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Hervé Delouche (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782742717668
280 pages
Actes Sud (04/06/1999)
3.78/5   79 notes
Résumé :
Le passé n'oublie rien. Il y aura toujours un ancien pour se souvenir. Une femme pour témoigner. Un enfant qui racontera… Dix ans après les faits, en France, dans les années quatre-vingt, le seul homme à « savoir » voit ressurgir le risque que la vérité n'éclate. Cette vérité concerne le Parti. Elle vise le leader, l'homme charismatique à la jeunesse méconnue. Quels furent ses positions et ses actes dans les années de guerre avant qu'il ne milite ? Comment faire ta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Pour marquer la fin du Congrès national du Parti Communiste Français, les délégués se lèvent, dressent le poing droit et entonnent l'Internationale. La sonorisation est à fond et chacun s'époumone en reprenant l'hymne ouvrier. Un passage de ce chant a une résonance particulière pour le Secrétaire général du Parti. « du passé faisons table rase »… L'oubli a ses vertus, notamment pour cet homme dont l'activité pendant la Seconde guerre mondiale est dérangeante. Lui qui dirige le « Parti des fusillés » n'a pas participé à la Résistance. Au contraire même, il est parti travailler dans une usine allemande avant les réquisitions du STO. Pire encore, il existe d'autres détails bien plus gênants qu'il faut à tout prix dissimuler.

Ce roman s'inspire du secret entourant le passé de Georges Marchais et de la controverse de Montigny-lès-Cormeilles qui a vu un maire communiste nommé Robert Hue* vilipender devant des caméras des trafiquants de drogue d'origine étrangère. Thierry Jonquet mêle ces deux polémiques dans un roman d'une grande efficacité. La fiction lui permet d'explorer les zones d'ombre de l'histoire de ce parti et le résultat est percutant. Il dénonce la mainmise des Soviétiques sur le PCF et les méthodes brutales qu'ils utilisent pour parvenir à leurs fins : assassinats, tortures, chantages, enlèvements. L'Etat français, tenu par des menaces de révélations de scandales, ne réagit pas. Les personnages principaux sont facilement identifiables (Robert Hue par exemple devient Robert Dia, à hue et à dia…). C'est plus dur de reconnaître les seconds rôles pour qui n'a pas suivi l'actualité politique de cette époque. Ce roman de politique-fiction à charge se place dans un contexte de luttes au sein du mouvement communiste entre les Trotskistes de différents groupuscules et les « Stals » du PCF. A noter que ce roman a été publié sous pseudonyme (sous le nom de l'assassin de Léon Trotsky) en 1982, à une époque où le gouvernement comptait des ministres communistes.

Un roman efficace, percutant, et engagé.

