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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)
EAN : 9782742769094
105 pages
Actes Sud (15/09/2007)
3.69/5   126 notes
Résumé :
Quelque temps avant son mariage, une jeune femme rencontre un enfant et son père, qu'elle retrouve un soir plongés dans la contemplation d'un restaurant scolaire. Quand l'homme lui raconte pourquoi l'image d'un réfectoire le soir évoque pour lui le souvenir d'une piscine sous la pluie, la mélancolie s'installe tel un lien dont elle ne pourra plus se défaire...

Une jeune femme apprend la mort d'un camarade. Elle le connaissait peu mais cet accident la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Ce recueil comporte deux nouvelles des premières années d'écriture de Yoko Ogawa. C'est un livre de qualité honnête, qui illustre déjà les ambiances qu'elle ne cesse d'explorer depuis, teintées d'étrangeté, entre rêve et réalité, mettant en exergue un des sens (par une faiblesse, une absence, ou une extra-sensibilité) de son personnage principal, qui est neuf fois sur dix une femme narratrice de l'histoire.

Dans le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie, la narratrice va se marier, elle vient d'emménager dans un nouvel appartement. Elle est en plein déballage de cartons quand sonnent à sa porte un homme et son fils, dégoulinant d'eau, douchés par la pluie. En promenant son chien, elle va les revoir quelques jours plus tard en pleine contemplation fascinée, à travers les vastes surfaces vitrées, d'un réfectoire de cantine scolaire et de sa curieuse machinerie en route. Alors que son promis n'est pas très présent (le couple fait usage du télégramme pour échanger), elle reçoit un jour un télégramme, un simple « bonsoir ». C'est comme un petit plaisir qui rompt l'ennui. Elle va les revoir encore une fois dans la même contemplation, et écouter les explications de cet homme sur ses motivations à venir sur ce lieu de recueillement pour le moins insolite. Une belle nouvelle qui met en lumière les comportements parfois étranges que fabrique notre cerveau d'adulte en convoquant nos souvenirs, nos peurs, nos névroses et traumatismes de l'enfance, dans une atmosphère mélancolique qui trahit une grande solitude intérieure des personnages, un peu atténuée par la double innocence complice d'un enfant et d'un chien.

Dans un thé qui ne refroidit pas, la narratrice est aussi une jeune femme, qui apprend la mort d'un ancien élève de sa classe d'école primaire, connu dix ans plus tôt. Elle rencontre à la veillée funèbre un de leurs condisciples, qu'elle nomme K. Elle prend conscience de la mort. Elle sent bien aussi que son couple avec son ami Sato ne tourne pas tellement bien. le lecteur se demande si elle n'aurait pas eu avant une attirance pour K., et si elle n'est pas en train de réapparaître à la faveur de ces retrouvailles fortuites. Mais K. est en couple. Il va l'inviter, elle va être le témoin admiratif de la grande beauté de sa femme, et de l'immense harmonie de leur couple, un couple romantique. Et cette femme un peu plus âgée que son ami n'était autre que la bibliothécaire de l'école, dont K. s'était entiché. Mais pourquoi n'y travaille-t-elle plus ? La narratrice se souvient d'avoir oublié d'y rendre un livre, qu'elle a gardé depuis dix ans ! C'est l'occasion de s'y rendre pour percer ce mystère…Elle va y apprendre qu'un drame s'y est produit il y a quelques années… Là encore, l'atmosphère est propice à la libération des sens. Ambiance vaporeuse et subtile, où quelque chose semble s'être déréglé dans l'écoulement du temps, où le symbolisme d'une plante a valeur de sous-entendu, presque d'allégorie du poison psychologique qui ronge de l'intérieur la belle bibliothécaire.

Si ces nouvelles de jeunesse ne constituent pas le summum de la production de l'auteure, elles sont intéressantes, car déjà imprégnées de l'atmosphère que j'aime chez Ogawa. L'importance des objets qui semblent souvent animés, l'impression d'anomalie dans l'écoulement du temps, une certaine mélancolie de personnages à la personnalité étrange, qui ressentent une forme de solitude intérieure, cachant une faille, un secret…
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Deux nouvelles d'une cinquantaine de pages chacune composent ce recueil de Yoko Ogawa, auteure japonaise que j'apprécie et dont j'ai déjà lu quelques oeuvres.

Dans l'une et l'autre histoires, la mémoire de l'antérieur et la nostalgie sont le centre d'intérêt.
« le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie » nous invite à faire la connaissance d'une jeune femme qui emménage dans un nouvel lieu avec son chien. Elle est en couple mais forme une entité individuelle. Une rencontre va pimenter le récit, celle d'un homme et son fils de 3 ans. Ce père va évoquer à la jeune femme des souvenirs et sa mémoire sensorielle va donner un sens profond et intime au titre de cette nouvelle (qui, il faut le dire représente un mystère à première vue lorsque l'on tient le livre dans ses mains !).

