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Sylvie Durastanti (Traducteur)
EAN : 9782757808467
224 pages
Points (24/04/2008)
3.6/5   230 notes
Résumé :
New York, années 80. Un garçon de vingt-quatre ans tente d'oublier son chagrin et sa déception (sa femme vient de le quitter) à l'aide de diverses méthodes éprouvées : l'échec professionnel, la dope, les boîtes. Et la littérature. Entre un défilé de haute couture, une fête ratée et une orgie de coke dans les toilettes de l'Odeon, il lui reste peu de temps pour rassembler ses esprits. Heureusement, le Destin veille au grain...
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Jay McInerney fait partie avec Bret Easton Ellis de cette nouvelle génération d'écrivain Américain, ils sont absolument indissociables l'un de l'autre. Bright Lights, Big City est le premier roman de McInerney et également son premier succès le propulsant d'entrée parmi les écrivains contemporains importants.

Entre sarcasme et cynisme, et aussi avec beaucoup d'humour il dépeint une génération de jeunes New-yorkais désabusés ne sachant ni qui ils sont ni où ils vont si ce n'est en soirée rencontrer d'autres personnes comme eux en quête d'identité. L'alcool et la drogue sont les carburants essentiels à leur survie.

La narration du récit est entièrement à la seconde personne, d'abord surprenant on s'y fait assez rapidement.

Littérature extrêmement disruptive comme moins que zéro de Bret Easton Ellis, cela en explique en partie leur succès fulgurant. On y retrouve la même fraîcheur qu'aux débuts de Bret Easton Ellis, les deux auteurs sont extrêmement proches tant par les sujets abordés que par leur style.

A noter la très bonne traduction de Sylvie Durastanti.



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Bright lights, big city, gone to my baby's head”.
C'est le début de la chanson de Jimmy Reed que tu pourrais chanter sous ta douche le matin, si seulement tu avais le courage de te lever à l'aube, comme les honnêtes gens qui dorment la nuit, eux. Mais tu n'as pas exactement la tête à siffloter, tu aurais plutôt la tête à te la taper contre un mur, après avoir passé cette nuit (et toutes celles d'avant, d'ailleurs), à te cramer les sinus avec ton amie la poudre tonique bolivienne. Tu pries pour qu'une guerre nucléaire ou un tremblement de terre, peu importe, ravage New-York là, tout de suite, pourvu que ça t'évite de devoir te pointer au bureau, au service de vérification des faits du Magazine, ton job alimentaire à toi, le futur nouveau Scott Fitzgerald. Mais pour le moment, tes rêves sont en berne : ton top-model en vogue de femme vient de te larguer, par téléphone, et à 6000km de distance, depuis les bras d'un photographe de mode français. Y a pas à dire, c'est super-élégant comme façon de faire, mais tu n'as même pas le courage de protester. C'est que la perspective des lumières étincelantes de la Grande Ville lui est montée à la tête, à ton Amanda. Voilà que tu piges enfin qu'elle t'a épousé non pas pour tes beaux yeux, mais pour ta capacité à l'extirper de son bled du Kansas et à lui procurer un ticket d'entrée pour New-York, toi le futur grand écrivain. Et d'ailleurs, au fait, tu vas pouvoir t'y consacrer à temps plein, à ta vocation : tu es seul, et tu viens de te faire virer de ton boulot. Mais au lieu de te retirer dans une cellule de moine et d'aligner les mots sur les pages blanches, tu te déconnectes le cerveau et alignes les rails de coke, blanche elle aussi. A toi l'étourdissement dans l'alcool-le sexe-la drogue, cocktail branché de ces années '80, pour oublier le vide et le désenchantement de ce monde de brutes.
Tu n'es pas fier de toi, tu es déprimé. Tu t'enfonces dans une nuit sans fin, de décadence et de superficialité. Tu ne te demandes même pas comment ça va finir, avec ta façon de te tutoyer, de te mettre à distance de toi-même, de t'analyser de l'extérieur. Tu trouves ça original, et tu as raison. Ton sens de l'autodérision, tes histoires de famille, ta déglingue, ça m'écoeure, m'amuse et même me touche. 200 pages rapides, où on te voit toucher le fond avant de peut-être remonter à la surface.
Avec ton air de cousin post-moderne de Gatsby, ton histoire va ouvrir la voie à une nouvelle génération d'écrivains. 200 pages, c'est court, ce n'est pas grand-chose, ce n'est même pas ton autobiographie, et pourtant elles suffisent à montrer ton talent. Tu voulais la gloire ? Tu l'as. Et c'est mérité.
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C'est à une longue déambulation dans la vie d'un jeune homme de 24 ans, paumé, entre un boulot qu'il n'aime pas et la séparation d'avec sa femme qu'il n'arrive pas à surmonter, que nous convie Jay McInerney. Avec l'usage du "tu" par le narrateur, c'est dans l'intimité de cet anti-héros que nous pénétrons, au plus près de ses pensées, témoins effarés de cette lente dégringolade. Dans le New York des années quatre-vingt, entre drogue, soirées alcoolisées, fréquentations délétères et amitiés toxiques et tentatrices, toujours promptes à vous tirer un peu plus vers le bas, le narrateur s'enfonce un peu plus dans la déprime et perd ses illusions......
Paradoxalement, cette perte devient salutaire et nécessaire lui permettant, d'entrevoir une possible rédemption...une lente remontée du gouffre grâce à une femme protectrice et un retour à la réalité, aux attaches familiales qui vont le débarrasser de ses fausses béquilles pour enfin lui permettre de reprendre un début de contrôle de sa vie.