* Il ne deviendra célèbre que douze ans après la publication de ce roman, lorsqu'il deviendra secrétaire général du parti.
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Ce roman noir est le roman d'un écrivain trotskiste ayant décidé de « se faire » le PCF. C'est une plongée dans le passé trouble de son Secrétaire général – que chacun aura reconnu – dans les mains du PCUS. Dans un certain sens c'est un roman à (grosses) clés : on devine quels sont ces responsables haut-placés. J'ai cru y reconnaître Jacques Duclos, Robert Hue, Henri Krasucki peut-être, sur ce dernier point je ne suis pas sûr. C'est là, l'un des intérêts de ce livre : deviner qui est qui.
Voilà un bouquin agréable à lire et stimulant.
P. S. : j'ai relevé une petite erreur historique. L'auteur écrit que la ville de Lorient a été "libérée" par l'action conjuguée de la Résistance et des soldats alliés. En réalité Lorient ne s'est rendue qu'après la chute de Berlin et la capitulation de l'Allemagne le 8 mai 1945. Un tout petit détail, je l'avoue.
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Ce livre n'est pas un roman sur le parti communiste , ni sur le passé troublant de Georges Marchais , mais un roman contre le PCF , ses méthodes , ses mensonges .
Paru en 1982 , alors que la gauche était au manettes , avec des ministres communistes , il eut l'effet d'une bombe et c'était le but de cet ex militant trotskiste car à cette époque le PCF se targuait encore de près de 20 % des voix aux élections .
Le fait que Marchais mentant sans vergogne sur son passé , alors que pendant que les résistants se battaient contre la milice et les nazis , il se soit porté volontaire , devançant l'appel du STO ( Service du Travail Obligatoire ) , et travaillait chez Messerschmitt au service de l'occupant , mit en difficulté la crédibilité des communistes .
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Le roman débute par une série d'assassinats, en 1972, de personnes sans liens apparents, en Allemagne, en France et au Chili.
Puis saut dans le passé, en 1935, et prise de connaissance avec un certain René Castel, dont le portrait sera tracé au fil du roman, et de son ascension au sein du Parti, entremêlé avec une intrigue qui se déroule en 1978.
Il est donc question, le titre l'indique, d'effacer le passé, celui bien encombrant de René Castel, qui resurgira malgré tout aux détours d'archives et de traces oubliées.
Sorti en 1982, sous le pseudonyme de Ramon Mercader, adieu Trotsky, ce roman est une charge contre le Parti communiste français et son secrétaire général d'alors, Georges Marchais. Jonquet souligne les méthodes criminelles de ce parti politique, en cheville avec l'URSS, et l'attitude trouble de son dirigeant durant la Deuxième Guerre. Mais les "forces de l'ordre" ne sont pas en reste et leurs méthodes sentent tout autant.
La postface d'Hervé Delouche, président de l'association 813, éclaire sur le poids de ce roman, sa portée et sa réception à l'époque.
Une diabolique construction, mécanique fictionnelle qui égratigne comme il faut L Histoire.
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Récit édifiant du fonctionnement du P.C.F. René Castel, secrétaire général du parti, arriviste, opportuniste et sans envergure arrivé au sommet en 1972 malgré son passé trouble. On découvre en effet qu'il est allé volontairement travailler en Allemagne pendant la guerre sans attendre le S.T.O. et revenu en France, s'est livré au marché noir, a dénoncé des résistants. Plus tard, il commandite ou ferme les yeux sur des assassinats perpétrés pour protéger la réputation du parti.
Madeleine, militante de base, intègre, idéaliste est écoeurée par ces agissements et par le fait qu'un tel homme ait été porté à la tête du "parti des fusillés". Elle le dénonce mais découvre que tous les cadres du parti sont au courant et elle le paie très cher.
Décalage entre les idéaux affichés et les idéologues, les cadres du parti. Ce roman a fait scandale lors de sa sortie en 1982 car il dénonçait certaines pratiques des partis communistes et s'inspirait en partie de Georges Marchais (sans le nommer) alors secrétaire général du PCF parti volontairement en Allemagne
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Octobre 1978
Jacques Delouvert tambourinait du doigt sur le tableau de son bureau. La main était grasse, rose et boudinée. Nerveuse pourtant. Par la grande baie vitrée, Delouvert pouvait contempler le spectacle des toits de Paris. Son bureau se trouvait au dernier étage du grand immeuble courbe de verre et de béton abritant les locaux du Parti. Mais Delouvert se foutait des toits de Paris, des pigeons, des reflets moirés du soleil sur les ardoises luisantes. Poésie de pacotille, sensibilité populiste, nostalgie petite-bourgeoise.
De sa grosse main, il saisit la fiche photocopiée qu'il étudiait depuis une heure. Il l'avait examinée à la loupe, détaillant lettre par lettre les annotations manuscrites et les cachets apposés en bas de page. Aucun doute possible : ce n'était pas un faux. D'ailleurs, quand bien même il se fût agi d'une contrefaçon, les renseignements consignés sur le document étaient rigoureusement exacts. Delouvert était un des rares hommes (une dizaine ?) à le savoir.
Il s'empara d'un gros briquet fixé sur un socle d'onyx, un cadeau offert par une délégation du Parti grec, et il fit brûler la feuille. Une odeur âcre s'en dégagea.
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- Camarade Castel, c'est pour moi une joie et un honneur de te recevoir. J'espère que ton séjour te sera agréable. Nous avons beaucoup à faire. J'ai tenu à te rencontrer en privé, parce que, désormais, tous nos contacts seront publics, et j'ai besoin de te connaître mieux... Je sais que tu as accepté notre proposition. Et je t'en remercie. Dans un an, tu seras donc le secrétaire général du Parti français. C'est un lourd fardeau, bien lourd en vérité. Comment dites-vous ? « Ne te monte pas la tête ! » Oui, c'est cela... Reste humble !
Tu as été choisi parce que tu possèdes les qualités requises. Ta vie va changer, camarade Castel. Tu vas devenir le Parti, tu seras son visage, son incarnation pour des millions d'hommes, qui écouteront tes paroles.
(…)
- Camarade Castel, tu sais les raisons pour lesquelles nous t'avons choisi parmi tant d'autres... Les fautes de ta jeunesse, nous ne les ignorons pas. Malgré elles, nous t'avons fait ce que tu es. Sans nous, tu ne serais jamais sorti du rang : n'oublie pas, camarade Castel, n'oublie pas. Tu nous dois obéissance.
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Il pleuvait abondamment. Et Georg Staffner détestait la pluie. Cela n'avait aucun rapport avec la mélancolie qu'engendre chez de nombreux mortels la vue des flaques luisantes sur le bitume des rues des villes. Staffner détestait la pluie car pour lui humidité rimait avec douleur.
Il revenait justement de l'hôpital, où, depuis de longues années, on le suivait pour une maladie rhumatisante qui lui rongeait les articulations avec une avidité sournoise. Appuyé sur sa canne, il attendait le bus (...).
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Comprenant que le fait d'être membre de l'avant-garde de la classe ouvrière ne pouvait que lui être bénéfique pour sa promotion sociale à l'intérieur de l'usine, René adhéra au Parti. Le 22 avril 1947 : il venait tout juste d'atteindre ses vingt-sept ans.
Et l'on vit bientôt le jeune Castel vendre l'organe central du Parti sur les marchés de Montmartre ou de Saint-Ouen, le dimanche matin. Cet être fragile, plein d'amertume à l'encontre de son enfance misérable, déjà marqué par les épreuves de la guerre, le Parti allait le transformer, lui donner cette belle assurance, cet allant imperturbable que tout le monde lui reconnaît.
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Ah, mon cher Castel, asseyez-vous donc ! Je tiens à vous remercier ! Si, si ! Grâce à vous, nous avons démantelé une partie du réseau terroriste de la région. Nous allons vous réexpédier en Allemagne, dans votre camp. Nous passons l'éponge sur votre évasion... Vous avez sauvé des vies allemandes !
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Vidéo de Thierry Jonquet
Chronique consacrée aux grands noms de la littérature policière, et animée, depuis octobre 2018, par Patrick Vast, dans le cadre de l'émission La Vie des Livres (Radio Plus - Douvrin). Pour la 29ème chronique, le 12 juin 2019, Patrick présente l'auteur Thierry Jonquet. Patrick Vast est aussi auteur, notamment de polars. N'hésitez pas à vous rendre sur son site : http://patricksvast.hautetfort.com/ Il a également une activité d'éditeur. À voir ici : https://lechatmoireeditions.wordpress.com/ La page Facebook de l'émission La Vie des Livres : https://www.facebook.com/laviedeslivres62/
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