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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quelle découverte sympathique que ce premier tome de la trilogie intitulée Luna de Ian McDonald.
Nous allons découvrir notre satellite colonisé par des humains qui ont aménagé les règles et les lois à leur convenances… ici, tout se règle à coup de couteaux, de poisons et autres inventions du même acabit…La loi qui prédomine est la loi du plus fort….Bon, tout ce préambule était là histoire de planter le décor….
Plusieurs familles (les cinq dragons pour être précise) se partagent le pouvoir. Nous allons suivre plus particulièrement les Corta, d'origine brésilienne, derniers arrivés dans cette « cour des grands ». C'est grâce à leur matriarche, Adriana, qu'ils en sont arrivés là…Ses cinq enfants sont les dignes héritiers de cette femme de poigne et fort ambitieuse….
En parallèle, nous suivons l'histoire d'une « Joe Moonbeam » (nouvelle arrivante sur la Lune), Marina, qui peine à survivre malgré des compétences et des qualifications professionnelles fort élevées….
Elle va, bien involontairement, déjouer une tentative de meurtre et sa carrière va connaitre un bond inattendu puisqu'elle va être embauchée par les Corta ….Elle va découvrir une famille soudée, certes, mais dont les interactions sont bien plus compliquées que les apparences …
J'ai bien aimé cet univers créé par Ian McDonald, avec un vocabulaire propre aux habitants de la Lune (avec un lexique en fin de volume en prime) et un fonctionnement fort original. Ici, rien ne se perd, tout se recycle et on peut même en arriver à vendre son urine…
Ce premier tome se termine avec un coup de théâtre qui laisse présager que la suite sera mouvementée pour les Corta…et pour le lecteur….


Challenge Mauvais Genres 2021
Challenge Séries 2021
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Dès le premier chapitre, McDonald propulse son lecteur dans une histoire complexe avec un panel de personnages divers aux relations complexes. le dramatis personæ et le glossaire sont un auxiliaire bienvenu pour se repérer avec les termes portugais, asiatiques ou nouveaux (oko, combiAS, Keji-oko, madrinha, abusua,…) ou remettre les nombreux intervenants. Les liens familiaux, maritaux et autres sont complexes. Les enfants des puissants ont des mères multiples (la porteuse, la nourrice, la mère officielle), les individus peuvent avoir plusieurs conjoints – dont un principal, le oko, les autres étant Keji-oko – et de sexe divers. La sexualité se trouve également bouleversée, nous prenons contact avec un genre de « meute »,…


Tout sur la Lune est régit par cinq familles (MacKenzie, Voronstov, Ashoma, Sun et Corta), elles y font la pluie et le beau temps; l'air que vous respirez, l'eau que vous buvez, les bits que vous utilisez, tout est contingenté. Toutes les ressources vitales sont sous leur domination. Outre des familles sous la férule d'un patriarche, ou d'une matriarche, ces cinq clans représentent des corporations commerciales cherchant à se développer au maximum et si possible à dévorer son voisin. Nous pourrions presque dire : « à la fin il n'en restera qu'un!«


L'hélium remplace le pétrole, la Lune est un univers impitoyable et les luttes de pouvoirs, les crasses y sont monnaie courante; les affrontements en sous main de deux frères et d'autres membres d'une famille contribuent à cette ambiance torturée.

Tout est une question de pouvoir, mais une question enchevêtrée, embrouillée à souhait. La comparaison aurait pu être tout autre, et par exemple une référence à Game of Thrones (mais pas que) pourrait presque être tout aussi judicieuse. Seulement, les manoeuvres, combines, et stratégies mises en oeuvre sont infiniment plus sournoises, modernes, et sophistiquées pour tenir la comparaison avec GoT et ses pratiques plus souvent brutales et directes.

Après un début exigeant en terme de concentration, le lecteur plonge dans une trame aux facettes multiples, sur une Lune dont les entrailles sont aussi dangereuses qu'en surface. Finalement, nul n'est à l'abri en abordant les terres sélénites.Toutefois, je n'ai pas retrouvé la plume et la patience de l'auteur qui m'avaient tant séduite dans ses romans précédents.

