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EAN : 9782070128624
216 pages
Gallimard (25/03/2010)
5/5   2 notes
Résumé :
«Il faut aussi, mais c'est impossible car incalculable, que je salue ici mon ami Marcelin Pleynet... Après-midi à la revue (Tel Quel, puis L'Infini), conversations de fond, établissement des sommaires et des illustrations, digressions sur tous les sujets, lectures communes, encouragements réciproques. Un enregistrement continu de ces rendez-vous quotidiens (une heure sur Rimbaud, une autre sur Hölderlin, une autre encore sur Giorgione, Piero della Francesca, Cézanne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Chronique d'une convalescence, dans une complicité érudite avec Venise...

Publiée en 2010, cette chronique pensive et poétique est celle de la convalescence, après un grave accident, de Marcelin Pleynet (le célèbre auteur de, entre autres, "Système de la peinture") à Venise en 2008. Lui dont Sollers disait, dans son "Dictionnaire amoureux de Venise" : "Poète et essayiste, a été et reste depuis des années un acteur essentiel des revues Tel Quel et L'Infini, n'a cessé, tout au long de sa vie, de se rendre et de vivre à Venise, dont on trouve maintes traces dans ses écrits."

Tout en nous parlant de Rimbaud, de Marcel Détienne, de Galuppi, de Nietzsche, de Cézanne, d'Ezra Pound ou encore de la pastelliste Rosalba Carriera, Marcelin Pleynet nous enchante de sa vaste érudition et de sa profonde intimité avec la ville.
Quelques brèves notes en passant :
"Je crois en la vertu des étymologies, en dépit des apôtres de l'indigence..."
"Venise est une cité dont il faut savoir prendre en considération les intrigues et dispositions singulières. Je réussis presque immédiatement à y vivre en connaissance de cause, et sans autre enthousiasme que celui d'une invitation chaleureuse et équilibrée... au partage sensuel et musical du temps, très singulièrement fictionnel... Vénitien..."
"Et comme chaque fois, dès la sortie de la gare, même s'ils ne le savent pas, les visiteurs, les passants, marchent sur l'eau... ou quelque chose comme ça."
"Je m'arrête un moment dans l'église... J'écoute une musique sacrée qui est comme l'accomplissement manifeste de la beauté et du sacre des lieux. Un moine franciscain, auprès de qui je m'informe, me dit qu'il s'agit d'une messe de William Byrd. Je suis de toute évidence chez moi..."
Et les mots de la fin pour Nietzsche, cité par Pleynet :
"Cent solitudes profondes conçoivent ensemble l'image de la ville de Venise. C'est son charme. Une image pour les hommes de l'avenir. "
"Et comment pourrais-je supporter d'être un homme, si l'homme n'était pas aussi poète, déchiffreur d'énigme et rédempteur de hasard ?"
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Isabelle Rimbaud ne s’y trompe pas. « Ce serait une erreur de croire que l’auteur d’Une Saison en enfer ait jamais pu se plier aux vulgarités de la vie du commun des mortels. »

Il est vrai qu’elle tient la place de la mère... très absente en cet endroit.

La mère assume la chronologie archaïque naturelle... « Mme Rimbaud n’est pas d’une nature affable et j’aurais lieu de penser que les entretiens projetés, vu surtout du sujet, ne fussent promptement écourtés. »

La soeur préserve l’instant décisif où le temps, le « chronos », se perd.

« Comme compréhension de la morale et du caractère, j’ai peur qu’il ne vous échappe au moins par certain côté, c’est qu’il y a là des subtilités terriblement compliquées », écrit Isabelle Rimbaud à celui qu’elle finira par épouser.

La mère est absente.

« Je te supplie à genoux de bien vouloir m’écrire ou me faire écrire un mot. Je ne vis plus de l’inquiétude où je suis [...] Que n’ai-je donc fait pour que tu me fasses un tel mal ? Si tu es malade au point de ne pas pouvoir m’écrire, il vaut mieux me le faire savoir et je reviendrai... malgré Arthur qui me conjure de ne point le quitter... »

La fille préserve l’instant, elle n’est pas comptable.