La seconde histoire convoque également une jeune femme qui lors des obsèques d'un ami du collège va rencontrer un autre ami de l'époque perdu de vue. Ils vont se revoir et une complicité va s'installer entre la jeune femme et le couple formé par son ami et son épouse.

L'auteur a construit deux nouvelles aux thèmes différents sur un processus identique : une jeune femme, la solitude malgré le couple, la rencontre d'un binôme chaleureux (père et fils dans l'une des histoires et un couple harmonieux dans la seconde), un fil tissé sur la nostalgie d'un temps plus ancien.

Yoko Ogawa a ce talent de décrire avec une attachante subtilité les détails de la vie courante. « J'ai enlevé ma robe noire, l'ai rangée dans le placard. Ensuite, comme j'étais gelée jusqu'aux os, j'ai fait bouillir de l'eau pour me préparer un thé ».
On retrouve une atmosphère paisible où la patience fait partie intégrante de la manière de vivre : « D'après le ton du message, je pensais disposer de tout mon temps avant son retour. J'ai bu tranquillement mon thé après avoir respiré à plein poumons la vapeur qui s'en dégageait ».
« Plusieurs soirées se sont succédé ainsi à regarder le téléphone. J'ai passé de précieuses heures en sa compagnie sans m'en lasser, sans m'impatienter, sans même pousser un soupir ».
Tout se passe dans la légèreté, dans le calme.

J'ai beaucoup aimé cet ouvrage, la seconde nouvelle m'a davantage plu que la précédente même si elle était très agréable à lire également.
Cette auteure est une magicienne qui sait transformer la banalité, la simplicité en un émerveillement de chaque instant.
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Les deux nouvelles datent du début des années 90 et évoquent le mariage.
1) Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie
La jeune narratrice va bientôt se marier. Pourtant elle emménage seule avec son chien Juju dans une maison baignée de brume. Elle reste assise longuement sur ses cartons à contempler le jardin abandonné. Et puis elle se décide à repeindre la salle de bain en rose. Soudain on sonne à la porte. Un homme inconnu, accompagné d'un petit garçon lui demande si elle ne souffrirait pas de détresse... Quelques jours plus tard, elle les retrouve plongés dans la contemplation du réfectoire d'une école. L'homme lui raconte que l'image d'un réfectoire le soir évoque pour lui le souvenir d'une piscine sous la pluie...
Etrange non ? J'ai compris que l'inconnu mettait des mots sur ses propres doutes, son angoisse. Aurait-elle peur de se noyer dans le mariage ? En tout cas la nouvelle nous plonge dans une atmosphère brumeuse, à peine colorée par les jeux de l'enfant et du chien.
2) Un thé qui ne refroidit pas
La jeune narratrice s'ennuie ferme avec son assommant compagnon, Sato. L'enterrement d'un ancien camarade de collège lui permet de retrouver K un autre condisciple perdu de vue. Elle le retrouve chez lui, dans sa maison agréablement vieille. Mais, il est marié à une femme, magnifique, parfaite. Elle se présente comme l'ancienne bibliothécaire du collège mais la narratrice ne s'en souvient absolument pas...
Là aussi, nous sommes plongés dans un entre-monde suspendu entre passé et présent, onirisme et réalité.

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Ce livre comporte deux nouvelles d'une cinquantaine de pages chacune, des débuts de Yôko Ogawa ( 1991).
Elle nous emmène comme toujours entre la réalité et l'onirisme, l'inconscient et sa puissance. 
Les variations infimes qui imbibent et envoûtent.
Les accros à cette autrice s'y retrouveront ! 

LE RÉFECTOIRE UN SOIR UNE PISCINE SOUS LA PLUIE, est assez mélancolique et à pour thème la grande solitude que peuvent ressentir certains adultes. Une amitié entre un enfant et un chien apporte un peu de joie et souligne l'étrangeté de ce récit, laissant l'homme livrer ses traumatismes d'enfance à une femme inconnue grâce à un mot : détresse.

"Je crois qu'il n'y a pas de lien entre vous, cette question, et ma réponse. Je suis là. Vous êtes en face de moi. La question flotte entre nous. C'est tout, et je ne crois pas qu'il faille changer quoi que ce soit. C'est comme la pluie qui tombe sans se soucier de l'humeur du chien. "

UN THÉ QUI NE REFROIDIT PAS est la seconde nouvelle qui aborde le thème de la mort, du couple, des non-dits, du souvenir, des projections et du ressenti.
Très profonde, très belle nouvelle et invitant à l'éveil des désirs enfouis à la manière de Yôko Ogawa.

Voici deux extraits :
"Entre chaque visite que je leur rendais, ma vie avec Sato stagnait comme un marécage croupissant."

"Il m'a semblé qu'il y avait une aberration. Quelque chose d'invisible à l'oeil, comme si le temps, l'espace ou la distance avait subi une distorsion. Mais je ne pouvais rien y faire. J'étais moi-même entraînée dans le tourbillon. "

Un livre que j'ai refermé, puis relu immédiatement pour revenir sur des passages dont je n'avais pas su saisir tout de suite le double-sens, j'ai relu ses nouvelles comme si je rêvais.

