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EAN : 9782070327256
336 pages
Gallimard (17/09/1992)
4/5   31 notes
Résumé :
La Bible n'est pas seulement le réceptacle de la parole de Dieu adressée à des multitudes de croyants : elle est aussi, elle est d'abord un opulent recueil de documents écrits et compilés par des hommes du deuxième et surtout du premier millénaire avant notre ère, dont elle convoie jusqu'à nous la vieille aventure.
Longue histoire au cours de laquelle se sont formées, pour une large part, notre propre vision des choses, notre hiérarchie des valeurs, notre règ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Paradoxalement, il arrive que l'analyse historique et scientifique de la Bible s'accompagne d'un violent ressentiment, d'un mépris pour l'objet étudié et pour ceux qui le lisent en croyants. Jean Bottéro est très éloigné de cet état d'esprit : il conjugue dans son livre la connaissance historique, avec ce qu'elle comporte de scepticisme de méthode et de rigueur dans l'étude des sources, et l'admiration affichée, exprimée surtout dans le seconde partie de son livre, occupée par la traduction des passages hébreux les plus marquants. Mieux encore, Jean Bottéro manifeste pour "les vieux Sémites" une grande bienveillance et de l'amour, ce qui humanise son propos sans jamais lui ôter de sa rigueur. Ceci dit, la science de l'auteur, qui est akkadologue (spécialiste de la Mésopotamie) de profession, n'empêche pas l'émergence, çà et là, d'analyses marquées par des préjugés catholiques ou occidentaux, comme l'opposition artificielle qu'il fait entre "légalisme", "ritualisme" et inspiration prophétique a priori libre et "universaliste". Les opinions se valent toutes, dès l'instant qu'on sait les repérer comme des opinions, mais ce préjugé anti-ritualiste est apparu bien des siècles après l'écriture de la Bible hébraïque, à l'époque chrétienne, et l'auteur est trop bon historien pour ne pas savoir qu'il commet là un anachronisme. La meilleure lecture à conseiller pour compléter Bottéro, c'est le livre de Catherine Chalier, "Lire la Torah" : ainsi le lecteur, après avoir pris connaissance des origines du texte du point de vue de ses auteurs, verra dans Chalier la manière dont il est reçu par ses lecteurs. Egalement, le très complet et très savant "Les Juifs et la Bible" de J.-C. Attias.
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J'aime beaucoup lire Jean Bottéro - il m'a apporté beaucoup sur tout ce qui relève de Sumer, de la religion Mésopotamienne...
Le titre prête à confusion, on pourrait s'attendre à y trouver une analyse, une vision de la façon dont les hommes ont pour la première fois eurent l'idée qu'il y avait au-dessus d'eux des êtres suprêmes, mais il ne s'agit que du Dieu de la Bible – revendiqué ensuite par les chrétiens, puis les musulmans.
La découverte des tablettes de gilgamesh (1872), puis des versions antérieures du déluge (poème du supersage ou légende d'Atrahasis) ont contraint à des relectures de la Bible qui environ mille ans plus tard (vers 900/1000 avant JC) donnait une nouvelle rédaction du déluge.
Jean Bottéro insiste sur le fait que c'est une poignée de fidèles - «des hommes égarés en des recoins de vieux millénaires...» - d'un Dieu, qu'ils ont tiré de l'obscurité à travers ces premiers textes, en on fait le Dieu Seul et Unique d'une très grande partie du monde, même si d'autres par la suite lui ont donné un autre nom...en accusant ceux qui l'ont tiré du néant d'avoir falsifié son message, qu'ils avaient rédigé mille ans plus tôt...
Au passage nous retrouverons les concordances tellement fréquentes entre La Bible et Shakespeare, Samuel nous dit que Saül et Jonathan «n'ont pas été disjoints dans la mort» (Samuel II,1) quand Hamlet sur la terrasse du château s'écrie: « The time is out of joint” (Hamlet 1,5)
Sans être tenu d'adhérer à la croyance qui est derrière ces mots, ce livre (recueil de quatre essais) est une mine de connaissances.
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Cet ouvrage, déjà un peu ancien (1986), revisite en détail toute l'histoire des Hébreux, depuis Moïse jusqu'après le retour d'Exil. Il met en perspective "moderne" le récit de l'Ancien Testament. Il insiste - juste titre, semble-t-il - sur le caractère progressif de la constitution du judaïsme: après avoir été d'abord uni comme une nation (ou plus exactement une ethnie), le peuple juif est vraiment devenu une communauté religieuse cohérente pendant le séjour à Babylone et aussitôt après.
Cette lecture ne m'apporte pas un éclairage très nouveau sur ces questions. Mais peut-être ce livre devrait-il être relu à la lumière des travaux encore plus récents sur le même sujet. Quoi qu'il en soit, l'ouvrage se lit avec intérêt et sans difficultés.
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Ouvrage dense ,demandant attention et une connaissance consistante de la Bible Au fil d'un essai (Le message universel de la Bible) et de quatre études sur des textes bibliques (le poème de Débora/La Genèse/Le récit du péché originel/L'Ecclesiaste) Bottero aborde le texte non en théologien mais en historien et y suit l'élaboration du monothéisme juif. C'est très érudit , très instructif.
