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EAN : 9791030800838
512 pages
Le Dilettante (04/01/2023)
4.27/5   15 notes
Résumé :
Ce premier roman ne contient pas une once de bonheur, c'est un feel bad book. C'est un roman poisseux, fait de renoncements et de lâcheté, où tout se règle au fond d'un cerveau contrefait, bien à l'abri des autres.
C'est la triste vie d'un oisif ayant choisi de tout rater, sans jamais rien tenter, pour se tenir dans l'avachissement. Il n'y a pas de fin heureuse, pas de leçon valeureuse sur le courage ou la dignité, rien ni personne pour se raccrocher à un de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Voici un premier roman et un auteur qui risquent l'originalité , le sujet casse gueule et qui s'en sortent plutôt bien.
En troisième de couverture un avis laconique : Ce premier roman ne contient pas une once de bonheur, c'est un feel-bad book. Une couverture au graphisme noir et blanc représentant un poil dans la main.
Tout cela pour un livre de plus de 500 pages à la pagination serrée dans laquelle une aération due aux paragraphes est peu présente.
Avouez qu'il y a mieux pour inciter à la lecture d'un roman.
Et pourtant Julien Leschiera, libraire à Clermont-Ferrand va nous arrimer à son feel-bad book.
Première phrase du roman :D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais désiré autre chose que ne rien faire "
La gageure de Julien Leschiera sera de surfer sur ce pitch très court. Et il tiendra la gageure.
Charles Dubois l'anti-héros de ce livre est un être avachi. Déjà intra-utérin le gynécologue avait prévenu les parents : votre bébé est mou et avachi.
Charles le sera toute sa vie. D'avachi il deviendra faineasse ou feignasse.
Charles est un oisif.
Charles Dubois est un anti héros flamboyant, exaspérant qui fuit la vie et la réalité. Il se raccroche à des vies parallèles dans lesquelles son avachissement est moindre.
Cet avachissement n'est pas un acte politique. c'est juste une façon d'être : tout faire pour passer inaperçu et être invisible au monde. Il pense qu'en s'oubliant on l'oubliera à son tour. Bien que maître dans l'art de ne rien faire le monde est loin de le laisser tranquille.
Il devra faire face aux affres des copains et des copines , aux affres d'une vie de couple pour la moins monacale et autarcique. Il fera aussi des expériences ratées, mais comment pouvait il en être autrement, auprès du monde de l'édition et des médias. Son oisiveté réussira même à lui faire traverser l'Amérique latine.
Contrairement au titre , les vies parallèles restent secondaires et c'est la multitude d'aventures qui prend le pas.
Cela peut être la limite du livre , car pour être un oisif de qualité , il faut avoir autour de soi des coups du destin aux bon moments . Des rencontres fortuites, une aide financière facilitent l'oisiveté.
Cela n'enlève rien à la qualité de ce premier roman ,tenu avec habileté sur plus de 500 pages par Julien Leschiera alors que le sujet du roman prédisposé à la glissade assassine.
500 pages pour transmuter un possible récit cafardeux en récit enlevé et parfois picaresque.
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L'oisiveté est un sport de combat.

Tel aurait pu être le titre de ce formidable, premier roman d'un mystérieux libraire clermontois, qui imagine à quoi ressemble la vie d'un personnage avachi dès la naissance et dont le seul plaisir est de ne rien faire. Ce n'est pas un simple plaisir, c'est beaucoup plus que cela. C'est une façon d'échapper à un réel dénué d'intérêt ou à des traumatismes d'enfance. C'est un refuge dans lequel on prend sa revanche sur un comportement honteux qui s'est déroulé plus tôt dans la journée. C'est une bulle, ou un safe space comme on dit maintenant, qui permet d'échapper à des activités aliénantes ou rébarbatives ; à des discussions vaines qui gaspillent une belle énergie vitale, qui ne demande qu'à s'évaporer d'elle-même, en ne branlant rien (ou en se branlant beaucoup plutôt). Une question de vie ou de mort en somme.

