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EAN : 9782253183327
352 pages
Le Livre de Poche (23/08/2017)
3.66/5   81 notes
Résumé :
1791, île de Saint-Domingue. Les esclaves noirs, menés par le mystérieux Bug-Jargal, se révoltent contre la domination des colons français. Héroïque et généreux, Bug-Jargal s'engage dans une lutte sans merci, mais ne peut oublier son amitié pour Léopold d'Auverney, jeune officier blanc, et surtout son amour pour Marie, la fiancée de ce dernier. Victor Hugo a seize ans lorsqu'il écrit Bug- Jargal, en quinze jours, en 1818.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Cher M. Hugo,

«Je vous fais une lettre, Que vous lirez peut-être, Si vous avez le temps» (l'éternité en fait). Voilà je viens de terminer Bug-Jargal et moi qui vous révère, me voilà sous le coup d'une petite déception. Je dois reconnaître que c'est du pur génie d'avoir écrit cette oeuvre à l'âge de 16 ans (en quinze jours!), et même si vous l'avez étoffée à l'âge de 24 ans, je dois dire que si l'un de mes enfants me donnait à lire ce genre de prose au même âge, nul doute que je crierais au génie ! Peu de pages sont nécessaires pour comprendre que votre écriture est incomparable et que votre âme regorge de poésie.

Et pourtant votre ambiguïté concernant la cause des Noirs est pour moi trop présente dans cette oeuvre. Ainsi l'amitié du jeune Léopold d'Auverney avec Bug-Jargal ressemble trop à un mélange d'admiration involontaire et de condescendance.

Vous nous décrivez sans sourciller le nuancier des différentes teintes de noirs :
«M. Moreau de Saint-Méry, […], a classé dans des espèces génériques les différentes teintes que présentent les mélanges de la population de couleur.
[…]
Ces neufs espèces sont le sacatra, le griffe, le marabout, le mulâtre, le quarteron, le métis, le mamelouc, le quarteronné, le sang-mêlé. le sang-mêlé, en continuant son union avec Le Blanc, finit en quelque sorte par se confondre avec cette couleur. On assure pourtant qu'il conserve toujours sur une certaine partie du corps la trace ineffaçable de son origine.»

D'Auverney lui-même, ami de Bug-Jargal, ne reconnaît pas au nain Habibrah, qu'il appelle le «rancuneux», le droit de se rebeller lui qui était traité de la plus infâme manière :
« - Malheureux ! lâche assassin ! tu avais donc oublié les faveurs qu'il n'accordait qu'à toi ? tu mangeais près de sa table, tu dormais près de son lit...
- … Comme un chien ! interrompit brusquement Habibrah ; como un perro ! Va ! je ne me suis que trop souvenu des ces faveurs qui sont des affronts !»
On sent ici que votre coeur balance, vous reconnaissez qu'Habibrah était traité comme un chien mais vous semblez penser néanmoins qu'il était un privilégié et qu'il aurait dû être le dernier à se venger de son maître.

Il est vrai qu'à chacune de mes lectures, j'ai parfois des réactions épidermiques car j'ai souvent du mal à remettre une oeuvre dans son contexte, or il est certain qu'à votre époque cette façon de penser n'avait rien d'inhabituelle.
Cependant, les repères historiques inclus en fin de livre nous montrent qu'en 1770, l'abbé Raynal avait publié un ouvrage connu sous le titre «Histoire des deux Indes», qui «contient une violente critique de l'esclavage et du colonialisme».
Je sais que par la suite vous avez pris fait et cause pour la l'abolition de l'esclavage. Pourtant, dans votre «Seconde Lettre à l'Espagne» du 22 novembre 1868 où vous plaidez la cause de l'abolition de l'esclavage, vous écrivez :
«Toutes vos splendeurs ont cette tache, le nègre. L'esclave vous impose ses ténèbres. Vous ne lui communiquez pas la civilisation, et il vous communique la barbarie. Par l'esclave, l'Europe s'inocule l'Afrique.»
Cette phrase laisse à penser que vous considérez l'Afrique et ses habitants comme un virus et qu'il convient donc de civiliser les Noirs afin de ne pas être contaminé par leur «barbarie». C'est grâce aux annexes du livre que j'ai découvert cette lettre et j'ai eu l'explication du malaise que j'ai ressenti tout au long du récit de Bug-Jargal, cette impression de paternalisme et de supériorité qui ferait d'un ami des Noirs une bonne personne en leur permettant d'accéder à la rédemption qu'offre la civilisation.

