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EAN : 9782743623234
240 pages
Payot et Rivages (14/03/2012)
3.61/5   14 notes
Résumé :
Perro Lascano n’est pas mort. Il se remet peu à peu de ses blessures. Il a perdu sa maison, son travail et surtout Eva. La guerre est déclarée entre les différents services de police qui tentent de prendre la main sur le trafic de drogue qui faisait la fortune des militaires.
Lascano est recruté comme enquêteur privé pour mettre la main sur « Topo » Miranda, truand de la vieille école suspecté d’avoir volé l’argent sale d’une banque. Fuyant les flics pourris ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Une fois n'est pas coutume, j'attrape au vol un auteur dont le ou les romans précédents m'avaient échappés. Aujourd'hui, donc, c'est au tour d'Ernesto Mallo dont je n'avais pas vu passer L'Aiguille dans la botte de foin, publié en France en 2009. Peut-être donc certains éléments me manquent-ils pour saisir complètement l'histoire et quelques détails même si, dans l'ensemble, les rappels faits dans Un voyou argentin par l'auteur à propos de son roman précédent semblent assez clairs.

L'officier de police Perro Lascano revient donc ici littéralement d'entre les morts dans une Argentine du début des années 1980 à peine sortie de la dictature où la jeune démocratie peine encore à se frayer un chemin. C'est dans cette période trouble, dans une Buenos Aires où le passé traine à chaque coin de rue, que Lascano tente de mettre la main à la fois sur Topo Miranda, braqueur de banque, et son amour disparu, Eva, tandis qu'un jeune procureur déterminé qui compte aussi sur son aide voudrait faire tomber quelques anciens membres de la junte.

Roman choral tant du fait de l'utilisation d'un nombre assez important de protagonistes que de la variété des thèmes abordés, Un voyou argentin condense mille histoires en un peu plus de deux cents pages. Les périodes de transition démocratiques dans des pays qui s'extraient de la dictature sont en effet propices au développement de ce genres d'intrigues mêlant les destinées personnelles parfois fulgurantes à la lente mise en place d'un processus où l'idéalisme et les grands principes côtoient désir de revanche, débrouille face à une situation économique compliquée et amnésie volontaire.
De fait, Lascano semble évoluer dans un pays qui, malgré les purges et les commissions d'enquêtes, avance lentement mais sûrement vers l'amnistie de bourreaux dont on ne peut pas définitivement se débarrasser, et vers l'oubli. Et, en fin de compte, son retour apparaît presqu'aussi embarrassant pour ses adversaires que pour ses alliés. Son combat contre les militaires et sa nouvelle enquête clandestine ravivent en effet des souvenirs douloureux que personne, si ce n'est le procureur Pereyra, n'a envie de regarder en face. Ainsi pense Fuseli, l'ami de Lascano qui a fuit au Brésil :

« Ici c'est la vie, tandis que Buenos Aires n'est plus pour lui, et pour beaucoup d'autres, qu'un endroit imprégné, contaminé par l'horreur et la mort. C'est là-bas qu'est enterré son fils, une blessure incurable. C'est aussi là-bas qu'est resté Lascano, son grand ami, en plein milieu de la rue, descendu par un groupe d'intervention comme un chien. Sur les pavés doivent encore résonner les cris de ceux qu'on a torturés, de ceux qu'on a exécutés, des jeunes gens qu'on a balancé à la mer depuis un avion ainsi que les pleurs des pères, des mères, des amis, des amants à qui ils manqueront à jamais. Rentrer. Pour y retrouver qui ? Et avec qui ? Les assassins courent toujours les rues et se portent à merveille. Quand il repense à sa ville, il imagine un endroit où la nuit est définitivement tombée, et il ressent une drôle d'impression chaque fois qu'il se remémore son nom : Buenos Aires. »

À côté des destinés des hommes que l'on croise ici : Lascano, Pereyra, Miranda, Fuseli, Giribaldi l'ancien militaire, se dessinent aussi en creux de magnifiques portraits de femmes. Compagnes, mères ou maîtresses, elles semblent vouloir définitivement se tourner vers l'avenir, vers la vie, sans pour autant oublier le passé. Là où les hommes suivent un destin qu'ils estiment tracé, elles cherchent, elles, à bouleverser ce destin, à le prendre en main.
Roman sur l'oubli – sa nécessité comme son impossibilité –, sur la fidélité aux hommes comme aux idéaux, sur un pays qui veut changer tout en restant le même ; le tout sur un mode onirique, noir et incisif, Un voyou argentin est incontestablement un bien bel ouvrage et Ernesto Mallo un auteur qui gagne à être connu.

