L'inspecteur Erlendur vient de terminer une enquête à Reykjavik et prend quelques jours de vacances dans l'ancienne maison familiale tombée à l'abandon et qu'il va squatter. Au cours d'une de ses longues ballades, il rencontre Boas, chasseur de renard de son étang et ils font un peu de route ensemble.
Chemin faisant, ils évoquent un drame survenu en 1942, où des soldats britanniques ont péri lors d'une violente tempête et dont on a retrouvé les corps, l'un d'eux emporté jusqu'à la mer. En même temps disparaissait une jeune femme de la région, Mattildur, lors de cette même tempête, mais son corps n'a jamais été retrouvé. de ce fait, des légendes sont nées à son sujet.
Ceci éveille la curiosité pour notre inspecteur, amateur de personnes disparues depuis longtemps, et dont il arrive à retrouver l'histoire à force de recherches minutieuses, avec des indices précaires car trop anciens et il va rencontrer peu à peu ceux qui ont connu Malttidur…
Ce que j'en pense :
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre, même si le début m'a rebutée un peu car le temps passe lentement, dans une atmosphère sombre, des personnages d'apparence rude, secrets, qui dévoilent très peu leurs affects comme leurs souvenirs. Ont-ils vraiment envie de se souvenir de cette terrible tempête et de ces personnes mortes tragiquement.
Peu à peu l'enquête, qui n'a rien d'officiel, s'anime et les révélations, les surprises, le suspense sont au rendez-vous.
Arnaldur Indridason nous raconte en fait, deux histoires dans ce livre : celle de Matthildur bien-sûr, mais aussi celle d'une autre tempête survenue quand il avait dix ans et son petit frère, Berggur, huit ans ; ils avaient accompagné leur père à la recherche des brebis pour les ramener à la ferme et ils se sont perdus, n'y voyant pas à plus d'un mètre. On a retrouvé Erlendur gelé, à deux doigts de la mort, mais on n'a jamais retrouvé son petit frère.
Cette disparition hante l'inspecteur, jusque dans ses cauchemars et au fur et à mesure qu'il apprend des choses sur Matthildur, il retrouve des éléments sur l'endroit où Berggie a peut-être perdu la vie.
Les personnages sont très intéressants dans leur fonctionnement, qu'il s'agisse de Boas, le chasseur de renard, Hrund, la jeune soeur de Matthildur, Jakob son mari décédé, quelques années après elle, lors du chavirage de son bateau de pêche lors d'une tempête aussi, Ezra un ami proche. Il est clair qu'ils ont tous quelque chose à cacher.
Les méthodes d'Erlendur sont très particulières : pas d'enquête officielle et pourtant les gens lui font des confidences ; une fois passée le moment de réticence, de réserve, vis-à-vis d'un homme qui dit faire un travail de recherche, les langues se délient peu à peu, car tout est au ralenti dans ce livre, (dans ce pays ?).
Ce livre nous parle, de beaucoup de choses : le poids des secrets dans les familles, la mort, le deuil, comment faire son deuil quand on n'a pas retrouve le corps, et qu'il n'y a aucune tombe où aller se recueillir. La personne est-elle réellement morte ou a-t-elle seulement disparu, ou est-elle partie ailleurs. Sans preuve, il est difficile de s'avouer que la mort est réelle.
L'auteur développe aussi un autre aspect dans cette quête : la culpabilité du survivant, Erlendur se sent responsable de la mort de son petit frère, ce qui se retrouve chez certains protagonistes, et aussi la force de l'amour, la part de jalousie, dans les sentiments humains qui peuvent mener à la violence.
On en apprend davantage sur l'histoire personnelle d'Erlendur, qui a pris de l'épaisseur dans ce roman, ce qui rend le personnage attachant par ses failles, ses tourments, son refuge dans la vieille maison familiale abandonnée, dans des conditions spartiates : son sac de couchage, sa lampe torche, ses litres de café…
Un livre intéressant, que je classerais dans la rubrique « Romans noirs », mais qui ne m'a emballée autant que «
La femme en vert » l'an dernier. Peut-être parce que ce n'est pas une enquête criminelle menée tambour battant, mais on sait que l'inspecteur travaille sur des disparitions anciennes non résolues,
J'apprécie davantage dans ce livre, le côté psychosociologique, la description de paysages fabuleux, les noms imprononçables, qui ont éveillé en moi une grande curiosité pour ce pays aux fjords et aux forêts, aux conditions de vie si dures dans le froid, bref l'Islande me passionne toujours autant. Donc, je vais continuer à explorer l'oeuvre d'
Arnaldur Indridason.
Note : 7,5/10
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