AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

C Pellegrin (Commentateur)
EAN : 9782210754621
190 pages
Magnard (08/04/2003)
4.17/5   21 notes
Résumé :
" Pourquoi m'écrivez-vous les plus spirituelles et les plus nobles lettres du monde ? Prenez-vous en à vous-même. Désormais, il faut que vous m'écriviez. " Nul mieux que Victor Hugo ne pouvait exprimer la jubilation que procure la lecture des lettres de Gustave Flaubert. En effet, si Louise Colet ne fut pas toujours aussi bien aimée qu'elle l'eût voulu, elle reçut la plus belle et la plus passionnante des correspondances. Grâce à ces lettres savoureuses, les élèves ... >Voir plus
Que lire après Lettres à Louise Colet (édition scolaire)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voici des lettres issues de l'abondante correspondance entre Gustave Flaubert et sa première maîtresse et véritable amour de sa vie, la poétesse romantique Louise Colet, épouse du flûtiste Hippolyte Colet. Entre 1846 et 1860, les deux amants se sont échangés des centaines de lettres dont la plupart a été brûlé. Une période qui évoquera certainement quelque chose aux amoureux de l'auteur, car il s'agit des années pendant lesquelles l'Ermite de Croisset s'est donné corps et âme à l'écriture de son premier chef d'oeuvre : Madame Bovary - "sa deuxième maîtresse", ainsi que la surnomme avec ironie "la première."

Les lettres témoignent de la relation tumulteuse qu'entretenaient les deux amants.Tour à tour enflammées, tendres, passionnées, pleines de reproches, de soupçons, de jalousies, elles rendent compte des tourments de l'âme de deux êtres qui s'aiment et se déchirent depuis le jour de leur rencontre, en juin 1846, au salon du sculpteur Pradier. Elles portent également une valeur historique, se faisant véritables témoignages d'une époque lorsque l'auteur évoque Napoléon, la révolution de 1848, ou fait référence à la vie culturelle et littéraire ô combien foisonnante à laquelle ils prenaient tous deux part.

Les passages de Madame Bovary attestent des simiiltudes entre les "deux maîtresses" de Gustave Flaubert. Celle qui était surnommée "La Muse" par de nombreux artistes (elle a également été la maîtresse d'Alfred de Musset, de Victor Cousin ou encore d'Alfred de Vigny) était avant tout celle de Flaubert, car elle a été pour lui la source d'inspiration d'une de ses plus importantes héroines de papier.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          290
Très intéressantes ces Lettres à Louise Colet. Elles nous permettent d'en savoir plus sur le personnage (odieux selon moi) qu'était Flaubert ainsi que sur les réflexions qu'il pouvait avoir à propos de son labeur d'écrivain, ses ambitions, l'avancée de ses travaux, etc...
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Samedi soir.
(...) Si je n’ai pas répondu plus tôt à ta lettre dolente et découragée, c’est que j’ai été dans un grand accès de travail. Avant-hier, je me suis couché à 5 heures du matin et hier à 3 heures. Depuis lundi dernier j’ai laissé de côté toute autre chose, et j’ai exclusivement toute la semaine pioché ma Bovary, ennuyé de ne pas avancer. Je suis maintenant arrivé à mon bal que je commence lundi. J’espère que ça ira mieux. J’ai fait, depuis que tu ne m’as vu, 25 pages net (25 pages en six semaines). Elles ont été dures à rouler. Je les lirai demain à Bouilhet. Quant à moi, je les ai tellement travaillées, recopiées, changées, maniées, que pour le moment je n’y vois que du feu. Je crois pourtant qu’elles se tiennent debout.
Tu me parles de tes découragements : si tu pouvais voir les miens ! Je ne sais pas comment quelquefois les bras ne me tombent pas du corps, de fatigue, et comment ma tête ne s’en va pas en bouillie. Je mène une vie âpre, déserte de toute joie extérieure et où je n’ai rien pour me soutenir qu’une espèce de rage permanente, qui pleure quelquefois d’impuissance, mais qui est continuelle. J’aime mon travail d’un amour frénétique et perverti, comme un ascète le cilice qui lui gratte le ventre. Quelquefois, quand je me trouve vide, quand l’expression se refuse, quand, après avoir griffonné de longues pages, je découvre n’avoir pas fait une phrase, je tombe sur mon divan et j’y reste hébété dans un marais intérieur d’ennui. Je me hais et je m’accuse de cette démence d’orgueil qui me fait haleter après la chimère. Un quart d’heure après, tout est changé, le coeur me bat de joie.
Mercredi dernier, j’ai été obligé de me lever pour aller chercher mon mouchoir de poche ; les larmes me coulaient sur la figure. Je m’étais attendri moi-même en écrivant, je jouissais délicieusement, et de l’émotion de mon idée, et de la phrase qui la rendait, et de la satisfaction de l’avoir trouvée. Du moins je crois qu’il y avait de tout cela
Commenter  J’apprécie          80
Tu me parles de tes découragements ! si tu pouvais voir les miens ! Je ne sais pas comment quelquefois les bras ne me tombent pas du corps, de fatigue, et comment ma tête ne s’en va pas en bouillie. Je mène une vie âpre, déserte de toute joie extérieure, et où je n’ai rien pour me soutenir qu’une espèce de rage permanente, qui pleure quelquefois d’impuissance, mais qui est continuelle. J’aime mon travail d’un amour frénétique et perverti, comme un ascète le cilice qui lui gratte le ventre.