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Le voyou argentin, c'est "Topo" Miranda, braqueur malchanceux. Perro Lascano est un policier peut être pas honnête mais en tout cas le moins malhonnête possible. Suite à une fusillade, tout le monde le croit mort.
Nous sommes juste après la chute de la junte militaire. le pays est corrompu. En plein chaos. Les anciens militaires essayent de se reconvertir dans des commerces illicites. Les chefs au pouvoir tombent. Et bizarrement, ceux qui veulent faire le ménage doivent parfois savoir jongler avec la loi.

J'ai du mal à dire ce que je pense de ce livre car j'ai eu des ressentis assez contradictoires.
J'ai apprécié l'ambiance de ce roman noir de chez noir. L'atmosphère de confusion et de débrouille est bien restituée (autant que je puisse en juger). J'ai beaucoup aimé les différents personnages, la manière dont l'auteur leur donne vie. Des personnages imparfaits donc attachants. du moins pour la plupart : j'enlève ici les protagonistes de la dictature ! Des femmes très touchantes, qui doivent faire face aux multiples difficultés du quotidien. Et l'écriture est poétique, parfois contemplative, avec une pincée d'humour.
Le problème est que je n'ai pas été happée par l'intrigue. Trop de petites intrigues multiples, avec peut-être trop de personnages aussi. j'ai eu un peu de mal à ne pas me perdre dans les rue de Buenos-Aires.
Lien : http://mumuzbooks.blogspot.f..
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— Non, Perro Lacano n'est pas mort ! Tu as vu son hommage chez Jean-Pierre Foucault ? Non ? Alors Perro Lascano n'est pas mort ! (voix d'Alain Chabat imitant Jacques Martin).

Argentine, années 80, rien de brillant, la corruption règne en maître, les plupart des flics sont des ripoux de première classe, les banquiers sont des voleurs et les politiciens aussi, sans parler de l'armée, coupable de bien des disparitions et des morts.

Là où il y a Gégène, il y a du plaisir, vous dirons les tortionnaires.

Dans le précédent volume, j'avais laissé le commissaire intègre Perro Lascano, se vidant de son sang sur le trottoir et je le retrouve donc vivant, mais mal en point, soigné par une jolie infirmière non conventionnée, payée par le supérieur de Lascano.

Si j'ai toujours apprécié les descriptions au vitriol d'une Argentine qui tente de sortir de la dictature pour se diriger vers une démocratie, j'ai un peu perdu pied dans toutes les petites affaires qui émaillent ce roman que l'on pourrait dire choral.

Entre Topo Miranda, braqueur tout juste sorti de prison et tentant de se refaire une santé financière pendant que Perro Lascano, perdant son bienfaiteur, se voit menacer de mort et obliger de jouer sur du velours pour retrouver les braqueurs de la banque, aidé en cela par le procureur Pereyra qui lui aussi voudrait bien faire tomber Giribaldi, militaire responsable de la mort de l'usurier dans le premier tome…

Je vous avoue que j'ai eu l'impression que tout cela était un peu confus, mélangé, brouillon. Il faudra assez bien de pages pour que tout cela présente une certaine cohérence.

La chose la plus pire, ce sont les dialogues. Je l'avais déjà souligné dans ma chronique de "L'aiguille dans la botte de foin" , les dialogues se présentent sous la forme de textes bruts, sans tirets cadratins, sans guillemets, le tout balancé en bloc (et en italique) et à vous de suivre pour savoir qui dit quoi.

Bon, après quelques dialogues de la sorte, on arrive à s'en sortir, on comprend qui parle, mais ça reste tout de même assez complexe. On aurait envie de dire que les tirets cadratins n'ont pas été inventé pour les chiens. Sachant que « Perro » veut dire chien en espagnol…

Dans ce roman noir, Perro est toujours commissaire, mais il n'exerce plus, trop de poulets veulent lui faire la peau, et au final, il y aura plus d'honneur dans le voleur Topo Miranda que dans les policiers, qu'ils soient simples flics ou haut gradés.

