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Gilles Nuytens (Préfacier, etc.)
EAN : 9782381271422
48 pages
JDH Éditions (18/03/2021)
  Existe en édition audio
4.19/5   927 notes
Résumé :
Le renom d'Etienne de La Boétie s'attache à un écrit composé " en sa première jeunesse ", " à l'honneur de la liberté contre les tyrans ". Dans le branle-bas de combat qui secouait le dernier quart du XVIe siècle, le célèbre libelle, par la volonté polémique des éditeurs, fut rebaptisé " le Contr'Un ". Aux périodes troubles de l'histoire de France et, en particulier, chaque fois que la nation se dressait contre l'autorité souveraine, il fut utilisé comme appel à la ... >Voir plus
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Vous souvenez-vous des films d'espionnage des années 1960-70 ? Souvent il y avait soit un flic, soit un voyou qui collait un mouchard sous une voiture, dans une valise, etc. afin de pister son adversaire… Ça vous rappelle quelque chose, n'est-ce pas ? Vous vous disiez alors que vous n'aimeriez certainement pas qu'on vous colle ainsi ce genre de mouchard dans l'arrière-train afin de pouvoir pister tous vos déplacements, savoir ce que vous faites à chaque moment, etc. N'est-ce pas ? Vous vous souvenez ?

Et puis, lorsque les technologies numériques sont arrivées, celles qui sont des ultra-mouchards, celles vis-à-vis desquelles les mouchards des films des années 1960-70 font figure de joujoux risibles, celles que vous vous êtes tous rapidement empressés d'acheter à grands frais, afin qu'on puisse mieux vous pister, espionner, contrôler, diriger, arnaquer… La définition même de la servitude volontaire.

Et ce n'est rien ! On nous annonce les miracles de la 5G, la fabuleuse 5G, celle qui permettra la reconnaissance faciale en temps réel et à grande échelle, celle qui couplera votre bracelet connecté, avec votre frigo connecté, celle qui avertira vos toilettes que vous n'êtes toujours pas allés faire pipi depuis bientôt 43 minutes, ce qui est mauvais pour votre concentration au travail, etc. Ah ! Magie de la servitude volontaire !

Tout petits, nous l'avions appris dans la fable De La Fontaine intitulée le Loup et le Chien : on trouvait le loup sublime et le chien veule, et… les années ont passé… et on a acheté des portables ! Nous sommes tous les braves toutous d'un système qui se fout bien de notre gueule, et que pourtant nous alimentons. Contraints et forcés ? Non, messieurs, dames, volontairement ! Nous pleurerions, même, de ne plus pouvoir nous vautrer ainsi dans la servitude numérique, consumérique, sécuritaire. (Ah ! magie du principe de précaution, par quel trou de souris nous conduis-tu !)

Étienne de la Boétie (et non Béotie, ne confondons pas !) nous le crie, nous le hurle, nous le scande : si nous le voulions, collectivement, nous pourrions retrouver notre liberté, notre vraie liberté, mais nous l'avons vendue notre liberté, pour le prix de deux ou trois colifichets, nous l'avons vendue, et nous avec. Tel est le prix de notre confort et de notre sécurité… (soi-disant confort et soi-disant sécurité, mais c'est un autre débat)

Il faut être poli, civilisé (les racines étymologiques parlent d'elles-mêmes, polis, c'est la ville, civis, civitas, c'est le citoyen, la cité, c'est-à-dire là où la concentration humaine est forte) et le contraire de ces notions, le contraire de quelqu'un de " bien " élevé (entendre, bien soumis), c'est un sauvage. Pas d'erreur possible, on retrouve bien la fable du loup et du chien. L'école, cette formidable machine à standardiser et à soumettre (ça me fait mal de le reconnaître car j'en fais partie, mais je crois qu'il faut dire la vérité une fois dans sa vie) prépare le terrain, génération après génération.

En effet, l'école permet-elle aux individus de cultiver ce qu'ils ont d'original en eux, de les émanciper, de véritablement repérer les talents ? Non, elle récompense l'aptitude à la soumission, à poser son cul exactement à la place qu'on lui indique. J'ai eu plein de ces petits élèves brillants, super malins, super sauvages, et je sais que jamais l'école ne les mettra en avant, jamais, car ils refusent tout net le pacte tacite : sois soumis, obéis. Ils finiront dealers, chefs de bande, à la tête d'un réseau, une activité qui demande des qualités incroyables de courage, d'organisation, de flair et de charisme, tout simplement parce que l'école a boudé leur talent, n'a tenu compte que de leur absence de servilité et les a rayés de ses tablettes.