Voilà tout mon ressenti cher M. Hugo, j'ai une petite plaie ouverte désormais, mais je vous garde dans mon coeur car un homme qui a écrit de si magnifiques choses ne peut pas être un mauvais homme. Disons simplement que l'immense lumière de votre génie a malencontreusement laissé une toute petite place à l'obscurantisme, revers peut-être inévitable d'une médaille dont l'éclat m'éblouit encore, presque deux siècles plus tard.

Merci de m'avoir lue cher M. Hugo, j'espère ne pas vous avoir froissé mais il fallait que mon coeur s'épanche, voilà qui est fait, avec tout le respect qui vous est dû.

Signé Furax, Popiette, Anonymous, …
D'accord juste pour vous, Sophie.
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Victor Hugo n'a que 16 ans lorsqu'il écrit Bug-Jargal, en 15 jours. Et cela reste impressionnant, même si ce roman est encore loin de ce dont Hugo sera capable quelques années plus tard.

Nous sommes à Saint-Domingue, à la veille de la révolte des esclaves noirs. Leopold d'Auverney raconte sa rencontre et son amitié avec Pierrot, l'un des esclaves de son oncle. Tombé amoureux de Marie, la cousine de Leopold, Pierrot la sauve de la gueule d'un crocodile, ce qui lui vaut la reconnaissance et l'amitié de d'Auverney, qui à son tour, lui sauvera la vie.