Un roman noir toujours aussi caustique dans sa description de l'Argentine des années 80, parlant de corruption, de tortures, de disparitions d'opposants, de junte militaire, de magouilleurs assassinés par plus magouilleurs qu'eux, d'enlèvements d'enfants, de pauvres obligés de voler pour survivre, mais avec une intrigue fort brouillonne au départ et qui en partant dans tous les sens, pourrait perdre quelques lecteurs en chemin.

Heureusement que j'avais une carte détaillée et des petits cailloux car malgré toutes les fois où je me suis égarée, j'ai toujours réussi à retrouver mon chemin et à terminer mon périple en suivant la silhouette longiligne de Perro Lascano.

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Perro, le chien, Lascano, est un commissaire argentin, une fois n'est pas coutume, honnête et droit. L'action se passe en Argentine, dans les sinistres années 70, et la toile de fond des livres de cette série n'est ni plus ni moins que la réalité.
le style est enlevé, vigoureux, dur. La violence sourd à chaque page, le personnage central, Lascano, lutte contre tout : les bandes armées, la plupart dépendantes de la triple A, immonde milice dévolue au pouvoir et à tous ses méandres mafieux, la délation, le racket, la terreur . La plupart des flics, pour survivre ou non, mentent, volent, pillent et tuent. Quand ils ne violent pas. Ernesto MALLO, qui a été journaliste, connaît tous ces recoins sordides par coeur. Chaque personne au pouvoir est presque, en majorité, tenu par un autre. La corruption est partout et c'est très dangereux d'être honnête et de faire le bien. Les maillons minables de la chaîne, quand ils ne sont pas corrompus eux-mêmes, suivent aveuglément leurs supérieurs véreux pour moult raisons : l'intérêt bien sûr, le profit, mais aussi et surtout, en filigrane permanent, la peur. Presque rien n'est possible. La vie tient à un fil.
Aussi la plupart des personnages suivent leurs addictions. La cigarette, l'alcool, la drogue aussi. Et en quantité effroyable.
Quand les personnages discutent, Ernesto MALLO n'emploie pas le moindre tiret ou la moindre césure. Pas de guillemets non plus ! Ça va trop vite. du coup, ça donne un pep's étonnant aux dialogues. C'est brut, âpre, violent comme le reste.
On pourrait se demander où on peut caser de l'amour dans tout ça. Mais il y en a, car l'amour il s'en trouve partout, en Argentine comme ailleurs. Et celui qui traverse la série est intense, rude et entier.
Ceci étant, le texte va à toute vitesse avec une immense efficacité.
En plus de constituer un sujet d'en quête peu ordinaire, l'oeuvre représente un témoignage capital. Tout y est : les crimes, la corruption à tous les niveaux, les enfants volés et élevés par les militaires, la chasse aux communistes … D'ailleurs, quelques personnages tout à fait réels traversent le livre comme des éclairs. Il s'en trouve peu qui finissent bien.
Il est probable qu'une fois ce livre-là fini, vous ayez envie de vous jeter sur les trois autres. Directement. Sans le moindre round d'observation. Comme dans le bouquin.
Alors bonne lecture !
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Je n'ai envie de dire que du bien de ce roman mais je vais commencer par ma réserve. J'avais préféré le premier tome, "L'aiguille dans la botte de foin". Seulement, je n'arrive pas à savoir si c'était parce que j'étais mieux disposée quand je l'ai lu, ou si c'est vraiment parce qu'il était un peu meilleur, en gros un peu plus clair. Il y a beaucoup de sous intrigues, beaucoup de voix dans "Un voyou argentin", ce qui normalement ne me dérange pas, mais là, j'avoue avoir eu du mal à suivre.
Ceci dit, c'est du beau roman noir, très subtil sur la difficulté à revenir à la normalité, la démocratie, quand des gens d'un même pays se sont entretués d'une manière atroce. Ce n'est pas un roman qui dit que ceux qui veulent oublier les morts et les disparus ont franchement tort. C'est un roman qui dit que même les "gentils" voudraient pouvoir oublier. Seulement...
