La conclusion la plus générale que nous pouvons tirer de cette discussion est, semble-t-il, que, sous un grand nombre de conditions et pour un nombre étonnant d'individus, la nature et l'importance de l'objet sexuel passent à l'arrière-plan. C'est donc autre chose qui est essentiel et constant dans la pulsion sexuelle.
La différence la plus saillante entre la vie érotique du monde antique et la nôtre réside dans le fait que les Anciens mettaient l'accent sur la pulsion elle-même alors nous le mettons sur l'objet. Les Anciens célébraient la pulsion et étaient prêts à anoblir à travers elle un objet même inférieur alors que nous méprisons en soi l'activité pulsionnelle et ne sommes prêts à l’excuser qu'en raison des qualités de l'objet.
« Les aberrations sexuelles »
(...) Cet hypothétique masochisme primaire répond à la reformulation proprement freudienne de l'énigme masochiste dans les termes d'un questionnement sur les pulsions (dont les forces sont conçues en termes de quantités d'énergie, d'où l'adjectif "économique"). Freud affirme en effet depuis 1915 que le psychisme est dominé par le principe de plaisir-déplaisir, tendance interne de l'organisme à éviter la douleur et obtenir le plaisir. Mais la recherche du plaisir dans le déplaisir s'oppose frontalement à ce principe, c'est-à-dire à la vie elle-même. Dès lors, elle devient un paradoxe confinant à l'impossibilité. Le masochisme met ainsi Freud face à un problème aigu qui engage une partie de l'édifice théorique psychanalytique. Il lui faut non seulement expliquer la congruence du plaisir et de la douleur qui fascinait psychiatres et sexologues, mais aussi la possibilité même du masochisme, du point de vue du sujet vivant. (Extrait de la préface de Julie Mazaleigue-Labaste, p. 21-22)
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Quand une situation semble désespérée, quand il n'y a plus d'espoir, quand on est en guerre, une chose qui peut aider : la culture. Ce n'est pas moi qui le dit, mais un célèbre psychanalyste. Savez-vous qui ?
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