Or, l'humanité tend à toujours plus de densité de population, toujours plus de villes, toujours plus d'influence des villes sur les campagnes, c'est-à-dire toujours plus de " civilisation " (entendez, soumission). Regardez comme nos gouvernements nous tiennent en laisse avec leurs obligations de ceci, puis de cela, passe sanitaire machin, attestation truc, etc. et la liste est sans fin. Et toujours nous marchons bien gentiment à la corde, en braves animaux domestiques que nous sommes et que nous redouterions de ne plus être.

J'imagine que la situation est encore bien pire aujourd'hui qu'à l'époque où La Boétie écrivait son constat de notre incroyable passivité collective à endurer la servitude. (Souvenez-vous la toute première scène du film de Chaplin, Les Temps modernes, ce troupeau de moutons, puis la même image avec des humains à l'entrée d'une usine. On pourrait de nos jours décliner l'image à l'entrée de n'importe quel métro ou de n'importe quelle institution où la queue est de règle. La vie IKEA en somme, suivre bien gentiment le petit train et payer à la fin, voilà, c'est ça la servitude volontaire.)

Un des aspects les plus intéressants soulevé par La Boétie, je trouve, concerne le profil courtisan. En effet, tant que l'on n'est pas à l'échelon du tyran, il faut faire de la lèche à grands coups de langue et à toute heure du jour ou de la nuit, il faut être ultra, méga, giga asservi, sous peine de perdre le minuscule privilège que le souverain vous octroie. (Voyez comme les ministres se contorsionnent auprès d'un président…)

D'ailleurs, nos souverains actuels font aussi régulièrement acte de soumission, lorsqu'ils passent des heures à serrer des louches de gens qu'ils méprisent singulièrement, mais sans le suffrage desquels, ils ne pourraient prétendre à leurs privilèges.

En somme, c'est un écrit très petit, très univoque, que nous sert l'auteur, mais la question soulevée est si puissante, si présente, si prégnante qu'elle appelle à se situer, se considérer soi-même dans ce vaste ensemble de servitudes qu'est une société humaine. C'est toujours une expérience intéressante, que je vous conseille bien volontiers : vous asservir quelques minutes à cette lecture. Souvenez-vous seulement que ceci n'est que mon avis, servile à sa façon, aujourd'hui plus que jamais, pas grand-chose.
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Etienne de la Boétie est, quelque part, un anarchiste !
Pourquoi les hommes restent-ils sous le joug d'un tyran ?
Mais arrêtez de servir volontairement ( la servitude volontaire ) votre tyran : sans vous, le socle, il se cassera la figure !
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C'est un court essai philosophico-politique. Dans l'édition Librio, Romain Enriquez a modernisé l'écriture, et évidemment, c'est alors très facile à lire, et très logique.
Il y a eu plein de tyrans de par le monde, et comme Machiavel, La Boétie prend surtout des exemples dans le monde romain, et comme lui, conclut que la fin des tyrans est rarement heureuse.
Mais pourquoi les suit-on, alors qu'ils suppriment la liberté, et même parfois la liberté de penser ?
.
Par habitude ;
par crédulité ;
Les tyrans comme Cyrus de Perse ou Néron jouent sur les vices des hommes, et provoquent les appâts de la servitude :
ils favorisent la lubricité, la boisson, les grands repas, les fêtes, la religion et surtout l'avidité.
L'avidité, on le sait, fonctionne encore très bien de nos jours.
.
J'ai beaucoup apprécié cet essai, car je me limitais aux jeux du cirque de César pour détourner l'attention du Peuple.
J'ai aimé la conclusion, où La Boétie plaint les tyrans et leurs acolytes, qui ne s'aiment pas eux-mêmes, et les considère comme les abandonnés de Dieu.
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Je ne vais sans doute pas redire ce qui a été dit mille fois sur ce petit opuscule. Sur les mécanismes qui permettent l'intériorisation et la normalisation de la tyrannie comme seul régime possible de gouvernement. Sur l'abêtissement des masses par le divertissement comme tactique de diversion du fait politique. Sur les affres de la courtisanerie comme condition de possibilité et de reproduction de la servitude du peuple. Sur la vision par trop moraliste et manichéenne du texte, aussi.
Mais l'essentiel est ailleurs : dans l'importance qu'il y a à lire ou relire ce texte aujourd'hui et, peut-être, à en tirer des leçons sur la manière dont nous sommes gouverné.e.s.
Indispensable.
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Si l'envie vous vient de vous faire remettre les pendules à l'heure par un gamin de 18 ans, qui plus est s'exprimant il y a 500 ans de cela, foncez sur ce petit pamphlet incroyablement revigorant et qui frappe direct à l'essentiel :
Et de un, nous sommes tous esclaves, et de deux, si nous le sommes c'est parce que nous le voulons bien, tenus que nous sommes par l'habitude, la préférence pour le confort, mais avant tout par peur de la liberté. Et ceci s'applique, du fait de l'universalité du propos, tant à la sphère politique et sociale qu'à la sphère personnelle.
Le tout abondamment illustré de références historiques piochées dans une culture classique qui ferait honte au plus érudit d'entre nous.
Belle leçon : voilà comment un texte devient immortel, traversant les siècles pour ébahir le lecteur d'aujourd'hui de sa brûlante actualité!
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« En 1548, sous le règne d'Henri II, éclate à Bordeaux une révolte populaire contre l'impôt sur le sel, qui fait l'objet d'une sanglante répression par le connétable de Montmorency ; c'est à cette date, selon Montaigne, que la Boétie commence à écrire le Discours de la servitude volontaire ou Contr'un. »

