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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman est en tous points exceptionnel. Par son histoire, par son contexte, par son écriture, par ses personnages. Un roman profondément ambitieux. Un roman réellement ludique. Dominique Maisons a réussi la quadrature du cercle littéraire : concilier cette réelle ambition tout en proposant un vrai roman populaire.

1909, Paris s'éveille. S'éveille à l'avènement de nouvelles techniques révolutionnaires, mais aussi à l'essor de la littérature populaire de masse. On se souvient du nom des assassins est le récit de cette époque, celui d'un écrivain populaire à succès qui devient enquêteur, celui de son condisciple qui est le narrateur de cette histoire, celui d'une investigation incroyable qui réserve des surprises en masse.

Une plongée dans une époque où la littérature populaire gagnait ses lettres de noblesse (oui je sais, c'est contradictoire) et où l'arrivée de nouveaux divertissements permettait de s'évader d'un quotidien particulièrement difficile.

Exceptionnel, je l'ai dit et je le répéterai à l'envie. Dominique Maisons a abattu une somme de travail titanesque pour bâtir cette intrigue et l'environnement dans lequel elle se déroule. On sent que l'auteur a effectué nombre de recherches pour rendre le tout crédible. Mais là où beaucoup d'auteurs tombent dans le piège du recopiage de pans entiers d'informations, Dominique Maisons a totalement digéré ses prospections de telle sorte qu'on semble réellement transporté dans les années 1900. Tout sonne juste, vraisemblable, chaque détail est là pour souligner l'atmosphère particulière et l'intrigue admirable qui s'y déroule.

On a réellement l'impression de lire un roman écrit au début du XXème siècle, avec ce dynamisme tout particulier des romans feuilletons. Avec une vraie pointe de modernité aussi, des pics sanglants dans la description des meurtres que l'auteur sème au travers de cette intrigue. Une ambiance à l'ancienne, assez légère, contrebalancée par la violence inouïe des crimes commis et rehaussée par l'écriture sublime de l'auteur.

Et il y a cette galerie de portraits inoubliables, de personnages hauts en couleur. Comme cet écrivain fantasque, sorte de dandy aux mille talents, dont l'esprit de déduction file à 100 à l'heure (aussi vite que son automobile). Comme son assistant, le narrateur de service, qui découvre le monde à travers les pérégrinations que lui impose le coquet de service. Deux personnalités qui se complètent, deux démiurges qu'on suit les yeux grands ouverts.

Comme les personnages féminins aussi, touchants et qui sont indispensables à la densité de ce récit. Comme la rencontre également de nombreuses personnalités réelles au détour de l'histoire, de Gaston Leroux à Célestin Hennion qui fut célèbre pour ses Brigades du tigre. Et bien d'autres encore, qui donnent tout son sens à cette histoire…

On se souvient du nom des assassins est un vrai roman policier (pas un polar, le terme serait anachronique) doublé d'un formidable livre d'aventure. Les 500 pages se dégustent sans aucun temps mort, tant l'auteur nous réserve surprises sur surprises.

Dominique Maisons ne fait pas que preuve de nostalgie, à travers cette aventure. Son propos est profond, sa description d'une période où la séparation de l'Église et de l'État est encore toute fraîche apporte une belle perspective sur nos interrogations contemporaines concernant la laïcité. C'est le cas également lorsqu'il décrit le racisme quotidien dont souffrent les immigrés italiens dans ces années 1900 (le narrateur du récit est lui-même fils d'italiens venus vivre en France).

Suivre cette sorte de Ligue des gentilshommes face au mal, concoctée par Dominique Maisons, est un plaisir de tous les instants, et un bonheur de lecture rare. le genre de roman singulier face à pléthore de livres qui se ressemblent tant. Je le répète une nouvelle fois, On se souvient du nom des assassins est un roman exceptionnel à plus d'un titre.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Dominique Maisons fait parti des auteurs que j'ai lu à plusieurs reprises et chaque nouvelle publication est pour moi un plaisir.

Giovanni Riva travaille pour le journal le Matin, il est missionné pour plus ou moins espionner Max Rochefort, un auteur populaire.
Ce poste ne le ravit guerre et va prendre des allures inattendues, le Cardinal Berdoglio a été assassiné dans la chambre d'hôtel voisine et une jeune femme de chambre est accusée.
Max voyant bien le béguin de Giovanni pour cette dernière, se lance dans une enquête plutôt complexe.
Il n'a pas fallu le pousser bien fort pour que cet auteur passionné d'intrigues à démêler se lance...


