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EAN : 9782234092358
342 pages
Stock (23/08/2023)
4/5   39 notes
Résumé :
Tunis, années 1940. Les parents d'Arlette ne savent plus comment faire : indomptable, leur fille s'enfuit toutes les nuits et n'obéit à personne. A la mort de son père, un oncle décrète qu'il faut la marier. Arlette rencontre Sauveur, beau canonnier d'origine sicilienne. Avec lui, elle pense trouver la liberté. Mais ses grossesses ruinent ses espoirs et la fin du Protectorat français signe son départ pour Marseille.
Exilée, reléguée socialement, elle lutte po... >Voir plus
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Tous les jours Arlette s'échappe, grimpe aux eucalyptus, chasse les lièvres au lance-pierre. Elle rêve d'un prince, d'horizons lointains, de la France qui la fait tant rêver, Paris, la mode, la liberté, les grands écrivains. Elle vogue, plus rien ne la retient sur le continent africain. Elle a 12 ans, nous sommes à Tunis en 1945.

Entre Tunis et Marseille, Olivia Elkaim nous entraîne dans le sillage de sa grand-mère maternelle, une jeune fille belle et libre qui poussait de travers au destin percuté par la guerre, la décolonisation et l'exil.
Olivia porte les silences de sa famille, sa grand-mère veut continuer à vivre ses aventures à travers elle. Une histoire familiale tissée de dénis et de refus, il y a tant de choses qu'elle ignore. Elle fouille sa mémoire, gratte le passé. Elle écrit pour reconstituer ce qu'aucun registre d'état civil ne contient, l'intensité de la vie de sa grand-mère, les choix qui se sont imposés, les choix qu'elle a imposés. Raconter ce qui n'a jamais été dit, l'ombre d'une Arlette jeune et rebelle se glisse entre ses lignes.

