J'ai découvert
Wajdi Mouawad avec Incendies, le deuxième tome sur les quatre du cycle « le Sang des promesses ». Ça m'avait percutée, ébranlée. J'avais trouvé l'histoire de cette pièce de théâtre magistrale et inoubliable. Terrible, tragique, mais inoubliable.
C'est donc avec le souvenir de cette lecture que je me suis lancée, avec enthousiasme et un peu d'angoisse aussi au vu des sujets abordés, dans Forêts, qui constitue le troisième tome de cette quadrilogie.
Loup, jeune adolescente rebelle québécoise de 16 ans, doit démêler l'énigme de son passé familial pour arriver à vivre. « Démêler » est un faible mot dans le cas présent, parce que ledit passé familial est ici bien lourd et terrible.
Loup est la septième et dernière génération d'une famille qu'on découvre au fur et à mesure de la lecture. Chaque protagoniste de l'histoire est présent dans la pièce, et tous parlent et s'adressent les uns aux autres, selon les périodes évoquées. La narration est un peu perturbée et donc perturbante, puisque le récit s'étale sur plusieurs générations et temporalités, le tout s'entremêlant.
Tout comme « Incendies », c'est une histoire terriblement sombre. Loup accompagné d'un paléontologue explore le passé de sa famille et découvre abandons, inceste, guerres, assassinats. Mais dans toute cette noirceur, elle découvre également la vérité, et la preuve qu'il n'y a pas dans sa famille que des abandons mais au contraire des enfants qui ont été sauvés.
Parmi les thèmes abordés par
Wajdi Mouawad, le poids du passé sur le présent, l'importance de la mémoire, l'amour et la haine. Et la fatalité (présences d'oracles dans la pièce), mais qui va de façon assez intéressante à l'inverse de la tragédie grecque : on va plutôt vers la rédemption au lieu de la mort.
Voilà donc une pièce de théâtre intéressante. Mais bien compliquée à comprendre. Il y a beaucoup de personnages qui s'entremêlent, entre présent et passé, plusieurs générations, et ça perturbe la lecture parce qu'on ne sait plus qui est qui, qui a fait quoi. J'ai même dû prendre des notes, un peu comme un arbre généalogique, pour arriver à me souvenir de chaque personnage. Mais c'est une pièce de théâtre, davantage destinée à être vue qu'à être lue. Je suppose qu'à la vue des personnages, l'histoire se met en place plus aisément.
C'est une histoire qu'il faut assimiler, voire relire pour en percevoir toute la force, avec une écriture très poétique malgré la noirceur.
Incendies m'avait, dès le départ, happée, et captivée. Je dirais que Forêts est moins percutant, moins enthousiasmant, moins surprenant et moins poétique qu'Incendies, dans lequel l'émotion était à son comble. Peut-être aussi parce que j'ai été perturbée par le nombre de personnages et de temporalités qui s'entremêlent, laissant moins la place à l'émotion. Mais cela reste une très bonne lecture, très intéressante. Je pense surtout que la performance théâtrale doit être passionnante à voir.