Voilà donc, selon la courte biographie intégrée au livre, l'origine de cet essai qui a traversé les siècles, le plus souvent en classe économique, pour arriver jusqu'à nous. Ce texte que je découvre est impressionnant de force et de conviction ; une réaction pamphlétaire aussi violente que l'acte odieux qui l'a provoquée. La charge est lancée contre l'absolutisme bien avant que ce terme ne soit effectif. C'est le gouvernement d'un seul qui est honni : la tyrannie.
Étienne de la Boétie s'étonne et s'offusque qu'il soit possible à un seul homme de priver de liberté une foule, une nation. Il suffirait que la foule dise « non », et s'en serait fini. Pourtant ce type de gouvernement d'un seul existe largement. Pourquoi ? Essentiellement parce que le peuple se laisse faire, est trop paresseux, trop mouton, accepte l'inacceptable avec philosophie. C'est le peuple lui-même qui s'enchaine.
Plus loin, il convient que le seul tyran n'est jamais si seul ; il attire à lui d'autres hommes qui trouvent un profit à exploiter ceux plus bas qu'eux dans la structure pyramidale du joug. Mais il ne remet pas en cause son idée première malgré cela.

On ne peut qu'apprécier (j'espère) ce coup de semonce contre les régimes tyranniques abusant de leur autorité. Les exemples continuent d'empuantir le monde. Mais j'ai eu l'impression qu'on pouvait interpréter ce texte comme l'affirmation que la liberté individuelle est naturelle et suprême, dans le sens où on ne doit jamais obéir à personne. Un discours d'anarchie absolue où la notion de loi même ne devait pas exister car elle limite forcément les mouvements de la liberté absolue. C'est la notion transportée par le diction « la liberté s'arrête là où commence celle des autres » qui m'a semblé battue en brèche.
Après réflexion, je ne pense pas que La Boétie souhaitait aller jusque là.

J'ai parfois tiqué sur l'argumentation. J'ai repéré des sophismes. J'ai trouvé certaines interprétations de l'Histoire antique un peu trop restreintes. Je comprends par exemple que l'auteur applaudisse l'union des Grecs affrontant la Perse, mais il ne dit rien de l'impérialisme d'Athènes – une démocratie – sur la ligue de Délos. Faut-il considérer que, selon lui, les cités grecques libres passant des siècles à se battre en elles représente une situation enviable ? Lorsque Étienne de la Boétie dit qu'il hait Jules César et adore ses assassins qui défendaient la République, considère-t-il que la République aristocratique qui se moquait probablement du peuple était un meilleur modèle ? Cela peut se discuter.