L'oisiveté est d'ailleurs un sujet trop rarement abordé avec respect, ou plutôt avec sérieux. On a tous en tête le formidable film Alexandre le Bien heureux d'Yves Robert ou Tortilla Flat de Steinbeck, que Julien Leschiera avait forcément en mémoire durant l'écriture de son roman. Et si tout le monde a entendu l'expression "la paresse est mère de tous les vices", à notre époque, elle est souvent perçue comme un accessoire de mode, une caractéristique loin d'être dévalorisante. On parle "d'attitude de branleurs", quand on désigne la désinvolture d'un musicien ou d'un acteur simplement mal coiffé. C'est pratiquement un synonyme de rébellion ou de talentueuse grosse feigne. Ça désigne bien quelqu'un qui n'a pas envie, ou qui se réserve.

Et si l'attitude est cool dans l'esprit des pigistes de "Cosmopolitain" ou sur certains plateaux télé, elle est beaucoup difficile à vivre en pratique. Et l'oisiveté décrite par Julien Leschiera n'est pas qu'un genre, c'est un combat sombre de chaque instant contre le reste du monde. Un sacerdoce quasi-religieux, qui ressemble à s'y méprendre à une dépression carabinée. Les moines font voeu de silence, lui a fait voeu d'inaction. Les deux ont en commun une chose : ce choix de vie coupe du reste de la société et donc d'une sexualité heureuse. Une attitude asociale qui rapproche même l'adolescence du oisif de celle d'un serial killer. Car l'oisiveté isole, rend sale et bizarre, ce n'est pas une activité qu'on peut partager à plusieurs, ou alors pas longtemps. Charles essaye bien de convertir, en vain, quelques camarades à cet art si particulier qui ressemble de loin à la méditation transcendantale. Une forme de Yoga, mais qui n'en a ni la noblesse ni l'exotisme. Son sari est un survêt recouvert de tâches de gras, son mantra "Mes vies parallèles", et son Dalaï Lama, Thierry Roland.

Les nombreuses critiques excellentes recueillies par le livre sont justifiées, mais ne mettent pas suffisamment en avant la douleur et les humiliations que ce choix de vie engendre. Et durant les 200 premières pages, on a mal pour ce gros traîne patins de Charles. Et l'humour est certes indispensable pour faire passer quelques épisodes douloureux de l'enfance, mais il ne parvient pas à les faire oublier complètement ; l'épisode classe verte au bord de la mer donnera ainsi une boule dans la gorge aux personnes sensibles. Et il parvient pourtant à faire rire en parlant d'un bracelet éponge qui a vécu une expérience traumatisante au point d'en devenir le rosebud de Charles Dubois, ce fameux personnage avachis.

On pourrait également penser que les 500 pages de ce premier roman se limitent à la vie d'un type qui fixerait le plafond de son appartement, et dont la riche vie intérieure prendrait la place de choix dans la narration. Or, c'est l'inverse. Il se passe énormément de choses dans le roman, et comme l'explique l'auteur dans une interview au journal Transfuge, les gens placides et silencieux ont tendance à attirer le mouvement autour d'eux pour une foule de raisons. La première étant que les bavards ont besoin de s'épancher sur une oreille qu'ils imaginent attentive pour la bonne et simple raison qu'elle semble disponible... puisque occupée à ne rien faire.

Les fameuses vies parallèles fantasmées de Charles ne sont pas détaillées, mais réduites au gimmick "... Dans mes vies parallèles" pour clore certains passages. Ce qui nous évite un récit fantasmé à la Walter Smitty (plutôt niais, il faut l'avouer).

Au détour de certains pages, on en apprend un peu sur le contenu de ces rêveries qui semblent fonctionner comme un caisson d'isolation sensorielle, et Charles apparaît comme certains cas cliniques de dédoublement de la personnalité où 6 - 7 individus cohabitent dans une seule tête. Une variation sera plus costaude, une autre plus grande, une autre plus forcément plus courageuse, ce sont des possibilités de Charles évidemment jamais abouties. Les branches à peine mouvantes d'un arbre dont le tronc demeure inamovible.