Elle écrit à sa mère, quinze jours avant la mort de son frère : « À propos de ta lettre et d’Arthur, ne compte pas sur son argent. Après lui, et les frais mortuaires payés, voyages, etc. Il faut compter que son avoir reviendra à d’autres, je suis absolument décidée à respecter ses volontés et quand même il n’y aurait que moi seule pour les exécuter, son argent et ses affaires iront à qui bon lui semble. Ce que j’ai fait pour lui, ce n’était pas cupidité, c’est parce qu’il est mon frère et abandonné par l’univers entier, je n’ai pas voulu le laisser mourir seul et sans secours ; mais je lui serai fidèle après sa mort comme avant, et ce qu’il m’aura dit de faire de son argent et de ses habits, je le ferai exactement, quand même je devrais en souffrir. Que Dieu m’assiste et toi aussi... »

Isabelle a trente et un ans, elle n’est pas encore mariée. Elle est sans aucun doute, depuis sa naissance, et du lieu même de sa naissance, on ne peut plus proche de Rimbaud...

En 1870, Rimbaud écrit à Georges Izambard : « Ma ville natale est supérieurement idiote entre les petites villes de province. Sur cela voyez-vous, je n’ai pas d’illusion. »

De son côté, Isabelle, en décembre 1896, soit vingt-six ans plus tard, à Paterne Berrichon, son futur mari : « Les gens de Charleville sont grincheux comme leur climat, froids et traîtres comme le brouillard de la Meuse, égoïstes surtout. L’Ardennais est, par tempérament, ennemi de la poésie, non sentie même par ceux qui se piquent de la comprendre. » N’est-ce pas ?

Isabelle est restée fille très tard. Jusqu’à la mort de son frère. Elle épousera alors celui qui semble le plus intelligemment servir à la célébration de l’oeuvre de Rimbaud et des « illuminations », dont elle fut le témoin.

« Éveillé, il [Rimbaud] achève sa vie dans une sorte de rêve continuel, il dit des choses bizarres très doucement d’une voix qui m’enchanterait si elle ne me perçait le coeur. Ce qu’il dit ce sont des rêves — pourtant ce n’est pas la même chose du tout que quand il avait la fièvre. »

Et déjà elle mobilise les témoins : « Comme il murmurait ces choses-là, la soeur m’a dit tout bas : "Il a donc encore perdu connaissance." Mais il a entendu et il est devenu tout rouge, il n’a rien dit. Mais la soeur partie il m’a dit : "On me croit fou, et toi, le crois-tu ?" »

Le lieu, je l’entends bien, est religieux. Pour Isabelle, cette mort est christique... Elle ne renie rien.

« On me croit fou, et toi, le crois-tu ? » — « Non je ne le crois pas, c’est un être immatériel presque et sa pensée s’échappe malgré lui. Quelquefois, il demande aux médecins si eux voient les choses extraordinaires qu’il aperçoit et il leur parle et leur raconte avec douceur, en termes que je ne saurais rendre, ses impressions, les médecins le regardent dans les yeux, ces beaux yeux bleus qui n’ont jamais été si beaux et plus intelligents, et se disent entre eux : "C’est singulier." »

Le différent concorde avec lui-même... C’est « singulier », déclare la faculté.

La scène se passe dans une chambre d’hôpital à Marseille, un jour d’hiver, en 1891. Rimbaud n’a plus qu’une jambe, le moignon le fait horriblement souffrir... Une chambre d’hôpital à Marseille... Les médecins français à la fin du XIXe siècle !... On peut illustrer la scène : un hôpital en France à la fin du XIXe siècle ! « On me croit fou, et toi, le crois-tu ? »

Ce serait une erreur de croire que l’auteur d’Une Saison en enfer a jamais pu se plier aux vulgarités de la vie du commun des mortels.

Isabelle Rimbaud est sans aucun doute une sainte femme.

Lorsque, en octobre 1896, elle écrit : « Jusqu’à sa mort il reste surhumainement bon, et charitable, il recommande les missionnaires de Harar, les pauvres et les serviteurs de là-bas, il distribue son avoir [...] Il demande qu’on prie pour lui et répète à chaque instant Allah Kerim, Allah Kerim... Par moment il est voyant, prophète [29], son ouïe acquiert une étrange acuité. »

... A-t-elle lu la lettre que Rimbaud adresse à Georges Izambard le 13 mai 1871... ?

« Je travaille à me rendre Voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s’agit d’arriver à l’inconnu, par le dérèglement de tous les sens. »

Le différent concorde avec lui-même.

Isabelle a-t-elle lu la lettre du 13 mai 1871 ? Elle ne sera publiée qu’en 1912.