Vu la violence de l'assaut sur la royauté, je me suis demandé quelle avait été la réception du texte par les Valois. C'est la mini biographie qui m'a éclairé : il n'y a pas eu réception. le texte n'a pas été publié. Après la mort de la Boétie, son grand ami Montaigne ne le publie pas de crainte qu'on en fasse un usage subversif. Il n'est publié dans son intégralité qu'au XIXe siècle. de fait, la vie de la Boétie est tout à fait intégrée au système. Elle n'a rien d'anarchiste. Cela plaide pour une interprétation de ce texte comme un « coup de sang » généré par l'événement décrit au début de ce billet, et par extension comme un appel au peuple pour qu'il reste en alerte, qu'il ne se laisse pas endormir et surveille ses dirigeants.
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Citations et extraits (144) Voir plus Ajouter une citation
Pour le moment, je ne voudrais que tâcher de comprendre comment il peut arriver que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent ; qui n’a de pouvoir de leur nuire que tant qu’ils en manifestent la volonté ; qui ne saurait leur faire du mal que lorsqu’ils aiment mieux l’endurer que s’opposer à lui. Grand chose certes, et toutefois si commune qu’il faut d’autant plus s’en affliger, te moins s’en ébahir : voir un million d’hommes servir misérablement, ayant la nuque sous le joug, non pas contraints par une plus grande force, mais d’une certaine façon, semble-t-il, ensorcelés et charmés par le nom seul d’un individu, duquel ils ne doivent ni craindre la puissance puisqu’il est seul, ni aimer les qualités puisqu’il est en leur endroit inhumain et sauvage.
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Il y a trois sortes de tyrans. Les uns ont le royaume par élection du peuple, les autres par la force des armes, les autres par succession de leur lignage.
Ceux qui ont acquis les territoires par le droit de la guerre, ils s’y comportent de telle manière qu’on se rend bien compte qu’ils sont, comme on dit, enterre de conquête.
Ceux qui naissent rois ne sont communément guère meilleurs, mais étant nés et nourris dans le sein de la tyran-nie, tirent avec le lait la nature du tyran et traitent les peuples qui sont sous eux comme leurs esclaves héréditaires, et selon le tempérament auquel ils sont le plus enclins, avares ou prodigues, ils disposent du royaume comme de leur héritage.
Celui à qui le peuple a donné l’Etat devrait être, ce me semble, plus supportable, et le serait, je crois, si ce n’est que dès lors qu’il se voit élevé au-dessus des autres, flatté par je ne sais quoi, qu’on appelle la grandeur, il délibère de ne pas en bouger : généralement celui-là envisage de transmettre à ses enfants le pouvoir que le peuple lui a donné (…).
Ainsi, pour dire la vérité, je vois bien qu’il y a entre eux quelque différence, mais de raisons de choisir l’un ou l’autre, je n’en vois point, et même si les moyens d’accéder au trône sont divers, la façon de régner est toujours quasi semblable : les élus traitent leurs sujets comme s’ils avaient des taureaux à dompter, les conquérants en agissent comme avec une proie, les successeurs les considèrent comme leurs esclaves naturels.
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Ce ne sont pas les bandes de cavaliers, ce ne sont pas les compagnies de fantassins, ce ne sont pas les armes qui défendent le tyran. On ne le croira pas au premier abord, mais certes c’est vrai : ce sont toujours quatre ou cinq individus qui maintiennent le tyran, quatre ou cinq qui tiennent tout le pays en esclavage ; il n’y en a toujours eu que cinq ou six qui ont eu l’oreille du tyran et s’en sont approchés d’eux-mêmes ou bien ont été appelés par lui pour être les complices de ses cruautés, les compagnons de ses plaisirs, les maquereaux de ses voluptés et ceux avec les quels il partageait ses pillages. Ces six-là guident si bien leur chef qu’il faut pour leur organisation qu’ils soient méchants non seulement de ses méchancetés, mais encore des leurs. Ces six-là en ont six cents qui profitent sous eux, et font, de leurs six cents ce que les six font au tyran. Ces six cents en tiennent sous eux six mille qu’ils ont promu en leur donnant une situation, auxquels ils font donner ou le gouvernement des provinces ou le maniement des deniers, afin de maîtriser leur cupidité et leur cruauté, pour mettre celles-ci à exécution, le moment venu, et leur laisser faire tant de maux par ailleurs que ce n’est que sous leur ombre qu’ils peuvent durer et se soustraire aux lois et aux sanctions qu’elles leur feraient alors encourir.
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Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes étranges, les médailles les tableaux et autres drogues du même acabit, étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, le prix de leur liberté, les outils de la tyrannie : ce moyen, cette pratique, ces allèchements, étaient ce dont disposaient les anciens tyrans pour endormir leurs sujets sous le joug. (…)
Les tyrans faisaient largesse d’un quart de blé, d’une mesure de vin et d’un sesterce ; et alors c’était pitié d’entendre crier « Vive le roi ! ». Les lourdauds ne se rendaient pas compte qu’ils ne faisaient que récupérer une partie de leurs biens, et que cela même qu’ils regagnaient, le tyran n’aurait pas pu le leur donner s’il ne leur avait pas au préalable confisqué.
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C’est ainsi que le tyran asservit les sujets les uns par les autres….
Car à vrai dire, s’approcher du tyran, est-ce autre chose que s’éloigner de sa liberté et, pour ainsi dire, embrasser et serrer à deux mains sa servitude ? Qu’ils mettent un moment à part leur ambition, qu’ils se dégagent un peu de leur avidité, et puis qu’ils se regardent ; qu’ils se considèrent eux-mêmes : ils verront clairement que ces villageois, ces paysans qu’ils foulent aux pieds et qu’ils traitent comme des forçats et des esclaves, ils verront, dis-je, que ceux-là, si malmenés, sont plus heureux qu’eux et en quelque sorte plus libres. Le laboureur et l’artisan, pour asservis qu’ils soient, en sont quittes en obéissant ; mais le tyran voit ceux qui l’entourent coquinant et mendiant sa faveur. Il ne faut pas seulement qu’ils fassent ce qu’il ordonne, mais aussi qu’ils pensent ce qu’il veut…
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Rencontre avec Laurent Avezou à l'occasion de la parution de Sully. Bâtisseur de la France moderne aux éditions Tallandier.


