Merci à
Jane Campion,
John Keats est redevenu à la mode. On redécouvre ce jeune poète romantique, dont la vie fut aussi fugace que l'oeuvre brillante. Avis à ceux qui seraient tentés par l'expérience : inutile d'essayer de le lire dans le texte. A moins que vous ne soyez versés en anglais shakespearien. La langue élégante qu'il utilise n'a rien à voir avec celle de Friends, et fourmille de tournures désuètes et d'archaïsmes, dont l'usage récurent de la deuxième personne du singulier n'est que la plus banale.
Pour autant, sans la musicalité et l'harmonie du texte d'origine, on perd les trois quart des
poèmes. C'est donc vers une édition bilingue qu'il est conseillé de se tourner. Des deux dont je dispose, celle-ci est de loin la meilleure ; bien plus claire et belle, à tel point qu'on pourrait presque considérer le texte et sa traduction comme deux oeuvres complémentaires.
On y trouve un choix de sonnets, qui donnent un aperçu assez émouvant de sa vie quotidienne : ses lectures, ses rencontres, ses courts instants de joie… Il semble que son oeil savait magnifier chaque chose du quotidien et les peindre avec beauté. Une rare touche de gaité et d'humour dans le charmant poème dédié au chat de l'une de ses amies, mais aussi déjà une peur prémonitoire – que la mort le saisisse avant qu'il n'ait pu écrire son oeuvre…
Y figurent également plusieurs de ses longs
poèmes telles que ‘La vigile de la Saint Agnès' ou ‘La belle dame sans merci', mais c'est à ses odes que vont ma préférence. Là c'est libérée sa voix ; là a pu s'exprimer toute la délicatesse de sa pensée. On y trouve les chants de printemps et les couleurs de l'automne ; du décor d'une urne grecque il fait jaillir une fête de l'antiquité.
John Keat fut le chantre de la beauté. Toute sa courte vie fut dévouée à rendre plus beau le monde qui l'entourait. Presque deux cent ans après il y parvient toujours, ce qui n'est le propre que des plus grands artistes.