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Sylvain Cardonnel (Traducteur)
EAN : 9782877306416
300 pages
Editions Picquier (25/03/2003)
3.5/5   218 notes
Résumé :
" Et toi, tu sais pourquoi Van Gogh s'est taillé une oreille ? " C'est par cette énigme que Miyashita, le je fragile de l'histoire, va se laisser entraîner dans un autre jeu - qui lui sera fatal - de relations sadomasochistes. Aspiré malgré lui par la recherche vertigineuse du plaisir et des drogues, il ira en un crescendo terrifiant jusqu'au point de non-retour. Ecstasy est le premier volume de la trilogie intitulée par l'auteur Monologues sur le plaisir, la lassit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Je me promène dans la rue, à la recherche d'un bar ouvert, le genre avec vomis sur le trottoir, signe qu'on a le droit de saouler toute sa peine à l'intérieur et à l'extérieur. Fraîcheur hivernale qui me tient éveillée lorsque je pisse contre le réverbère. C'est à ce moment-là qu'un SDF me parle en japonais. N'y prêtant guère attention, je m'enfuis dans le lieu enfumé où les odeurs aigres d'urine débordant des chiottes et de sueur des piliers de comptoir scotchés à leur tabouret me prennent à la gorge. Difficile de respirer, le coeur est comprimé – où est-ce ma putain de vie qui me comprime. Il cogne, dans le corps, dans la tête. Boom, boom, une explosion de tristesse qui largue ses larmes radioactives. Je commande une bière pour commencer, ce ne sera qu'un début, j'ai besoin d'oublier ma vie, cette putain de vie. Je sors le bouquin de ma poche, renverse au passage la boite à cure-dents, finis ma bière.

Mon compte réglé, la gueule minable, impossible de me regarder dans la glace derrière le comptoir, toute l'histoire de ma vie, je sors titubant et croise de nouveau le regard de ce japonais. Et le voilà qu'il reprend contact et me demande d'aller voir une certaine Keiko, en me filant un sachet d'ecstasy. Pour le plaisir. Et crois-moi que l'ecstasy conjugué à la Corona, ça te met en vrac tes pulsions sexuelles, à en déchirer les coutures de ton jean.

Keiko, je repense à elle. Souvent même. Elle a le regard qui pétille, une longue chevelure brune, un cul d'enfer et une chatte qui me donne tant envie de la lécher. Et pendant que je fantasmais sur elle, elle me causait de sa vie, elle me racontait son histoire avec ce SDF et comment elle a conjugué ecstasy et sadomasochisme. Je reste toute ouïe, à défaut d'être de marbre, le gourdin fièrement levé quand ses expériences sexuelles se font de plus en plus crues. L'amour est partout, dans toutes les pratiques, dans tous les consentements, dans tous les trous même. L'amour sans tabou, c'est tout ce que j'ai aimé. A peine le regard posé sur moi, mon regard posé sur elle, j'ai senti cette évidence. Keiko est la femme. Celle d'une vie, celle d'une pratique, la femme exceptionnelle.

Je n'ai pas envie qu'elle arrête son récit, son histoire qu'elle devienne mienne aussi. Je suis comme hypnotisé par son regard, son pouvoir, et sa façon de raconter, avec le sourire s'il vous plait, sa plongée dans le monde SM. Rien qu'à y penser, j'ai encore la gaule, ne fais donc pas la goule de ma crudité, je ne cache rien, ni mes sentiments, ni mes pulsions. Mais comme tout a une fin, aussi triste soit-elle, Keiko se détourne, ferme la porte derrière elle comme elle enverrait un mail. le regard de Keiko s'est enfui, il me reste plus qu'à cracher ma peine et utiliser mon poignet. Et me sentir encore un peu vivant. Tu n'aurais pas un autre cachet d'ecstasy ?