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d'où naissent les mythes dont nous sommes pétris ? Jean Bottéro vous le raconte , c'est un bijou de connaissance dans un récit limpide.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
(Sur l'Ecclésiaste) Il ne faut pas oublier que c'est l'oeuvre d'un Sémite et d'un Sémite d'autrefois. Ces gens-là ne raisonnaient pas comme nous. Nos développements sont construits pour évoquer des idées claires, bien découpées, bien en ordre autour d'une arête centrale : ils visent d'abord l'esprit. Les leurs, extrêmement concis d'ailleurs, sans transitions, sans moyens termes, ce qui nous déroute toujours, les leurs visent plutôt le point où l'esprit et le coeur se rejoignent : ils font penser à des variations musicales sur un thème donné. Si l'on consent à les sentir plutôt qu'à les voir, ils donnent une conviction moins claire, mais plus profonde.

p. 325
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Que l'on adhère ou non à son message, qu'on le rattache ou non à Dieu, la Bible résume évidemment un des plus hauts moments de l'histoire humaine. Et quand l'homme devrait encore changer beaucoup, on ne pourra jamais arracher de son passé ce glorieux millénaire : qui donc, même après une vie tourmentée et plusieurs fois remise en question, est jamais parvenu à abolir les souvenirs lumineux de son enfance ?

p. 179
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Si l'on me demande ce que c'est qu'un orage, j'évoquerai l'humidité de l'air, la formation des nuages, les phénomènes d'ascension rapide de certains d'entre eux, leur charge à la fois électrique et pluviométrique, et autres abstractions... Un Loreto, Indien du territoire péruvien, répondra, lui, à la même question : « L'Orage est un homme géant, qui a les jambes plus longues que le corps, la figure longue et sèche, des oreilles ressemblant à celles des vampires : les éclairs sont le mouvement de ses oreilles. Le grondement du tonnerre est la force de ses pieds quand il court d'un côté et de l'autre. L'Orage est produit par lui alors qu'il pêche le boa, dont il se nourrit et qu'il appelle anguille. Il fait alors d'énormes enjambées, et c'est pourquoi l'on entend le tonnerre d'un côté à l'autre... ». Le narrateur, ou ses garants, ont-ils vu le géant en question, si minutieusement décrit ? Évidemment non ! Ils n'en ont jamais constaté l'existence ni observé les mouvements : tout cela, ils l'infèrent, ils le déduisent. Car, n'ayant point connaissance d'autres causes libres que l'homme, ils ne peuvent concevoir l'Orage, qui éclate n'importe où et n'importe quand, que comme provoqué par un agent humain. Et vu l'énormité du phénomène, ils sont bien obligés de poser un « géant », à se mesure.
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Il n’est pas facile d’accorder créance à la tradition, postérieure de plus d’un millénaire aux événements, et depuis unanimement reçue, qui identifie cette « Montagne » (appelée dans la Bible tantôt Sinaï, tantôt Horeb) à l’un des sommets de la péninsule du Sinaï : le Djebel Moussa. Beaucoup plus archaïque, et enracinée dans la mémoire collective d’Israël, il existe en effet une autre tradition, qui semble bien faire coïncider le premier contact « immédiat » pris par Israël avec Yahvé, au moment de l’Alliance, avec un ébranlement de la nature terrifique et tout à fait insolite, dont les traits rassemblés, dés les plus vieux récits de l’Exode, ne sauraient guère évoquer qu’une éruption volcanique. Dans ce cas, la montagne « environnée de tonnerres, d’éclairs, d’une nuée paisse, avec comme de violents sont de trompe », la montagne « toute entière fumante, Yahvé y étant descendu en un feu dont la fumée sortait comme d’une fournaise, et qui tremblait du en haut en bas » (Exode, XIX, 16 et 18 : Elohiste), serait donc à chercher ailleurs, dans une région dont l’activité volcanique soit connue à l’époque historique : c’est le cas du pays de Madian, au nord du Hedjaz, et un certain nombre d’indices bibliques anciens pointent dans la même direction. (pp. 59-60)
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Un mythe n'est donc pas, au moins à sa naissance, un récit gratuit, de pure fantaisie, destiné au seul plaisir, à l'art, à l'enchantement : c'est la réponse à une question, c'est la solution d'un problème, c'est toujours une explication - quelque chose qui relèverait, en somme, de la « philosophie », si l'on entend par là la démarche de notre esprit quand il « cherche à savoir » et à tirer au clair les grandes interrogations qui nous viennent devant le monde et devant nous-mêmes, dans la mesure où, pour les formuler et pour y répondre, nous ne nous plaçons point dans l'orbite propre à la « science ». Cet apparentement du mythe et de la philosophie est si peu forcé, si obvie, que la première philosophie de notre monde, telle que l'ont élaborée les Grecs, est notoirement descendue en droite ligne de leur mythologie.
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Vidéo de Jean Bottéro
ÉPOPÉE GILGAMESH – Traversée du plus vieux poème de l’humanité (France Culture, 1992) Émission de radio « La Matinée des autres », par Jacqueline Kellen, diffusée le 20 octobre 1992 sur France Culture. Invités : Jean Bottéro, Marguerite Kardos, Florence Malbran-Labat et Pierre Solié.
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