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EAN : 9782070405459
139 pages
Gallimard (02/10/1998)
3.42/5   18 notes
Résumé :
" L'autobus vert est arrivé, celui qui va à la Bastille, s'arrête au Père-Lachaise, a son terminus place Gambetta. L'homme monte, après un moment d'hésitation. Les portes en accordéon se referment. Il disparaît parmi les passagers, avec un singulier sourire, comme s'il voulait, lui dont je jurerais qu'il ne possède rien, se faire du premier venu un ami avant de le quitter, ce sourire en retrait de ceux qui partent, sont déjà ailleurs, un sourire dont j'aimerais croi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
JB Pontalis a décidé de raconter des histoires et de raconter sa vie. Ce double programme n'en forme qu'un seul même s'il prend bien soin de préciser lui-même dans son récit qu'il ne racontera pas une vie.

Le héros de ce texte se nomme Julien Beaune et porte les initiales de Jean-Bertrand Pontalis. Dans son prologue, le narrateur annonce qu'après avoir perdu de vue un homme croisé régulièrement au Café de l'Oubli, il va se mettre à raconter l'histoire d'un homme qu'il aurait réellement connu et à qui il donnerait le nom de Julien Beaune. La plus grosse partie du texte est ensuite consacré à la vie de Julien Beaune. Dans la partie finale, le narrateur reprend la parole et raconte sa relation avec Julien Beaune avec qui il lui arrivait de prendre un verre au Café de l'Oubli et qui a maintenant disparu.

Dans ce récit circulaire vertigineux, Pontalis excelle à nous emmener dans sa plongée en lui-même et dans sa mémoire. Une vie prend sens quand on la raconte, ou plutôt quand on en raconte plusieurs car il faut qu'il y ait plusieurs vies pour qu'en fin de compte il y en ait une. Pontalis construit ces biographies par fragments parce que rendre compte d'une totalité est impossible. le récit se déroule sans temporalité claire. On passe d'une période à une autre sans indication de chronologie.

On retrouve dans ce texte les thèmes habituels de Pontalis : les relations avec la mère faites d'incommunicabilité, la glorification du père, l'inconsistance de l'être, l'attirance vers le vide et l'abandon, la banalité de la vie, l'attachement aux lieux (la mémoire des lieux étant plus forte que celle des mots échangés).

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Voici une critique de Bernard Fauconnier dans le Magazine Littéraire (je n'ai plus l'année) au sujet du livre de Jean-Bertrand PONTALIS "Un homme disparaît", éditions Gallimard :

Au café de l'oubli, peuplé de poètes qui savent que le secret d'une vie s'analyse moins qu'il ne s'abolit dans l'inavoué, dans l'éblouissement fugace de moments volatils... Car l'écriture, les mots, sont la matière qui donne forme à l'inconsistance de toute vie, à "la banalité de la souffrance, la banalité de nos plaintes, l'effroyable banalité au bout du compte de nos existences que nous voulons si singulières". Nous sommes tous des inconnus sur la passerelle d'un autobus.
"Le temps d'apprendre à vivre, il est déjà trop tard" disait Aragon. Toujours la même histoire : "La vraie vie est absente".
Comme si toutes les vies étaient interchangeables dans ce récit unique, mélancolique, où la magie s'habille de l'ordinaire des jours.
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P 37
Elle ne se faisait pas d'illusions la mère. Pas assez. Elle était occupée par quelque chose que Julien ignorait, qu'elle aussi sans doute ignorait. Par quoi donc était-elle occupée?
Julien scrute le visage de sa mère. C'est un visage fermé. Même quand un sourire l'anime, il ne laisse rien entrevoir de ce qui est déposé à l'intérieur, comme dans un coffre fort. Julien n'en a pas la clé. Il ne la trouvera jamais.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je ne m’étais jamais soucié de ma santé ni de mon âge. Mais, depuis quelques temps, je me sentais fatigué, mes nuits étaient interrompues de brusques réveils - et dans ces heures-là la lucidité est féroce. Je m’assoupissais à l’aube, et ne sortais péniblement de ce demi-sommeil que pour maugréer contre l’absurdité du monde et l’inutilité de tout. J’écorchais les noms propres comme si celui de l’un se mêlait à celui de l’autre, les numéros de téléphone les plus familiers m’échappaient comme si le fil qui me reliait à mes amis pouvait à chaque instant se casser. J’avais souvent mal au dos, parfois des quintes de toux, bref je me sentais non pas vieux mais pire vieillissant, inexorablement vieillissant, et j’avais du mal à admettre ce constat d’une progressive défaillance du corps. Ce que je redoutais le plus, c’était de me trouver bientôt incapable d’être sensible à du nouveau, d’être marqué et modifié par de l’inattendu - ou alors ce ne serait qu’en des moments fugaces qui ne laisseraient aucune trace. Mon identité était acquise, je serais réduit à cela, à ce peu de chose qui ne cesserait plus de m’accompagner. De là devait venir ma morosité matinale : cette lassitude amère à me retrouver le même, jour après jour, alors que dans mes nuits riches d’apparitions, d’histoires, d’événements, mes nuits méchamment interrompues, j’avais été mille autres ! La seule idée que j’allais sous peu ressembler à ceux de mes amis plus âgés dont j’avais vu, année après année, les intérêts se rétrécir, l’existence se racornir, le retrait avaricieux sur eux-mêmes s’accentuer à leur insu, cette seule idée me révulsait. On aurait dit qu’ils anticipait un statut futur de momie enserrée dans ses bandelettes afin de s’épargner un processus de décomposition.
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Il pleut. Julien trouve de la douceur à la pluie comme au chagrin quand il cesse d'être douleur pour entrer en convalescence.
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Julien se demande ce que c'est qu'une vie. Peut-être Est-ce seulement quand on la raconte qu'elle prend un sens, acquiert une unité ? Peut-être en faut-il plusieurs pour qu'on au bout du compte il y en ait une ?
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Je ne raconterai pas une vie. Je n'ai aucune idée de ce que peut bien être une vie, la mienne ou de qui que ce soit. Ce seront des fragments, ce ne pourra être que cela.
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