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EAN : 9782848768342
426 pages
Philippe Rey (17/09/2020)
4.13/5   319 notes
Résumé :
Quatrième de couverture:
Rejetée par ses proches, Violet Rue Kerrigan revient sur son passé. Sa faute ? Avoir dénoncé pour meurtre ses grands frères, tortionnaires d'un jeune Africain-Américain. Lors de leur accès de violence raciste, elle avait douze ans.
Dans un récit émouvant, Violet se remémore son enfance en tant que cadette d'une fratrie dysfonctionnelle d'origine irlandaise, durant les années 70 dans l'État de New York. Une famille où la parole ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (70) Voir plus Ajouter une critique
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Je n'ai lu qu'un seul livre de Joyce Carol Oates, un livre qui m'avait projetée dans l'intimité d'un grand malade psychopathe et qui m'avait grandement perturbée, mais dont j'avais aimé la plume. Il était donc logique que je revienne vers elle, sans trop savoir vers lequel de ses nombreux romans je me tournerai (d'autant que je m'en étais noté pas mal). C'est un peu par hasard que j'ai choisi "Ma vie de cafard", le titre et les thèmes associés étant attirants.

Un cafard, outre l'insecte, désigne également une personne qui moucharde ou dénonce. Dans ce roman, il s'agit de Violet Rue, gamine de 12 ans, témoin d'un événement accusant directement deux de ses frères du meurtre d'un jeune afro-américain. Comme le titre et le résumé de la quatrième de couverture l'indiquent, elle va cafarder, entraînant l'arrestation et la condamnation de ces derniers.

L'histoire se déroule en premier lieu à South Niagara, dans l'état de New York. Violet revient sur son enfance et sa vie de famille d'avant le drame, prend le temps de nous présenter chacun des membres : son père, que tout le monde craint et adore ; sa mère, dévouée à son mari et ses enfants mais malheureuse ; ses quatre frères et ses deux soeurs, tous plus âgés qu'elle. Une vie de famille tout ce qu'il y a de plus normale (ou presque), jusqu'à ce fameux jour où Hadrian Johnson se fait agresser et meurt quelques jours après de ses blessures.

Reniée par sa famille pour avoir dénoncé ses frères lors d'un moment de panique et de forte fièvre, Violet est recueillie par une tante et continue à nous raconter son histoire, désormais sa vie de cafard.

Rejet familial, violence, racisme, sexisme, abus sexuels, culpabilité, honte, vont bercer les vingt années qui vont suivre, toujours dans la peur de représailles et toujours avec l'espoir qu'on lui pardonne et qu'on lui demande de revenir...

Joyce Carol Oates nous entraîne dans une histoire sombrement initiatique, dans laquelle on aimerait prendre sous son aile cette gamine complètement perdue et rejetée, qui tente d'avancer et briller pour se faire pardonner, pour rentrer, pour retrouver sa vie d'avant, son insouciance, son enfance. J'ai souffert avec elle et perçu ses moindres ressentis, elle m'a beaucoup touchée.

Et la plume de l'autrice y est pour beaucoup, puisqu'elle sait nous raconter des choses moches de belle manière. Une plume qui a une âme, s'adressant directement au lecteur, lui permettant de s'impliquer dès les premières pages. Une plume sachant décortiquer la complexité des liens familiaux autant que les sentiments et la psychologie des personnages. Une plume qui dégage une certaine aura, rendant l'atmosphère ambiante pas toujours très confortable et pourtant captivante.

Joyce Carol Oates prend le temps de tout installer, les personnages, les lieux, le contexte socio-familial. Son histoire, tragique, ne nous laisse pas indifférents, tout comme ses personnages, fouillés et bien campés, qui nous touchent ou qu'on déteste profondément.

Roman noir, roman iniatique, roman psychologique, "Ma vie de cafard" est tout ça à la fois. Bouleversant, incandescent et intense, tels sont les premiers mots qui me sont venus à l'esprit en le fermant. J'ai beaucoup aimé, vraiment beaucoup aimé.
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Ostracisée.
«Elle avait trahi la famille, voilà le péché impardonnable.»