Un magnifique roman porté par le portrait d'une femme inoubliable. Olivia Elkaim décrit avec pudeur la douleur de se sentir étranger dans son pays de naissance, de perdre du jour au lendemain sa maison, sa jeunesse, ses souvenirs. Comment ne pas aimer cette famille où on mange, on chante et on boit au chevet du père qui s'en va.
Une écriture très belle, vivante, colorée. Un immense cri d'amour envers cette grand-mère et ses racines tunisiennes. Malgré ses excès, ses addictions à l'alcool et aux jeux, on ne peut qu'être amoureux devant la beauté et la liberté d'Arlette.
Un grand merci aux éditions stock de m'avoir permis d'apprécier ce roman en avant-première.
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Hasard de mes lectures du moment, je viens de lire deux textes sur les grands parents d'écrivaines, qui ont vécu en Tunisie.
"Fille de Tunis" d'Olivia Elkaim et "La famille de Pantin" de Michèle Fitoussi nous parlent des grands parents, parents des auteures, qui ont quitté la Tunisie lors de son indépendance et la fin du protectorat français.
Ces deux textes m'ont permis de découvrir des épisodes de l'histoire de la Tunisie, la relation entre ce pays et la France, l'Italie.
Les deux auteures nous parlent de l'histoire avec un grand H mais aussi des histoires personnelles des leurs.
Elles se questionnent aussi sur les racines familiales, sur les histoires familiales, sur les non dits dans les familles.
Le texte d'Olivia Elkaim est un peu différent que celui de Michèle Fitoussi, deux générations différentes (Olivia Elkaim est plus jeune que Michèle Fitoussi) et de milieu (un milieu universitaire pour Michèle Fitoussi et un milieu plus populaire pour Olivia Elkaim, Paris et Marseille aussi.
Tunis, années 1940. Les parents d'Arlette ne savent plus comment faire : indomptable, leur fille s'enfuit toutes les nuits et n'obéit à personne. A la mort de son père, un oncle décrète qu'il faut la marier. Arlette rencontre Sauveur, beau canonnier d'origine sicilienne. Avec lui, elle pense trouver la liberté. Mais ses grossesses ruinent ses espoirs et la fin du Protectorat français signe son départ pour Marseille.
Exilée, reléguée socialement, elle lutte pour reconstruire sa vie, loin de la dolce Vita tunisoise et de son mari, resté là-bas. Prise dans une spirale de jeu et d'alcool, elle veut s'affranchir de ses rôles d'épouse et de mère. C'est la descente aux enfers. Après sa mort, en 2010, ses filles renoncent à la succession et jettent tous leurs souvenirs.
La petite fille nous livre un beau et touchant portrait de sa grand mère. Arlette qui a 12 ans en 1945 et qui est un vrai garçon manqué, son père Albert, est maréchal ferrant dans une caserne française et apprécie le Week end d'aller faire le joker sur les champs de course. Orpheline, elle va faire deux mariages, donner naissances à deux filles (dont la mère de la narratrice). La petite fille va essayer de connaître sa grand mère, une grand mère qui lui envoie toujours la même carte postale, avec Sainte Rita, la sainte de l'impossible avec ce message "cesse de t'inquiéter pour tout et pense à faire la fête". Elle va parler avec délicatesse de la vie de cette grand-mère avec ses problèmes d'alcoolisme et d'addiction aux jeux. Joli moment quand sa mère lui indique de lire "le joueur" de Dostoïevski ("c'est ce qui m'a permis de comprendre la folie du jeu de ma mère, ça va peut être t'aider dans ton travail." La narratrice et sa mère vont aussi beaucoup parler sur ce projet de texte. "Il faut se réinventer Olivia, ne jamais regarder derrière soi." "Pourquoi préférer le face à face avec les morts plutôt que celui avec les vivants". Olivia essaie de comprendre les relations de sa mère et de sa tante avec cette grand mère, si moderne. qui a vécu avec deux hommes et ce joli mot qu'elle emploie "trouple" (On peut aussi dire trouple, groupe de trois personnes qui entretient une vie commune avec ou sans relations sexuelles, lis je sur internet, "trouple" soit le trouble, à une lettre prés."
Elle a aussi du mal à comprendre la vie de sa mère ("Ma mère est l'inverse d'une figure d'émancipation du moment où, collectivement les femmes tentent de s'affranchir du joug du patriarcat. Elle vit à rebours des luttes féministes. Après son mariage, elle devient mère au foyer, s'enorgueillit d'être reine de la tarte Tatin, experte en produits ménagers, tout ce que dès l'adolescence, comme ma grand mère j'abhorre."
Et sa tante, soeur de sa mère, qui lui dit : "j'aime ma mère, même si elle m'a mal aimée, me dit elle. Ecris çà dans ton roman, juste çà.". Une tante qui a séjournée dans un sanatorium, qui donne des noms de poètes à ses chiens (Ronsard, Lamartine, Mallarmé
Un beau texte de recherche des racines de sa famille, de beaux portraits touchants de femmes. Et j'ai aimé la description de la Tunisie, au moment de son indépendance et la vie à Marseille de sa grand mère. Et de belles pages sur les dialogues entre générations, avec des paroles mais aussi des silences.
"Il me prescrit des antibiotiques, mais, en vérité, seule l'écriture sauve - l'écriture, cette amarre lancée vers mes ancêtres.
#FilledeTunis #NetGalleyFrance
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#FilledeTunis #NetGalleyFrance
Avant tout merci à Net Galley France et aux Editions Stock de m'avoir permis de lire ce livre.
C'est le second livre d'Olivia Elkaim que je lis, le premier fut le tailleur de Relizane que j'avais beaucoup aimé.
J'ai aussi eu la chance de rencontrer l'auteure au salon du livre de Nancy, le 9 septembre dernier.
Le style est toujours aussi fluide, la langage toujours aussi travaillé, la composition est rythmée par des chapitres assez courts. le sujet est personnel, on peut dire autobiographique, la recherche de ses racines, de ses origines et surtout de l'histoire de sa grand mère, dont tout le monde autour d'elle a toujours tu la vérité. Sorte d'omerta de la famille sur cet femme à l'esprit libre. L'auteure n'hésite pas à parler de ses origines, ce sont les siennes, elle les assume, même si elles peuvent sembler assez négatives. Entre recherche poussées et enfin retour à ses origines, c'est une sorte de chemin de croix, ou de pèlerinage que l'autrice va faire. Se réapproprier son passé ses origines, retrouver ses racines, se sentir à nouveau "d'une famille", et faire la paix avec elle-même. un énorme travail personnel, visiblement nécessaire, surtout pour les familles qui ont vécu un exil, qui ont à cause de l'histoire perdu leur passé, mais aussi leurs espoirs d'avenir. Un livre sans fard, très fort, qui touche énormément.
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Olivia Elkaim retrace, dans ce roman familial, l'histoire de sa grand-mère maternelle, prénommée Arlette, une femme atypique pour son époque. L'autrice pense avoir plus de points communs avec cette grand-mère à la personnalité truculente qu'avec sa mère tellement sage et conformiste : « Ma mère est l'inverse d'une figure d'émancipation au moment où, collectivement les femmes tentent de s'affranchir du joug du patriarcat. Elle vit à rebours des luttes féministes. » Elle va donc chercher à réhabiliter la mémoire de sa grand-mère aux moeurs plus libérées : « Arlette m'habite comme un dibbouk. Elle veut continuer à vivre ses aventures à travers moi. »

