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EAN : 9782070743834
196 pages
Gallimard (12/01/1996)
3.94/5   24 notes
Résumé :
Toute sa vie, parallèlement à son œuvre, Jean Giono a écrit pour les journaux. On retrouve dans ses chroniques son style, son humour, sa malice, son imagination et tout son talent de romancier. Qu'il se moque en comparant les avantages du briquet et de la boîte d'allumettes, qu'il dise son mot sur l'urbanisme d'aujourd'hui, qu'il parle des arbres qu'il a plantés, ces faits divers font partie de son univers savoureux. Parfois, en trois pages, le chroniqueur nous offr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ces 27 textes sont des chroniques journalistiques publiées dans des journaux de province (le Dauphiné libéré par exemple) en 1962-63. On y retrouve les grands thèmes gioniens : le bonheur ,sa recherche et ses illusions (Bâtons rompus/ le fantôme d'Hélène/Le bonheur domestique/ Les terrasses de l'île d'Elbe /Le quidam), le progrès, souvent mis en doute (Le compte à rebours/Apprendre à voir/Réponses/La machine/L'orgueil/) , des réflexions de moraliste même s'il s'en défend , sur la publicité ( le visage /L'appât et le piège), le sport (Le sport) ,l'école (Le cancre) ,la réussite (La fortune et la gloire) , des leçons de vie et de jouissance( Vieillesse/Le printemps/les bruits/Nourritures/Le tabac/Les bruits/Paris/la mer) et des amorces de romans où éclate son talent de conteur ( Faits divers/ L'archange/ Une histoire ) .Le ton est souvent humoristique et bonhomme mais peut aller à l' ironie féroce (Le Huron)voire à l'indignation (Le coeur) .Ce qui se dégage de l'ensemble ,outre le talent du polémiste, c'est un hymne à la liberté (individualisme, refus de l'embrigadement) .Lecture utile en nos temps moutonniers.
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« Les terrasses de l'île d'Elbe », un recueil de chroniques parues dans la presse régionale. On trouve :
le compte à rebours
Apprendre à voir
Bâtons rompus
Réponses
Faits divers
Sur la vieillesse
le visage
le fantôme d'Hélène
le printemps
Paris
La machine
L'orgueil
Les bruits
le sport
le cancre
le huron
le tabac
Les terrasses de l'île d'Elbe
le coeur
La fortune et la gloire
L'archange
La mer
le quidam
Une histoire
L'appât et le piège
Nourritures

Pas besoin de longs textes pour goûter le style superbe de Jean Giono. Preuve en est encore faite ici, dans ce recueil posthume publié en 1976 réunissant des textes de 1962 et 1963... Tout y est. du petit détail de la vie quotidienne, comme les avantages comparés de la boite d'allumettes et du briquet, à l'universel comme sa relation à la nature en passant par sa philosophie du bonheur et quelques réflexions sur le temps qui passe et la vieillesse.
On retrouve au fil de ces chroniques le Giono qu'on connait et apprécie : un mélange subtil d'humour et de gravité, des thèmes du particulier à l'universel, bref de la belle ouvrage.
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Le livre propose un recueil de textes parus dans la presse régionale en 1962 et 1963. Réflexion à partir d'une observation, d'une lecture ou d'un fait divers, le « propos », à la manière d'Alain, exprime toute une philosophie, en quelques pages. Giono moque le progrès, la machine, symbolisée par l'automobile, la gloire, le sport compétitif. Il en tient pour les vraies valeurs, rurales et nourricières, le vent dans les arbres, la montagne, la mer, la nature, qui le ravit. Les travaux et les jours. Les préoccupations écologiques d'aujourd'hui y trouvent un précurseur. Mais la vraie richesse est sa célébration du bonheur, qui est sa vraie religion et la marque de son écriture. Quelques chapitres (« Une histoire ») sont de petits bijoux, merveilles d'esquisse. Un concentré du talent de Giono. Délicieuse lecture.
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De ces textes écrits en 1963, je ne ferai ni l'analyse ni l'éloge, ce ne serait utile que si nous découvrions Giono et sa merveilleuse plume. Il aborde ici bien des sujets d'actualité... Les mêmes textes pourraient écrits aujourd'hui en modifiant très peu de données en somme: apprendre à voir, sur la vieillesse, le printemps (une merveille!), le bonheur domestique, la machine, le sport...A déguster et à faire déguster sans modération.
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Au-delà de son oeuvre romanesque et dans la continuité des quelques essais littéraires ou philosophiques qui complètent et expliquent son système de pensée animiste, Jean Giono a voulu faire publier les écrits journalistiques qu'il a parsemé dans des feuilles de choux locales vers la fin de sa vie. Sans avoir la prétention de théoriser quoi que ce soit, il donne malgré tout son point de vu bien arrêté et un peu borné sur des sujets qui semblent le dépasser en tout point (les progrès technologiques, société de consommation, le développement urbain, le sport, les voyages,...) et sur lesquels il semble s'inscrire plus en polémiste rétrograde qu'en véritable penseur mesuré. En revanche c'est bien les sujets sur lesquels il a forgé sa réputation que l'on se délecte de sa prose cosmologique. Ainsi les articles «sur la vieillesse», « le bonheur domestique» ou «les bruits» sont de purs moments de bonheur simple et avisé.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Il y a belle lurette que l’auto, par exemple, n’est plus un moyen de transport ; c’est une machine qui aime se balader et se sert d’un homme à cette fin.