Hugo fait déjà preuve d'une grande modernité pour son époque, sur les questions raciales. Son narrateur, d'Auverney, est contre l'esclavage. Son histoire est celle d'une amitié entre un blanc et un noir. Bug-Jargal fait preuve d'une noblesse qui évoque la noblesse de futurs grands héros de Hugo. Enfin, l'auteur donne la parole à l'esclave et bouffon Habibrah pour exprimer son point de vue sur l'esclavage, la souffrance et l'humiliation qu'il induit.
Pour autant, les stéréotypes et préjugés raciaux émaillent tout le récit et prouvent qu'Hugo n'était pas encore le défenseur des droits des hommes qu'il fut plus tard...
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Excellent. Tenue en haleine de la première ligne à la dernière. Et dire qu'il n'avait que 16 ans !
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Bug-Jargal est une sorte de roman historique comme, j'imagine (car je ne les ai pas lus) les romans d'Alexandre Dumas - père ou fils, peu m'importe - ou le Comte de Monte-Cristo. Hugo en a écrit, à 16 ans, une 1ère version, paraît-il en 15 jours à la suite d'un pari avec ses copains - ce qui est une performance s'il n'a pas pompé dans un livre pré-existant - puis y a ajouté, quelques années plus tard, moult développements, précisions etc. On y trouve sans doute l'embryon du talent qui sera le sien aussi bien - dans des dialogues - dans des pièces de théâtre avec personnages historiques ou dans des romans où l'action est présente (quatre-vingt treize par exemple), mais Hugo n'y est pas encore devenu le Hugo audacieux, poète, éloquent, lyrique, passionné voire grandiloquent qu'il sera plus tard.
L'action se passe à Haiti/ST Domingue¨+/- pendant la révolution française (apparemment certains personnages seraient historiquement réels puisque Aimé Césaire a écrit dessus, à moins qu'il n'ait disserté sur le roman d'Hugo) et conte la révolte des esclaves contre les colons, avec toutes sortes de détails sur les castes auxquelles les uns et les autres appartiennent. Hugo a greffé là-dessus une histoire d'amour entre un jeune - comme lui - officier qui n'est pas sans rappeler le jeune Bonaparte (que Hugo a sans doute admiré avant qu'il ne devienne l'Empereur Napoléon), une "Marie", fille d'un colon esclavagiste et un colosse noir qui donne son nom au livre, fils d'un roi d'Afrique qui a une force, une intelligence et un sens de l'honneur supérieurs à tous les autres..
Je n'ai pas du tout accroché à cette histoire et je ne me lancerai pas dans un débat sur l'opinion de V. Hugo sur la colonisation, les noirs, l'esclavagisme etc.. à partir d'un livre comme celui-ci.
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Bien-sûr que lorsque l'on commence à lire Bug-Jargal, on ne s'attend pas à trouver un chef d'oeuvre comme les misérables. Et pourtant, il faut lire le premier roman de Victor Hugo. Pour quoi me direz-vous ? Et bien tout d'abord, il faut le lire pour découvrir ce qu'un génie comme Victor Hugo est capable d'écrire à 16 ans à la suite d'un simple pari et en seulement 2 semaines. Et ce n'est pas rien ! Ensuite il faut le lire car cette histoire montre le point de vue d'un adolescent sur la colonisation au début du 19ème siècle. Je recommande donc ce roman à tous les passionnés de Victor Hugo qui essaient de comprendre comment naît un génie.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Quand les événements extraordinaires, les angoisses et les catastrophes viennent fondre tout à coup au milieu d’une vie heureuse et délicieusement uniforme, ces émotions inattendues, ces coups du sort, interrompent brusquement le sommeil de l’âme, qui se reposait dans la monotonie de la prospérité. Cependant le malheur qui arrive de cette manière ne semble pas un réveil, mais seulement un songe. Pour celui qui a toujours été heureux, le désespoir commence par la stupeur. L’adversité imprévue ressemble à la torpille ; elle secoue, mais engourdit ; et l’effrayante lumière qu’elle jette soudainement devant nos yeux n’est point le jour. Les hommes, les choses, les faits, passent alors devant nous avec une physionomie en quelque sorte fantastique ; et se meuvent comme dans un rêve. Tout est changé dans l’horizon de notre vie, atmosphère et perspective ; mais il s’écoule un long temps avant que nos yeux aient perdu cette sorte d’image lumineuse du bonheur passé qui les suit, et, s’interposant sans cesse entre eux et le sombre présent, en change la couleur et donne je ne sais quoi de faux à la réalité. Alors tout ce qui est nous paraît impossible et absurde ; nous croyons à peine à notre propre existence, parce que, ne retrouvant rien autour de nous de ce qui composait notre être, nous ne comprenons pas comment tout cela aurait disparu sans nous entraîner, et pourquoi de notre vie il ne serait reste que nous.
Si cette position violente de l’âme se prolonge, elle dérange l’équilibre de la pensée et devient folie, état peut-être heureux, dans lequel la vie n’est plus pour l’infortuné qu’une vision, dont il est lui-même le fantôme.
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Dès qu'une bataille commençait, son front paraissait serein. Il se montrait intrépide dans l'action comme s'il eût cherché à devenir général, et modeste après la victoire comme s'il n'eût voulu être que simple soldat. Ses camarades, en lui voyant ce dédain des honneurs et des grades, ne comprenaient pas pourquoi, avant le combat, il paraissait espérer quelque chose,... et ne devinaient point que d'Auverney, de toutes les chances de la guerre, ne désirait que la mort.
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J'attendais le moment où il achèverait sa tâche par ma mort. J'étais dans une position singulière avec cet homme : il avait déjà failli me tuer pour prouver qu'il était blanc ; il allait maintenant m'assassiner pour démontrer qu'il était mulâtre.
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La mort est peu de chose pour une âme flétrie et déjà glacée par l'adversité ; mais que sa main est poignante, qu'elle semble froide, quand elle tombe sur un cœur épanoui et comme réchauffé par les joies de l'existence !
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D'Auverney parlait peu, écoutait rarement, et se montrait sans cesse prêt à agir. Toujours le premier à cheval et le dernier sous la tente, il semblait chercher dans les fatigues corporelles une distraction à ses pensées.
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