Hasard de mes lectures du moment, je viens de lire deux textes sur les grands parents d'écrivaines, qui ont vécu en Tunisie. "
Fille de Tunis" d'
Olivia Elkaim et "
La famille de Pantin" nous parlent des grands parents, parents des auteures, qui ont quitté la Tunisie lors de son indépendance et la fin du protectorat français.
Ces deux textes m'ont permis de découvrir des épisodes de l'histoire de la Tunisie, la relation entre ce pays et la France, l'Italie. Les deux auteures nous parlent de l'histoire avec un grand H mais aussi des histoires personnelles des leurs.
Elles se questionnent aussi sur les racines familiales, sur les histoires familiales, sur les non dits dans les familles.
Michèle Fitoussi a décidé de raconter ses ancêtres, en partant de
la famille de Pantin, ou plutôt sur les tombes de sa famille. Et c'est une sorte de pèlerinage, qu'elle fait avec ses parents et elle retrouve des oncles, tantes, cousin(e)s.
L'auteure va alors "enquêter" sur certains membres de sa famille, et elle va se questionner sur elle, sur sa vie, sur ses choix.. Elle va même faire un test ADN qui va lui dévoiler les pourcentages de ses origines : juive tunisienne à 85 %, asiatique, grecque et italienne à 2 %, il lui a également révélé sa part ashkénaze à hauteur de 13 %. Ce résultat d'ADN va alors lui permettre de nous raconter l'histoire de la Tunisie, région de passage, de métissage, de convoitise..
Elle nous parle des racines familiales, des traumatismes et de l'identité.
De beaux portraits de membres de sa famille, de réunions de famille et de l'importance de la nourriture, ce texte est imprégné des effluves de beignets au sucre, de bricks à l'oeuf « dégoulinants de jaune », de fricassés au thon, de couscous, de poisson grillé arrosé d'huile d'olive et de citron, des mininas, des makouds, du osban, de l'akoud, des tajines, sans oublier les bombolonis, . Les « prières expédiées entre deux éclats de rire » lui donnent une occasion supplémentaire d'évoquer, avec gourmandise, la pkaïla de Rosh HaShana, le msoki de Pessah, la glace au sabayon, le boulou ou encore les boules au miel…
Elle va alors réfléchir à sa judéité, même si elle n'est pas pratiquante.
"Il y a tant de façons de se sentir juif, les miennes tiennent en deux mots, fierté et fidélité. La fierté d'appartenir au peuple
Du Livre, des textes, de l'interprétation, du questionnement et de l'intelligence. La fidélité à une histoire, une cellule des valeurs, des traditions que je me sens libre de ne pas respecter et qui pourtant m'émeuvent;"
"Comme la mienne, leur judéité passe par la famille et par la nourriture. Ce qui est encore une énième façon d'être juif" (p86)
J'ai aimé rencontrer cette famille de Pantin et déambuler dans les pages historiques, sur la Tunisie, sur l'histoire des juifs errants, mais aussi sur l'histoire plus personnelle de l'auteure et certaines références, qui m'ont donné envie de (re)lire "
Belle du seigneur" d'
Albert Cohen (Moi aussi, comme
Solal, j'ai voulu me retirer et, comme lui, je suis revenue", lire
Albert Memmi, Nina Moati,
Gisèle Halimi (en particulier "Kahina"). Mais aussi partir en Tunisie, parcourir les rues de Tunis, de Livourne,
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