Laurent Avezou est historien et professeur en classes préparatoires à Toulouse. Il a notamment publié: Raconter la France. Histoire d'une histoire (Armand Colin, 2008), La France du 18esiècle. 17151789 (Armand Colin, 2011), Les Mythes de l'histoire de France (La Boétie, 2013), Les Mythes de l'histoire de France en 100 questions (Tallandier, 2020), Les Institutions de la France moderne. 15e18e siècle (Armand Colin, 2014), le Beau Livre de l'Antiquité (Dunod, 2017), La Fabrique de la gloire. Héros et maudits de l'histoire (PUF, 2020) et Richelieu. Au service de Sa Majesté (Calype, 2023).


Sully : Bâtisseur de la France moderne
Large calvitie, barbe blanche, sobre costume noir, voilà l'image de Sully, ministre sévère mais, à l'image du « bon roi Henri », protecteur des humbles et des paysans. le mythe correspond-il à la réalité ? Maximilien de Béthune, duc de Sully, né en 1559 et mort à plus de 82 ans en 1641, n'était au fond ni le protecteur de l'agriculture ni le mentor sourcilleux du roi. Il était d'abord, depuis l'âge de 12 ans, le fidèle compagnon du futur Henri IV, qu'il a servi sans faille jusqu'à son assassinat en 1610. Il était aussi un gentilhomme, attaché aux valeurs de la noblesse d'épée. Il était enfin un travailleur acharné dans des domaines aussi variés que les finances, les fortifications, l'artillerie, les voies de communication et les bâtiments royaux, autant qu'amateur des lettres et des arts. Cet homme de guerre et homme d'État a finalement largement dépassé en longévité les autres grands ministres de la France du XVIIe siècle tels que Richelieu, Mazarin ou Colbert, et garde l'aura d'un grand réformateur chargé d'une somme de responsabilités inédite. Laurent Avezou, qui a consacré une part notable de sa carrière de chercheur à Sully, nous invite à suivre et comprendre cet homme qui a contribué de façon décisive à l'affirmation de l'État absolu. Cette biographie, renouvelée par les recherches inédites de l'auteur et portée par son écriture vive, est l'occasion de redécouvrir enfin ce personnage majeur de l'histoire de France.


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02/05/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER

Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite (https://ausha.co/politique-de-confidentialite) pour plus d'informations.
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