L'époque début 1900 est bien retranscrite, elle immerge le lecteur dans une confiance agréable et nostalgique, il suffit de regarder la couverture pour comprendre.
Giovanni est d'origine italienne, particularité rendue intéressante par la description de son entourage et de ses coutumes un peu envahissantes, elles prêtent à sourire.
Il est question d'un écrivain et du développement de l'édition, sujet intéressant, c'est une bonne idée d'y toucher.

Un meurtre, une chambre gardée et fermée, c'est un cas parfait pour Rouletabille et j'ai envie de dire que ça tombe bien car Gaston Leroux est un des personnages du roman.
Max Rochefort a bien l'intention de lui damer le pion, en toute amitié cependant.
Cette enquête m'a fait penser à une enquête à la Sherlock Holmes et j'ai adoré ça.
Je l'ai suivie avec passion et il faut avouer que le binôme d'enquêteurs forme une équipe hors pair.

L'auteur, je parle du vrai, a un talent d'écriture certain et assuré, il a misé sur un style rétro, qui bien que casse-gueule, est plus que réussi.
Mes nerfs ont été mis à rude épreuve, le temps presse pour sauver la jeune femme accusée et maintenue dans des conditions de détention glaçantes et déplorables.

Quand la politique se mêle aux grands manitous de la religion, on se rend compte que certaines vérités ne sont pas communicables au grand public.
Pas d'inquiétudes il y aura toujours de bonnes âmes haut placées pour dissimuler et arranger les faits de façon à les rendre plus présentables.

J'ai beaucoup aimé la construction originale de ce thriller, quand vous pensez le dénouement proche et bien il se peut que quelques surprises subsistent.
Mon sourire est revenu et je me suis dit non ce n'est pas terminé, le lecteur va encore morfler...
L'action est aussi grisante que la double enquête, encore une bonne idée de ne pas axer l'histoire sur la police mais sur un écrivain et son employé.

Le rythme est imposé avec une maîtrise bluffante j'en suis scotchée.
J'ai aussi ressenti une vraie émotion en rapport avec les personnages, je me les suis appropriée, leurs vies, leurs bonheurs et leurs malheurs.
J'ai couru avec eux, j'ai réfléchi avec eux, j'ai été blessée avec eux...

Je crois que j'ai été claire, du moins je l'espère, assez pour vous convaincre d'aller à la rencontre de Giovanni et de Max, j'ai été triste de les quitter...