On plonge alors dans le passé d'Arlette. Alors qu'elle n'a que 16 ans, elle rencontre à Tunis dans les années 40, un homme dénommé Sauveur, un militaire d'origine sicilienne. Elle tombe amoureuse et se marie. Quelques années plus tard, la fin du protectorat français en Tunisie l'oblige à quitter le pays devenu instable, Arlette vient donc habiter à Marseille, seule avec leurs deux filles Rosie (mère de l'autrice) et Laura, surnommée Lola. Sauveur promet de la rejoindre quand il sera libéré de ses obligations militaires. Employée en tant qu'opératrice à EDF, Arlette mène une vie plutôt plaisante, s'amuse même beaucoup jusqu'au jour où elle tombe dans l'addiction au jeu et à l'alcool.
 
En 2010, après sa mort, ses filles renoncent à la succession et veulent tirer un trait sur le passé : « Mamie Arlette est enterrée, bon débarras. » L'autrice cherche à comprendre ce que sa mère et sa tante veulent cacher. Il faut dire qu'une grand-mère qui parie, qui fume et boit, qui porte des vêtements de couturiers célèbres, qui côtoie des malfrats et qui a vécu en trouple avec Jojo et Sauveur, ce n'est pas traditionnel. Bien sûr, cette vie à trois n'a pas été un choix pour Sauveur quand il est enfin arrivé à Marseille, il a été contraint d'accepter Jojo qui était leur protecteur auprès de la pègre marseillaise. Arlette a en effet fini par contracter de nombreuses dettes.
 
C'est un livre qui se lit très facilement. le style est fluide et agréable. On suit pas à pas la quête personnelle de l'autrice et les frasques d'Arlette. Cette grand-mère si peu commune était déjà un personnage de roman en soi et on comprend aisément qu'Olivia Elkaim ait eu envie de retracer le parcours de cette « fille de Tunis ». Même la fin de vie d'Arlette et de Sauveur semble romanesque, elle sonne comme le nécessaire retour à la morale après une vie dissolue.

La recherche sur le passé d'Arlette est pour l'autrice une façon de mieux se connaître et de renouer avec ses origines tunisiennes : « Comme Arlette, comme Lola et Rosie, moi aussi , je suis une fille de Tunis.» J'ai bien aimé ce portrait d'Arlette et les réflexions qu'il suscite.
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Après le tailleur de Relizane, qui évoquait l'histoire de son ascendance paternelle, Olivia Elkaim nous emmène, cette fois, dans le passé de sa grand-mère maternelle, avec qui elle a tissé des liens particuliers.
C'est un roman émouvant, un besoin de l'auteure d'être en paix avec les ombres du passé pour s'ancrer sereinement dans le présent. C'est tendre, poétique, nostalgique, triste aussi et plein de vie. Arlette c'est un personnage !
Une très belle lecture de cette RL. J'ai dévoré ce livre qui montre l'importance de nos racines et le besoin de lever les voiles.