Jerome Junior et Lionel Kerrigan ont battu à mort un adolescent noir avec une batte de base-ball.
Leur soeur, Violet, 12 ans, a cafardé. Elle doit quitter la maison, aller vivre chez sa tante Irma.
Les années d'attente commencent - «On ne cesse jamais d'espérer parce que, sinon, que reste-t-il?». Violet vit sa vie de cafard. Comme si elle aussi purgeait sa peine.
«Rester en vie. Éviter de me noyer. Tel était le défi.»
Et une fois de plus je suis fascinée par la puissance et la finesse de l'écriture de Joyce Carol Oates, par son génie quand il s'agit d'exprimer la vie des profondeurs dans sa complexité, avec toutes ses contradictions, son ambivalence, ses frémissements, ses bouillonnements, en suggérant l'indicible.
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«  La beauté de la pourriture , une phosphorescence. Une saleté innommable dépassant la compréhension . Certains poissons qui ont d'abord sur la langue un goût délicieux. ......irrésistibles » ....

«  La faiblesse d'une femme: aimer sans condition. Aimer sans douter. .L'amour comme l'air qu'on serait prêt à aspirer au travers d'une paille sale et brisée , à genoux dans la boue, n'importe quoi pour survivre parce qu'on ne peut pas vivre sans l'autre » .....

Deux extraits de ce thriller psychologique si intelligemment mené .

Mais comment fait cette brillante auteure prolifique dont j'ai lu l'autobiographie il y a peu pour se renouveler si puissamment ?

Je remercie ma médiathèque de m'avoir réservé ce récit bouleversant en avant première.
Avec élégance l'auteure interroge la nature des liens familiaux et l'évanescence des sentiments les tissant——-comme la solidarité , l'amour et la loyauté——-
Violet Rue Kerrigan , douze ans, cadette d'une fratrie de sept enfants , préférée de son père , pétrie d'humanité choisissant la vérité et l'éthique au détriment de la solidarité familiale , sans avoir pris conscience tout de suite que sa décision de dénoncer ses deux grands- frères ,Lionel et Jérôme , tortionnaires, arrêtés pour le meurtre d'un jeune Africain - Américain , lors d'un violent accès de racisme ....lui coûterait ...

Les dénoncer fera basculer son existence et celle de cette famille américaine.
.
Un crime racial, avec tous les préjugés historiques influençant ces blancs, ayant l'extrême audace de se faire passer pour des victimes .

Cela lui vaudra d'être exilée chez une soeur de sa mère ,tante Irma , chassée , reniée , rejetée par ses parents , frères et soeurs, brutalement ...
Presque quatorze ans sans les voir......

L'auteure décrit le parcours de cette jeune femme d'origine irlandaise au coeur de l'état de New - York, durant deux décennies , des années 70 à 90.

L' alcoolisme , la parole du père , inflexible, la violence verbale , le racisme , la misogynie cohabitent au sein de cette famille complexe mais soudée jusqu'à ce que Violet fasse tout voler en éclats et provoque l'irréparable.

Avec une élégance rare l'auteure décortique l'ensemble des sentiments qui composent la personnalité de Violet . Elle dresse le tableau des conflits qui agitent la société américaine .

Elle introduit la voix de Violet —- narratrice du récit——le regard porté sur elle- même , ses rencontres et ses proches ,le monde qui l'entoure ce qui rend l'approche psychologique fine, au petit point , des plus passionnantes.

Le lecteur, explorateur se met dans la peau de Violet, l'enfermement qu'elle subit de la part de différents prédateurs, des hommes sûrs d'eux et dominateurs.
Les descriptions des personnages incisives ,au scalpel ,la sociologie dans laquelle baigne Violet Rue , au fil du temps et des événements qui lui arrivent se détachent , en trois parties ,à l'aide de paragraphes assez courts ....


Une histoire cruelle, dérangeante, qui secoue, échos de la violence née du sexisme et du racisme dans la vie de Violet .

Comment trouver en soi la force et les ressources après une enfance , coupée net, sans amour?
C'est un ouvrage attachant , convaincant où la personnalité de Violet dégage des valeurs positives : empathie , sens aigu de la justice, résilience , quête d'émancipation des siens afin de découvrir sa propre identité ...... tout en subissant des douleurs morales extrêmement violentes.