Lien : https://leshootdeloley.blogs..
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Voici un livre qui m'a totalement surprise.  Je m'explique.
J'ai découvert Dominique Maison en 2011 avec son premier roman, comme quelques-un de ses camarades de plume chez les Nouveaux Auteurs.  Je pense à Laurent Guillaume et Hervé Jourdin en 2009 ou Claire Favan, Jean Depreux, Valentin Musso, Samuel Delage et David Moitet en 2010 ou encore  François-Xavier Cerniac et Jacques Saussey  la même année que Dominique Maison. Toute une génération d'auteur qui depuis on fait leurs preuves.
Alors j'ai lu le premier roman de monsieur Maison. Et je dois dire que j'ai été soufflée par le Psychopompe. Il faut dire que ce thriller machiavélique était marquant par son style. Dominique Maison a une façon d'écrire différente des auteurs classiques de thrillers. Et puis, comme pour ces petits camarades, j'ai lu les suivants. D'excellent thriller à nouveau, mais ce qui a retenu mon intention c'est que  son 3e livre ait été édité au éditions De La Martinière. Une maison d'édition surtout connue pour les beaux livres et les livres d'art, même si elle avait publié en 2012 une biographie d'Agatha Christie, en 2013 Le grand panorama de la littérature noire et en 2014 un livre sur Sherlock Holmes, La Martinière n'avait pas encore de collection roman policier. Et puis en 2015, voilà qu'apparaissent les premiers polars. Et comme souvent chez cet éditeur, l'exgigeance est de mise. Et les polars de Dominique Maison ne faut pas exception à la règle.
Mais revenons à notre bouquin.
Max Rochefort, auteur d'un feuilleton à succès dans un quotidien, est flanqué d'un assistant qui l'admire, Giovanni Riva. Ils seront tous deux mêlés à une sombre enquête suite au meurtre d'un cardinal et constitueront, au fil de leurs pérégrinations, une ligue de gentlemen extraordinaires.
Je disais donc que j'ai été surprise par ce roman.
En effet après trois excellents thriller, voici que l'auteur me propose un véritable roman policier. Vous savez, un polar à l'ancienne quoi. Façon, 19e siécle. Ou plutôt début du 20e. Un polar historique, rien de moins !
D'ailleurs c'est au début de ce XXe siècle naissant que notre auteur place son intrigue. Et il reconstitue avec minutie cette époque étonnante. Il nous plonge dans le ventre de Paris, cette ville lumière qui donne le tournis au monde entier. Le Paris de la Belle Epoque, des innovations techniques, de l'effervescence culturelle, de l'élégance de la Parisienne ... Ce Paris dont la littérature et le cinéma n'ont cessé depuis de véhiculer l'image dans le monde entier.
Nous allons ainsi sillonner ce Paris de la belle époque, des grands boulevards, de l'opéra, des théâtres aux cafés concerts mais aussi faire un tour dans les catacombes ou du coté de Saint Anne.
On va voyager dans des voitures de luxe ou en montgolfière. Faire un tour en Bugati ou une course poursuite en dirigeable.
On va connaitre des meurtres sanguinaires et sanglants.
 Et, nous allons croiser de bien illustres personnes : l'éditeur Arthème Fayard, l'écrivain Gaston Leroux , l'aliéniste Alfred Binet, le pionnier de l'aviation Louis Paulhan…Mais aussi Aristide Briand et Guillaume Apollinaire, ou Célestin Hennion le père des brigades du Tigre… , le mage Aleister Crowley et le dramaturge André de Lorde
Nous allons assister à la constitution de la ligue des  gentlemen extraordinaires. Et suivre leurs aventures rocambolesques.
Ce polar est écrit à la façon des romans feuilletons de l'époque. Dominique Maisons c'est appliqué à faire revivre la langue des feuilletonistes tout en gardant un rythme très actuel. Et avec l'histoire qu'il nous propose, nous allons  vivre la plus exaltante des aventures.
Une écriture d'une rare élégance ou d'une élégance rare !! Savoureux !!
Un thriller d'atmosphère envoûtant et sanglant. L'Aliéniste de Caleb Carr a trouvé son successeur
Alors vous n'avez plus qu'à noter le titre de ce roman car croyez moi, toujours On se souvient du nom des assassins 
Lien : https://collectifpolar.com/2..
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J'ai découvert la plume de Dominique Maisons en 2015 avec son troisième roman, Le Festin des fauves (qui est d'ailleurs disponible en format poche).

Et je vais vous avouer une chose : je ne l'attendais pas sur le terrain du thriller historique, un genre que j'affectionne particulièrement. J'ai dévoré Carter contre le diable de Glen David Gold, Noir Corbeau de Joel Rose, Un Oeil bleu pâle de Louis Bayard, L'Interprétation des meurtres de Jed Rubenfeld, Nevermore de William Hjortsberg, la Trilogie du temps de Maxime Chattam, La cour des miracles de Jean-Luc Bizien chez 10-18, et bien d'autres encore.

Ce que j'ai beaucoup apprécié avec On se souvient du nom des assassins, c'est que pour un coup d'essai dans un univers qu'il aborde pour la première fois, Dominique Maisons maitrise son sujet de bout en bout.

Il va bien au-delà de ce qui n'aurait pu être qu'un simple hommage à Maurice Leblanc et Gaston Leroux. Il construit un univers dans lequel son lecteur est parfaitement à l'aise et en caractérisant des personnages de manière à leur donner l'épaisseur qu'ils méritent. L'auteur intègre aussi des repères qui ont déjà fait leurs preuves dans Le Festin des fauves.

On se souvient du nom des assassins marque le moment où l'on prend conscience que Dominique Maisons est capable d'écrire dans n'importe quel genre et univers qu'il aura choisi, et de parvenir à coup sûr à régaler son lecteur.

