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EAN : 9782253157892
288 pages
Le Livre de Poche (12/01/2011)
3.83/5   96 notes
Résumé :
Sur une île du Pacifique, Mathilda et ses camarades de classe se passionnent pour les aventures vieilles d'un siècle d'un orphelin appelé Pip, dans une ville appelée Londres qui leur paraît plus réelle que leur propre région à feu et à sang.
Mais dans une île ravagée par la guerre, l'imagination ne protège pas toujours de la folie des hommes.
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Jamais entendu parler de ce livre ni de son auteur.
Nancy Huston, dans "L'espèce Fabulatrice" le cite à plusieurs reprises et c'est elle qui m'a donné envie de le lire.
Pour faire simple, l'action se situe de nos jours, sur une île paradisiaque pas loin de l'Australie, en proie à une guerre civile. Tous ceux qui le pouvaient ont fui, et ceux qui restent sont coincés, isolés, victimes de l'une et l'autre "armées". Au fond, cela pourrait se passer "tranquillement" puisque la nature est suffisamment généreuse pour leur apporter leur subsistance : les pêcheurs pêchent, les femmes font la cuisine et les enfants, les enfants s'ennuient puisqu'il n'y a plus d'institutrice.
Dans ce village, un vieil anglais, M. Watts, dont les excentricités amusent les enfants, va décider de "faire l'école" et pour ce faire, va motiver ces enfants jusque là laissés à eux-mêmes à venir régulièrement suivre son enseignement. Il n'est pas instituteur. Sa brillante idée sera d'une part de lire chaque jour un chapitre de son livre préféré « De grandes espérances » de Dickens, mais aussi de faire venir, à tour de rôle l'un des parents qui racontera son expérience, sa croyance. Et c'est ainsi que l'enseignement prend forme, qu'un dialogue s'instaure, intime entre chacun des élèves et leur maître non sans éveiller une sourde rivalité de certains parents envers ce drôle de « professeur » prenant de plus en plus d'influence. Et nous lecteur émerveillé, nous assistons au développement de tout un imaginaire dans la tête de ces gamins : ils se passionnent pour l'histoire. le héros, Mister Pip, devient pour chacun d'eux une réalité, un ami et pour les adultes un "étranger" invisible.
Le problème, c'est que ce « Mister Pip » devient une sorte de célébrité mais une célébrité corporellement ... absente, pour tous ceux qui n'ont pas lu le livre. Or, les guerriers, il n'y a rien qui ne les agacent plus que d'entendre parler de quelqu'un qu'ils ne connaissent pas. Ils viendront donc dans le village pour que ce « Mister Pip » leur soit livré. En représailles, puisque les villageois restent muets, le village sera brûlé et le livre, caché dans une maison partira en fumée.
Seconde brillante idée de instituteur improvisé : faire reconstituer tout le roman par ses jeunes élèves qui vont plonger dans leurs mémoires, pour retrouver, « déterrer » quelques anecdotes, quelques locutions qu'ils assembleront ensemble pour reconstituer le roman de Dickens. Bien sûr, on ne peut s'empêcher de penser à « Fahrenheit 451 » avec ses hommes-livres. Mais plus encore, l'auteur nous fait toucher du doigt comment chaque lecteur s'accapare une histoire, la fait sienne, comment par la lecture nous créons un monde parallèle complètement personnel et qui restera à jamais secret et intime.
La suite de l'histoire est cruelle et pourtant, le livre refermé il ne reste que de l'émerveillement. Quelle chance a eu cette délicieuse Matilda qui nous raconte cette histoire vécue pendant son adolescence, cette rencontre tellement improbable qui lui a fait découvrir LA littérature, tout un imaginaire, et permis de démarrer une nouvelle vie. C'est en la faisant parler cette petite Matilda que Llyod Jones rend un hommage plus au pouvoir des mots, à la magie des belles histoires qui marquent les vies et permettent de dépasser les douleurs subies. Petite Matilda deviendra grande et sera elle aussi un vecteur de mots.
Même si je ne suis pas toujours entièrement convaincue par ce qu'écrit Nancy Huston dans « L'espèce fabulatrice » je la remercie de m'avoir offert l'opportunité de découvrir un si bel auteur.
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J'ai pris ce livre en main, attirée par sa couverture. La lecture de la 4e m'a séduite et je l'ai emmené avec moi. Je ne le regrette pas.
Ce récit tendre et intelligent ne nous conte pas seulement l'histoire de Mathilda sur son île de Bougainville, mais il nous laisse entendre comment la littérature peut changer nos vies.