Critique complète sur mon blog

Lien : https://albdoblog.wordpress...
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Ce tome a une suite : "Luna : Lune du loup".
On ne peut pas lire "Luna : Lune du loup" sans avoir lu "Luna".
Mais on ne peut non plus lire "Luna" sans lire ensuite "Luna : Lune du loup" tant le roman est prenant.
Ma critique sera donc complète quand j'aurais lu les deux tomes.

Je peux déjà dire que c'est un très bon roman.

La lune est colonisée. Enfin commercialisée serait le mot juste.
Quelques firmes, tenues par de puissantes familles, se partagent les ressources lunaires. Et sur la Lune tout se vend : la nourriture, l'eau, l'air que l'on respire ...
Pas de lois. Des contrats seulement.
Oui, c'est presque une dystopie capitaliste de la Terre (mais qu'est ce que je raconte on est déjà dans cette dystopie ! Vous me direz ici l'air ne se vend pas. Hum : le fait de respirer de l'air non pollué se vend quand même un peu indirectement non ?)

Bref.

Il y a deux aspects principaux au roman :

Une multiple saga familiale.

Les mauvaises langues diraient que c'est un Dallas lunaire. Ce n'est pas faux.
Le roman commence d'ailleurs par une liste de plusieurs pages de personnages.
Angoisse ! Faites comme moi, plongez directement dans le roman. On s'y retrouve très vite.

Une fenêtre incroyable offerte sur une population de colons lunaires.

et ce dernier point est fascinant :
* en surface vous mourrez rapidement par le vide, les radiations ... une erreur ? vous êtes mort.
* les colons vivent profondément sous la surface lunaire
* ils doivent choisir au bout de 2 ans de rester définitivement (revenir ensuite sur Terre les tueraient) ou de repartir.
* les enfants n'ont jamais vu la mer, le ciel, les animaux. Leurs ciels sont des plafonds !
* les tentatives pour recréer des parcs, des biotopes.
* il se crée des valeurs, des croyances, un point de vue très particulier surtout sur la Terre.

Bonus : une bonne partie des protagonistes est issue du Brésil. Une délicieuse atmosphère sud-Américaine se dégage : ambiances, musiques, villes, ...

Allez j'attaque la suite !
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Premier tome d'une trilogie, Luna est un roman de SF, tirant fortement sur le Planet Opera. L'action se passe durant le 22ème siècle, la Lune a été colonisée quelques dizaines d'années plus tôt et est "partagée" entre plusieurs grandes familles qui se livrent, plus ou moins, caché ou non, une guerre économique à coup d'intrigues, d'alliances, de mariages et autres.
La politique sur la Lune est très particulière, sa loi encore plus, tout est sujet à contrat, indemnisation, accord, etc.
L'auteur ne lésinant pas sur la présentation de son univers, on croirait presque que tout est possible.
On suit l'évolution de plusieurs personnages dans cet univers, tous ou presque de la famille Corta, la dernière famille s'étant hissée au rang de Dragons sur la Lune.
Je ne dirais rien de plus car je ne veux pas spoiler mais c'est à lire ! le seul point négatif, pour moi, c'est que je trouve les chapitres un peu long, ce qui bizarrement ne m'avait pas dérangé dans le livre de martyrs mais bon là j'ai ressenti plus de soucis à tenir jusqu'au bout du chapitre pour clore ma lecture du jour parfois.
Mais je lirais la suite avec plaisir !
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« Luna » est un roman de Ian McDonald, publié le 16 mars 2017 en France, dans la collection lunes d'encre des éditions DENOEL. Traduction de l'anglais par Gilles Goullet et illustration de couverture de Manchu. il s'agit du premier tome d'une série qui en comportera trois. Celui-ci s'intitule « Nouvelle Lune ».