Mes vies parallèles parle bien du réel. Il livre une foultitude de détails issus d'une vie réduite à l'essentiel : lire le journal L'Equipe, pêcher, refuser les interactions sociales et les règles d'hygiènes élémentaires, manger des chips. Il y a inévitablement un petit Houellebecq du début, dans le détail de cet emploi du temps sordide et dérisoire, où les variétés de paquets de chips sont sacralisées.

Et sans qu'il s'en aperçoive, au fil du texte, Charles est de moins en moins avachis. C'est grâce à la lecture du Livre de l'intranquillité de Pessoa et aux livres de Bolaño qu'il décide de voir le monde, et d'écrire à son tour.

Mes vies parallèles est un des meilleurs livres que vous aurez la chance de lire cette année. On peut douter de son caractère autobiographique au final, car comment expliquer qu'un oisif intégral puisse proposer un livre aussi travaillé ?

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Ce qui suit relève moins de la critique structurée que de la tentative d'analyse partielle (et donc partiale) d'une oeuvre à partir de quelques thématiques et impressions prélevées au fil de la lecture.
Ce titre Mes vies parallèles évoque bien sûr Plutarque mais on pense aussi aux « «doubles» » ou hétéronymes de Pessoa. Et justement, la découverte miraculeuse du Livre de l'intranquillité dans une bibliothèque de l'armée constitue pour le narrateur une rencontre littéraire déterminante : elle éveille en lui le goût de la lecture où ses vies parallèles trouveront un nouvel épanouissement. «Toutes ces lignes avaient un point commun : elles semblaient avoir été écrites pour moi. Pour la première fois de ma vie, je saisissais le pouvoir magique de la lecture, cette idée essentielle d'une voix qui vous parle à l'oreille et vous bouleverse par sa clarté révélatrice.» (p.273)
Le ton implacable et monocorde qui parcourt le roman, l'emploi du passé simple et du subjonctif imparfait, les dialogues laconiques : tout cela ajoute à la force déterministe qui scelle le destin du narrateur avant même sa naissance. Charles ne recherche que «le paisible» », horizon-adjectif indépassable, employé de façon récurrente comme substantif, comme on ferait d'un verbe transitif un verbe intransitif. le paisible comme fin en soi, quête perpétuelle, état de grâce, extase. le paisible comme félicité ou béatitude. La paresse comme mystique.
La vie intra-utérine et la petite enfance du narrateur qui occupent les premiers paragraphes sont décrites avec une grande maîtrise et un humour féroce : la famille énergique psychorigide, le père militaire mort dans un accident de friteuse, la mère et la soeur qui s'acharnent à tirer le narrateur de sa léthargie, assistées d'une nurse autrichienne qui aboie ses ordres en allemand. Malgré son intransigeance toute germanique, Margrit semble être le seul personnage auquel Charles porte une réelle affection, le seul grand « amour» » de sa vie, qu'il doit quitter à regret. Et c'est aussi l'un des plus drôles. le roman prend ensuite un autre tour, plus sombre, plus cynique, quand Charles doit s'extraire de ce rêche cocon familial pour affronter la cruauté du monde extérieur.
L'école, qui marque la fin de l'innocence et le début des persécutions en tous genres, est plusieurs fois décrite comme un lieu d'apprentissage du conformisme et de la violence, un instrument aux mains des dominants pour reproduire les inégalités et perpétuer l'ordre naturel des forts. le mépris que témoigne Charles pour son ami Victor, avec qui il partage le rôle de souffre douleur des autres enfants du primaire, n'est pas sans rappeler celui du « «héros» » pour Raphaël dans Extension du domaine de la lutte ou celui de Michel pour Bruno dans Les particules élémentaires, deux romans de Houellebecq que Julien Leschiera a manifestement lus (les questions existentielles que soulèvent l'achat d'un lit simple ou double évoquées dans Extension du domaine de la lutte sont même explicitement citées dans le roman). L'influence de Céline est bien présente aussi, à travers cette longue errance aux allures de molle descente aux enfers, ponctuée de rencontres avec des marginaux, parfois déviants et proches de la psychopathie. le séjour linguistique en Angleterre (au cours duquel Charles se distingue lors d'hilarantes olympiades d'onanisme) rappelle bien sûr celui de Ferdinand dans Mort à Crédit. Il y a un peu des Aventures de Tom Sawyer dans les chapitres retraçant les années lycée, où il pratique l'école buissonnière et la pêche à la ligne avec le « Grand Grec ». On pense aussi à Oblomov quand Charles, à force d'apathie, laisse passer l'amour en délaissant d'abord Karen (leur rupture est un passage d'une grande tristesse) puis Gwenaëlle.
Au fil des déconvenues, le narrateur perd peu à peu en mauvaise foi et en ingénuité ce qu'il gagne en gravité et en auto-dénigrement. le roman semble intégrer des éléments autobiographiques après l'intermède sud-américain et la révélation « bolanienne » (Roberto Bolaño, influence majeure de l'auteur) : le narrateur s'adonne alors à l'écriture d'un roman ayant pour sujet le Nicaragua, pays où Julien Leschiera a vécu. Mention spéciale pour l'improbable émission de télé-réalité catholique en fin de roman (autre passage tordant) : en janvier de cette année, on apprenait que C8 annonçait le lancement prochain de « «Bienvenue au monastère. » Visionnaire !
Pour résumer, ce roman acheté dans la librairie où officie l'auteur comblera les amateurs d'humour noir et les lecteurs exigeants, attachés au style et aux qualités littéraires d'un texte. Une des lectures marquantes de cette année et la découverte d'un auteur à suivre qui, au passage, nous donne envie d'explorer l'univers de Roberto Bolaño.
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Charles Dubois, retenez-bien ce nom. Non, il n'a rien fait de particulier. Non, il n'est pas très connu pourtant. Enfin, pas encore. Parce qu'il se pourrait bien que ce soit la plus « grosse fainéasse » de l'histoire de la littérature .