Il faut être démuni du plus petit sens de l’observation pour croire encore que l’homme se sert de l’automobile.

Regardez bien, observez et observez-vous, vous allez être stupéfait de constater que c’est l’automobile qui se sert de l’homme pour se balader, qui se sert de vous.

(…)

Il est courant quand on se déplace (difficilement) en auto dans une grande ville de dire, irrité par les encombrements : « Ces villes n’ont pas été faites pour l’auto. »

C’est un fait, et de très belles : Rome, Paris,  etc., ont été faites pour des hommes.

Pour vous, quand vous étiez encore des hommes, et maintenant que vous n’en êtes plus, vous rêvez de les éventrer, d’en détruire les monuments, la beauté, pour qu’enfin elles soient faites « pour l’auto ».

La beauté qui rendait ces villes dignes de l’homme, vous ne la voyez plus, vous voyez une beauté différente, « digne de l’auto ».

Tout le réseau routier de la France et de l’étranger, du monde, est en train de se modifier pour qu’il soit, non plus adapté à l’homme, mais adapté à l’auto.

Le rêve de l’homme qui avait été jusqu’ici la petite route ombragée de beaux arbres, serpentant à travers les prés, est devenu organisé par le rêve de l’automobile : l’autoroute, sans arbres, sans ombres, sans croisements, sans villages, avec le plus de pistes possibles montantes et descendantes, toutes droites.

Le paysage ne compte plus. Si vous vous serviez de l’automobile, il continuerait à compter ; comme c’est l’automobile qui se sert de vous, et qu’elle se fout du paysage, vous vous en foutez.

Plus rien à voir, il n’y a plus qu’à conduire ; c’est ce que l’auto voulait. Vous la dérangiez dans son plaisir à elle quand vous preniez plaisir (ça date de longtemps) à vous arrêter pour cueillir des narcisses, des violettes, du thym, des cerises, ou devant un beau point de vue, une chapelle romane, ou à flâner sous des ombrages, notamment sous les acacias fleuris du mois de mai qui ont un parfum si enivrant.

Elle s’est arrangée pour que vous ne la dérangiez plus. C’est elle qui commande, vous n’êtes plus que son employé, son larbin, et par un procédé que réprouveraient tous les syndicats des gens de mai­son, elle vous a obligé à aimer ce qu’elle aime.


Il n’est plus question de prendre votre plaisir, de vous arrêter quand l’intérêt vous sollicite : vous n’avez plus d’autre intérêt que de ne pas vous arrêter.

Vous sacrifiez tout à votre maître, vous avez déjà apporté en victime à ses autels les joies que vous réservaient la culture, la connaissance de l’univers ; plus de lectures, plus de curiosité ; votre bonheur unique et suffisant consiste à vous asseoir derrière votre volant, à crisper vos mains sur des leviers, à devenir par osmose une pièce mécanique de l’être supérieur (et presque suprême) qui vous domine et vous domestique.

Vous mettez à sa disposition vos biens et votre fortune, parfois même tout votre appareil passionnel.