Concernant l'auteur, Ian McDonald est né en 1960 à Manchester, il vit désormais en Irlande. Ces romans et nouvelles sont imprégnés de conflits entre différents groupes sociaux. Conflits basés sur la religion, les origines… C'est mon premier roman de cet auteur, mais c'est typiquement le genre de thème que j'affectionne.

Justement, qualifier le genre de Luna n'est pas si simple. C'est de la Science-Fiction, parfois hard, mais c'est aussi de l'anticipation sociale et du cyberpunk.

Vous l'aurez compris l'action se déroule sur la lune, dans 100 ans . Sur notre satellite, tout se vend, tout s'achète. Il n'y a pas de droit pénal, tout est régi par contrat. Tu peux payer ? C'est à toi. Tu ne peux pas payer ? Tu dégages. C'est rude. Une nouvelle conquête de l'ouest.

Cinq grandes familles, cinq corporations, se partagent l'essentiel des richesses et du pouvoir.

Il s'agit des cinq dragons :

Les Corta, des Brésiliens, propriétaires de Corta Helio, spécialisé dans l'extraction d'Hélium ; les Mackenzie, des Australiens, propriétaires de Mackenzie Metals, spécialisée dans l'extraction de métal ; les Sun, des Chinois, propriétaires de Taiyang, spécialisée dans les technologies de pointe ; les Asamoah, des Ghanéens, propriétaires de Aka, spécialisée dans l'agriculture et enfin les Vorontsov, des Russes, propriétaires de VTO spécialisée, dans le transport.

Chaque grand famille possède sa ville, ses exploitations, une carte est fournie.

Comme si tout ce petit monde ne suffisait pas, il y a bien sûr d'autres factions, par exemple la LDC (Lunar Development Corporation) avec à a sa tête « l'aigle », organisme qui a le monopole de tout ce qui est organique, et en haut de l'organisation institutionnelle de la lune.

Il y a un dramatis personae fournit en début de livre, indispensable et détaillé.

Le récit se déroule essentiellement autour de la famille Corta, la plus jeune famille, souvent qualifiée de parvenus. le roman débute sur le rite initiatique de Lucashino, fils de Lucas – cadet de la famille -. Rite qui n'est autre qu'une course de quinze secondes, à poil, à la surface de la Lune, avec tout ce que cela implique.

La famille organise ensuite une fête pour célébrer le passage du rite par Lucashino. Lors de la fête, une tentative d'assassinat sur Rafa, l'ainé des Corta, est déjouée. Il est sauvé in extremis par une Joe Moonbeam, (comprenez : Joe Rayon de Lune, une nouvelle arrivée).

Ce terme n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. L'univers est riche d'argot, de mots empruntés à une multitude de langues : chinois, portugais, russe, yoruba, espagnol, arabe… Un glossaire est fourni en fin de livre, tout aussi indispensable et détaillé que le dramatis personae.

Cet attentat ravive les tensions entre les Corta et les Mackenzie, directement incriminé. La dernière guerre entre ces deux familles n'est pas si loin.

Bien sûr, cette attaque n'est qu'un point de départ des tensions. Mais il va être question d'alliances, de nikahs (contrat de mariage), entre les grandes familles. Les nikahs sont importants, les gamins des grandes familles sont traités comme de la marchandise, des éléments de négociation, mariés de force.

Même au sein des Corta le récit ne va pas être simple. La matriarche, Adriana, qui a construit l'empire familial prépare sa succession. Rafa, l'ainé, est impétueux, Lucas, le cadet, a soif de pouvoir. Ariel, la fille de la fratrie est avocate et se moque de l'extraction d'Hélium. Il y a tout un tas d'histoires dans l'Histoire. C'est foisonnant.

Je pense qu'il est nécessaire de ne pas aller plus loin dans la trame du roman, pour ne pas gâcher l'intrigue et la découverte.

Le premier tour de force de Ian McDonald est de fournir une intrigue riche, sans perdre le lecteur et sans donner un rythme lourd ou trop alambiqué. le tout se déroule rapidement avec actions et rebondissements.

