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Jean-Pierre Lefebvre (Traducteur)
EAN : 9782253055600
307 pages
Le Livre de Poche (01/02/1991)
3.81/5   16 notes
Résumé :
Le poète latin Ovide a été exilé aux confins de l'Empire, à Tomes, la "ville de fer", sur la mer Noire. Un de ses disciples entreprend le voyage dans l'espoir de retrouver le manuscrit perdu des Métamorphoses. Ainsi commence une aventure qui le mènera dans un monde où la réalité et le rêve, le passé et le présent s'entrecroisent, mêlant les images du XXème siècle - micros et cinéma, mais aussi camps de concentration - à celles d'un monde romain revisité par la fanta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Quand j'ai entamé la lecture du roman le dernier des mondes, je m'attendais à un roman historique conventionnel, peut-être empreint d'un certain lyrisme. Après tout, on y traite du poète latin Ovide, banni de Rome et exilé sur la mer Noire. Tomes, un coin perdu à l'époque. Constanta, un port relativement important de Roumanie aujourd'hui. Eh bien, si cette partie de l'intrigue concorde, le reste à peu à voir. le roman s'ouvre sur un certain Cotta, un de ses disciples romains, qui veut retrouver le célèbre poète et son manuscrit Les Métamorphoses (et peut-être une autre oeuvre magistrale qu'il aurait pondu depuis son exil). Mais voilà que le pauvre homme bascule dans un univers tout autre. Et le lecteur avec lui. Non seulement il ne trouve pas Ovide mais erre dans Tomes comme K dans le château. Il croise une quantité de personnages étranges, issus de la mythologie (Aracné, Écho, Jason, Orphée, etc.) ou de l'histoire (Pythagore) et dont les aventures reflètent celles des originaux. C'est à peine si Zeus lui-même ne descend pas parmi les mortels ! de plus, les repères spatio-temporels deviennent flous. Quand, après avoir vu les jetées en ruine d'Odessa et les docks brpulés de Sébastopol, les personnages se demandent s'ils vont boire le café chez le Turc, on peut se demander où et quand nous nous situons. Ce type de réalisme magique, il n'est pas mal. Peut-être que, si j'avais su d'emblée que le dernier des mondes relevait de ce type d'oeuvres, je l'aurais mieux apprécié. Mais je m'en suis rendu compte après un petit moment, alors que sa bizarrerie m'avait déjà laissé une drôle d'impression. Il faut dire que, avec un titre pareil, je m'attendais à un roman empreint de nostalgie, plus dans le genre des Mémoires d'Hadrien. Il faut dire que j'en savais l'auteur Christopher Ransmayr capable puisque j'avais lu préalablement un autre bouquin de ses bouquins, Atlas d'un homme inquiet, que j'avais adoré. Mais bon, ce n'est qu'un rendez-vous manqué. Il y en aura d'autres.
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Ce roman de Chtistoph Ransmayr, part du bannissement d'Ovide au bord de la mer Noire en l'année 8 de notre ère. Publius Ovidius Naso était poète, très apprécié pour ses élégies, sa poésie érotique et ses Métamorphoses. Il a été exilé de Rome dans des circonstances mystérieuses, sans procès. A-t-il offensé l'empereur en couchant avec sa soeur ? Était-il impliqué dans une intrigue politique ratée ? Ou ses écrits érotiques ont-ils finalement forcé l'expulsion de la bonne société ? Il existe certainement suffisamment d'ambiguïté historique pour donner à Ransmayr toute la marge de manoeuvre requise ici. Ransmayr décrit la recherche que Cotta (l'ami d'Ovide) aurait pu entreprendre lorsque la nouvelle de la mort du poète est arrivée à Rome. Cotta suit Ovide jusqu'à un avant-poste romain de la mer Noire, Tome (l'actuelle Constanza) - où il découvre Pythagore, le serviteur malade d'Ovide, et les vestiges du passé récent d'Ovide.
Ovide qui a laissé de son séjour dans ces contrées barbares un grand et splendide poème: les Tristes.
Des viticulteurs ont, forts de ce titre, donné à un vin - que je vous recommande si vous aimé les Tokajs hongrois - Lacrima lui Ovidiu.

Mermed
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Sans prononcer un seul mot, d'un simple geste brusque et bref de la main, guère plus que s'il l'avait agitée pour en faire tomber une mouche domestique, Auguste avait interrompu le rapporteur, puis s'était replongé dans la contemplation du rhinocéros. Un bref mouvement de Sa main. C'était suffisant. La cour n'avait pas besoin de longues phrases ni de jugements tout faits. Dans les chancelleries, sur les tables des secrétaires et dans les fichiers des archives, on disposait maintenant d'un signe ; et ce qui manquait encore pour en faire un jugement n'était pas bien difficile à établir. Bien mauvais serviteur de Rome, celui qui n'aurait pas su interpréter un mouvement brusque de Sa main comme un signe de la plus extrême mauvaise humeur, et même de colère.