Elle n'est donc pas triste cette putain d'histoire ? Ah ce que je les aime, les sombres histoires de Ryu Murakami. Ce mélange de détresse et de tristesse. Dans un univers glauque, en plus. Toujours au bord du précipice ou du caniveau. Toujours à la limite de l'irrespirable. Avec cette fâcheuse tendance à me projeter moi aussi, dans la vie de ce pauvre type, car au final, je ne suis qu'un pauvre type qui écoute lui aussi Santana en buvant de la Corona.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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Ennuyeux.
Autant j'ai apprécié "Miso soup" et "Love and pop" du même auteur, dont l'écriture plutôt trash dans des oeuvres imprégnées de culture et de vie japonaise détonne, autant celui ci laisse de marbre.

Premier tome de sa trilogie "Monologue sur le plaisir, la lassitude et la mort ", Ecstasy n'est qu'un maestrom de poncifs poussifs surfaits d'une paresse intellectuelle affligeante sur un fond de pseudo érotisme de relations sado-masochistes.
Quitte à vouloir de l'érotique, genre au demeurant honorable, autant en lire un qui se revendique comme tel, et éviter ainsi cette grandiloquence littéraire voulant faire prendre des vessies de fantasmes sexuels pour des lanternes intellectuelles.
L'alibi d'une prose littéraire se voulant transgressive sur trame provocatrice ne tient pas longtemps face à l'accumulation de tous les clichés possibles dans ce roman se voulant exercice novateur.
Bref bien peu d'imagination pour une oeuvre fanée. Reste à espérer que la suite de la trilogie soit d'un autre tonneau.


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Ecstasy
Traduction : Sylvain Cardonnel

"Ecstasy" constitue la première partie des "Monologues sur le plaisir, la lassitude et la mort." Dans les deux livres qui lui font suite, "Melancholia" et "Thanatos" qui vient de sortir en France, on retrouve l'énigmatique personnage de Yazaki, "le Maître."
Je place ici la partie la plus dérangeante de l'oeuvre de cet auteur car, toutes proportions gardées, on peut comparer certains de ses textes à ceux du marquis de Sade avec cette différence que Murakami Ryû en fait une véritable réflexion sociale sur l'influence de l'Occident et surtout de l'Amérique sur le mode de vie japonais.
Du Japon, "Ecstasy" a l'élégance mais aussi la cruauté. Bien que ce livre conte l'histoire d'une déchéance par les drogues et le sexe, rien n'y évoque le galop apocalyptique qui scande par exemple "American Psycho." Tout ici est pesé, lent et solennel : le mot "rituel" y est d'ailleurs souvent utilisé.
Tout commence pour le héros par cette phrase que, dans le quartier du Bowery, lui lance un SDF parlant un japonais impeccable :
"Eh ! toi, tu sais pourquoi Van Gogh s'est coupé l'oreille ?"
Miyashita va alors se lier avec cet étrange clochard qui lui conseille, une fois rentré au Japon, d'appeler un certain numéro de téléphone. Déjà trop attiré par l'Inconnu, Miyashita suit ses directives et rencontre Kataoka Keiko, une femme d'un âge indéterminé mais extrêmement belle, laquelle lui conte une partie de l'histoire du SDF dont il apprend enfin l'identité : Yazaki.
