Et voilà ! Fin de la trilogie de la Spire, cette compagnie de transport interstellaire dédiée au départ à l'alimentation des mondes des Confins, les colonies les plus jeunes et les plus sauvages, qui n'intéressent guère les majors du secteur.
Fin… du commencement seulement.
Une fin somme toute logique mais qui m
e laisse une petite blessure, du genre de celles qui naissent quand on doit renoncer à nos idéaux romantiques et regarder le monde tel qu'il est.
La Spire s'est constituée sur un idéal noble, et ses premiers navis – ainsi que s'appellent eux-mêmes les capitaines de cargo – ressemblent par certains côtés à ces chevaliers sans peur et à ces explorateurs téméraires qui nous font toujours rêver quelque soit notre âge. Mais la petite Spire commence à faire de l'ombre aux grandes compagnies qui n'ont pas hésité à employer les moyens les plus crapuleux pour la terrasser. Sa survie, elle la doit, aussi, à l'emploi des méthodes de ses ennemies. Mathy et son Buro en sont les scénaristes et ils s'opposent souvent aux nobles fondateurs Hummal et Lenoor au sein du Directoire de la compagnie.
Le tome 3 raconte la fin de la bataille interne entre les deux tendances de fond qui siègent au sein de la Spire. La presse s'en mêle (une blogueuse en fait), rappelant que ce quatrième pouvoir a souvent les moyens d'empêcher les autres de faire n'importe quoi, ou à tout le moins de révéler leurs frasques. Au fond, la société interstellaire que l'auteur nous montre possède les mêmes ressorts que notre société économique libérale. La croissance la mène par le bout du nez, pour le meilleur et pour le pire.
Mais ne croyez pas que ce roman reste cloitré dans des huis-clos politiques nauséabonds. Les batailles ont besoin de support réels ; et c'est là que, comme dans les tomes précédents,
Laurent Genefort déploie son sense of wonder. Les planètes desservies par les navis révèlent des sociétés humaines très exotiques dans des environnements planétaires qui ne le sont pas moins. L'auteur est à ce titre le digne successeur de
Jack Vance avec une dimension humaine supplémentaire. On reconnait aussi une érudition effroyablement large, nécessaire à la constitution de mondes que l'on pourrait presque toucher.
Le pompon du « wonder » apparaît dans les voyages de Cornelis de porte de Vangk en porte de Vangk (pensez à Stargate). C'est tout simplement hallucinant ; magnifique et étrange à en perdre tous ses repères. Ils m'ont rappelé le voyage cabalistique de David Bowman après son entrée dans le monolithe dans 2001, l'Odyssée de l'Espace.
Au final, Spire se révèle être une trilogie au rythme très équilibré et sans à-coups, sans ces moments de pure intensité qui exaltent l'émotion et la mène vers l'orgasme littéraire. Elle vaut cependant largement d'être lue. Et ça tombe bien, le tome 1 va sortir en poche bientôt.
Quant à moi, ça m'a évidemment donné envie de repasser une porte de Vangk. Apparemment
Laurent Genefort en a mis dans un paquet de romans.