Et de même que l'image du poète et le contenu de son oeuvre s'étaient frayé un chemin vers le haut, et s'y étaient déformés et métamorphosés, ce signe de l'empereur, le souvenir profondément gravé d'un rapide mouvement de Sa main, reparcourut dans l'autre sens le chemin des médiations et y fut soumis aux mêmes lois de la déformation. La prison, dit quelqu'un dans la salle de conférences, en tendant une main vers la carafe d'eau, trois ans au moins, à Trinita dei Monti, quatre peut-être. Le camp, chuchota quelqu'un d'autre, à Castelvedrano, avec les tailleurs de pierre, en Sicile. Erreur : ce signe n'avait sans doute pas signifié plus qu'une interdiction d'écrire pendant un an : au pis, cessation de versement des droits ; peut-être même, simplement, retrait des facilités de voyage jusqu'à l'automne. Rien qu'un avertissement. [...] un président de séance conclut donc en fin de compte, c'était peu avant la pause de midi, puis dicta à un scribe imperturbable, en présence de deux témoins, qu'après en avoir délibéré un mouvement de Sa main signifait : Pars ! Hors de ma vue. Mais hors de la vue de l'empereur, cela voulait dire au bout du monde. Et le bout du monde, c'était Tomes.
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Un ouragan, c'était donc une nuée d'oiseaux très haut dans la nuit, un essaim blanc qui s'approchait dans un grand bruit et soudain ne fut plus que la crête d'une vague énorme qui bondit sur le bateau. Un ouragan, ce furent les cris et les pleurs dans le noir sous le pont et la puanteur acide des vomissures. Ce chien qui devint fou dans les paquets de mer qui s'abattaient, et déchiquta les tendons d'un marin. L'écume se referma sur la blessure. Un ouragan, ce fut le voyage jusqu'à Tomes.
Bien qu'il chercha même de jour, et en tant d'endroits du bateau de plus en plus éloignés, à s'évader de ce tourment en sombrant dans l'inconscience, ou simplement dans un rêve, Cotta ne trouva le sommeil ni dans la mer Egée, ni après, dans la mer Noire. Quel que fut le moment, dès que son état d'épuisement lui donnait cet espoir, il s'enfonçait de la cire dans les oreilles, nouait une écharpe de laine bleue sur ses yeux, se laissait retomber et comptait ses respirations. Mais la houle le soulevait, comme elle soulevait le bateau et soulevait le monde entier, loin au-dessus des bouillonnements salés de la route écumeuse, gardait tout suspendu le temps d'un battement de coeur, puis laisser retomber le monde, le bateau et l'homme épuisé dans le creux d'une vague, l'insomnie et la peur. Personne ne dormit.
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Cyparis aimait son public. Quand le projecteur, après de longs et pénibles préparatifs, faisait enfin apparaître en proportions gigantesques le visage d'un héros et que le mur de l'abattoir s'ouvrait comme une fenêtre sur des jungles et des déserts, le lilliputien restait tapi dans l'obscurité et observait les visages des spectateurs dans les reflets bleus de l'écran. Parfois il lui semblait reconnaître dans leur mimique muette la puissance inextinguible de ses propres désirs. Cyparis, qui même debout n'arrivait à hauteur de visage que des gens baissés, des culs-de-jatte et des personnes forcées de se mettre à genoux, et pour qui un chien de ferme avait la taille d'un veau, se prenait à rêver, dans cette obscurité, de sveltesse, de haute taille et de grandeur. Il voulait s'élancer comme un arbre. Et Cyparis, qui avait visité tant de villes, qui avait mené son attelage dans des contrées inconnues, par les marais d'altitude et les terres désertiques, bien au-delà de ce que pouvait simplement imaginer un fondeur de fer de Tomes, éprouvait alors tout à la fois le désir de la profondeur de la terre et de la hauteur des nuages, d'un site immuable sous un ciel immuable. Parfois il s'endormait pendant la représentation sur ce genres de désirs et rêvait d'arbres, de cèdres, de peupliers, de cyprès, rêvait qu'il poussait de la mousse qur sa peau dure et abîmée. Puis les ongles de ses doigts de pied éclataient sous la poussée, des racines sortaient de ses jambes torses, s'insinuaient dans le sol, fortes, virulentes, et commençaient à l'attacher de plus en plus profondément dans son site. Les années de sa vie cerclaient son coeur d'un aubier protecteur. Il grandissait.
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Vidéo de Christoph Ransmayr
Tous les romans de notre rentrée littéraire.
De l'influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles, Jean-Michel Guenassia La gloire des maudits, Nicolas d'Estienne d'Orves Les sables de l'Amargosa, Claire Vaye Watkins Sangliers, Aurélien Delsaux Le Courage qu'il faut aux rivières, Emmanuelle Favier La Nuit des enfants qui dansent, Franck Pavloff Bakhita, Véronique Olmi La Vengeance du pardon, Eric-Emmanuel Schmitt La tour abolie, Gérard Mordillat Un dissident, François-Régis de Guenyveau Underground Railroad, Colson Whitehead Le songe du photographe, Patricia Reznikov Vous connaissez peut-être, Joann Sfar Cox ou la course du temps, Christoph Ransmayr Frappe-toi le c?ur, Amélie Nothomb
+ Lire la suite
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues germaniques. Allemand>Romans, contes, nouvelles (879)
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