Oliver Rathbone peut être fier de sa réussite professionnelle. La reine l'a anobli. La satisfaction est sans orgueil, elle est juste, méritée, en récompense d'un travail accompli honorablement, avec la plus grande droiture.
Alors qu'il est prêt à clore un dossier, il reçoit la visite de la comtesse Zorah Rostova. Accusée de diffamation, elle souhaite l'engager pour sa défense. L'affaire est délicate car elle met en scène la haute aristocratie allemande.
L'attention d'Oliver est partagée. Il écoute l'histoire et admire la comtesse. Cette femme est particulière, éblouissante. Elle se moque des convenances, elle pourrait même paraître vulgaire. Et ses yeux, des yeux de chat, verts, en amande, pétillants d'intelligence et d'ironie, sont fascinants. Il est subjugué.
L'affaire… Elle accuse la princesse Gisela d'avoir assassiné son mari, le prince Friedrich, en l'empoisonnant. Lors d'une partie de chasse sur le domaine de Lord Wellborough, le prince était tombé de cheval. Sa convalescence devait se terminer par une mort suspecte, certainement due à un poison. Ce qui pimente la calomnie, c'est que la comtesse avait eu une relation passionnée avec le prince, avant son mariage. La princesse Gisela lui intente donc un procès pour de scandaleuses médisances et atteinte à son honneur.
Oliver accepte tout en songeant que cela sera difficile et embarrassant. Et ce n'est pas son père qui dirait le contraire. Il souhaiterait que son fils refuse la défense qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur sa carrière.
Aucun indice, aucune suspicion, pour étayer un début d'accusation, seule la conviction d'une femme pour débuter une enquête… c'est très ténu ! Il n'y a qu'une solution, faire appel à Monk.
De son côté, Hester est embauchée pour s'occuper d'un jeune homme infirme. C'est Lady Callandra qui lui a procuré cet emploi d'infirmière particulière dans la demeure du baron Ollenheim. A l'écart de l'enquête, elle n'en est pas moins attentive. Les journaux relatent l'affaire avec gourmandise et dans le microcosme aristocratique, les commérages alimentent les causeries. de plus, les confidences récoltées auprès des Ollenheim, originaires de Felzbourg, peuvent apporter quelques informations utiles à Oliver et Monk. Etrangement, elle a déjà offert sa sympathie à l'une des parties… Monk, ne dit-il pas d'elle qu'elle est « dogmatique et insupportable » ?
Le mobile ? Affaire passionnelle, vengeance, ou crime politique ?
Les Etats allemands se réunifient, on parle de Grande Allemagne, l'Europe évolue, ce qui ne plaît pas à tout le monde. Les enjeux politiques sont colossaux.
Monk quitte le sol anglais pour Venise et Felzbourg. Il n'est pas sûr qu'il reviendra avec des indices, mais cette distance, lui permettra de clarifier certains de ses sentiments…
Septième tome de cette saga, j'ai toujours beaucoup de plaisir à retrouver nos personnages, Hester, Monk et Rathbone. Cette histoire mêle plusieurs sujets ; la politique, l'amour, la haine et la compassion.
La lecture a été moins aisée que les précédentes car elle raconte une toile de fond historique assez développée, avec la situation politique que traverse l'Allemagne en cette époque. J'avais déjà ressenti la même chose en lisant «
Avant la tourmente » qui traitait de l'Irlande. L'enquête a paru plus lente et décousue, moins compacte et palpitante (j'oserai même dire un peu ennuyeuse…).
L'auteur renvoie souvent dans ses livres le lecteur, à des évènements tirés des autres épisodes. Dans celui-ci, Victoria Stanhope, «
Vocation fatale », fait son apparition ; ces instants sont émouvants, car c'est une personne abimée qui parle de douleur, de reconstruction, de courage et de dépassement de soi.
Les crinolines diminuent d'ampleur, les femmes s'affirment un peu plus, elles sont la clé des mystères, à un bal, Monk danse toute une nuit avec une comtesse, il cherche encore ses souvenirs dans ses moindres gestes, Hester paraît plus belle, elle est toujours impertinente, Oliver ne sait plus quoi penser…. nous évoluons dans cette histoire sans déplaisir et je ne vois aucune objection à continuer la suite…