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EAN : 9782367441276
224 pages
Editions Le Bec en l'air (23/08/2018)
4/5   1 notes
Résumé :
Zones blanches

18 écrivains questionnent les représentations du voyage
à partir d’œuvres d’art contemporain

Œuvres
Darren Almond, Lewis Baltz, Sylvie Bonnot, Elodie Brémaud, Tacita Dean, Anne Deleporte, Pauline Delwaulle, Simon Faithfull, David Falco, Hamish Fulton, Ellie Ga, Luigi Ghirri, Joachim Koester, Richard Long, Alexander Ponomarev, Nathalie Talec, Laurent Tixador & Abraham Poincheval, Ester Vonplon.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dix-huit auteurs et dix-huit artistes pour une incroyable exploration de l'exploration, directement ou métaphoriquement polaire.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/03/02/note-de-lecture-zones-blanches-collectif/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il existe des photos aériennes récentes du Teignmouth Electron. La coque de noix est abîmée, échouée dans un carré de mauvaises herbes rases, à l’aplomb d’une petite plage, sur un îlot de l’archipel des Caïmans. La cabine est défoncée, les flotteurs éventrés ; c’est un petit navire de plaisance remisé dans une casse sauvage improvisée, une chose inerte et démantibulée dont on serait bien en peine, n’étaient les recherches menées par des amateurs ou des artistes dont l’histoire éperonne la rêverie, de deviner qu’elle a porté une tragédie à sa façon ; que, l’espace d’une saison, l’Angleterre entière connut son nom et vécut suspendue au récit de ses traversées ; que des banquiers, des créanciers s’associèrent à son achat, puis à sa course ; qu’en quelque sorte, par l’une de ces ironies dont le monde est tramé, elle repose sur un bout de sable où les banquiers sont maîtres ; qu’elle est tout ce qui reste de la navrante épopée dérivante de Donald Crowhurst, de ses problèmes d’argent et des fables qu’il en conçut. (Échouer encore, échouer pire, Mathieu Larnaudie)
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Une fois dehors il constate que le vent a encore forci, le ciel s’est assombri. La pluie gelée du vent catabatique disperse ses gouttes froides pour masquer l’horizon. Les icebergs peinent à diffuser leur douce lumière bleutée. L’eau juste glauque ou vraiment noire est parsemée de nénuphars de glace. Bientôt la nuit sera perpétuelle, songe-t-il. Et bientôt la neige supprimera les reliefs. Ernest Shackleton profite de la fin du jour pour faire le grand tour de l’ancienne station baleinière en se traînant le long des rails. Par endroits les deux lignes brunes s’effacent sous la boue et semblent tourner sur elles-mêmes sans jamais mener nulle part. Partout la rouille se mélange comme un sang taurin coagulé à la neige fondue. Les palettes natatoires passent sur l’acier comme l’auraient fait des moufles autrefois, toujours plus aptes à caresser qu’à tenir quoi que ce soit. Un goût amer lui remonte dans la gorge et, dans la raideur presque douloureuse des canines, il sent la curieuse nécessité de mordre plus que celle de manger.
Tout autour les tôles dérivetées des anciens magasins de pièces détachées battent à se rompre et parfois le vent les prend à revers et achève de les tordre dans un vacarme étourdissant. Le miracle des maisons debout l’émeut plus que tout le reste et parfois il ui semble qu’un Norvégien barbu l’observe à travers les planches clouées aux chambranles pour remplir le vide des vitres brisées. Il reste à la portée de n’importe quel harpon. Sa graisse ne sert plus qu’à lui-même.
(Or blanc, Sylvain Coher)
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Dix-huit auteurs se sont ainsi chacun emparés de l’une des oeuvres de l’exposition, la laissant résonner avec leur écriture, y cherchant des points d’achoppement, d’ancrage, comme des fossés, des décalages.