Si demain votre situation sociale menacée vous obligeait à réduire votre train, vous vous retireriez le pain de la bouche et le retireriez de la bouche de vos enfants avant d’avoir même l’idée de restreindre votre consommation d’essence (ou plus exactement sa consommation d’essence).

Dans cinq, six ans, peut-être avant, cela ne dépend que des crédits disponibles, tout le visage du monde deviendra, non plus ce qui plaît à l’homme, mais ce qui plaît à une machine nommée automobile.

Il faut voir déjà les parcs automobiles américains autour des stades. Dix mille automobiles bien rangées ont enfermé leurs quarante mille esclaves dans une cuve de ciment armé pour les faire hygiéniquement se démener et crier pendant deux heures avant de reprendre le collier, non, le volant de misère.
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Extrait de 'Sur la vieillesse' :
" Il y a quelques années, les enfants s'étant dispersés, nous nous trouvâmes seuls, ma femme et moi. Un soir, je fumais la pipe après le dîner, Élise me dit : 'il nous manque quelques vieillards dans notre maison'. C'était vrai. J'en sentais comme elle le besoin. Il n'y avait qu'à faire confiance au temps. Maintenant, c'est Élise et moi qui sommes vieux. (...) Je ne retournerais pas à trente ou quarante ans pour tout l'or du monde et pas à vingt pour tout l'or de l'univers. Il est très agréable de vieillir. La diminution des forces physiques est un enchantement. C'est l'apprentissage de la mesure: l'eau qu'on est obligé de mettre dans son vin délivre le goût de l'habitude de la violence. Vient un moment où on jouit d'un milligramme, quand avant il en fallait des tonnes".
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Ai-je pu maudire le printemps! Sinon le printemps, en tout cas ce mauvais temps qu'on appelait printemps. J'avais beau scruter le ciel tous les matins; s'il était bleu, on pouvait être sûr qu'il y avait dans quelque coin un petit cumulus qui ne demandait qu'à grossir, et c'était chose faite avant midi. Et que je te souffle des vents venant de tous les rayons de la rose; à croire que les quatre points cardinaux ne suffisaient pas; et froids en diable, il fallait reprendre le manteau qui avait fait tout l'hiver et dont j'avais assez.
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Disons tout de suite, par parenthèse, que je sais qu'il y a un problème démographique à résoudre, et qu'il faut loger les gens. Mais qu'on ne me dise pas que c'est le plus important ; le plus important est d'avoir sous nos yeux un monde dont l'aspect ne nous fasse pas vomir. On doit pouvoir construire de belles maisons. Les générations qui nous ont précédés l'ont fait ; sommes-nous donc si imbéciles, si incapables, que nous ne sachions plus le faire...
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Voilà ce qui se passe: quarante mille personnes s'assoient sur les gradins d'un stade et vingt-deux types tapent du pied dans un ballon. Ajoutons suivant les régions un demi-million de gens qui jouent au concours de pronostics ou au totocalcio1, et vous avez ce qu'on appelle le sport. C'est un spectacle, un jeu, une combine; on dit aussi une profession: il y a les professionnels et les amateurs. Professionnels et amateurs ne sont jamais que vingt-deux ou vingt-six au maximum; les sportifs qui sont assis sur les gradins, avec des saucissons, des cannettes de bière, des banderoles, des porte-voix et des nerfs sont quarante, cinquante ou cent mille; on rêve de stades d'un million de places dans des pays où il manque cent mille lits dans les hôpitaux, et vous pouvez parier à coup sûr que le stade finira par être construit et que les malades continueront à ne pas être soignés comme il faut par manque de place. Le sport est sacré; or c'est la plus belle escroquerie des temps modernes.
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Vidéo de Jean Giono
Denis Infante a publié son premier roman Rousse publié aux éditions Tristram le 4 janvier 2024. Il raconte l'épopée d'une renarde qui souhaite découvrir le monde. Un ouvrage déroutant par sa singularité. Son histoire possède la clarté d'une fable et la puissance d'une odyssée et qui ne laissera personne indifférent. L'exergue, emprunté à Jean Giono, dit tout de l'ambition poétique et métaphysique de ce roman splendide : "Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins et l'on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l'univers."
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