Quelquefois, quand je me trouve vide, quand l’expression se refuse, quand après [avoir] griffonné de longues pages, je découvre n’avoir pas fait une phrase, je tombe sur mon divan et j’y reste hébété comme dans un marais intérieur d’ennui. – Je me hais, et je m’accuse de cette démence d’orgueil qui me fait haleter après la chimère. Un quart d’heure après tout est changé, le cœur me bat de joie. Mercredi dernier, j’ai été obligé de me lever pour aller chercher mon mouchoir de poche. Les larmes me coulaient sur la figure. Je m’étais attendri moi-même en écrivant, et je jouissais délicieusement, et de l’émotion de mon idée, et de la phrase qui la rendait, et de la joie satisfaction de l’avoir trouvée.
Commenter  J’apprécie          62
Ce qui me semble, à moi, le plus haut dans l'Art (et le plus difficile), ce n'est ni de faire rire, ni de faire pleurer, ni de vous mettre en rut ou en fureur, mais d'agir à la façon de la nature, c'est-à-dire de faire rêver. Aussi les très belles œuvres ont ce caractère. Elles sont sereines d'aspect et incompréhensibles. Quand aux procédés, elles sont immobiles comme des falaises, houleuses comme l'océan, pleines de frondaisons, de verdures et de murmures comme des bois, tristes comme le désert, bleus comme le ciel. Homère, Rabelais, Michelange, Shakespeare, Goethe m'apparaissent impitoyables. Cela est sans fond, infini, multiple. Par de petites ouvertures, on aperçoit des précipices; il y a du noir en bas, du vertige. Et cependant quelque chose de singulièrement doux plane sur l'ensemble! C'est l'éclat de la lumière, le sourire du soleil, et c'est calme! c'est calme! et c'est fort[...]
Commenter  J’apprécie          70
Ça ne va pas. Ça ne marche pas. Je suis plus lassé que si je roulais des montagnes. J'ai dans des moments, envie de pleurer. Il faut une volonté surhumaine pour écrire. Et je ne suis qu'un homme. (...) Vingt pages en un mois, et en travaillant chaque jour au moins 7 heures ! - Et la fin de tout cela ? Le résultat ? Des amertumes, des humiliations internes, rien pour se soutenir que la férocité d'une Fantaisie indomptable".
Croisset, 3 avril 1852. Lettre n° 418
Commenter  J’apprécie          90
Je ne te parle jamais de mes embêtements de famille, mais je n’en manque pas non plus. Mon frère, ma belle-sœur, mon beau-frère (ici maintenant plus fou et plus ivrogne que jamais), j’ai de tout cela plein le dos. Dieu ! que je suis gorgé de mes semblables ! Si j’étais seul, l’ennui ne durerait pas un quart d’heure et j’aurais bien vite envoyé promener toutes ces mauvaises bêtes. Patience ! Je me promets un jour un grand soulagement de ce côté. Mon entourage (qui, Dieu merci, m’entoure peu) recevra un jour de ma seigneurie une ruade telle qu’il ne s’en relèvera plus. Quelle admirable invention du Diable que les rapports sociaux !
Commenter  J’apprécie          61

Videos de Gustave Flaubert (132) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gustave Flaubert
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Et si l'une des meilleures façons de plonger dans l'oeuvre d'un classique était de contourner momentanément ses romans pour découvrir sa correspondance, c'est-à-dire l'homme derrière la statue, l'homme mis à nu ?
La « Correspondance » de Flaubert, c'est à lire en poche chez Folio.
autres livres classés : epistolaireVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (81) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Éducation Sentimentale

Fumichon, concernant la propriété, évoque les arguments d'un homme politique dont Flaubert parle en ces terme dans une lettre à George Sand: "Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois! Non! Rien ne peut donner l'idée du vomissement que m'inspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bêtise sur le fumier de la Bourgeoisie!". De qui s'agit-il?

Benjamin Constant
Adolphe Thiers
Proudhon
Frédéric Bastiat
Turgot

8 questions
174 lecteurs ont répondu
Thème : L'Education sentimentale de Gustave FlaubertCréer un quiz sur ce livre

{* *}