Nous sommes en décembre 1991 et l'île est soumise à un embargo total suite à la rébellion des habitants contre les exploitants australiens des mines locales. Quelques rares hommes restent au village avec les femmes et les enfants. Parmi eux, Mr Watts, seul homme blanc de l'ile, marié à Grâce, une indigène. Ayant décidé de rouvrir la classe pour les enfants, lui qui n'est pas enseignant va les éduquer d'une part en invitant régulièrement leurs mères à venir partager un savoir qu'elles possèdent et d'autre part, en leur lisant « Les Grandes espérances » de Charles Dickens. Cette lecture de l'Angleterre victorienne deviendra pour les enfants, une échappatoire aux violences quotidiennes qu'ils subissent.

Brillamment menée, l'intrigue nous réserve moments de tendresse, d'humour et de grande violence. La narratrice, Matilda, petite noire d'une île du Pacifique, s'identifie à Pip, petit londonien du XIXe siècle qui lui ouvrira les portes d'un monde insoupçonné. Elle trouvera dans ce récit la force qui lui faut pour supporter sa vie et décider ensuite d'en changer.
Ce roman initiatique est une vraie merveille d'humanité et de chaleur humaine ainsi qu'un hommage fantastique à la littérature et à la magie des mots.
C'est mon premier coup de coeur de l'année.
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L'histoire se déroule dans les années 1990 sur l'île de Bougainville dans le Pacifique alors que la guerre civile fait rage. Des rebelles se sont organisés pour se soulever contre l'impérialisme Australien qui a main mise sur les productions minières. Mathilda et sa mère vivent dans un petit village de pêche où ne réside qu'un seul blanc, M. Watts. En raison des conflits l'école n'est pas toujours la priorité mais un jour elle ouvre à nouveau et c'est M. Watts qui se propose de leur faire classe. Il décide de leur faire lire "De Grande Espérances" de Dickens. Jour après jour il va lire le livre entier à ces élèves d'abord intrigués puis fascinés par le récit. Les habitants ne sont pour la plupart jamais sortis de l'île et ne connaissent comme livre que la Bible. Tout le monde se demande qui est ce Dickens et si quelqu'un l'a déjà vu? Et pourquoi les enfants n'ont-ils plus que le nom de "Pip" à la bouche? La découverte du roman dépasse rapidement les murs de l'école et intéresse tout le village. La rumeur va même sortir de leur peuplade et créer des problèmes. Les familles de l'île sont d'autant plus intéressées par la classe de M. Watts qu'il a toujours intrigué tout le monde. L'une des leurs, Grace, est un jour arrivée sur l'île avec cet homme. Lui, seul blanc, elle, un peu folle.

Mathilda se projette rapidement dans l'histoire de Pip. Elle y trouve un écho à sa propre vie, son père qui les a abandonnées, sa mère dont elle a parfois honte car elle ne connaît que les superstitions et les principes religieux. En s'attachant plus que de normale à ce roman elle va voir son destin profondément bouleversé.

Le récit est très mystérieux au début. Il faut du temps pour comprendre qui sont ces personnages, ce qu'ils font et pourquoi leur quotidien semble instable. Il nous faudra à vrai dire tout le roman pour découvrir les secrets de la plupart des personnages, mais alors, que c'est beau et poignant!

Mister Pip est un magnifique roman d'une intelligence remarquable Il parle de la portée et de la force de l'imagination. À travers la découverte de cette oeuvre de fiction les enfants vont percevoir des dimensions de leur esprit qu'ils ne connaissaient pas. C'est aussi un récit d'apprentissage bouleversant sur la confrontation de deux cultures, avec ses impasses et ses moments de grâce. le parcours de Mathilda est terrible mais elle sort victorieuse de cet enfer, en un sens. le portrait de M. Watts est aussi très fort. Les révélations finales sont assez étonnantes et ne font que renforcer l'une des thèses principales de ce récit : à savoir la possibilité d'inventer, le monde, mais aussi soi-même et de ré-inventer sans cesse.

