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Elias Boisjean (Autre)Roméo Bondon (Autre)Charles Gide (Autre)Marie Huot (Autre)
EAN : 9782369354420
238 pages
Le Passager Clandestin (22/04/2021)
4.14/5   7 notes
Résumé :
Souvent réduite à un régime alimentaire ou à la lubie passagère d’une époque déboussolée, la cause animale est de plus en plus médiatisée mais aussi instrumentalisée, récupérée et dépolitisée. Dans cette anthologie, Roméo Bondon et Elias Boisjean explorent ses racines historiques pour mieux souligner le non-sens d’un engagement animaliste qui se passerait d’une remise en cause du capitalisme. Bien avant l’invention du concept d’antispécisme, des hommes et des femmes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Merci à Babelio et aux éditions le passager clandestin pour l'envoi de cet ouvrage en échange d'une chronique honnête.

J'avais vu passer cette publication qui m'intéressait et j'étais donc ravie de pouvoir la sélectionner dans le cadre d'une Masse critique ! Étant donné que je m'intéresse à la fois à la cause animale / l'antispécisme et à l'anti-capitalisme, c'était l'ouvrage parfait pour avoir un aperçu des publications sur le sujet en France à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième. Si je connaissais certain⋅es auteur⋅ices présent⋅es dans le recueil auparavant, comme Louise Michel et Élisée Reclus, c'était seulement de nom et c'était très intéressant de découvrir leurs écrits.

Ce qui m'a le plus surpris dans ces textes, c'est à quel point ils sont encore d'actualité cent, voire cent cinquante ans plus tard. On retrouve des arguments encore tout à fait valables aujourd'hui – ou à présent valables, notamment sur la non-nécessité de consommer des produits d'origine animale depuis que la vitamine B12 peut être synthétisée.

Et même des contre-arguments tels que le fameux « cri de la carotte » qui consiste à reprocher aux personnes qui ne mangent plus d'animaux de ne pas s'inquiéter du sort des plantes alors que « potentiellement », elles souffrent. Louis Rimbault cite Han Ryner qui répond à la perfection à ce faux argument.

Différents sujets de la cause animale sont abordés, qu'il s'agisse de la corrida, de la vivisection ou encore du végétarisme – autant de sujets pour lesquels il est encore nécessaire de se battre aujourd'hui. L'intérêt de ce genre de recueil c'est qu'il rassemble des textes qui se font écho mais aussi qui se complètent, par exemple en terme de genre : on trouve des essais, des pamphlets plus théoriques mais aussi des descriptions extrêmement détaillées d'abattoir (par Léon Tolstoï).

Si j'ai un reproche à faire à ce recueil, c'est qu'il présente plus d'auteurs que d'autrices (seulement quatre sur douze) et qu'en plus les textes de ces dernières sont particulièrement court – il aurait pu être intéressant de viser la parité. Autrement le recueil est très bien fait, avec une préface qui resitue la période et le contexte, mais aussi une présentation de chaque écrivain⋅es avant leurs textes, ce qui est tout à fait bienvenu.

J'ai en tous cas beaucoup accroché à certains textes et je ne manquerai pas de lire plus longuement certain⋅es des auteur⋅ices présenté⋅es ici, notamment Élisée Reclus !
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
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C'est un livre très tranché. Je pense que ça ne correspond pas à quelqu'un qui se questionne encore sur sa consommation de la viande et sur ses pratiques quotidiennes. Cependant, ce livre est très documenté et très bien expliqué, parti par parti. Et apporte des arguments, certes tranchés, mais très réaliste et très bien écrit.