La puissance de la réflexion fascine à propos de cette Amérique tout comme le dur apprentissage de la vie qui amènera Violet à se libérer de l'emprise d'une famille vénéneuse ....

Son rejet du racisme pourrait être le fil rouge du roman jusqu'à l'apaisement grâce à l'amitié d'un ancien condisciple Afro - Américain .

Un livre fort ! 427 pages non pas lues mais dévorées !
Merci à ma médiathèque !
Pas facile de critiquer cette oeuvre tellement riche aux différents sujets—- au coeur d'une intrigue complexe , rondement menée —— abordés avec sensibilité et intelligence !
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Être une petite fille aimée et voir sa vie se fissurer et voler en éclat.

C'est l'histoire de Violet Rue Kerrigan, tourmentée par le doute. Elle a vu ses frères enterrer quelque chose le soir où un jeune Noir a été tabassé à mort. Elle ne témoignera pas, mais les policiers retrouveront l'arme du crime avec des empreintes et des traces de sang. La famille fait bloc autour de ses garçons. Violet est coupable d'avoir trahi et elle sera exilée chez une tante.

Joyce Carol Oates est une grande autrice américaine. Elle a beaucoup de talent pour décortiquer l'enchaînement des événements et plonger dans l'âme humaine pour décrire les émotions ambiguës.

On partage les sentiments de la petite fille rejetée, celle qu'on traite de cafard et qui ne pourra plus jamais revoir sa famille.

On pénètre dans cette ville des États-Unis où les gens du quartier prennent la défense des agresseurs en arguant qu'il s'agit d'un coup monté des racistes anti-blancs…

On suit l'évolution de l'ado vulnérable dont on tentera de profiter et qui aura du mal à accéder à l'âge adulte…

Un excellent roman, mais dans le drame plutôt que dans l'eau de rose.
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Violet Rue est la dernière de la fratrie de sept enfants de la famille Kerrigan.
Ils habitent dans une petite ville de l'État de New-York .

Dans les années 1970, les frères ainés de Violet renversent volontairement un cycliste et le rouent de coups simplement parce qu'il est noir et qu'ils ont bu.
Une fois rentrés chez eux, ils nettoient leur voiture et enterrent sommairement la batte de base ball qui a servi d'arme .
Seulement, ils sont loin de se douter que Violet , 12 ans, les a vus .

Le jeune garçon décède de ses blessures.
L'enquête piétine jusqu'à ce que Violet méchamment poussée par un de ses frères , se blesse et avoue ce qu'elle a vu au principal de son collège .

Bien sûr, les frères sont arrêtés et envoyés en prison .
Mais Violet est bannie de chez elle , rendue responsable de l'arrestation de ses frères et elle est envoyée chez une tante,.
Elle espère pouvoir retrouver son foyer et souffre , elle n'est pas en état d'accepter l'amour de sa tante ou de se faire des amies ...

Ce roman , plutôt poignant, ouvre le débat sur plusieurs points :
le sens critique, d'abord , avec le refus du père, un homme sévère , brutal avec ses enfants, surtout les garçons , de reconnaitre la culpabilité de ses fils même devant les preuves .
Dans la famille Kerrigan, on se sert les coudes et on reste uni avant tout et devant les autres , donc c'est l'effondrement du schéma paternel .

Cela pose également la question du pardon : qui doit pardonner à qui.
Violet, à juste titre pour le lecteur est injustement chassée et attend que ses parents et surtout son père dont elle était jusque là la préférée lui demandent pardon .
Alors que pour sa famille, c'est par elle que le déshonneur est arrivé et que c'est à elle de faire sa contrition .
Les Kerrigan sont catholiques et la religion compte beaucoup, surtout pour la mère .
Les actes de confession sont un passage obligé pour les enfants qui ne perçoivent pas forcément la nature des péchés .
Ça ne vous est pas arrivé d'être dans le confessionnal quand vous étiez petits, je parle de la même époque, années 1970 et de ne pas savoir quoi dire au prêtre, dont l'haleine à travers cette mince paroi ajourée de bois était souvent désagréable...

