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EAN : 9782742777716
Actes Sud (30/11/-1)
3.89/5   19 notes
Résumé :
« Vij est une création grandiose de l’imagination populaire. Sous ce nom, les Ukrainiens désignent le chef des gnomes dont les paupières pendent jusqu’à terre. Tout ce récit vient d’une tradition populaire, je n’ai rien voulu y changer, et je le transmets dans la forme simple, et dépouillée où il m’a été conté un jour. »

« Un mélange parfait de surnaturel romantique et d’humour réaliste et vivace. La structure du conte, l’absence de rhétorique et surt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce livre m'a rapidement fait penser aux films du réalisateur de cinéma italien Dario Argento, auteur de nombreuses oeuvres teintées d'horreur, de fantastique et d'érotisme. À la lecture de la notice qui clôt le livre, je m'aperçois que je n'en était pas loin car c.est un autre réalisateur italien de ce genre, Mari Bava, qui s'est basé très librement de ce conte pour son film le masque du démon.

Tout prête ce livre à en faire un scénario de film d'épouvante : une sorcière maléfique sous les traits d'un ange - je m'imagine déjà composer le casting pour choisir l'actrice - une errance dans une noire forêt, des exorcismes, la mort.

Vij est une nouvelle tirée du recueil Mirgorod publié par Gogol en 1835, le livre ne comprend que soixante pages et la nouvelle est basée sur un conte ukrainien.

Elle m'a plu mais est loin d'être à mon avis à la hauteur d'autres nouvelles de Gogol telles que le Nez, le Manteau ou Tarass Boulba

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Vij/Vii...ou le Roi des Gnomes est un conte fantastique, inspiré du folklore petit russien. On croit que le regard du Vii est mortel pour tout homme dont les yeux rencontrent les siens.
Trois pauvres étudiants ( le théologien, le philosophe et le rhétoricien) quittent le séminaire de Kiev et rentrent chez eux pour les vacances. Bientôt ils laissent la grande route pour chercher des provisions dans le premier village qu'ils rencontreront. Il est déjà fort tard, le dernier crépuscule assombrit le ciel. On ne voit même pas le pont du diable. Ils s'égarent. La nuit arrive, ils hésitent à dormir au milieu de l'immense steppe sauvage. Diable ! que faire ? le théologien est d'avis de passer la nuit dans les champs. Mais le philosophe qui a l'habitude de se taper du pain avec quatre livres de saindoux avant de dormir insiste et suggère qu'on leur offrira sûrement un verre d'eau-de-vie. le théologien est convaincu. Ils continuent donc leur route et rencontrent un petit hameau. Une fenêtre est éclairée et la vaste cour est remplie de chariots. Ils frappent à la porte et une vieille femme vêtue de peau de mouton apparaît. ils insistent et elle les laisse entrer en les séparant. le rhétoricien va dans la maison, le théologien dans la petite chambre vide et le philosophe dans la bergerie, vide également. Resté seul, Thomas le philosophe mange un poisson sec qu'il a chapardé, donne un coup de pied à un cochon qui passe son groin par une fente et se couche du côté droit pour dormir comme un mort. Tout à coup la petite porte de l'enclos grince, la vieille entre en se courbant et va droit vers Thomas les bras ouverts, il l'esquive mais une terreur subite le saisit quand il voit les yeux de la vieille étinceler dans la nuit....
Le conte mêle réalisme pittoresque, horreur diabolique et humour. La vieille est un mélange de Méduse et de Dracula à la sauce ukrainienne.
Je l'ai lu dans la traduction moyenne de Louis Viardot (1853) sur Wikisource (Le Roi des Gnomes).
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Avec "Vij", Gogol le satirique se fait conteur populaire et plonge avec un plaisir évident dans le genre fantastique où épouvante et paranormal sont au rendez-vous.

Thomas Brutus, étudiant en philosophie, quitte Kiev avec deux comparses le temps des vacances, allant quérir sa subsistance de ferme en ferme. Une nuit, les trois compères, surpris par la nuit, sont contraints de quémander l'hospitalité d'une vieille femme aussi repoussante qu'une sorcière. Funeste pressentiment qui mènera Thomas dans une errance nocturne délirante en compagnie de cette étrange hôtesse. le jour revenu, Kiev regagné, notre héros se rend compte que l'incroyable expérience surnaturelle qu'il vient de vivre n'est pas sans conséquence : la veille femme serait, en réalité, une jeune femme qui l'aurait ensorcelé par d'autres pouvoirs que celui de sa beauté. A peine notre apprenti philosophe comprend-il ce qui lui arrive qu'il est convoqué à la veillée funèbre de ladite jeune femme, brusquement trépassée, et sommé de réciter pendant trois nuits consécutives les prières des défunts. Ce qui l'attend alors dans la petite église abandonnée du village a de quoi glacer les sangs du mortel le plus téméraire...