"J'écris pour reconstituer ce qu'aucun registre d'état civil ne contient, l'intensité de sa vie, ses bifurcations, les choix qui se sont imposés, qu'elle a imposés, ceux dont elle a pensé qu'ils n'étaient pas des choix."

📖
Arlette naît à Tunis peu avant la deuxième guerre mondiale. Elle est une enfant espiègle, indomptable pour ses parents. A la mort de son père, un de ses oncles conseille à sa mère de la marier rapidement. Elle rencontre Sauveur, un beau sicilien de 10 ans son aîné. Elle l'épouse et pense gagner sa liberté mais les révoltes grondent sur les protectorats et son mari l'envoie en France avec leurs deux filles et sa mère.
A Marseille, exilée et avec des finances moindres, c'est la descente aux enfers. Elle joue, boit, dépense sans compter, fréquente les milieux mafieux et rencontre Jojo. Celui-ci la sauvera de situations délicates...
La jeune Olivia, enfant, passe des vacances auprès de cette grand-mère atypique. A sa mort, elle ne comprend pas l'attitude de sa mère et sa tante qui sont loin d'éprouver de la tendresse envers Arlette et refusent de parler du passé.
Elle va donc explorer la vie de cette femme qui lui manque, la fascine tout en redoutant la ressemblance.
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
24 novembre 2023
Après son grand-père paternel en Algérie ("Le tailleur de Relizane"), la romancière et journaliste Olivia Elkaim revient sur une autre partie de l’histoire coloniale de France à travers le destin singulier de sa grand-mère maternelle.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesEchos
08 septembre 2023
Olivia Elkaim poursuit son exploration de la sphère familiale en remontant le fil de la vie d'Arlette, sa grand-mère maternelle. La vie d'une femme libre faisant voler en éclats les carcans de son époque, l'étiquette et les convenances. Subjuguant !
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Mais le pire dans tout ça, le pire, ma Zizouna, c'est qu'on a pas perdu seulement notre passé. Avec ton grand-père, on aurait pu s'en remettre. On a aussi perdu notre avenir.
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- Fais un vœu, mais garde-le pour toi, sinon, il ne se réalisera pas.
Je faisais le vœu que ma grand-mère soit immortelle.
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Albert, cette fois, veut se montrer ferme, sévère comme doit l'être un père. Après l'occupation allemande, les autorités françaises ont repris le Protectorat en main, lui sera bien capable de reprendre en main sa famille.
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J'écris pour reconstituer ce qu'aucun registre d'état civil ne contient, l'intensité de sa vie, ses bifurcations, les choix qui se sont imposés, qu'elle a imposés, ceux dont elle a pensé qu'ils n'étaient pas des choix.
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L'exil, c'est très grave Olivia, ça percute les individus, nous, toi sur plusieurs générations, ça fait mal, ça perdure.
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Videos de Olivia Elkaim (44) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Olivia Elkaim
Dans cet épisode de L'Intention, la romancière et journaliste Olivia Elkaim nous parle de son neuvième roman, Fille de Tunis, publié aux éditions Stock.
Elle y raconte l'histoire d'un personnage haut en couleur : sa grand-mère Arlette. Entre Tunis et Marseille, entre monde de la nuit et vie amoureuse innovante, sa vie ne pouvait qu'inspirer un roman !
Qui est vraiment Arlette ? En nous racontant qui était sa grand-mère, Olivia Elkaim nous dévoile les coulisses de l'écriture de son roman, et la place qu'il tient dans sa vie d'écrivaine.
Concept éditorial : Hachette Digital, en collaboration avec Lauren Malka Voix et interview : Laetitia Joubert et Shannon Humbert Ecriture: Lauren Malka Montage, musique originale : Maképrod Conception graphique : Lola Taunay Extrait musical: Monday, Tuesday... Laissez-moi danser (1979) Artiste : Dalida ALBUM : Monday, Tuesday... Laissez-moi danser Compositeur : Cristiano Minellono Adaptateur : Pierre Delanoë Auteur-Compositeur : Toto Cutugno LICENCES : UMG (au nom de Universal Music Division Barclay)
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