J'ai d'abord été déstabilisée par cette dérive de ce jeune anti-héros, trouvant que le tableau était un peu trop destructeur mais j'ai entrevu, au fil du récit sombre, la lumière vers laquelle cet homme s'accroche pour enfin remonter à la surface. J'ai également apprécié la façon dont Jay McInerney catapulte les évènements et les rencontres, j'ai retrouvé un peu de l'atmosphère de Taxi driver avec la montée en puissance d'une force qui va permettre à cet anti héros de rebondir et reprendre le fil ténu de son destin...
Bright Lights, Big City est un roman générationnel court et trash qui a propulsé l'auteur sur le devant de la scène lui offrant comme à son anti-héros la possibilité d'une rédemption, c'est une lecture borderline qui mène à la lumière au bout du tunnel...alors Bright Lights, Big , un récit autobiographique ?
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Dans la nuit new-yorkaise résonne, sous la houlette de guérilleros en treillis, l'hymne bolivien. C'est le signal que la fête peut commencer, ou simplement reprendre, et que l'espoir demeure, tant que le coeur bat, que le jeune homme dont on suit les virées nocturnes saura trouver une jeune femme pour l'aimer. Ce jeune homme, auquel le narrateur s'adresse en le tutoyant, telle une entité divine moralisatrice ou tout simplement tel un autre moi du personnage principal avec lequel il aurait pris ses distances, travaille à la correction des épreuves dans un journal new-yorkais. Travail de fourmi qui consiste à vérifier chaque information, chaque orthographe, chaque détail précis évoqué dans l'article par le journaliste. Travail absurde, si l'on en juge par le fait que la gloire est toujours réservée aux journalistes, et les ennuis aux correcteurs qui n'auraient pas su déceler les erreurs avant la publication. le service est mené d'une main de fer par Clara Tillinghast, sorte de Kommandantur locale contre laquelle personne n'ose se dresser.

Voilà donc un jeune homme qui fait un travail qu'il n'aime pas dans une ville qui le consume littéralement. Les bars et boîtes de nuit n'ont plus de secret pour lui, pas plus que leurs lieux de commodités, dont l'usage est détourné sans vergogne pour en faire, bien plus que des lieux d'aisance, des lieux de débauche où la petite poudre blanche bolivienne réveille un homme - ou une femme - en même temps qu'elle le détruit. Dans ces virées nocturnes qui ressemblent à de dangereuses embardées, le personnage est accompagné de Tad Allaghash, compagnon de fête sans soucis ni limites, et qui n'a de cesse de rechercher le plaisir là où il est censé se trouver et qui n'a de cesse, par conséquent, de courir toutes les cages où s'enferment les oiseaux de nuit.