C'est lors de cette rencontre que Miyashita commence à perdre pied. Chez lui, le "Moi", probablement trop fragile, ne rêve plus que de se disperser dans un "Autre" que la prise de drogues comme la cocaïne mais aussi l'ecstasy, encouragée par Kataoka Keiko, morcelle encore plus. Là-dessus se greffe la révélation de sa personnalité masochiste qui n'aspire plus qu'à lécher les pieds de Keiko afin de parvenir à la jouissance. Bref, au gré des descriptions des rituels SM jadis pratiqués par Keiko avec Yazaki et une deuxième partenaire, Reiko (qui ne cessera d'appeler Yazaki "le Maître" pendant l'entretien final que Miyashita aura avec elle à Paris), le héros bascule dans la négation absolue de sa personnalité.
La phase terminale sera son asservissement consenti à un travail de "mulet" pour Keiko et Yazaki puisqu'il acceptera d'avaler des préservatifs bourrés de cocaïne à Paris et de les faire passer au Japon pourvu que Keiko s'occupe personnellement de les lui faire "restituer."
Je ne vous dirai rien de la fin, si ce n'est qu'elle est atroce.
"Ecstasy" constitue d'ailleurs un curieux mélange d'atrocités tranquillement et minutieusement décrites et de réflexions sur le "Moi" et ses tendances suicidaires, le tout nimbé d'une aura de fatalité. Certes, on croit comprendre que Miyashita était prédestiné à ce genre de chute et pourtant ... pourtant n'aurait-il pas pu se maîtriser ? Lui-même, qui est aussi le narrateur de ce roman, note souvent le désir qu'il a de tout laisser tomber, de reprendre le bon chemin. Mais ...
Et c'est ce "mais" qui fait de ce roman, au demeurant écrit sans complaisance aucune dans les scènes sexuelles pourtant hard, une oeuvre dérangeante, à ne pas placer, à mon sens, entre toutes les mains. Jusqu'au bout de cette descente aux Enfers, le lecteur ne sait ce qui l'emporte en lui, de la fascination ou de l'horreur. N'est-il pas en effet un voyeur, aussi coupable en un sens que Keiko et Yazaki - peut-être plus même, qui sait ? ;o)
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J'ai eu l'envie de refermer ce livre à plusieurs reprises tant certaines scènes étaient... peu engageantes...au début. Mais je me suis étonnée devant mon envie de répondre à une question : Pourquoi persiste-t-il à vouloir en savoir plus ? Et, à mon grand étonnement, j'étais prise dans le piège...je voulais savoir moi aussi. J'étais, un peu, comme Miyashita mais les questions n'ont pas eu de réponses. La recherche du plaisir, le pouvoir exercé par Keiko, la descente vers le SM, la drogue, rien n'explique mais tout est dit....vraiment tout et là, Je me suis cramponnée au livre...pour ne pas le lâcher, pour continuer cette lecture pour aller vers une compréhension de cette descente. le soulagement pouvait se lire sur mon visage quand j'ai enfin pu fermer ce livre en l'ayant terminer.
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On sait que lire un roman de Ryu Murukami ne sera pas une lecture reposante. Là, on dirait Transpotting au pays des sadomaso : on tombe dans les instincts les plus pervers et les plus noirs de la nature humaine.

