Une jolie édition pour un texte bien sympathique. L'auteur nous raconte les treize années qu'elle a passé avec son chien, de ses 22 ans à la mi-trentaine à peu près, et qui l'a donc accompagnée de sa vie de jeune femme à sa vie d'adulte.
La première partie de ce petit livre se consacre aux aspects pratiques, au bouleversement du mode de vie et du quotidien qu'entraine l'adoption d'un chien. La deuxième partie s'attache aux leçons morales que l'on peut tirer de notre compagnon canidé.
Quelques points négatifs ; l'auteur est professeure de philosophie au lycée et cela se ressent parfois un peu. J'ai retrouvé pleins de textes que j'avais vu moi-même il n'y a pas si longtemps – je ne suis évidemment pas contre les piqures de rappel mais cela finit par donner un sentiment de succession de « lieux communs ». Certaines références à quelques grands textes de philosophie m'ont semblé parfois forcées.
Certains passages m'ont même paru quelque peu sentencieux, sermonneurs et moralisateurs. Je n'ai peut-être tout simplement jamais lu de livre comme cela ; après quelques recherches sur internet, j'ai découvert que pleins de livres ont pour titre ou sous-titre « petite philosophie » et que ce terme désigne apparemment des livres qui offrent un regard un peu critique sur le quotidien, qui appellent à être moins pressé, à penser de manière plus sereine à la mort, etc. C'est de la « philosophie » dans le sens de « philosophie de vie », davantage synonyme de sagesse ou de sérénité (voir la partie B de l'article « philosphie » du CNRTL : https://www.cnrtl.fr/definition/philosophie). Je n'étais pas familier de ce genre de livre mais il s'agit en tout cas bien là de vulgarisation de grandes thèses de grands philosophes, il ne faut pas s'attendre à plus ou à moins.
Je précise par ailleurs que je m'intéresse à la question des chiens comme animaux de compagnie et qu'après quelques lectures – sans doute assez peu je l'admets, et deux expériences avec un chien de chasse et un chien de berger, j'y suis pour l'instant défavorable pour pleins de raisons qu'il serait inapproprié de développer ici. Après avoir lu
Des chiens et des humains de
Dominique Guillo et
L'animal et la mort de
Charles Stépanoff – lectures que je conseille pour avoir justement des points de vue divergents sur la question, ce livre m'a semblé ne pas prendre assez de risque et de recul critique, voire être symptomatique du rapport moderne à l'animal et au chien plus particulièrement. Ce serait toutefois se méprendre sur le propos de ce livre qui n'est pas du tout d'émettre une critique du statut actuel des chiens dans notre société. L'idée est de voir qu'est-ce que le fait d'avoir un chien comme animal de compagnie, au sens communément accepté, peut nous apporter. Ce n'est donc là qu'une critique émanant d'une opinion personnelle (enfin, l'aspect "bobo cosmopolite citadine" m'a parfois agacé, mais c'est sans doute aussi très subjectif …)
Quoi qu'il en soit, le type de relation qu'
Audrey Jougla a eu avec son chien est le plus répandu aujourd'hui en France : véritables membres de la famille, les chiens sont parfois la seule compagnie de personnes isolées – l'auteur raconte plusieurs épisodes où elle s'est retrouvée seule après son divorce ou un déménagement, et comment son chien a été son plus grand soutien. Je pense donc que beaucoup de monde pourra se reconnaître et s'identifier à ce duo.
L'attention qu'elle a portée au bien-être de Comédie devrait même inspirer bien des maîtres peu scrupuleux qui considèrent encore leur compagnon à quatre pattes comme un bien, une propriété sur laquelle ils ont tous les droits simplement parce qu'ils l'ont achetée, ou encore pour ceux qui estiment qu'un chien est comblé parce qu'il a à manger, à boire et ponctuellement accès à l'extérieur …
Au sein des chapitres, on suit souvent la même structure, l'auteur part d'un ressenti, d'une impression générale, cite et explique un auteur et son grand texte, l'applique aux chiens et à leur comportement, pour finir par évoquer sa propre expérience avec Comédie.
J'ai largement préféré ces passages quand elle raconte tout simplement sa vie avec son chien, surnommé Coco par sa fille. C'est touchant et la sincérité et l'honnêteté de la démarche sont communicatives. Je n'ai pas pu m'empêcher d'être ému aux larmes par la disparition de Comédie. J'ai trouvé que c'était sobre et juste – et j'imagine que c'est un exercice de funambule d'évoquer avec justesse la mort d'un chien sans tomber dans un pathos décalé ou gênant.
Une petite lecture rapide et plutôt émouvante qui rappelle quelques vieilles références des cours de philo de terminale et qui est une bonne idée de cadeau pour un propriétaire de chien ou quelqu'un qui hésiterait à adopter un chien.