Par ailleurs l'histoire ne pose jamais un regard manichéen sur ses personnages ; il n'y a pas les indigènes d'un côté et la voix de la civilisation qui serait incarnée par le seul blanc de l'île. C'est d'ailleurs pourquoi le professeur invite les parents des enfants à partager leurs connaissances devant la classe. Il ne juge pas, quoique comme Mathilda on ne rentre jamais vraiment dans son esprit qui nous demeure assez mystérieux. Pour moi c'est vraiment un grand livre d'apprentissage sur les pouvoirs de la lecture.
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C'est la guerre civile à Bougainville (années 90) qui a inspiré ce curieux roman croisé sur un blog (celui d'In Cold Blog me semble-t-il ?). Il s'agit ici d'un vibrant hommage à la littérature, à l'imagination, seuls remparts contre la violence et la folie des hommes. C'est grâce à l'instituteur, M. Watts, le seul Blanc de l'île, que la petite Matilda va pouvoir trouver son salut lorsque les événements tragiques découlant de cette guerre civile vont l'engloutir, elle, sa famille et les habitants de son petit village.
Il lui faudra la compagnie de Pip, celui des Grandes Espérances, et l'univers de l'Angleterre victorienne pour fuir la cruauté et l'absurdité de la guerre, et finalement trouver son destin ailleurs, en terre étrangère.
Certains passages sont difficilement soutenables, j'aurais préféré davantage de suggestions de la part de l'auteur, mais heureusement, ce n'est pas ce qui domine dans ce roman. Ce dernier nous offre matière à réflexion dans bien des domaines et rappelle l'importance de la lecture. Lire n'est pas un acte anodin, et pour l'auteur, c'est presque un acte de foi.
La traduction m'a beaucoup plu, l'histoire est captivante et originale (ah, les leçons de choses données par les mamans à l'école resteront dans les annales…), malgré les innombrables variations qui ont déjà été écrites sur le pouvoir des mots et de l'imagination, et puis, pour une fois, il m'a semblé que lire avait cessé d'être une activité solitaire. C'est par le truchement du roman de Dickens que Matilda côtoie le monde et rencontre d'autres gens qui vont influer sur son existence. L'auteur, outre un don certain pour restituer l'atmosphère d'un lieu, a donné vie à une galerie de personnages qu'on ne saurait oublier de sitôt. Matilda et sa mère Dolorès, M. Watts.
Bref, nouveau coup de coeur pour moi que je vais m'empresser de faire connaître dans mon entourage…
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"M. Watts nous offrait en partage une portion du monde, où je pouvais me réfugier aussi souvent que j'en avais envie."

J'ai déniché Mister Pip sur Babelio après ma lecture de l'envoûtante Répétition, en tant qu'oeuvre néo-zélandaise (ce qui, il faut bien l'avouer, ne court pas les rues ni les librairies).

Sur une île du Pacifique aux allures d'un univers de Véronique Ovaldé (voir Ce que je sais de Vera Candida), les enfants ne vont plus à l'école depuis bien longtemps. Jusqu'au jour où M. Watts s'improvise en maître d'école pas comme les autres. Mi-clown triste mi-sérieux, il manie comme personne l'arme de la littérature en embarquant ses petits élèves dans une relecture pas comme les autres des Grandes espérances de Charles Dickens.

"On ne l'avait jamais fait la lecture en anglais auparavant. Ni à moi, ni aux autres. Nous n'avions pas de livres chez nous, les seuls qui nous étaient passés entre les mains avant le blocus venaient de Port Moresby et étaient écrits en pidgin. Quand M. Watts se mit à lire, nous observâmes un profond silence. le monde accueillait des sonorités nouvelles. Il lisait lentement, nous donnant à entendre la forme de chaque mot."