Cette manière de débouler dans les étagères de libraires, avec un troisième et quatrième roman aussi efficaces et habiles, me fait penser à la maestria de Ian Manook, qui depuis la première apparition de son Yeruldelgger, dévore tout sur son passage. Je souhaite à Dominique Maisons le même succès.

C'est jouissif, palpitant, sans temps morts et après avoir tourné la dernière page, on en redemande encore. Un de mes coups de coeur de cette rentrée littéraire 2016.

On se souviendra du nom d'un putain de romancier : Dominique Maisons.

Frédéric Fontès, www.4decouv.com
Lien : http://www.4decouv.com/2016/..
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4ème de couv':"Max Rochefort, dandy parisien et feuilletoniste à succès, croise le chemin de Giovanni Riva, jeune employé du journal le Matin. L'excentrique Rochefort prend le jeune homme à son service dans son atelier d'écriture. Mais la réalité rattrape les meilleurs scénarios issus de l'imagination de Max: lors d'une soirée mondaine, un cardinal est retrouvé mort, atrocement mutilé dans sa chambre d'hôtel. Sous pression politique, la Sûreté doit désigner un coupable rapidement. Pour sauver une jeune innocente accusée du crime, Max et Giovanni se lancent dans l'enquête... Entourés d'une ligue de gentlemen extraordinaires – l'écrivain Gaston Leroux, l'aéronaute Louis Paulhan, le psychologue Alfred Binet et bien d'autres –, ils seront conduits des splendeurs aux bas-fonds du Paris bouillonnant et amoral de 1909."

MON AVIS: Ce roman a vraiment tout pour me plaire. L'atmosphère tout d'abord, dû à l'époque où se situe l'histoire. En ce début de siècle émergent beaucoup de nouveautés telles que le cinématographe, l'automobile, les engins volants . Maintes découvertes médicales repoussent peu à peu les infections dont mourraient les malades et les blessés. Par contre tout ce qui concerne l'esprit reste encore assez obscur et les pratiques "psy" sont archaïques.
Les personnages sont assez représentatifs de l'époque, avec les demi-mondaines, les dandys et autres bourgeois fortunés et le petit peuple des ouvriers, des domestiques et femmes des rues.
Tout ce monde si différent se mélange sous la plume de Dominique Maisons pour former une intrigue captivante, très sombre et mouvante.
Max Rochefort est un bon détective amateur, qui sous des dehors frivoles cache un esprit affuté et pugnace.
Giovanni, jeune homme naïf et prude va découvrir les réalités cruelles que réserve parfois la vie et malgré les horreurs côtoyées, grandira au contact enrichissant de son mentor.
Le fond du sujet est sordide, glaude et même assez répugnant mais empreint de réalisme car oui, l'âme humaine peut-être aussi noire que lumineuse .
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Ce livre ne m'était pas destiné. Des amis avaient prévu de l'offrir à notre ami commun, particulièrement fan de romans policiers & thrillers flippants. Mais il l'avait déjà lu ! et aimé ! Alors je l'ai reçu en cadeau à sa place…
Quels beaux moments de lecture ! Quel immense plaisir de retrouver ce sentiment de frustration quand il est l'heure de faire autre chose que de lire que j'avais un peu perdu…
On se souvient du nom des assassins est un vrai roman d'aventures : un décor historique (le début du 20ème siècle), des personnages certes fictifs mais qui cohabitent avec des noms célèbres, une intrigue et une enquête bien ficelées, de multiples péripéties et rebondissements, le tout dans une écriture parfaite, avec du rythme, bref, vous l'aurez compris, je recommande :D

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Je lis ce livre dans le cadre d'une critique de masse organisée sur Babelio. Je remercie les éditions De La Martinière et Babelio de m'avoir permis de lire ce livre.

La quatrième de couverture me plaisait beaucoup, c'est la première fois que je participe à une masse critique ... il faut bien une première fois et quand vous recevez le livre, quelle joie !

Max Rochefort à l'allure de Dandy est un écrivain qui écrit des romans feuilletons à succès dont "Boulevard du crime" pour le journal "Matin". C'est la figure de proue du journal sans cet écrivain à succès il serait dépassé par ses concurrents.