La vie sur la lune est fascinante. Tous les habitants ont un chib, une lentille de contact permettant, entre autres, de vérifier l'état de ses quatre fondamentaux : l'air, l'eau, le carbone et les données.

Autre idée géniale, les assistants, des familiers visiblent uniquement en réalité augmentée. Tout le monde en a un et le trimbale toujours à proximité. Il fait office d'IA personnelle, de Google, d'assistants. Il est personnalisable et ça coûte de l'argent, un peu comme des skins dans un jeu vidéo. le porteur communique avec lui par subvocalisation. Cet aspect offre des possibilité folles.

La vie sur la lune est rude. Les relations contractuelles régissent tout. Comme le dit la couverture, il y a mille façons d'y mourir. Si vous n'avez plus d'air ou d'oxygène, la LDC vous recycle. Si vous êtes victime d'une dépressurisation à la surface, la LDC vous recycle. Les combats sont menés à l'arme blanche, au couteau, le reste est trop risqué. C'est violent et impitoyable.

Ian McDonald s'est vraiment penché sur tous les aspects de la vie, même la sexualité. Sur la lune, les notions d'hétéro, ou d'homo n'existent pas. Chacun est potentiellement le partenaire sexuel d'un autre individu. Il y aussi des asexués et des autoséxués.

Il est difficile de faire le tour des idées fascinantes portées par l'auteur et son univers, tant elles sont nombreuses. Et il convient d'en garder pour les futurs lecteurs.

Luna est pour moi une grande découverte de Ian McDonald, un auteur brillant qui traite la Science-Fiction sous un prisme social. Son style est rude, humain, sans tomber dans la vulgarité, pourtant il traite de sujets sensibles. La lune devient un laboratoire social.

Le livre est souvent comparé à Game Of Thrones, c'est sûr que ces cinq grandes familles qui se battent pour le pouvoir ramènent facilement à la saga qui fait vendre. Mais, l'univers posé par Ian McDonald est plus rude encore, la vie sur la lune exacerbe tous les sentiments. Il y a des intrigues de cours, des morts et de la violence, je pense que la comparaison s'arrête là.

Si vous aimez les livres riches, foisonnant de bonnes idées, Luna est fait pour vous. Si les intrigues de cours, les coups fourrés et les luttes de pouvoir vous intéressent, foncez aussi.

Malgré la complexité apparente, la présence d'un dramatis personae et d'un glossaire, le tout est fluide.

Un livre à mettre entre toutes les mains, la lune n'est là que pour ajouter de l'adversité à une fresque sociale fascinante.

Pour ma part, il va falloir attendre la suite. Je vais me consoler avec la maison des derviches, du même auteur, qui semble tout aussi riche et intéressant.

Bonne lecture.
Lien : http://lecture42.blog/luna-f..
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La colonisation capitaliste sauvage de la Lune, sous le regard guère innocent de la Terre. Intrigues libertariennes, hommages science-fictifs débridés, justices contractuelles et cocktails glacés. Une passionnante saga.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/04/12/note-de-lecture-la-trilogie-luna-ian-mcdonald/

En quelques grosses dizaines d'années, la Lune est devenue à la fois un eldorado et un enfer. Là-haut, où les dangers guettent à chaque pas, par l'absence d'air et l'absence de pression, où tout se paie comptant, air, eau, carbone et données, cinq empires industriels familiaux se sont créés, en extrayant de la plus-value à partir du travail de toute nature, comme dans les plus belles années des barons voleurs d'Amérique du Nord ou des oligarques russes issus du dépeçage de l'Union soviétique. Les Corta, d'origine brésilienne, contrôlent l'hélium qui sert de combustible aux centrales à fusion de la Terre ; les Mackenzie, leurs ennemis jurés, d'origine australienne, dominent le secteur minier ; les Sun, d'origine chinoise, manipulent l'information et l'informatique ; les Asamoah, qui furent jadis ghanéens, sont les maîtres du vivant ; les Vorontsov, enfin, règnent sur le transport spatial sous toutes ses formes, qui permet à la colonie lunaire de jouer son rôle vital vis-à-vis de la Terre, et d'enrichir comme jamais les dirigeants de cette société – et économie, avant tout – pionnière s'il en est. Ici, les pauvres sont très pauvres, et les riches, très riches – d'une façon subtilement distincte de ce qui prévaut sur la planète-mère -, mais les intrigues y sont d'une beaucoup plus grande sauvagerie encore. Les rivalités exacerbées entre des familles où l'avidité est souvent (très) à fleur de peau provoqueront-t-elles le déclin et la chute de cet empire-là ? Ce sont bien les enjeux centraux (mais pas les seuls) qu'explore avec une maestria étourdissante cette trilogie « Luna ».

