“Le pays de sable” était nommé pour les pépites “fiction junior” du salon jeunesse de Montreuil. Il va vous plonger en Mauritanie dans une longue traversée du désert avec des chamelles et leurs petits. Mais aussi dans la rencontre et les échanges entre un grand-père et son petit-fils que tout semble opposer. Une histoire de passation, d'héritage, d'observation de la nature, de survie, de lien intergénérationnel, de retour aux origines familiales et de sable.
Xavier-Laurent Petit (que je ne connaissais que de réputation) nous offre avec “le pays de sable” un texte magnifique. Il fait se rencontrer deux cultures différentes sans les juger ou prouver que l'une est meilleure que l'autre. Yani se rend compte du confort de sa vie car la vie de chamelier est dure entre dangers et soif constante. Mais auprès de son grand-père il apprend à observer la nature et à voir pour de vrai. La relation entre ces deux hommes et leur apprentissage l'un de l'autre est assez poétique, sans être gnangnan. J'ai beaucoup aimé ce roman.
Bienvenue dans ce pays de sable :
Ce “pays de sable” c'est géographiquement la Mauritanie. Mais c'est bien plus et c'est ce que va découvrir Yani. Il va se rendre compte qu'ici il y a du sable partout. Il est dans la vie des habitants et il faut vivre avec. Par exemple, il faut balayer devant chez soi tous les jours pour que le sable ne s'amoncelle pas. Avec les vents il bouge sans cesse et grignote des bouts de terre, assèche des points d'eau, ensevelit des maisons etc.
A travers cette histoire et le parcours des personnages pour diriger le troupeau de chameaux vers un point d'eau, “le pays de sable” parle d'écologie. Car les personnages se rendent compte, tout comme le lecteur, que ce pays de sable est victime du réchauffement climatique. L'air est de plus en plus chaud par exemple (les températures dépasseront les 50 degrés un matin.)
Une passation d'un art ancestral :
C'est ce que cherche à faire ce grand-père. Il sait que les choses vont se perdre avec lui alors que le métier de chamelier se transmet de génération en génération. Mais il a eu une fille et il a tout fait pour qu'elle parte faire des études et envisage une autre vie que celle de se marier jeune. Yani est son seul descendant.
Il lui raconte alors sa vie, la lecture des étoiles pour s'orienter, le langage des chameaux, l'observation véritable du monde qui nous entoure etc. Yani sait ce qu'est un serpent des sables car il en a vu une image dans un livre mais une fois dans la nature il ne sait pas le repérer. Et ne pas savoir repérer le danger est synonyme de mort dans ce désert aride.
Les personnages de ce “pays de sable” sont touchants :
Yani est un jeune garçon de 10 ans qui a toujours vécu en ville là-bas en France. Découvrir ce monde hostile est une épreuve pour lui. Il apprend la soif et l'apprentissage à la dure par l'expérience. Sa mère lui a raconté que son père utilisait une badine sur elle quand elle ne retenait pas le nom des étoiles. le garçon est terrifié à l'idée d'être frappé.
La mère de Yani est émue de revenir après tout ce temps. Son père lui en veut et elle lui prouve qu'elle n'a rien oublier. Elle est partie à l'étranger, elle y a passé ses dernières années, mais elle n'a pas oublié tout ce que son père a pu lui apprendre. Les gestes sont encore là en elle. Même si elle ne les utilisera pas, son père lui a transmis quelque chose.
Le grand-père est touchant, lui aussi, à sa manière. Il est têtu, un peu abrupte et pourtant si patient quand il explique à Yani. Il veut partager un art ancestral, une tradition, mais il a fait le geste de laisser sa fille vivre une autre vie. Il transmet à ce petit-fils qu'il voit pour la première fois même s'il est plus que probable que Yani n'embrasse pas cette vie. le plus important c'est de passer ce moment ensemble et de transmettre une manière de vivre et de regarder autour de soi.
Le conseil de la bibliothécaire : “Le pays de sable”, nouveau tome de la série “Histoires naturelles”, est à destination des enfants à partir de 9 ans. Mais il est parfaitement adapté pour les plus grands aussi. Et si vous aimez ce genre d'histoire, sachez qu'il en a écrit une autre qui reprend la même trame avec la rencontre entre un enfant et son grand-père qui s'apprivoisent doucement. A la différence qu'elle a lieu dans le froid des steppes Mongole : “
153 jours en hiver”.
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