Splendid's (suivi de) ''Elle''

Je suis plutôt mitigée après lecture de ces pièces. L'in medias res de "Splendid's" m'a perturbé au début. On ne sait pas comment ni pourquoi ces gangsters sont bloqués, cernés au 6ème étage. Les échanges sont un peu confus parfois aussi. J'avais du mal à voir qui était qui. Mais pas sûr que Genet veuille nous guider dans l'identité de ces personnages. Au contraire. Ceux-ci sont justement en quête de leur identité justement. Cela est encore plus flagrant dans "Elle". le personnage principal s'interroge : qui est le pape ? suis-je le pape? qu'est ce qui fait le pape?
A l'écrit j'ai trouvé ça parfois compliqué à suivre. Il faut voir joué : souvent cela permet de percevoir les choses autrement.

Au septième étage d'un grand palace, le Splendid's, sept gangsters rejoints par un jeune policier tenté par l'aventure de la rupture avec la légalité, défient l'ordre public. Ils viennent de kidnapper la fille d'un riche homme d'affaires américain et réclament une rançon. Les autorités ont vidé les lieux et organisé un périmètre de sécurité autour du bâtiment. La police s'apprête à donner l'assaut final car elle n'est plus certaine que l'otage soit toujours en vie. En effet, un des gangsters, sans vraiment le vouloir, lui a un peu trop serré le cou et la malheureuse ne s'en est pas vraiment remise. Pour obtenir deux heures de répit, Johnny, alias Jean, le chef du gang « La Rafale » accepte de faire une apparition au balcon maquillé et revêtu de la robe de la jeune fille. Cette pièce de théâtre en deux actes de durée inégale, écrite en 1948 et jamais jouée du vivant de l'auteur (Genet s'en était semble-t-il détourné après y avoir longtemps travaillé) est un texte sur l'identité, le travestissement et la fascination amoureuse entre êtres du même sexe qui a plutôt mal vieilli. Présenté dans l'introduction comme « linéaire », cette oeuvre sans grande envergure semble verbeuse, ennuyeuse et totalement invraisemblable. On sent que l'auteur reste obsédé par ses fantasmes et penchants personnels. Deux actes pour savoir si le héros va passer une robe, c'est un peu long voire ennuyeux d'autant plus que la qualité du style littéraire n'est pas vraiment au rendez-vous. Les personnages sont sans grande épaisseur et les propos qu'ils tiennent laissent de marbre le lecteur d'aujourd'hui en dépit de tous les éloges distribués par les sommités de l'époque (Sartre). Ainsi se rend-on compte que les moeurs ayant énormément évolué en un demi-siècle, ce qui semblait relever du plus haut scandale hier apparaît plat, banal et ennuyeux aujourd'hui.
Dans "Elle", un personnage étrange qui n'est autre que le pape virevolte, lancé, les fesses à l'air, sur des patins à roulettes ! Est-ce une farce pour autant? Nullement: c'est peut-être la pièce de Genet la plus réfléchie sur les notions d'être et de paraître, d'image et de réalité. Dans les deux oeuvres, en fait, Genet ne cesse de creuser, en termes concrets de théâtre, ce que fiction veut dire, à la fois comme mensonge et comme construction de soi.
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