« Il est voyant, prophète... » - « Ce n’est pas étourdiment que j’ai dit qu’il est mort comme un saint. Quand il s’est sanctifié, il y a apporté la même ardeur qu’auparavant à tout ce qu’il avait fait. On peut sans crainte faire entrer dans la relation de ses derniers jours, extases, miracles, surnaturel et, merveilleux, on restera toujours au-dessous de la vérité. »

Qui veut savoir que lire Une Saison en enfer et les Illuminations implique aussi ce que manifeste le témoignage d’Isabelle... « On me croit fou... »

« Quant à la religion (et c’est là que j’insiste) s’il fut éclectique pendant longtemps, il est mort catholique pratiquant. » - « On me croit fou... » — On la croit folle.

Elle l’est assez peu. (Et elle est assez lucide et intelligente pour rectifier le témoignage de Mallarmé : « Il s’est opéré vivant de la poésie »)... « Je crois, au contraire, qu’en surface seulement "il s’était opéré vivant de la poésie" — la poésie faisait partie de sa nature et que c’est un prodige de volonté et pour des raisons supérieures qu’il se contraignait à demeurer indifférent à la littérature, mais comment m’expliquer ? Il pensait toujours dans le style des Illuminations, avec en plus quelque chose d’infiniment attendri et une sorte d’exaltation mystique, et toujours il voyait des choses merveilleuses. Je me suis aperçue de la vérité très tard, quand il n’a plus eu la force de se contraindre. »

Il faut aussi entendre Isabelle, si l’on veut aborder Rimbaud.

Ce qu’elle écrit de Mme Rimbaud, sa mère, témoigne de son engagement : « Mme Rimbaud vit et se porte fort bien. Ce n’est pas seulement la littérature d’Arthur qu’elle déteste, c’est tout oeuvre de lettres et de science... Bien que placés en évidence pendant des années, je doute qu’elle ait lu les livres d’Arthur parce que, vu leur style et leur esprit, elle les aurait eu en exécration... et si je ne me trompe [elle] ne s’en occuperait, par hasard et revirement subit, que pour, en un moment de décisive énergie, anéantir tout, oeuvre et commentaires. »

Et, comme son frère Arthur, elle ne fait pas davantage confiance aux « gens de lettres » : « Ces messieurs sont donc de simples industriels qui trafiquent de l’esprit des autres, et dont les procédés sont assez répugnants. »

Celle qui, à juste titre, sanctifie Rimbaud, s’explique, aussi clairement que possible, sur l’aveuglement général quant au martyre du poète « sa vie jusqu’à la fin a été... une épopée vécue — et le poème le plus noble et le plus saint »).

Quant au martyre sanctifié du poète et au miracle de l’oeuvre, elle sait que « rien absolument rien ne serait de nature à éveiller la curiosité du public... Les gens capables de saisir les beautés de ces oeuvres les possédant déjà... La vulgarisation de ces poèmes ne pouvant qu’être nuisible à l’auteur ».

À cette même date, apprenant que ses tableaux commencent à se vendre à une clientèle américaine, Cézanne déclare : « Ces gens-là préparent un mauvais coup. »

Quelques années plus tard, en 1907, Paterne Berrichon, répondant à une enquête de Charles Maurice [30], déclare de Cézanne, dans le Mercure de France : « Je vois dans son art, ce que fut Rimbaud dans la littérature, une mine inépuisable de diamants. »

Pour Cézanne et pour Rimbaud, c’est fait.

Non seulement Isabelle, la soeur de Rimbaud, ne doute pas de ce que produit la vulgarisation de l’oeuvre de Rimbaud, mais elle partage très évidemment avec son frère ce qui justifie ses réserves : « Quand on est de bonne foi et point naïf, quelques observations faites au milieu de la société qu’on eût voulu régénérer établissent bientôt le néant de telles utopies ; on découvre très vite que les peuples ne sont pas murs pour le nivellement social, l’émancipation est impossible parce que, à côté d’un homme intelligent et loyal, il y a au moins dix imbéciles et cent fripons. L’asservissement général est indispensable pour contenir ce torrent de brutes aux appétits déchaînés. De la part de ceux qui ne se sentent pas la vocation d’esclaves, il serait absurde de se révolter par le fait ou par la parole, en ce faisant ils retarderaient plutôt l’évolution, voire l’affranchissement qui, s’il doit arriver jamais, même d’une façon relative, viendra naturellement de lui-même...
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[1er novembre 2007]

[...] L’accident. Le mouvement accidentel, toujours heureux... L’instant qui balance et se tient debout.