Déjà « avachi » quand il n'était encore qu'un foetus, Charles va faire de sa vie une oeuvre d'art de vide et paresse. C'est lui le héros de ce « feel bad book », ode à la vacuité et à l'inaction, révélateur de la frénésie inutile qui domine notre monde.

Dans son premier roman, Julien Leschiera imagine de pousser la paresse jusque dans ses retranchements, et créé un anti-héros flamboyant, champion d'onanisme et de mollesse, qui se laisse porter par la vie. Pour fuir une réalité dans laquelle il refuse d'agir, Charles s'évade, s'invente des Vies parallèles, qui lui donne épaisseur et consistance.
Dans cette vie pleine de rien, il y a pourtant quelques moments de paix, les matchs de foot à la radio, les biscuits apéritifs, et la littérature dans laquelle Charles finir par se trouver une patrie, Pessoa d'abord, Bolaño surtout, l'écriture aussi, qui pourrait bien le sortir de sa léthargie originelle.

Julien Leschiera impressionne avec ce premier roman, par son écriture toujours précise, un sens du rebondissement et de l'aventure aussi improbable que réjouissant, et nous emporte dans le flot de la vie, celle d'un type qui ne demande rien et finit par vivre beaucoup ! Une très belle entrée en littérature, drôle et désespérée, un personnage détestable et attachant à la fois, et un écrivain à suivre.
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L'oisiveté comme échappatoire

« 𝑉𝑜𝑡𝑟𝑒 𝑓𝑖𝑙𝑠 𝑒𝑠𝑡 𝑎𝑣𝑎𝑐ℎ𝑖, 𝑚𝑎𝑑𝑎𝑚𝑒 [--] 𝑉𝑜𝑡𝑟𝑒 𝑓𝑖𝑙𝑠 𝑒𝑠𝑡 𝑢𝑛𝑒 𝑔𝑟𝑜𝑠𝑠𝑒 𝑓𝑎𝑖𝑛𝑒́𝑎𝑠𝑠𝑒 ». Ces mots, sentence rendue par le gynécologue versaillais de Mme Dubois alors enceinte de quelques mois, sonnent comme le glas. Dans cette famille de militaires, l'oisiveté est la pire des tares, une malédiction.