Miyashita, jeune homme fragile à la personnalité influençable, va rencontrer une femme troublante et secrète, qui va l'entrainer peu à peu dans la dépendance à la drogue sous couvert de lui faire découvrir de nouveaux plaisirs. Totalement manipulé, il va peu à peu s'abandonner à des relations sadomasochistes. A travers de jeux sexuels de plus en plus pervers, il va peu à perdre sa lucidité et son libre arbitre, manipulé par des personnes, qui l'utilisent pour leurs propres plaisirs et trafic. ce sera une descente aux enfers sans retour possible.

Il faut avoir le coeur bien accroché pour lire certains passages notamment lors des jeux sexuels de relations sadomasochiste : le besoin d'avilir et d'humiler est parfois difficilement supportable. le plus troublant est la nature perverses du couple de manipulateurs, qui n'ont aucune limite : ils semblent avoir besoin de toujours plus pour trouver du plaisir. La descente aux enfers, accélérée par la drogue est inéluctable on peut comprendre comment certaines personnes un peu fragiles peuvent s'y perdre.
On ne ressort pas indemne : j'avais hâte de finir le livre. Autant Bleu transparent portait un certain message, autant Extasy semble se complaire dans la perversité.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
C’était la première fois que je prenais de la drogue. Je n’avais même jamais fumé de la marijuana. Lorsque les deux lignes de coke pénétrèrent dans mes narines, j’eus l’impression qu’un feu d’artifice froid explosait dans mes sinus. Une sensation glaciale de brûlure, comme on provoque la neige carbonique, une sensation semblable à l’étincelle causant l’explosion initiale dans un moteur. Puis ce fut une impression d’anesthésie dans les muqueuses de mes narines et dans ma gorge qui se propagea bientôt dans tout mon corps. Avale donc une gorgée de bière, dit le singe en riant. Je bus un peu de Corona. Les bulles éclatèrent dans ma bouche comme un violent orage s’abattant sur une terre aride et vinrent stimuler mon œsophage. L’amertume du houblon provoqua bientôt sur mon palais et dans mon estomac une réelle sensation de plaisir. Alors ? demanda le singe. Wouah ! C’est bon ! répondis-je et nous éclatâmes de rire.
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J’ai connu des excitations très fortes, j’ai eu des orgasmes, de gros orgasmes et de petits orgasmes, des orgasmes de souris blanche et des orgasmes de baleine, pour vous donner un point de comparaison. Des orgasmes qui me prenaient la chatte et venaient irradier mon cerveau, d’autres plus légers qui ne faisaient que très légèrement frétiller mon clitoris. Mais je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir épuisé toutes les possibilités. Voilà ce que je venais de comprendre en découvrant ce pauvre type occupé à écouter du Santana, cette musique qui exprime la mélancolie neurasthénique dans laquelle est tombée l’Europe, ce pauvre type incapable de la moindre érection et dont j’avais désiré la bite dans mon con.
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La femme exhibait son cul dans ma direction, se cambrant au maximum et hurlant, s’efforçant de resserrer ou d’offrir ses sphincters, prête à y recevoir une orchidée, des allumettes, un stylo-plume, le goulot d’une bouteille de vin qu’on lui enfonçait profondément puis qu’on la forçait à lécher avant de la rouer de coups de pied pour l’obliger à demander pardon. On lui pissait dessus, on lui enfonçait la pointe d’une chaussure dans le vagin, en la forçant à rire au milieu d’éclats de rire qui fusait autour d’elle. La sueur s’accumulait au creux de ses reins. On lui ordonnait de laisser s’écouler la mouille de sa chatte, le foutre de sa bouche, puis on la badigeonnait de Baby Oil et lui faisait répéter un millier de fois qu’elle avait honte, qu’elle mourait, la chevelure souillée de foutre, les cheveux blanchis par le sperme et son cul qui continuait malgré tout à se cambrer davantage.
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Kataoka Keiko repensa à ce que l’homme lui avait dit. Il avait parlé avec la voix neutre qu’ont les commentateurs sportifs pour décrire un geste de tennis ou un swing de golf : « Noriko, elle est curieusement conformée et son sexe est si profond, si curieusement orienté que lorsque je la pénètre, je n’ai pas l’impression de m’enfoncer en elle mais de glisser sur son cul, sa vulve est si ouverte, si humide, si dégoulinante de mouille que je ne sens pas les parois de son vagin. Comment dire ? Une impression de viande de porc, la chaire d’une truie qui n’aurait jamais rien avalé d’autre que des ignames. Je n’en ressens d’abord pas la consistance bien qu’elle offre quelque résistance. Puis, au bout d’un certain temps, lorsqu’on approche du dénouement, comme si elle passait le turbo, les parois de son vagin se contractent, son corps se vrille et c’est là qu’elle commence à jouir, Noriko. Si j’éjacule avant, j’ai l’impression de pisser dans un égout de la banlieue d’Osaka. Noriko, elle n’est vraiment bonne que lorsqu’elle se vrille comme une authentique hyène errant dans la savane. J’ai fait le compte une fois : elle a joui dix-huit fois.
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Une serveuse qui devait avoir dans la quarantaine, le visage asymétrique, vint prendre la commande. Frank Sinatra, dit l’homme. Je demandai une bière.
- Qu’est-ce qu’un Frank Sinatra ?
- Un mélange de Wild Turkey et de gin Tanguery. On peut aussi mélanger du Canadian Club et de l’Absolute mais ça devient un Gary Cooper. Cognac et Cherry et tu as un Jean Gabin. C’est moi qui les ai tous créés. Et ce sont ces cocktails qui ont le plus de succès dans ce bar.
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