Le narrateur - qui n'est pas, ou peut-être l'est-il - le personnage principal porte un regard caustique et désabusé sur la situation de celui-ci. Il use d'un humour noir qui grince et souligne au mieux la déchéance de ce jeune homme de vingt-quatre ans qui aurait juré, lorsqu'il arriva à New York quelques années plus tôt, qu'il allait y bousculer les codes de la société littéraire locale. En effet, le personnage principal se rêvait - et se rêve encore, lorsqu'il parvient à rêver, ou à échapper à la fête et aux petits démons boliviens - en nouvelle figure littéraire. Bien-sûr, il envoya - vainement - quelques nouvelles qui, malgré d'évidentes qualités, ne retinrent pas l'attention du service littéraire de son propre magazine. Certes, une place dans un tel journal est une opportunité et un honneur dont le personnage principal ne s'embarrasse pas de vanter les mérites lorsqu'il s'agit de conquérir - pour une soirée ou une nuit - le coeur d'une femme. Mais dans un travail qui n'a plus de sens, on risque vite de tourner en rond et, si l'on est au milieu d'un océan, même urbain, on risque de s'y noyer.

Pourtant, la situation professionnelle de notre apprenti littérateur est-elle la source de sa plongée dans la drogue, de sa fatigue récurrente et de ses amours passagères ? Certes non. Peu à peu émerge, au milieu des balades fortuites dans Greenwich Village, le fantôme d'une femme : Amanda. Elle n'est pas morte, non. Elle est partie. Rencontrée au Kansas où elle vivait, elle est venue vivre son rêve américain à New York. Très vite, elle est devenue mannequin, et s'est prise au jeu. Un jour, elle a appelé de Paris pour dire qu'elle ne rentrait pas. Et voilà notre jeune personnage principal, perdu dans la faune new-yorkaise, qui la cherche, elle, son visage, son corps (donné à des mannequins de plastique dans les vitrines des magasins de mode), leur vie conjugale, leur amour perdu, dans toutes les soirées que l'on donne au Heartbreak (un nom révélateur) ou au Lizard Lounge Et, à bien y réfléchir, il n'y pas que cela qui ne tourne pas rond. Peut-être faudrait-il encore évoquer le souvenir d'une autre femme, terriblement importante et qui manque terriblement depuis son décès, à savoir sa mère.

Bright lights big city est un roman plus profond qu'il n'y paraît. Il ne s'agit pas simplement d'une descente aux enfers, poudrée de blanc, d'un jeune homme plein de talent et promis à une fructueuse carrière. Non seulement McInerney utilise New York pour évoquer une géographie intime de son personnage principal (l'Etat rural de ses parents est inaccessible ; le Queens est une banlieue où l'on ne se rend que contraint ou inconscient ; Greenwich est le quartier des souvenirs de la vie de couple et des ambitions littéraires ...), mais il laisse transparaître, page après page, le drame personnel d'un jeune homme bien seul, entouré de vacuité (dont Tad Allagash serait la personnification) sous les spotlights de la big city. Bright lights, big city but lonely heart.
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Descente dans la nuit new-yorkaise branchée des années 80.
Lieu privilégié de tous les trafics et tous les excès, New York des paumés, des noceurs, des profiteurs sans scrupules, ambiance des arrière-salles aux lumières tamisées, paradis des noctambules attitrés, repoussoir où tout est détraqué, moche, frelaté et pourtant qui exerce l'irrésistible attirance d'un aimant.
Combien de fois New York de la « Most violent year » à « The Deuce » en passant par "American Gigolo" a-t-elle été décrite depuis ce roman précurseur ?
Le dilemme du narrateur : comment ne pas sombrer dans l'ennui et la déprime quand on a conscience d'être doué et qu'on exerce un travail ingrat sous la houlette d'une hiérarchie exécrable et perverse et qu'on vient de surcroît d'être plaqué sans raison par sa femme, une superbe fille exfiltrée de la lointaine Kansas City  devenue un top model branché ? Qu'est-ce qui peut vous raccrocher à la vie dans une galère  pareille?
Eh bien tout n'est pas si sombre. Quelques personnages restent fréquentables, des collègues compatissants, une amie d'un ami, un frère qui laisse désespérément des messages et lui rappelle la période encore récente de la mort de leur mère. Douleur et Culpabilité.
Ce Journal d'un oiseau de nuit, titre donné initialement à ce court roman s'achève .