Dans cet espace littéraire à mille lieues de leur quotidien, les petits, et bientôt les adultes, trouvent un refuge à nulle autre pareil, initiés par le curieux M. Watts, et qui leur coûtera plus cher qu'ils ne l'imaginent.

"M. Watts nous offrait en partage une portion du monde, où je pouvais me réfugier aussi souvent que j'en avais envie."

Malgré des critiques élogieuses, Mister Pip m'a modérément conquise. le ton naïf de l'enfance qui sonnait faux, le rythme un peu bancal ne m'ont guère appâtée. Pourtant Mister Pip n'est pas sans qualité, loin du compte. Après une amorce un peu longue, et au fur et à mesure des progrès de la narratrice Matilsa, se révèlent une poésie un peu magique et un récit plu profond qu'il 'y paraît de prime abord. Finalement pas si mal.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Rayonnante, Mabel se trémoussa sur sa chaise.
- Quand est-ce qu’on pourra dire qu’on le connaît, M. Dickens ? s’enquit-elle.
M. Watts pressa deux doigts contre son menton.
- C’est une très bonne question, Mabel. En fait, je tends à penser qu’il n’y a pas de réponse, mais je vais quand même essayer de t’en fournir une. Certains d’entre vous connaîtront M. Dickens quand nous aurons fini le livre. Il comporte cinquante-neuf chapitres, et au rythme d’un chapitre par jour, cela prendra donc cinquante-neuf jours.
Voilà qui n’allait pas être facile à expliquer à nos parents. Nous avions rencontré M. Dickens, mais nous ne le connaissions pas encore et ne le connaîtrions pas avant cinquante-huit jours. Nous étions alors le 10 décembre 1991. J’ai fait un rapide calcul : il nous faudrait patienter jusqu’au 6 février 1992.
[…]
Le temps que M. Watts termine le premier chapitre, il me semblait que c’était en fait ce garçon, Pip, qui s’adressait à moi. Ce garçon que je ne pouvais ni voir ni toucher, mais que je découvrais par lecture interposée. J’avais un nouvel ami.
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Il ous avait fallu un maître d'école, et M. Watts était devenu ce maître d'école. Il nous avait fallu un magicien pour faire apparaître de nouveaux mondes sous nos yeux, et M. Watts était devenu ce magicien. Quand il nous avait fallu un sauveur, il avait, là encore, rempli ce rôle. Et quand les Peaux-Rouges avaient exigé une vie, il avait donné la sienne.
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La foi, c'est comme l'oxygène. Elle vous aide à survivre. Parfois, on en a besoin, et parfois on peut s'en passer. Mais quand on en a besoin, on a intérêt à être bien entraîné, sinon ça ne marche pas. C'est pour cette raison que les missionnaires ont construit des églises : parce que on ne s'exerçait pas assez avant les églises. Les prières servent à ça, les enfants. A s'exercer à avoir la foi.
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Elle me demanda un jour si Bel Œil nous enseignait la Parole Divine. Puis elle se rabattit sur son autre souci du moment en m’interrogeant sur les personnes, les poissons et les oiseaux qui composaient notre arbre généalogique.
J’échouai misérablement. Quelle raison aurais-je pu avoir de les garder en mémoire ? A l’inverse, je connaissais tous les personnages des Grandes Espérances. Mais il est vrai que je les avais entendus parler, eux. Ils m’avaient fait part de leurs pensées. Parfois même, tandis que M. Watts lisait à voix haute, il m’arrivait de distinguer leurs traits.Pip, Miss Havisham et Joe Gargery faisaient davantage partie de ma vie que tous mes ancêtres et tous les membres de mon entourage.
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...le livre qui m'a fourni un autre monde en guise de refuge à une époque où j'en avais désespérément besoin. Ce roman m'avait donné un ami en la personne de Pip. Il m'avait appris que l'on pouvait facilement se glisser dans la peau d'un autre, même quand celle-ci était blanche et appartenait à un garçon qui vivait dans l'Angleterre de Dickens. Si ce n'est pas là de la magie, alors j'ignore ce qui peut prétendre à ce titre.
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Video de Lloyd Jones (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lloyd Jones
Lloyd Jones Parle de son roman Mister Pip.
(Vidéo en anglais non sous-titrée. )
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