Vampires, spectres, morts-vivants, gnomes, esprits démoniaques, sorcières... il y a un peu de tout ce joli monde dans ce récit de Gogol, emprunté au folklore populaire russe. Vij, roi des gnomes "dont les paupières traînent jusqu'à terre", donne son nom à cette nouvelle bien qu'il soit loin d'occuper le devant de la scène.

Un étrange voyage dans une dimension parallèle que j'aurais imaginée improbable sous la plume de cet auteur, et pourtant...


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D'abord, une histoire de revenant et de démons, un conte de sorcellerie et de possession, où, comme souvent, les femmes font le malheur des hommes à cause de leur sexualité. Il faut se méfier d'une petite vieille ridée et courbée qui offre l'hospitalité au milieu d'une campagne perdue dans la nuit noire... Il faut se méfier aussi des jeunes filles trop belles et pures, même si elles sont nobles. La chevauchée nocturne sur un balais est une métaphore de la sexualité, d'autant plus que la jeune fille pousse des gémissements...
Ce n'est cependant pas cet aspect qui m'a le plus intéressé, car moins original. C'est plus la peinture de la petite Russie, l'Ukaine actuelle, qui m'a plus séduite, car Gogol décrit une vie quotidienne des Cosaques avec beaucoup d'humour. Ainsi, la présentation des différents types d'étudiants du séminaire est très drôle : chaque classe d'âge a ses intérêts, de la bagarre entre élèves au tabac ou à l'alcool, chacune son signe distinctif, des vêtements troués au port de la moustache, et chacune meurt de faim. Il est en effet beaucoup questions de nourriture et d'alcool dans cette nouvelle, les étudiants sont prêts à mendier et à voler pour manger, et les Cosaques débordent de vivres. Boire permet d'oublier le ventre creux et la peur face aux démons, d'oublier sa timidité aussi pour être entreprenant auprès d'une fille de ferme, de délier les langues pour raconter des histoires aux autres à la veillée. Manger calme l'estomac et donne envie de faire la sieste. Gogol accumule donc les noms de plats, de charcuterie, de cornichons, de vodka... La vie à la ferme est donc décrite sous l'angle de l'abondance, de la fertilité des hommes, des bêtes et des champs, avec des désirs simples, tandis que le séminaire est gris, triste, violent. C'est une prison, un lieu de vices et de corruption.
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De N. Gogol, j'ai déjà lu autrefois "Tarass Boulba" qui m'a fait une forte impression. Récemment, j'ai cherché dans une bibliothèque "Les âmes mortes". En vain. Je suis alors tombé sur "Vij", un conte bref du même auteur. Gogol (1809-1852), qui était d'origine ukrainienne, a simplement transcrit dans cet opuscule un conte du folklore ukrainien, tel qu'on la lui avait raconté.

Un jour, un "étudiant" nommé Thomas rencontre une vieille femme qui va se révéler être, en fait, une jeune sorcière. Elle lui joue un mauvais tour magique et il se venge d'elle. Peu après, le héros est convoqué manu militari par le père d'une jeune morte qui a une exigence: Thomas devra réciter des prières près du cercueil, pendant trois nuits de suite. le lecteur comprend vite que la jeune défunte n'est autre que la sorcière. Thomas va être confronté à des macabres sortilèges dont l'horreur sera croissante…