Giovanni Riva est italien, il travaille pour le journal "Matin" C'est un fils d'immigrés. Au sein du journal, il est commis, il ouvre et classe l'abondant courrier du journal. Il travaille très bien et est très consciencieux mais comme il est Italien le journal ne peut lui proposer un poste de journaliste alors le directeur lui propose d'être le secrétaire particulier de Rochefort afin de l'espionner car l'écrivain est convoité par les autres journaux. Son rôle sera donc de suivre Max partout, noter toutes ses idées et les retranscrire dans un cahier afin de servir plus tard pour l'écriture de ses aventures et éventuellement prévenir le journal en cas de risque d'infidélité au journal ...

Au fil du temps, va naître une sincère amitié tout en respect pour l'un et l'autre. Ils vont vivre ensemble des moments plus ou moins faciles et une enquête plein de rebondissements où on ira à la rencontre des simples citoyens jusqu'aux plus grands comme Gaston Leroux "écrivain de Rouletabille et Chéri Bibi" mais aussi Célestin Hénion "le créateur des brigades du tigre" mais encore Guillaume Appolinaire et bien d'autres encore ...

Tout commence par un crime odieux dans un hôtel. Une servante du nom de Justine va être accusée du meurtre du Cardinal. Max et Giovanni vont tout faire pour prouver son innocence ...

Ce roman est un roman historique à bien des niveaux avec de l'amitié, du respect, des rebondissements et une jolie histoire d'amour qui se finira bien ? mal ?

Je me suis attachée à chaque personnage qui sont vraiment très bien décrits mais sans lourdeur juste ce qu'il faut, ils ne nous laisse pas indifférents que ce soit en bien comme en mal et j'ai beaucoup aimé l'ambiance du livre, pas une minute d'ennui et pourtant le livre est épais ... J'ai vraiment passé un agréable moment de lecture dans ce Paris de 1909, dépaysement total. Nos 2 compères vont vivre quelques aventures très palpitantes dont une balade en dirigeable que j'ai beaucoup aimé ...

Je ne regrette pas le temps passé à le lire
Lien : http://theflyingbookmark.blo..
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ON SE SOUVIENT DU NOM DES ASSASSINS – de Dominique MAISONSEditions de la Martinière - Lu en version « Points Thriller »



Ce roman est le second de Dominique que je lis. le précédent était « Le Festin des Fauves » pour lequel j'ai eu un gros coup de coeur.
C'est donc avec impatience que j'attendais la version poche de celui-ci qui me faisait de l'oeil depuis sa sortie en grand format.


L'histoire :

1909 –
Max Rochefort, feuilletoniste à succès travaille pour le journal « le Matin ». C'est grâce à lui que le quotidien connaît une expansion. Max c'est aussi un Dandy, un oiseau de nuit qui éclaire la vie Parisienne de sa présence et qui côtoie les grands noms de l'époque : Arthème Fayard (célèbre éditeur dont la pingrerie est légendaire), Gaston Leroux (avocat, chroniqueur judiciaire, journaliste et écrivain), et tant d'autres célébrités…

Le Directeur du Matin va confier à Giovani Riva, jeune employé au journal, une double tâche : devenir le secrétaire particulier de Max, et l'épier pour éviter qu'il ne cède aux sirènes de la concurrence qui le sollicitent constamment. le Matin ne peut pas se passer du talent de Max ! Giovanni est issu de la communauté Italienne de Belleville et fait la fierté de son quartier.
Autant dire qu'un monde sépare ces deux hommes.

Max vit dans l'appartement de sa mère défunte, à proximité du « boulevard du Crime » le bien nommé. Lieu où sa mère, actrice célèbre, avait vécu mille morts sur les planches. Ce nom lui est tellement précieux que c'est ainsi que se nomme son roman feuilleton « Boulevard du Crime » dédié à son commissaire Nocturnax. Son père, baron d'industrie fortuné ne l'a jamais reconnu. Et Max a aujourd'hui la reconnaissance dont il avait tant rêvée enfant.
Giovani découvre cet appartement tenu d'une main de fer par Marguerite, la gouvernante des lieux, au caractère aussi prononcé que son accent, mais qui arrive à faire fondre de plaisir les gourmands avec ses madeleines d'exception et ses bons petits plats.
Giovanni, ébahi, apprend que Max n'écrit plus depuis longtemps ses feuilletons. Il donne des directives sur un grand tableau noir à une équipe efficace : Georges pour la documentation, Oscar le rédacteur hors pair et Victor le brillant grammairien et linguiste.