𝑴𝒆𝒔 𝑽𝒊𝒆𝒔 𝒑𝒂𝒓𝒂𝒍𝒍𝒆̀𝒍𝒆𝒔 racontent l'histoire de Charles Dubois qui n'a de goût pour rien, hormis de ne rien faire. On va le suivre du stade de foetus à celui d'adulte, dans ce roman à la chronologie simple : école, collège, lycée, premier béguin, premier boulot, vie active.

« 𝐷'𝑎𝑢𝑠𝑠𝑖 𝑙𝑜𝑖𝑛 𝑞𝑢𝑒 𝑗𝑒 𝑚𝑒 𝑠𝑜𝑢𝑣𝑖𝑒𝑛𝑛𝑒, 𝑗𝑒 𝑛'𝑎𝑖 𝑗𝑎𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑑𝑒́𝑠𝑖𝑟𝑒́ 𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒 𝑐ℎ𝑜𝑠𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑛𝑒 𝑟𝑖𝑒𝑛 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒. »

Son père décède lors d'un accident de friteuse, alors qu'il est encore dans le ventre de sa mère. Cette dernière et la soeur de Charles - de dix ans son ainée - feront alors tout pour respecter le dernier commandement du général : redresser Charles 𝑙'𝑎𝑣𝑎𝑐ℎ𝑖.

Sa famille mettra en place tous les stratagèmes imaginables pour briser le destin 𝑙𝑎𝑟𝑣𝑒𝑠𝑞𝑢𝑒 de Charles : inscription à toutes les activités extrascolaires possibles, gouvernante autrichienne… rien n'y fait, sa phobie sociale et son instinct de fuite sont trop forts.

« 𝐹𝑒𝑟𝑚𝑒𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑦𝑒𝑢𝑥, 𝑎𝑡𝑡𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑒𝑡 𝑠𝑒 𝑙𝑎𝑖𝑠𝑠𝑒𝑟 𝑐𝑜𝑢𝑙𝑒𝑟, 𝑐𝑒𝑙𝑎 𝑚'𝑎𝑣𝑎𝑖𝑡 𝑝𝑎𝑟𝑢 𝑙𝑎 𝑡𝑎𝑐𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑎𝑑𝑎𝑝𝑡𝑒́𝑒 𝑓𝑎𝑐𝑒 𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑖𝑓𝑓𝑖𝑐𝑢𝑙𝑡𝑒́𝑠. »

Charles traverse la vie en se faisant le plus discret possible, souffre-douleur à l'école puis au collège, sans véritable ami, ni copines ; ne tissant aucun lien et n'en cherchant pas.
Il s'évade dans ses vies parallèles : refuge mental lui permettant de s'échapper d'un quotidien fait de défaites et de contrition, dans lequel ses alter ego se conduisent comme il aimerait le faire.
Il s'exclut de la société par paresse et aucun évènement ne semble modifier son mode de vie rythmé par ses achats de chips, les multiplex sportifs d'Europe 1 (𝑏𝑢𝑡 𝑎̀ 𝐿𝑎𝑣𝑎𝑙 !) et les sitcoms d'AZ Prod (𝑃𝑟𝑒𝑚𝑖𝑒𝑟𝑠 𝐵𝑎𝑖𝑠𝑒𝑟𝑠).

« 𝑁'𝑒̂𝑡𝑟𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑓𝑟𝑜𝑛𝑡𝑒́ 𝑎̀ 𝑟𝑖𝑒𝑛, 𝑟𝑒𝑠𝑡𝑒𝑟 𝑎̀ 𝑙'𝑎𝑏𝑟𝑖 𝑑𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡, 𝑝𝑒𝑢𝑡-𝑒̂𝑡𝑟𝑒 𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑡-𝑐𝑒 𝑙𝑎 𝑣𝑜𝑖𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑠𝑢̂𝑟𝑒 𝑣𝑒𝑟𝑠 𝑙𝑒 𝑏𝑜𝑛ℎ𝑒𝑢𝑟. »

Mais le monde refuse de le laisser tranquille et l'auteur réalise l'exploit d'écrire 500 pages sur un anti-héros dont l'objectif est de ne rien faire de sa vie. Charles entrera dans l'armée, partira en Amérique du Sud, travaillera comme secrétaire d'un prêtre octogénaire, et comme magasinier au sein d'une librairie, s'essaiera à l'écriture, participera à une émission de télé réalité et suivra un stage de 𝑟𝑒𝑣𝑖𝑟𝑖𝑙𝑖𝑠𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛.