Vivant depuis 1965 en Irlande du Nord, le prolifique Britannique Ian McDonald est un fin connaisseur du genre science-fictif, de ses tours comme de ses détours, et nulle part davantage que dans cette trilogie « Luna » (publiée en 2015, 2017 et 2019, et traduite chez nous en 2017, 2018 et 2019 par Gilles Goullet pour Denoël Lunes d'Encre – et désormais Folio SF) il n'a autant rendu hommage à ses prédécesseurs ni multiplié les clins d'oeil, voire les oeufs de Pâques – comme on nomme de plus en plus certains d'entre eux, bien particuliers, sous l'influence des jeux vidéo.

Si le gros de l'hommage, souvent fort joueur, va logiquement au Robert Heinlein de « Révolte sur la Lune » (« La Terre est une maîtresse cruelle » lira-t-on même dans le tome 2, retournant ainsi le titre original anglais du prix Hugo 1967) et au Frank Herbert de « Dune » (quoique peut-être plus encore à celui de David Lynch – à l'image hautement perverse d'un certain personnage-clé dangereusement proche ici de la peinture du baron Vladimir Harkonnen par Kenneth McMillan), d'autres, plus discrets mais éventuellement foisonnants, concernent aussi bien Orson Scott Card (« La stratégie Ender »), C.J. Cherryh (« Cyteen »), Ursula K. le Guin (« Les dépossédés ») avec ce magnifique « La Lune donne souvent naissance à des idées politiques peu orthodoxes », Andy WeirSeul sur Mars ») ou Kim Stanley Robinson (« La trilogie martienne », naturellement, et « New York 2140 », de façon plus insidieuse), mais aussi, de manière parfois plus surprenante encore, William GibsonIdentification des schémas »), Charles StrossAccelerando ») ou le duo James S.A. Corey (« The Expanse »).

Au-delà de cette parfaite inscription dans le continuum collectif de la science-fiction (dont témoigne aussi la floraison de néologismes créatifs pour témoigner de réalités matérielles mises en place ici), la trilogie « Luna » constitue un remarquable (et passionnant) témoignage renforcé de l'intérêt porté par Ian McDonald, depuis fort longtemps, aux économies émergentes de la Terre contemporaine – et aux sociétés qu'elles façonnent ou refaçonnent -, que ce soit l'Inde (« le fleuve des dieux » et « La petite déesse »), le Brésil (« Brasyl ») ou l'Afrique de l'Est (« Chaga », « Kirinya » et « Tendéléo »). À ce titre, la trilogie « Luna » confronte avec une puissance indéniable les racines avides du capitalisme des barons voleurs (on songera certainement ainsi au Valerio Evangelisti de « Anthracite » ou de « Briseurs de grève ») et l'ordo-libéralisme contemporain, débridé uniquement du côté des affaires, tel que l'affectionnent les ultra-riches libertariens de l'économie numérique et du capitalisme de surveillance, analysé par Shoshana Zuboff. Les méandres de l'économie lunaire que nous décrit, dans tous leurs interstices, Ian McDonald, prennent alors l'allure précieuse d'un véritable traité western de développement industriel et financier foncièrement inégalitaire, à la pointe de l'énergie déployée, de l'absence de scrupules et du six-coups plus ou moins métaphorique.