On retrouve tout ce qui constituera l'ADN des romans de Jay McInerney, le monde de l'écrit, ici la Presse, le New York branché et factice, des personnages qui cherchent leur chemin dans ce dédale de codes complexes, créatifs mais dévastateurs. La forme est assez originale, le narrateur s'adresse la parole à lui-même, se dit « tu ». Il rend compte de son observation, instaure ainsi de la proximité mais aussi de facto la critique.
Un premier roman d'un auteur qui tiendra ses promesses.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
La perspective de te retrouver vautré sur une bouche d’aération, en compagnie d’autres clodos, t’amène à envisager celle, presque aussi terrifiante, d’aller demander le double de tes clés au concierge. Ce dernier, un Grec énorme, te regarde d’un sale œil depuis que tu as oublié de t’acquitter à la Noël du bakchich escompté, en gnole ou en liquide. Sa femme n’est pas moins impressionnante : des deux, c’est elle qui a la plus grosse moustache.
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Les premières lueurs du jour effleurent les tours du World Trade Center, à l’autre bout de Manhattan. Tu leur tournes le dos et tu marches. Sous l’asphalte usée, on devine par endroits les pavés. Tu songes aux premiers colons hollandais qui foulèrent ce même sol de leurs sabots de bois. Et, avant eux, aux guerriers algonquins qui y traquaient le gibier, silencieux dans leurs mocassins. Tu ne sais trop où tu vas. Tu n’as pas la force de rentrer chez toi. Tu accélères le pas. Si le jour te surprend dans les rues, Dieu sait ce qui arrivera à ton métabolisme.
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[la mère, mourante, à son fils de 24 ans - années '80]
Puis elle te demanda: "Est-ce que les jeunes gens ont besoin de faire l'amour?"
Tu lui demandas ce qu'elle voulait dire par besoin.
"Tu sais parfaitement ce que je veux dire. Je voudrais savoir. Il ne me reste que peu de temps. Et il y a tant et tant de questions que je n'ai jamais cessé de me poser. On m'a élevée dans l'idée que l'amour était une épreuve que les femmes mariées devaient endurer. Il m'a fallu bien longtemps pour surmonter cette idée. Je me suis sentie flouée".
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Tu as toujours rêvé d'écrire. Dans ton esprit, ton boulot au Magazine n'était qu'un premier pas vers la notoriété littéraire. [...] Mais, entre ton travail et ta vie quotidienne, il ne te restait guère de temps libre pour disséquer à loisir tes émotions dans le secret de ton cabinet. [...] Puis ta vie de noctambule devint plus intéressante et plus complexe que prévu. Tu décidas d'accumuler diverses expériences, dans l'idée d'en tirer un roman. Tu courus les cocktails littéraires, cultivant un personnage d'écrivain. Tu aurais voulu être un Dylan Thomas sans la bedaine, Scott Fitzgerald sans la fêlure.
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Des amis dont la voix est le parfait écho de celle de ta conscience. Ces temps derniers, tu a préféré les éviter. Ton âme n'est pas en meilleur état que ton appartement, et avant d'avoir fait un peu de ménage, tu ne tiens pas à y inviter qui que ce soit.
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Bright Lights, Big City (1988) ORIGINAL TRAILER
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