J'ai encore plus apprécié ma seconde lecture. 
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Je viens de refermer ce petit opuscule d'une centaine de pages. Dehors, les couleurs du jour se mélangent à celles de la nuit qui, bientôt, tombera.

J'aime beaucoup l'oeuvre de Yôgo Ogawa, car sa recette met souvent des thématiques liées à la solitude, l'introspection, le cloisonnement, le souvenir, l'enfermement et l'illusion qu'elle parvient souvent à pousser jusqu'à leur paroxysme.

Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie n'empêche pas non plus à cella. Ici encore le personnage principal est un personnage féminin qui flotte dans une sorte de doute perpétuel comme une brume ruisselante. L'histoire se narre sous un cadrage assez simple posé par une question en provenance d'un homme et de son enfant. Il en vient alors un mélange de koan zen qui en devient une réponse laisse apercevoir des bribes du passé. Un plaisir vaporeux qui fuit vers l'horizon comme l'a dit Baudelaire.

Un thé qui ne refroidit pas met ici en avant la perte et le deuil. Et là encore, c'est un autre personnage féminin qui se manifeste. Ici, une jeune fille apprend le décès d'un camarade de classe qu'elle n'a plus vu depuis des années et elle y rencontre un ancien camarade de classe lors de l'enterrement. L'angle utilisé part vers un cadrage différent et nous emporte vers une sorte de triangle amoureux qui semble ne pas en être un ; le tout infusé par des moments où le thé sert de vecteur et d'infusion. A nouveau les souvenirs servent de moments séquentiels.

Je ressors de cette lecture avec une sensation froide et humide, mais également vaporeuse. Peut-être qu'une promenade en direction de la mer me ferait du bien ou un thé chaud frémissant dans une tasse fêlée laissant s'écouler un peu du breuvage. J'aime comme cette autrice parvient toujours à me procurer ce genre de sensation et le travail de la traductrice y est également pour quelque chose.
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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
J'ai emménagé avec Juju dans cette maison par un matin brumeux du début de l'hiver. En réalité, ce n'était pas un vrai déménagement, puisque je n'avais pour tout bagage qu'une vieille armoire, une table pour écrire et quelques cartons.
Assise sur la véranda, j'ai regardé la camionnette bringuebalante disparaître dans le brouillard. Juju promenait son nez sous l'auvent, près de la clôture en blocs de béton ou la porte vitrée de l'entrée, comme pour mieux s'assurer des odeurs de notre nouvelle maison, en penchant la tête et avec des petits grognements sourds.
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J'ai lentement regardé la pièce encore une fois. Elle était paisible au point de donner envie de dormir. J'ai fait éclater plein de petites bulles en prenant une cuillère de mousse. Ses lèvres brillaient comme si elles avaient conservé l'éclat des mots romantiques de tout à l'heure. K était là, nimbé de modestie. Il avait l'humilité de celui qui n'est présent que pour faire ressortir la beauté de l'autre.

Extrait du récit "Un thé qui ne refroidit pas".
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J'ai eu envie, soudain, de relire encore une fois le télégramme qui me disait bonsoir. Le toucher du papier, la forme de l'écriture et l'air nocturne me revenaient d'un coup, sans qu'il y ait eu de signe avant-coureur. J'avais l'irrésistible envie de le lire et de le relire jusqu'à ce que les syllabes du mot soient entièrement liquéfiées.

Extrait du récit "Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie"
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J'ai essayé de réfléchir à l'amour d'une bibliothécaire et d'un collégien. Il m'est apparu comme une aquarelle aux teintes fugitives. J'ai eu beau fixer mon regard pour en vérifier la forme, je n'ai vu qu'un flot de couleur pâle.

Extrait du récit "Un thé qui ne refroidit pas."
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- Vous ne souffrez pas de détresse ?
(...)
- C'est une question terriblement difficile, dis-je en bredouillant.
- C'est vrai, répondit l'homme.
- D'abord, je ne connais pas la définition exacte du mot détresse. Si on veut, on peut parler de détresse pour la pluie en hiver, des bottes trempées, ou même un chien qui dort dans une entrée...
- Oui, vous avez raison. Dès qu'on essaie de définir quelque chose, la vérité se dérobe.
Puis l'homme s'est tu, après avoir hoché la tête plusieurs fois. Il n'y avait plus que le bruit de la pluie qui flottait entre nous. Un silence gêné s'est installé, qu'il était impossible de combler. J'aurais pu les faire partir en prétextant que j'étais occupée. D'ailleurs, j'étais réellement en train de peindre. Si je ne l'ai pas fait, c'est sans doute à cause de l'atmosphère particulière qu'ils dégageaient.
- Il faut absolument que je vous réponde ? Je crois qu'il n'y a pas de lien entre vous, cette question, et ma réponse. Je suis là. Vous êtes en face de moi. La question flotte entre nous. C'est tout, et je ne crois pas qu'il faille y changer quoi que ce soit. C'est comme la pluie qui tombe sans se soucier de l'humeur du chien.

Extrait du récit "Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie"
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