Ce que je retiens de l’accident du 17 octobre 2004... (prostatectomie radicale)... L’instant est une chambre d’échos.

On veut qu’Ezra Pound ait assumé je ne sais quelle culpabilité après son enfermement de treize ans à la clinique Sainte-Élisabeth... cf. Le mutisme de Pound !

Et non.
Il abandonne l’Amérique (« toute l’Amérique est un asile de fous »), et il renverse l’histoire en regagnant l’Europe sur le Christophe Colomb.

Le mutisme de Pound... est lié à une même prostatectomie radicale, en 1963... Violente réaction... On ne fait pas plus violent... Il a soixante-dix-huit ans... éradiqué... jusqu’à la racine.

Quelle violence ?

Plus violent encore, je me sauve... Une affaire de vocation... Le savoir-vivre... je l’ai noté, le 1er novembre 2004, fête de la Toussaint...

Tous les saints, aujourd’hui même, ce 1er novembre 2007, tous les saints noms qui m’accompagnent : « Si nous aimons la vie, disent-ils, ce n’est pas parce que nous avons l’habitude de vivre, c’est parce que nous avons l’habitude d’aimer. »

Il faut savoir sortir du temps ou y entrer. 2004 avant... 4 --- 1004 — 2004 — 3004... Avant et après qui ? J’y reviendrai.

J’y reviens aujourd’hui riva degli Ogni Santi... (tous les saints...)

Là où nous entendons parler les oiseaux d’autrefois... Je ne me demande plus où ils sont. Ils furent dans le monde. Ils peuvent y revenir. Ils ne sont maintenant qu’un peu plus cachés.

Je ne me demande plus ce qu’ils sont. Je les ai vus. Je les ai connus et reconnus, d’instinct.
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Nous débarquons.
Nous marchons jusqu'à la grotte...un trou.
Saint Jean , le disciple bien - aimé de Jésus, aurait écrit dans ce coin . Est - ce vraisemblable ...?
Nous obéissons à notre émotion.

Nous rembarquons.Je suis sans pensée.

Je reste sur le pontune partie de la nuit.C'est plein de lumières...Le ciel est percé d'étoiles qui suivent, dans le sillage du bateau.

Dans le silence , rien.Une seule question : Qu'est - ce qu'un livre ? J'y suis encore.

Obscure la mer n'a pas de bord...Ton corps roule comme un bateau dans la somnolence des vagues...
Un livre tient un livre.Ce n'est pas un livre.C'est comme un livre...
J'y suis encore.

p.67
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Les révolutions ne rendent personne plus heureux ; l’esclavage change de forme, voilà tout, mais il dure toujours parce qu’il est nécessaire et aussi inéluctable que la sottise, la méchanceté, ou l’intrigue. »

C’est un esprit émancipé qui manifeste la sainteté du poète et le cheminement de sa pensée.

On peut être assuré qu’Isabelle a au moins passé les dix premières années de sa vie en compagnie de son frère Arthur.

Lorsqu’elle a dix ans, il en a seize. Lorsqu’en juillet 1873 Rimbaud écrit Une Saison en enfer, Isabelle n’est plus une enfant, elle a treize ans... En juillet 1875, elle accompagne sa mère et sa soeur Vitalie... elles passeront quelques jours à Paris en compagnie de Rimbaud... Elle a quinze ans.

Peu importe au demeurant... Frère et soeur... l’amour est d’une autre nature... Rimbaud est d’une autre nature... et c’est ce dont elle témoigne...

On me croit fou, et toi... ?