Max est un visionnaire :
Extrait P.24 : « Vous voyez, Giovanni, il est là notre ennemi : le spectacle est partout. de plus en plus de moyens sont mis à disposition de l'homme pour le distraire. le gramophone, le cinématographe, les illustrés, les cabarets…
Il pointa une colonne Morris annonçant la reprise des soirées dansantes au Bal Tabarin et ajouta :
Tout est fait pour détourner le public de la littérature. Si on veut rester au centre de leurs intérêts, il faut aller vers eux, être partout, être l'événement ! Je vous le prédis, mon ami, bientôt les gens seront célèbres parce qu'ils seront célèbres, on oubliera pourquoi ils l'étaient initialement. »

Puis Max, en Dandy qui se respecte prend soin de sa personne. Pour la forme il fait du Tai-Chi-Chuan chaque jour. Pour son apparence, ses costumes faits sur mesure viennent de chez Paul Poiret. Sa vie est faite de 1ères à l'Opéra, de courses automobiles, de voyages en 1ère, de dîners fins chez Escoffier. Bien loin de la misère de Belleville d'où vient Giovanni. Bien loin de la misère que subissent les plus défavorisés qui luttent au quotidien contre la faim et la maladie et se terrent dans les sous-sols parisiens.

Giovanni va suivre Max partout et noter toutes ses idées qui serviront aux prochaines aventures de Nocturax. Pour simplifier sa fonction Max le loge dans une chambre de service. Et voici notre Italien qui souffle un peu, loin de la pression de sa mère italienne. C'est qu'il est en âge de se marier et que sa mère, opiniâtre, ne cesse de lui présenter de jeunes italiennes célibataires.

Contre toute attente, entre Max et Giovanni, une complicité et une amitié vont naitre.
Et voilà les deux compères qui filent, dans la Bugatti Hermès Type 7 de Max vers Enghien et ses bains afin de faire une cure.
Une soirée festive à l'hôtel où le champagne coule à flots, et où se côtoient des députés, des actrices, même un cardinal, émissaire du Vatican, venu rencontrer Aristide Briand. Il faut dire que depuis la séparation de l'église et de l'état en 1905, les relations entre la France et le Vatican sont tendues. Des pourparlers sont en cours pour tenter d'apaiser la situation.
Giovanni n'écoute que d'une oreille distraite toutes les explications que Max lui délivre lors de cette soirée. C'est qu'il a croisé, avant de rejoindre cette assemblée brillante, le sourire innocent et la blondeur divine d'une femme de chambre de l'hôtel, Justine, et son esprit ne rêve plus que d'elle. Si différente de ces brunes italiennes que sa mère s'entête à lui présenter.
Le lendemain matin, un cri, des voix qui grondent. Sur le palier les gardes suisses du Cardinal brutalisent la douce femme de chambre. le Cardinal a été sauvagement assassiné et Justine est la coupable toute désignée.
Sur le mur au-dessus du corps, d'étranges symboles liés à la Franc-maçonnerie ce qui ne peut que mettre le feu aux poudres d'une paix civile bien fragile.
Le commissaire Juvard est appelé sur les lieux.
Il y a trop d'incohérences pour que nos deux apprentis détectives en restent là. Giovanni refuse que Justine soit condamnée.
Max et Giovanni tentent de convaincre Célestin Hennion, Directeur de la Sûreté Générale et créateur des célèbres « Brigades du Tigre » de l'innocence de leur protégée. Mais curieusement les symboles sur le mur ont disparu et Justine est incarcérée à Ste Anne.

Ce meurtre tombe à un moment crucial et l'unité nationale est en jeu. L'affaire doit donc être résolue au plus tôt. L'hystérie féminine est à la mode, Merci au professeur Charcot.
Et pour museler les deux journalistes, quelques menaces bien senties, sur la fermeture du théâtre de Max (le Grand-Guignol), et l'incarcération de la famille de Giovanni devenue subitement « anarchiste ».
Extrait P.83 : « La convivialité du moment était aussi factice que la vertu d'une fille de joie. La violence de l'échange, tout en sourdine, avait été dévastatrice. Elle laisserait des traces. »

Les traitements à Ste Anne, à l'époque, sont les électrochocs, les bains glacés, et si cela ne fonctionne pas une bonne lobotomie qui ne laisse plus que des légumes en lieu et place des humains confiés à l'institut. Justine est en danger. le temps presse. Elle est orpheline et n'a qu'eux pour la sauver.