Dans la littérature contemporaine, on est allé beaucoup plus loin dans la terreur, mais est-ce une bonne chose ? Tout l'art de N. Gogol est de laisser planer un flou entre la réalité et le fantasme du malheureux héros. de plus, il a pris soin de bien replacer le conte dans l'esprit cosaque très particulier qui imprègne l'histoire.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le philosophe ne pouvait reprendre ses sens ; il regardait avec terreur le coffre étroit et long dans lequel elle s'était étendue. Tout à coup le cercueil s'élança de sa place, et se mit à voler par toute l'église avec un sifflement aigu. Thomas le voyait par moments presque sur sa tête; mais il s'apercevait bien en même temps qu'il ne pouvait franchir le cercle tracé au-dessus de lui. Il se mit à répéter ses exorcismes; le cercueil se précipita avec fracas au milieu de l'église, et resta de nouveau immobile à sa place. Le cadavre alors se souleva, devenu d'un vert livide ; mais à cet instant même retentit le chant lointain du coq. La morte se recoucha, et le couvercle, qui pendait à côté, se posa de lui-même sur le cercueil.
Le philosophe sentait son cœur battre violemment, et il était tout baigné de sueur; mais, rassuré par le chant du coq, il reprit sa lecture avec plus de courage. Aux premières lueurs du jour, un diacre vint le remplacer assisté du vieux lavtoukh qui, pour le moment, remplissait les fonctions de sacristain.
De retour à la maison, le philosophe ne put de longtemps s'endormir; mais la fatigue le vainquit, et il ne se réveilla plus jusqu'au dîner. Quand il ouvrit les yeux, toute cette aventure nocturne lui parut un songe. Il avala une chopine d'eau-de-vie pour se réconforter.
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Un tremblement le saisit ; il avait devant lui une beauté comme il n’en paraît que bien rarement sur la terre. Jamais sans doute visage n’avait offert des traits aussi fortement accusés et en même temps aussi splendidement harmonieux. Elle paraissait encore vivante. Son beau front pur comme l’argent, doux comme la neige, semblait penser ; ses sourcils soyeux et réguliers – ténèbres tranchant sur cette clarté éblouissante – dominaient fièrement ses yeux clos dont les cils tombaient en flèches sur des joues qu’embrasait l’ardeur des convoitises secrètes ; ses lèvres, rubis écarlates, souriaient d’un sourire de béatitude, un flot de délices allait s’en échapper…
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Il y avait, en effet, quelque chose de terrible dans la tragique beauté de la morte. Peut-être ne lui aurait-elle pas inspiré une terreur aussi profonde si elle eût été plus laide. Mais on n’’apetcevait rien de terni, ni de cadavérique, dans les traits de son visage. Il était vivant, et il semblait au philosophe qu’elle le suivait du regard, tout en ayant les yeux clos. Il crut même voir une larme sourdre sous les cils de son œil droit, et lorsque cette larme vint se figer sur la joue, il vit nettement que c’était une goutte de sang.
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Puis, il aperçut une ondine qui sortait d’une touffe de grands roseaux, ses épaules scintillantes et se jambes, arrondies et fermes, mais toutes tissées de lumières et de frémissements. Elle tourna vers lui son visage aux yeux clairs et perçants. Avec un chant qui s’insinuant en Thomas, elle s’approchait, atteignant presque la surface de l’eau, et après avoir tressailli d’un rire éclatant, plongeait et s’éloignait encore. Elle se renversa sur le dos, et les contours de sa gorge, blanche comme la porcelaine qui n’est pas encore vernie, semblèrent transparents aux rayons caressants de ce soleil nocturne. Une foule de petites bulles la couvrirent comme autant de perles ; elle évoluait au fond de l’eau, égrenant son rire.
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Néanmoins, tout en feuilletant son livre, il regardait de côté le cercueil, et une voix intérieure semblait lui chuchoter :
- La voilà ! la voilà qui se lève ; la voilà qui relève la tête, qui regarde. ..
Mais le silence était toujours profond, le cercueil ne remuait pas, et les cierges versaient des flots de lumière. Cette église illuminée, avec ce cadavre au milieu, était vraiment horrible à voir. Thomas se mit à chanter, en élevant la voix et sur tous les tons, pour étouffer la peur qui renaissait sans cesse en lui. Mais à chaque instant, il tournait les yeux vers le cercueil, en se posant involontairement cette invariable question :
- Si elle se levait, si elle se levait?
Le cercueil était immobile. Pas le moindre son nulle part ; pas le moindre bruit d'un être vivant, même d'un grillon. On n'entendait que le léger pétillement d'un cierge éloigné, ou bien le bruit faible et mat d'une goutte de cire qui tombait sur le pavé.
- Si elle se levait? ...
Elle souleva la tête.
Il regarda tout effaré, et se frotta les yeux.
- Mais, oui, elle n'est plus couchée ! elle est assise sur son tombeau.
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Pour en savoir plus : http://ateliershenrydougier.com/moscou.html Lire un extrait : https://fr.calameo.com/books/005553960838d5c676209 A commander en ligne : https://www.interforum.fr/Affiliations/accueil.do?refLivre=9791031204802&refEditeur=155&type=P
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Que l'on m'apporte mon ..........?............. Les soirées sont fraîches à Saint Petersbourg, et voyez- vous... d’ailleurs... selon moi... je le crois encore bon... sauf un peu de poussière... Eh ! sans doute il a l’air un peu vieux... mais il est encore tout neuf... seulement un peu de frottement... là dans le dos...

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