Errances au bord des routes, quête éternelle des Pôles, éclat des coïncidences révélées par le déplacement, devenir fossile ou animal, périples divinatoires, expérience de la gravité, résurgence des contes initiatiques, des symboles et des signes, cartes de tendre et divagations langagières, rêveries cartographiques à l’épreuve du réel, mémoire des paysages, mille fictions potentielles contenues dans une image, visions post-apocalyptiques, disparition des peuples et des îles, dérives mensongères et pièges de l’héroïsme, réussites éclatantes et petites gloires de l’échec – leurs textes sont traversés par des préoccupations intimes, historiques, écologiques et politiques, comme par la puissance d’évocation que charrient, encore, nos voyages malgré tout.
Ils sont le récit d’un récit, l’exploration d’une exploration, un voyage autour du voyage.
À nous de nous y perdre histoire de voir ce qu’on pourra, à notre tour, en rapporter. (Préface, Hélène Gaudy)
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L’échec c’est la répétition. Échouer comme avait échoué Shackleton. Retomber dans les ornières. Refaire ce qui a déjà été fait. Reproduire sans rien changer.
Le retour du même.
J’aime Héraclite contre Parménide. Le fleuve qui coule, jamais la même eau, la pensée du devenir contre la pensée de l’être.
Il n’y a pas d’essence éternelle. Je ne crois pas forcément aux mêmes causes qui produisent les mêmes effets. L’idée : c’est comme ça, on ne peut rien y faire. Il y a toujours eu des riches et des pauvres, il y en aura toujours.
Je crois plutôt :
Le temps est un enfant qui s’amuse, il joue au tric-trac. A l’enfant, la royauté. Conflit, le père de tout ce qui existe.
Alors on peut explorer. Bifurquer. Changer de voie.
(Pénélope tisse, Sylvain Pattieu)
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Videos de Hélène Gaudy (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Gaudy
En partenariat avec le festival Paris en toutes lettres, la BnF accueille chaque année deux écrivains en résidence littéraire. Cette année, Emmanuelle Bayamack-Tam et Arno Bertina proposent une restitution publique de leurs travaux respectifs.
Née en 1966, Emmanuelle Bayamack-Tam a publié aux éditions P.O.L. une douzaine de romans, ainsi qu'une pièce de théâtre, Mon père m'a donné un mari (2013). Elle a reçu le prix Alexandre-Vialatte 2013 pour Si tout n'a pas péri avec mon innocence et le prix du Livre Inter 2019 pour Arcadie (2018), une fable politique et écologique. Sous le pseudonyme de Rebecca Lighieri, elle écrit également des romans plus « noirs », tels Les Garçons de l'été (2017) et Il est des hommes qui se perdront toujours (2020). En 2019, elle publie éden, son premier roman pour la jeunesse.
Pour Emmanuelle Bayamack-Tam, la fonction de la littérature est de déstabiliser. Sa langue volontairement violente et organique aborde des sujets souvent provocants. « J'écris pour déranger. À commencer par moi-même. […] La littérature qui m'intéresse est celle qui fait bouger les lignes, qui déstabilise. Je n'attends pas qu'un livre me conforte dans mes idées reçues, ni qu'il me procure une sérénité factice. Quand j'écris, dès que je sens que le lecteur s'est tranquillement installé dans l'histoire, je le malmène. Je débusque toute position confortable, et je la détruis. », déclarait-elle en 2018.
Né en 1975, Arno Bertina a publié des romans et récits très variés, mais qui ont en commun la forme de l'enquête sur sa propre « identité mobile ». Je suis une aventure (2012) est une sorte de roman picaresque dont un des protagonistes est le tennisman « Rodgeur Fédérère ». Des Châteaux qui brûlent (2017) met en scène un huis clos d'une semaine entre des salariés d'un abattoir breton en grève et le ministre de l'Industrie qu'ils séquestrent. En mars 2020, L'Âge de la première passe, récit documentaire, relate le travail mené durant trois ans auprès de prostituées congolaises mineures.
Arno Bertina se dit également « passionné par les aventures collectives » depuis son année de résidence à la Villa Médicis en 2004-2005, durant laquelle il a coécrit la « farce archéologique » Anastylose (2006). Il a ainsi participé à toutes les aventures de la constellation d'écrivains à géométrie variable (Bruce Bégout, Mathias Énard, Claro, Maylis de Kerangal, Hélène Gaudy, Oliver Rohe…) qui s'est constituée en 2004 autour de la revue et des éditions Inculte.
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