La trilogie « Luna » baigne dans un superbe réalisme du vide et de l'absence, celui de ce caillou désolé créateur de fortunes inimaginables. Elle est aussi irriguée par les caractéristiques bien contemporaines du séparatisme des ultra-riches, de leurs mode de vie et de leurs habitus (dans lesquels cocktails pointus et fashion vintage facilitée par les imprimantes 3D tiennent la part de choix de cette futilité revendiquée, ici et maintenant comme là-haut et demain), comme de leurs fantasmes libertariens pleinement déployés (actualisant ainsi en beauté les heurs et malheurs de la geste heinleinienne).

Entre vendettas et guerres privées, entre invention permanente d'un cadre juridique différent et prégnance d'univers corporate soigneusement décalés (la magnifique phrase : « On a été envahis par des cadres moyens »), entre parkour, urbex et saudade, entre création de vocabulaire et création de coutumes en un beau travail d'anthropologie imaginaire, Ian McDonald propose avec un immense brio sa propre version d'une lutte des classes qui ne veut pas disparaître, bien au contraire, ou plutôt d'une friction sauvage entre formes collectives et formes individuelles. Comme chez Kim Stanley Robinson (même si la « Trilogie Martienne » développe une présence beaucoup plus puissante, comme souvent chez l'auteur californien, de la communauté scientifique en tant que telle – que l'on ne retrouve ici que tardivement, dans le troisième volume, et à nouveau sous une forme largement entrepreneuriale), comme chez James S.A. Corey (même si « The Expanse » propose une géopolitique spatiale au fond plus « classique » et une importance des militaires « professionnels » plus significative qu'ici), il s'agit bien de tordre une forme science-fictive ou littéraire plus ancienne (le récit de colonisation, la saga familiale aux composantes mafieuses ou la geste de révoltés) pour l'hybrider et lui donner un rôle d'exploration plus décisif de certains possibles à venir et de certains présents mal masqués. Et c'est ainsi que la science-fiction est grande.
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Dallas dans l'espaaace !
Avec Nouvelle Lune, on plonge au milieu de querelles de pouvoir, de bras de fer politiques, de complots, de vengeances, de ragots et tout ce qui fait le charme des sagas familiales au long cours.
La comparaison faite avec le Trône de Fer en 4eme de couverture est pertinente, la Lune étant un nid de vipères comparable à Port Réal.
L'univers lunaire décrit est totalement plausible et captivant. Ian McDonald aborde bon nombre de sujets de société pour nous présenter les us et coutumes de ce monde : religion, sexe, politique, justice, science, écologie, industrie... La Lune est âpre et sans pitié, ce qui lui donne un petit côté Far West.
Il a aussi fait le choix de partager la Lune entre 5 familles, et non entre des pays. Les riches entrepreneurs Russes, Coréens, Brésiliens, Australiens et Ghanéens sont les gagnants de cette nouvelle ruée vers l'or. Original. J'imagine que l'absence d'européens et d'américains est un pied de nez volontaire de l'auteur, mais est-ce crédible à l'heure où Bezos et Musk font la course à l'espace ? C'est un détail, mais ça m'a fait tiquer.
Bref, tout ce monde (et ils sont nombreux) s'oppose pour l'amour, la gloire, la beauté, l'argent, le pouvoir durant 550 pages haletantes et un final en apothéose. le rythme est bon, et malgré l'absence de vrai fil rouge (cette histoire de tentative d'assassinat du début n'apparait finalement qu'en pointillé au cours du livre), je ne me suis pas ennuyé une seule seconde et je compte même enchaîner immédiatement avec le tome 2.
La recette de ce type de saga familiale est certes connue mais reste ici efficace, surtout grâce à un univers captivant et superbement mis en scène par l'auteur. La suite, et vite !
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Alors que le tome 2 était sur le point de paraître en poche début mars, je me suis dit qu'il était temps de me lancer dans la lecture du premier tome. Ce premier roman d'une trilogie est vendu en quatrième de couverture comme un "Game of throne" sur la Lune ; personnellement la comparaison avec la fameuse série télévisée ne me motivait pas spécialement, ne l'ayant toujours pas vue. Par contre, la Lune ça me plaît bien. Pas autant que Mars, certes, mais la colonisation de la Lune change un peu de celle, récurrente, de la planète rouge.