Les recherches des deux amis les conduisent à penser que les assassins, les vrais, ont pu repartir par les airs. Mais comment le prouver ?
C'est qu'un dirigeable c'est énorme, sauf s'il s'agit d'un petit appareil électrique tel que ceux utilisés pour l'espionnage et le sabotage. En partant de cette hypothèse, ils retrouvent le lieu où l'engin a été entreposé. Hélas envolé ! Et l'un des coupables, le seul qui aurait pu parler est mort. Comment convaincre la police ?
Puis une opportunité s'offre à eux : une rencontre internationale de montgolfières parrainée par Alberto Santos-Dumont est organisée dans le parc aéronautique de Meudon.
L'occasion de retrouver les assassins !
Et nous voilà entraînés dans une course poursuite en dirigeables qui va nous conduire jusqu'à la frontière Allemande. Mais qui se cache derrière ce plan machiavélique ?
Qui en est l'instigateur ? Quel est son but ?
Puis un autre corps martyrisé est retrouvé. Celui d'une femme enceinte. Elle ne survivra pas. L'enfant oui, et il sera confié à Marguerite.
Cette histoire ne finira donc jamais ! Justine ne sera jamais en sécurité ?


Ce récit nous entraîne dans le Paris du début du XXème siècle, de ses personnages extraordinaires, de ses découvertes aussi.
Il nous parle de Franc-maçonnerie, de la Golden Dawn, de magie noire, d'occultisme, de la misère humaine, de Nietzsche, du Marquis de Sade, de la folie déclenchée par des souffrances hors normes et qui transforment une victime en un monstre pire que ceux à qui il a eu affaire.

Une fois encore Dominique m'a fait vibrer à chaque page, car la grande Histoire se mêle à la petite pour mon plus grand plaisir. Ce roman est formidablement documenté, le lecteur est en total immersion dans l'époque décrite. Un immense merci pour ce moment de lecture de grande qualité.

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On se souvient du nom des assassins : en ce temps là les journaux connaissaient des tirages quotidiens exceptionnels grâce aux romans-feuilletons. Les lecteurs attendaient chaque jour avec impatience la suite des aventures de leur héros favori. Gaston Leroux fut un de ces auteurs, il publia "Le mystère de la chambre jaune" pour L'Illustration et le lecteur le croise tout comme l'éditeur Arthème Fayard. Dominique Maisons a l'excellente idée de nous emmener à cette époque et de nous offrir un roman populaire comme il ne s'en fait plus.

1909, Max Rochefort est le feuilletoniste sur lequel repose le succès du quotidien le Matin qui publie chaque jour le "Boulevard du crime". Toute une équipe travaille avec Rochefort pour imaginer et documenter les aventures du commissaire Nocturnax. L'administrateur du Matin ne peut se permettre de perdre Max Rochefort pour un journal concurrent, alors il lui affecte un secrétaire particulier, le jeune Giovanni Riva et le charge de l'espionner.

Giovanni Riva nous relate les aventures extraordinaires qu'il va vivre dans les pas de Max Rochefort. Alors que les deux compères séjournent dans un hôtel de luxe à Enghien où est donné un grand bal de charité au profit des victimes d'un tremblement de terre, l'émissaire du Pape est sauvagement assassiné. Justine, une timide fille d'étage est accusée.

Max Rochefort va se révéler un enquêteur hors pair. Avec Giovanni ils vont vivre des aventures rocambolesques, des courses poursuites incroyables ( celle avec des dirigeables est tout simplement hors du commun ). A la perspicacité de Rochefort s'oppose le commissaire Juvard, un policier irascible et borné dont les déductions superficielles font sourire.

Ce roman est une véritable cascade de rebondissements. L'affaire semble résolue, elle est relancée par un détail. Les pistes criminelles sont nombreuses, politiques ou religieuses, la franc-maçonnerie et d'autres sociétés ésotériques sont soupçonnées. Il y a des épisodes tragiques, des phénomènes inexpliqués, de la violence, de la tendresse. Il y a une histoire d'amour ( presque ) impossible. Toutes les scènes s'enchaînent et contribuent à relancer l'action en permanence. C'est un véritable tourbillon de surprises et de suspense, comme au bon vieux temps du roman-feuilleton.