Marcelin Pleynet, Chronique vénitienne, Gallimard, coll. L’infini, 2010, p. 25-34.
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Édouard Manet (1832-1883) : Nuits magnétiques par Jean Daive (1983 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 8 juin 1983. Peinture : Édouard Manet, "Autoportrait à la palette", 1879. Par Jean Daive. Réalisation Pamela Doussaud. Avec Philippe Lacoue-Labarthe (critique, philosophe, écrivain), Dominique Fourcade (écrivain), Marcelin Pleynet (écrivain, critique d'art), Jean-Pierre Bertrand (artiste peintre), Joerg Ortner (graveur, peintre), Jean-Michel Alberola (artiste), Constantin Byzantios (peintre), Isabelle Monod-Fontaine (conservatrice au musée Georges Pompidou) et Françoise Cachin (conservatrice au musée d'Orsay). Lectures de Jean Daive. Édouard Manet, né le 23 janvier 1832 à Paris et mort le 30 avril 1883 dans la même ville, est un peintre et graveur français majeur de la fin du XIXe siècle. Précurseur de la peinture moderne qu'il affranchit de l'académisme, Édouard Manet est à tort considéré comme l'un des pères de l'impressionnisme : il s'en distingue en effet par une facture soucieuse du réel qui n'utilise pas (ou peu) les nouvelles techniques de la couleur et le traitement particulier de la lumière. Il s'en rapproche cependant par certains thèmes récurrents comme les portraits, les paysages marins, la vie parisienne ou encore les natures mortes, tout en peignant de façon personnelle, dans une première période, des scènes de genre : sujets espagnols notamment d'après Vélasquez et odalisques d'après Le Titien. Il refuse de suivre des études de droit et il échoue à la carrière d'officier de marine militaire. Le jeune Manet entre en 1850 à l'atelier du peintre Thomas Couture où il effectue sa formation de peintre, le quittant en 1856. En 1860, il présente ses premières toiles, parmi lesquelles le "Portrait de M. et Mme Auguste Manet". Ses tableaux suivants, "Lola de Valence", "La Femme veuve", "Combat de taureau", "Le Déjeuner sur l'herbe" ou "Olympia", font scandale. Manet est rejeté des expositions officielles, et joue un rôle de premier plan dans la « bohème élégante ». Il y fréquente des artistes qui l'admirent comme Henri Fantin-Latour ou Edgar Degas et des hommes de lettres comme le poète Charles Baudelaire ou le romancier Émile Zola dont il peint un portrait : "Portrait d'Émile Zola". Zola a pris activement la défense du peintre au moment où la presse et les critiques s'acharnaient sur "Olympia". À cette époque, il peint "Le Joueur de fifre" (1866), le sujet historique de "L'Exécution de Maximilien" (1867) inspiré de la gravure de Francisco de Goya. Son œuvre comprend des marines comme "Clair de lune sur le port de Boulogne" (1869) ou des courses : "Les Courses à Longchamp" en 1864 qui valent au peintre un début de reconnaissance. Après la guerre franco-allemande de 1870 à laquelle il participe, Manet soutient les impressionnistes parmi lesquels il a des amis proches comme Claude Monet, Auguste Renoir ou Berthe Morisot qui devient sa belle-sœur et dont sera remarqué le célèbre portrait, parmi ceux qu'il fera d'elle, "Berthe Morisot au bouquet de violettes" (1872). À leur contact, il délaisse en partie la peinture d'atelier pour la peinture en plein air à Argenteuil et Gennevilliers, où il possède une maison. Sa palette s'éclaircit comme en témoigne "Argenteuil" de 1874. Il conserve cependant son approche personnelle faite de composition soignée et soucieuse du réel, et continue à peindre de nombreux sujets, en particulier des lieux de loisirs comme "Au Café" (1878), "La Serveuse de Bocks" (1879) et sa dernière grande toile, "Un bar aux Folies Bergère" (1881-1882), mais aussi le monde des humbles avec "Paveurs de la Rue Mosnier" ou des autoportraits ("Autoportrait à la palette", 1879). Manet parvient à donner des lettres de noblesse aux natures mortes, genre qui occupait jusque-là dans la peinture une place décorative, secondaire. Vers la fin de sa vie (1880-1883) il s'attache à représenter fleurs, fruits et légumes en leur appliquant des accords de couleur dissonants, à l'époque où la couleur pure mourait, ce qu'André Malraux est un des premiers à souligner dans "Les Voix du silence". Le plus représentatif de cette évolution est "L'Asperge" qui témoigne de sa faculté à dépasser toutes les conventions. Manet multiplie aussi les portraits de femmes ("Nana", "La Blonde aux seins nus", "Berthe Morisot") ou d'hommes qui font partie de son entourage (Stéphane Mallarmé, Théodore Duret, Georges Clemenceau, Marcellin Desboutin, Émile Zola, Henri Rochefort).
Sources : France Culture et Wikipédia
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