Bref, Violet, désemparée par ce rejet n'a pas le discernement vis à vis des mauvaises personnes qu'elle rencontre et qui lui font du mal: peur de nouveau d'être mise au pilori , c'est la honte de tellement de femmes violentées qui n'osent pas parler ou qui minimisent les actes.
Ses choix sont souvent mauvais et l'obligent fréquemment à fuir . Ces fuites répétées sont le miroir de sa vie : un labyrinthe pour retrouver l'amour familial .

Hasard de la vie, j'ai regardé peu après ma lecture le film de Jeanne Herry : Et je verrai toujours vos visages .
Un film sur la justice restaurative assez stupéfiant et qui vient en miroir de ce roman parler de colère et d'angoisse, de peur qui colle à la peau des victimes et aussi de la prise de conscience des agresseurs .
On sent tout le travail effectué par chaque personne pour se reconstruire et j'aurai tant désiré la même démarche pour Violet Rue , l'aider , la rassurer et lui offrir une existence plus heureuse !
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critiques presse (1)
LeFigaro
08 octobre 2020
La romancière ajoute une pierre à sa monumentale œuvre fictionnelle sur une Amérique raciste et violente.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
— Les filles n'ont pas de "don naturel" pour les mathématiques. Elles n'ont aucune raison de les apprendre. L'algèbre, en particulier : absolument aucune utilité pour le sexe féminin. J'ai fait part de mon opinion à l'illustre conseil scolaire de notre belle ville, mais mes opinions (informées, objectives) se heurtent à des oreilles sourdes et à des crânes vides. En conséquence, je n'attends rien des filles... J'espère néanmoins un travail médiocre, passable, de toi. Et toi, et toi.

Il adressait un clin d'œil aux filles les plus proches de lui.
Était-ce drôle ? Pourquoi les filles riaient-elles ?
Que les filles n'aient pas de don naturel pour les maths ne semblait une idée révolutionnaire à aucune d'entre nous. Nous trouvions cela très raisonnable. Et certaines (parmi nous) étaient soulagées que notre professeur n'exige pas de nous que nous nous hissions au-dessus de la médiocrité (terme que nous comprenions d'instinct).
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Les parents n’imaginent pas. Ils ne peuvent deviner. La vie (secrète) des enfants, des adolescents. Parce que nous sommes silencieux ou dociles (en apparence), parce que nous sourions quand il le faut et paraissons heureux, parce que nous ne leur causons pas de problème, ils pensent que nos vies intérieures sont paisibles, et non aussi bouillonnantes, tumultueuses et terrifiantes que le Niagara dans sa course vers les Chutes.
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«  Parler distinctement me demandait un effort. Quand vous somnolez, vos paroles ont tendance à devenir inaudibles, indistinctes.
Souvent, des personnages oniriques bizarres se pressaient autour de moi pour m’observer avec un intérêt anormal, tels des piranhas s’approchant de leur proie .Ils écoutaient avec une telle intensité ce que je parvenais à dire, cherchant à déterminer mon état d’éveil et ma capacité à me défendre contre leur attaque, que je perdais souvent le fil de ce que je disais moi- même » ...
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«  Une famille ressemble à un arbre géant.Il peut être gravement atteint , en train de mourir et de pourrir, ses racines restent inextricablement enchevêtrées » .....
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Car Papa traitait différemment ses fils et ses filles. Pour lui, le monde était rigoureusement divisé: hommes, femmes.
L’amour qu’il avait pour mes frères était différent, plus farouche, plus exigeant, un amour mêlé d’impatience, parfois même de dérision; un amour douloureux. Dans mes frères il voyait ses défauts, jusqu’à éprouver parfois de la honte, un besoin de punir. Mais cela s’accompagnait aussi d’un aveuglement, d’un refus de se détacher d’eux.
Ses filles, Papa les adorait. Vous n’auriez jamais dit d’un Kerrigan qu’il « adorait » ses fils.
Nous avions plaisir à lui obéir, nous savourions son attention, son amour. C’était un amour protecteur, une volonté de chérir mais aussi de contrôler, voire de contraindre. Ce n’était pas un désir de « connaître » - de savoir qui nous étions ou pourrions être.
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Vidéo de Joyce Carol Oates
Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
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