Ce ne serait pas le premier livre que je recommanderai à quelqu'un qui veut réfléchir à la condition animale mais j'ai appréciée ma lecture. Je le recommanderai à pas mal de mes amis déjà au fait sur la condition animale pour étayés leurs propos ! En tout cas je remercie Babelio pour leur envoi suite à la masse critique !
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J'ai lu cette semaine cette anthologie de textes d'auteurs et de militants de la cause animale. Ils / elles étaient anarchistes, libertaires, féministes, néo-malthusiennes, suffragistes, antivivisectionnistes, socialistes défendant la cause ouvrière. Elles / ils connurent le bagne, l'exil, et tous firent le lien entre oppression des humains et celle multimillénaire des animaux, leurs frères en oppression. Dénonçant la chasse, les courses espagnoles (corridas), témoignant des abattoirs, et faisant leur révolution personnelle en renonçant à manger de la chair animale. Depuis que l'humanité s'est dressée sur ses pattes de derrière, tuer pour manger n'est jamais allé de soi. Il y eut aussi bien des cueilleurs que des cannibales. Nous sommes les descendants de ces cueilleurs végétariens, de la tradition pythagoréenne antique, ainsi que d'un courant libertaire socialiste et féministe. " Les végétariens sont une utopie active, l'honneur de l'humanité " dit la philosophe Elizabeth de Fontenay.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Tout concourt, tout conspire à faire de l’animal une chair taillable et torturable à merci : la gourmandise, plus encore que la faim, nous pousse à le sacrifier avec des raffinements de cruauté ; la cupidité nous pousse à le surmener dans son travail ; la sottise à le tourmenter pour en faire un objet d’amusement ; la curiosité scientifique et l’égoïsme à le transformer dans les laboratoires en chair à scalpel et en réactif, lorsqu’il s’agit d’expérimenter les poisons qui convulsent et qui tuent. Et enfin, pour comble, notre lâcheté nous pousse tous les jours à l’abandonner ou à le sacrifier, chaque fois que sa présence nous gêne, nous répugne, ou simplement nous déplaît.
Marie Huot, « Le droit des animaux » dans La Revue socialiste, 1887, p. 83
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Tel que nous la pratiquons aujourd’hui, la domestication témoigne aussi à maints égards d’une véritable régression morale, car, loin d’améliorer les animaux, nous les avons enlaidis, avilis, corrompus. Nous avons pu, il est vrai, par le choix des sujets, augmenter dans l’animal telle ou telle qualité de force, d’adresse, de flair, de vitesse à la course, mais en notre rôle de carnassiers, nous avons eu pour préoccupation capitale d’augmenter les masses de viande et de graisse qui marchent à quatre pieds, de nous donner des magasins de chair ambulante qui se meuvent avec peine du fumier à l’abattoir. Pouvons-nous dire que le cochon vaille mieux que le sanglier ou la peureuse brebis mieux que l’intrépide mouflon ? Le grand art des éleveurs est de châtrer leurs bêtes ou de se procurer des hybrides qui ne peuvent se reproduire. Ils dressent les chevaux « par le mors, le fouet et l’éperon », et se plaignent ensuite de ne pas leur trouver d’initiative intellectuelle. Même quand ils domestiquent les animaux dans les meilleurs conditions, ils diminuent leur force de résistance aux maladies, leur puissance d’accommodation à de nouveaux milieux, en font des êtres artificiels, incapables de vivre spontanément dans la nature libre.
Élisée Reclus, « La grande famille » dans Le Magazine international, 1897, p. 107-108
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J’avoue, pourtant, que je ne suis pas très tranquille. Je connais la charité humaine, et je sais ce qu’elle fait aussi bien de ceux qui s’y livrent que de ceux qui y sont livrés. Ce que je redoute, par-dessus tout, c’est que nous déployions envers les animaux un zèle bien trop anthropomorphiste, et qu’ayant toujours traité les hommes comme des chiens, nous ne songions plus maintenant qu’à traiter les chiens comme des hommes. Pauvres chiens ! Les voilà déjà embrigadés dans la police.
Car c’est notre orgueil de croire que seuls les hommes comptent pour quelque chose dans cet univers où ils sont plus perdus que les fourmis dans une forêt ; et c’est notre manie de tout ramener au type humain, les bêtes, les choses et les dieux, chaque fois que nous vient l’idée de les glorifier ou de les maudire. Ne disons-nous pas d’une bête qu’elle est bien dressée, bien éduquée, si, lui ayant enlevé toutes ses qualités propres, nous sommes enfin parvenus à lui inculquer un peu de notre mentalité ?
Octave Mirbeau, « Sur les animaux » dans Paris-Journal, 1910, p. 190-191
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Hélas, ce n’est que trop vrai ! La science de l’homme n’a pas encore trouvé le moyen d’épargner la chair savoureuse des bêtes, et ses mains sont souillées de la généreuse liqueur de la vie. Mais le temps est un grand maître ; le sein de la terre est toujours fécond, et notre intelligence persévérante quand même. Les jours sont proches où notre constitution sera tellement modifiée que les végétaux pourront former la base de notre nourriture. Notre espèce se rapetisse par le corps et grandit par l’esprit à mesure que la culture élève, embellit, fortifie les plantes et verse dans leurs canaux des sucs plus animalisés. Notre régime est plus végétal que celui des générations qui nous ont précédés, et déjà se discute sérieusement partout l’opportunité de la tempérance parmi les hommes et de la compassion envers les animaux. Toute conception vient à son heure ; celle-ci nous occupe, elle remue l’Angleterre : elle accuse une tendance irrésistible du siècle.
Ernest Cœurderoy, « La corrida de torros en Madrid » dans Jours d’exil tome II, 1853, p. 49-50
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Oui, l’esclavage de l’homme provient de son besoin d’exploiter les animaux pour en avoir le lait, la chair, les œufs, le travail. Pendant des milliers de siècles, l’homme ne consomma pas le lait des animaux ; l’animal qui n’est pas domestiqué n’a du lait que pendant l’allaitement du petit et en quantité juste nécessaire, ce n’est que par la suite d’une lente évolution, par suite d’entraînement voulu que l’homme est parvenu à faire de la vache et de la chèvre une véritable fabrique de lait. L’homme lui-même ne doit consommer du lait que tant que sa dentition n’est pas suffisante pour consommer de la matière solide ; c’est par une véritable aberration que l’homme autant des dents consomme du lait. D’ailleurs plus de la moitié de l’humanité ne consomme pas de laitage et est aussi vigoureuse que l’autre moitié.
Georges Butaud et Sophie Zaïkowska, « L’Homme et les animaux » dans La Vie anarchiste, 1914, p. 207
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