Ce roman policier historique est aussi un témoignage sur la société de l'époque depuis les hôtels de luxe jusqu'aux bas-fonds les plus sordides. La séparation de l'Eglise et de l'Etat a divisé la France autant que l'affaire Dreyfus. Dominique Maisons nous emmène dans le monde du théâtre et des aliénistes comme Alfred Binet. A l'époque les premières luttes sociales sont souvent violentes et le monde de la bourse est déjà impitoyable. Les progrès technologiques permettent à Max et Giovanni de se déplacer au volant d'une Bugatti Hermès Type 7. C'était l'époque du roman populaire.

Ce roman de Dominique Maisons est incontournable. Quel agréable moment de lecture ! "On se souvient du nom des assassins", éditions La Martinière ( 2016 ), en poche chez Pocket ( 2018 ).
Lien : http://mille-et-une-feuilles..
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Il y a des romans qui nous livrent des phrases à déguster comme un bonbon caramélisé au bonheur. Dominique Maisons avec "On se souvient du nom des assassins" en fait partie.

Un feuilleton rocambolesque, un roman historique, un thriller noir... Peu importe dans ce cas, l'essentiel est le plaisir que nous ressentons à la lecture. Cette chronique pourrait être aussi épaisse que le livre lui-même tant chaque page délivre de belles surprises.

Le style, par exemple, est tout à fait en adéquation avec l'époque traitée. Il est soutenu comme on peut l'attendre de la part d'un narrateur du début du XXème siècle. Et en plus, ce n'est pas ennuyeux et élégamment écrit.

L'action, aussi, est très présente. On passe allègrement de scènes d'actions "rocambolesques" à des descriptions de la vie quotidienne de la Belle Epoque. Justement cette période, Dominique Maisons, sait la dépeindre. Il en décrit les magnificences, comme l'Opéra. Mais il n'omet pas d'en souligner les injustices.

« Au-dessus de nous, dans ce lugubre domaine, vivait un contingent sans cesse renouvelé de femmes déchues fourni par Paris qui devait à sa qualité de capitale cosmopolite le triste privilège d'être un grand collecteur de misères de toute sorte. »

Dans " On se souvient du nom des assassins", il en ressort donc un charme envoûtant. On savoure les contrastes entre le vieux Paris et celui qui commence à naître au début du XXème siècle. Au fil des pages on tombe sur des mots que l'on n'utilise plus guère et qui nous montrent que le temps passe bien vite. D'ailleurs Dominique Maisons semble se demander si les progrès ont vraiment amélioré la vie de l'humanité.

« Nous descendîmes au travers de l'île de la Cité jusqu'au boulevard Saint-Germain. La circulation nous fit perdre beaucoup de temps, les fiacres, tramways, charrettes, voitures, autobus et camion de livraison se battaient pour accéder aux ponts dans un invraisemblable chaos. Un camion Félix Potin manqua de nous renverser devant la fontaine Saint-Michel. »
Tout en restant bien ancré dans son récit, Dominique Maisons glisse habilement dans le discours de ses personnages des considérations acides mais malheureusement judicieuses.

« L'Europe entière spécule sur les ventes d'armement et d'acier, l'argent afflue et provoque une course effrénée à la production d'armes de plus en plus mortelles. La génération de votre jeune ami va se retrouver décimée, massacrée par une guerre d'une violence sans commune mesure avec ce que notre pays a connu. »

On reste sous l'emprise des protagonistes de "On se souvient du nom des assassins". le narrateur Giovanni est impeccable et Max est, malgré une certaine arrogance, un bien séduisant dandy.

« On pouvait dire beaucoup de choses sur Max Rochefort, mais pas qu'il avait le succès modeste. le sourire d'empereur romain qui éclairait son visage aux traits fins ne trompait personne : il appréciait l'empressement que mettaient livreurs et journalistes à lui dégager le passage. »

La fin est à la hauteur de tout le roman : édifiante !


Allez, entrez dans cette Belle Epoque qui ne porta son nom qu'après les horreurs de la première guerre mondiale. Goûtez à des moments révolus réanimés par la grâce d'un auteur hors du commun !
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