Et de fait, la vie sur la Lune telle qu'elle est ici décrite est tout à fait intéressante, imaginée de façon assez réaliste avec ses contraintes (rayonnements dangereux, rareté de l'eau et de l'oxygène, faible gravité…) et ses possibilités (la vie sous terre – enfin, sous lune -, l'exploitation minière de ce nouvel eldorado), agrémentée de quelques technologies futuristes. Mais ce dernier aspect est secondaire tant ce qui domine, c'est la nature humaine qui, qu'on soit sur Terre ou sur la Lune, en 2021 ou en 2103, pousse chacun à vouloir dominer les autres. C'est donc à une histoire très classique, de lutte de pouvoir et d'influence entre cinq familles dominant le satellite, que l'on est confronté ici, ce qui ne m'a pas vraiment passionné, mais avec des aspects de science-fiction en bonus et quelques séquences à suspense lunaire, et ça c'est bien !

On y croise beaucoup de personnages, parmi lesquels il serait facile de se perdre sans le bienvenu lexique en début d'ouvrage. le changement de personnages incessant, parfois toutes les pages, n'est par ailleurs pas trop ma tasse de thé pour pouvoir accrocher au récit. Cependant, étonnamment, on s'y retrouve facilement tout au long de l'histoire. L'auteur a ce talent de nous offrir un récit très fluide et de resituer discrètement chaque personnage.

Dommage, le tome 1 ne se suffit pas à lui-même, en s'arrêtant en pleine guerre des familles. Pas sûr pour autant que je lise la suite, en tout cas je ne me suis pas précipité sur le tome 2 arrivé dans ma librairie. Je ne suis pas sûr de vouloir suivre encore ces histoires de vengeance entre familles puissantes (façon "Dallas" ou "Dynastie" plutôt que "Game of throne" je dirais, enfin je ne les ai jamais vues non plus…), même si le contexte lunaire et le talent de l'auteur à nous le décrire ne m'ont pas laissé indifférent.
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Tout un monde à appréhender. Et une kyrielle de personnages. Mais l'effort est finalement récompensé, dans la dernière moitié du livre, quand les chapitres d'introduction laissent peu à peu la place aux intrigues et événements qui vont crescendo. le final appelle à ouvrir au plus vite le tome suivant.
Un mélange de western et de Game of Throne. Il ne m'étonnerait pas que l'on en tire une série TV.
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Et coucou!

Alors tout le monde est dithyrambique (oui ça s'écrit comme ça) avec Luna mais franchement, je ne trouve pas si incroyable que ça.

Pourtant, on a tout pour faire rêver.
On est sur la Lune (cool).
On a creusé dedans pour y vivre (oh yeah).
5 familles se la disputent (Oh my gad)

Une bataille d'empire sur la lune, j'ai frissonné.

Et blam, on retombe dans les travers de cet auteur.
451354 personnages, 6513548 histoires qui ne cherchent même pas à s'imbriquer. Leur propre langage (parfois on comprend un mot sur deux), 3351 moyens de transport, 4568 villes.

Bref un bordel. Je ne suis même pas sûr que ça soit clair dans la tête de Donald.

A vouloir trop d'histoires, d'intrigues, de personnages, au final ça alourdit énormément.

Alors j'ai quand même mis 3.5 parce que ça reste un bon SF mais devant autant d'éloges, je voulais mettre un petit frein.

Ian, fais plus simple (oui il suit assidûment mes critiques).
Ne tombe pas dans du Kim Stanler Robinson s'il te plaît.

La bise à mon fan club.
Sans vous la vie n'a aucun sens.

A la proxima !!
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