J'ai vu il y a une semaine un film chilien, "Gloria", où on suit les tribulations d'une cinquantenaire dans le Santiago d'aujourd'hui. le souvenir de la dictature est évoqué une fois seulement, lors d'un repas entre amis. Un des convives dit très simplement quelque chose comme "Mais comment aimer encore notre pays? On veut l'aimer mais ce n'est pas facile, après tout ce qui s'est passé..." Et puis il y a un silence. Ca m'a énormément émue. Je me suis dit que c'était une façon très juste de parler de ce dont il est si difficile, voire impossible, de parler. "Un voyou argentin" est un roman un peu fouillis mais un roman qui parfois sonne très juste. A ceux que cette période et cette problématique intéressent, je recommande aussi la lecture de "Kamchatka" de Marcelo Figueras, "Manèges" de Laura Alcoba, et "Petits combattants" de Raquel Robles.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
— Dans ce pays, p’pa, pour devenir président il faut être avocat ou militaire, et comme je ne veux pas être bidasse…
— Mais président, apparemment, tu n’aurais rien contre.
— Et pourquoi pas.
— Tu ne peux pas trouver quelque chose de mieux ?
— Truand, par exemple ?
— Te fous pas de moi, au final c’est presque la même chose. La différence c’est que les politiciens ont moins de chances de finir au trou.
— Très drôle.
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Tu ne t'es jamais posé la question de savoir pourquoi la douleur existe ? Pour te pourrir la vie. Non, pour la conserver. Si la douleur n'existait pas, tu ne te rendrais pas compte, par exemple, que tu es blessé et tu te viderais de ton sang comme un bienheureux. C'est clair. La douleur, c'est le langage que ton corps utilise pour informer le cerveau que quelque chose va mal, où ça se situe et le degré de gravité.
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Ici c’est la vie, tandis que Buenos Aires n’est plus pour lui, et pour beaucoup d’autres, qu’un endroit imprégné, contaminé par l’horreur et la mort. C’est là-bas qu’est enterré son fils, une blessure incurable. C’est aussi là-bas qu’est resté Lascano, son grand ami, en plein milieu de la rue, descendu par un groupe d’intervention comme un chien. Sur les pavés doivent encore résonner les cris de ceux qu’on a torturés, de ceux qu’on a exécutés, des jeunes gens qu’on a balancé à la mer depuis un avion ainsi que les pleurs des pères, des mères, des amis, des amants à qui ils manqueront à jamais. Rentrer. Pour y retrouver qui ? Et avec qui ? Les assassins courent toujours les rues et se portent à merveille. Quand il repense à sa ville, il imagine un endroit où la nuit est définitivement tombée, et il ressent une drôle d’impression chaque fois qu’il se remémore son nom : Buenos Aires.
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— Tu ne t’es jamais posé la question de savoir pourquoi la douleur existe ?
— Pour te pourrir la vie.
— Non, pour la conserver. Si la douleur n’existait pas, tu ne te rendrais pas compte, par exemple, que tu es blessé et tu te viderais de ton sang comme un bienheureux.
— C’est clair.
— La douleur, c’est le langage que ton corps utilise pour informer le cerveau que quelque chose va mal, où ça se situe ainsi que le degré de gravité.
— Je comprends, il pourrait utiliser un langage plus doux.
— La douleur est une force de la nature et la nature n’apprécie pas lorsque ses créatures font fi de ses mises en garde. On ne discute pas avec la nature.
— Donc ?
— Donc, la douleur est un signal.
— Et ?
— Quand tu résistes ou que tu essayes de l’ignorer, ces signaux ne jouent plus leur rôle et alors ils insistent.
— Ce qui veut dire ?
— Ce qui veut dire que ça continue à faire mal. Si au contraire, tu y prêtes attention, ils font leur travail et la douleur commence à céder.
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S'il avait été croyant, il aurait fait le signe de croix, mais comme ce n'est pas le cas, il se gratte un testicule et se dirige vers la sortie d'un pas décidé.
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Videos de Ernesto Mallo (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ernesto Mallo
Les auteurs Maurizio de Giovanni (Italie), Ernesto Mall (Argentine), Ramon Diaz-Eterovic (Chili), et Victor del Arbol (Espagne) ont placé leur dernier polar dans les temps des dictatures. Quelle est la valeur de l'oubli ? du silence ? les morts reviennent-ils ? Yan Lespoux a tenté de les faire parler au salon international des littératures policières organisé par Toulouse Polars du Sud. http://www.toulouse-polars-du-sud.com/
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