ("Maintenant, je suis une abeille parmi d'autres").

Plus le récit avance et moins il est question de Coco Chanel, que la couturière ne voit plus beaucoup. Ses propos mettent davantage en avant le contexte de la guerre et ses répercussions sur le quotidien, ce qui est également intéressant mais pas forcément ce à quoi s'attend le lecteur. Par contre j'ai trouvé pertinent d'évoquer les ragots qui n'ont cessé de poursuivre la styliste malgré son talent (""Ca ne se fait pas", que je hais ces cinq mots pour les avoir entendus toute ma vie!"). Difficile de faire oublier ses (modestes) origines ("Le Tout-Paris qui l'encense ne lui donnerait pas ses fils en mariage. Elle a été pauvre, elle a chanté dans un café d'officiers, elle a eu des amants"). Celle qui rêvait "la femme de demain", qui voulait "libérer les femmes", aura amorcé un vaste et colossal projet ("Il faut changer le monde") qui est toujours d'actualité: "Ce siècle est celui de la femme, je le sais, je le sens. Elles vont enfin pouvoir prendre leur destin en main".
Cette lecture, qui retrace à la fois un parcours et une époque, pourra être prolongée grâce au dossier "Pour aller plus loin".
Lien : https://www.takalirsa.fr/dan..

Un très bon moment de lecture comme souvent avec mes livres jeunesse que j ose ouvrir uniquement pour des challenges

Petite critique car que 160 pages
Je vais vite chercher un autre roman sur Coco
Une femme pleine de volonté et d energie qui va de l avant
Beaucoup de passages sur ses propos méritent d etre cites

Aimée Dubuc est une jeune fille passionnée par les travaux de couture et qui souhaite en faire son métier. le jour où elle est embauchée dans les ateliers de Gabrielle Chasnel à Deauville c'est le plus beau jour de sa vie. Cette couturière dont on commence à citer le nom dans les milieux bourgeois va lui apprendre le métier. Exigeante elle ne laisse rien passer et façonne Aimée Dubuc à son image. Un roman qui permet de connaître un peu mieux cette grande dame que fut Coco Chanel et son ascension vers le succès avec l'ouverture de ses boutiques à Biarritz et Paris où elle entrainera ses ouvrières dans une période marquée par la première guerre mondiale.

Un roman jeunesse de 160 pages conseillé à partir de 9 ans. L'écriture de l'auteure est très agréable. Des phrases courtes, un vocabulaire riche et une histoire assez rythmée où sont évoqués : la pauvreté, la trahison, l'ascension sociale, la première guerre mondiale. J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette collection et je n'hésiterai pas à suivre Christine Féret-Fleury qui écrit pour les enfants, les adolescents mais aussi les adultes.
Lien : https://pausepolars.wordpres..