Bréviaire d'une génération procrastinatrice, 𝑴𝒆𝒔 𝑽𝒊𝒆𝒔 𝒑𝒂𝒓𝒂𝒍𝒍𝒆̀𝒍𝒆𝒔 décrit la vie d'un éternel adolescent petit-bourgeois, refusant la réalité et les responsabilités – et épousant la solitude comme socle, la sécession solitaire comme but, la fuite comme horizon.
Lien : https://www.facebook.com/pho..
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critiques presse (5)
LeMonde
17 avril 2023
Posant, dès le départ, les bases d’une poétique du ralentissement et de la régression, le premier roman ­du libraire clermontois Julien Leschiera commence ainsi dans la tiédeur du ­liquide utérin de sa mère, où le futur Charles Dubois flotte paresseusement, tête lourde et membres ballants.
Lire la critique sur le site : LeMonde
SudOuestPresse
27 février 2023
Dans son premier roman, Julien Leschierra fait preuve de style et d'esprit en donnant la parole à Charles Dubois, adepte de l'oisiveté et inadapté à son temps.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LeSoir
23 janvier 2023
Julien Leschiera offre « Mes vies parallèles » à un fascinant antihéros, ainsi qu’à nous.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeFigaro
23 janvier 2023
Charles Dubois est un branleur, mais un branleur qui pense. Il ne fait rien, donc il est. L’antihéros de Mes vies parallèles est un digne héritier d’Oblomov, de Bartleby et d’Alexandre le bienheureux.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeFigaro
19 janvier 2023
L'auteur tient en haleine sur plus de 500 pages de l'autobiographie d'un oisif solitaire pas franchement glamour avec son art de la satire, d'attraper notre époque dans ses filets.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans le creux de cet été, Margrit et ma sœur parties, ma mère encore plus accaparée par son nouveau poste que par le précédent, je fus donc tout à fait livré à moi-même au cœur de cette léthargie pavillonnaire. J'eus devant moi des heures entières pour m'avachir dans toutes les pièces, nourrir mes vies parallèles et perdre mon temps en toute quiétude. J'avais encore le cœur brisé par le départ de Margrit, mais je ne comprenais aussi ce que l'absence d'un être aimé pouvait permettre d'accomplissement solitaire ; la tristesse était une formidable excuse pour ne rien entreprendre. Le goût exaltant de la liberté de ne rien faire s'offrit à moi tout au long de ces écrasantes journées estivales, sans entraves ni personne pour me contraindre et j'en profitai jusqu'à l'extase. J'avais dix ans et des horizons infinis de paresse s'ouvraient devant moi.
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Comme pour atteindre n'importe quel but, tout était d'abord affaire de discipline mais il s'agissait ici de n'en démontrer aucune. Mon art consistait à insister dans le relâchement, à me laisser subtilement glisser et à ne jamais m'en inquiéter. Je limitais mes sorties au strict nécessaire et, pendant des mois, je transformai mon studio parisien en une forteresse où mon imaginaire et mes obsessions me mettaient à l'abri de tout le reste.
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Je n'étais que le résultat d'une somme de déterminismes sociaux et familiaux et je traversais ces années d'école comme une valise sur un tapis roulant, porté par une autre force que la mienne et sans aucune idée de l'endroit où on voulait me mener.
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Les objets s'étaient tant imprégnés des habitudes des habitants de cette maison qu'ils avaient renoncé à dicter leur propre atmosphère et poussaient parfois le zèle jusqu'à chasser leur propre poussière.
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Du côté de mon grand-père, tout n'était qu'ordre, calme et officiers.
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