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Patrice Duvic (Préfacier, etc.)Laurent Queyssi (Traducteur)
EAN : 9782915793055
255 pages
Les Moutons Electriques (20/06/2005)
2.7/5   5 notes
Résumé :
Géant et classique incontournable de la littérature américaine en général et de la science fiction en particulier, dont les œuvres sont constamment rééditées et régulièrement adaptées pour le cinéma, voici Philip K. Dick passé au crible d'une étude aussi détaillée qu'accessible, passionnante et pertinente, dont l'auteur n'est autre qu'un grand écrivain contemporain du genre. Kim Stanley Robinson. Philip K. Dick a écrit presque quarante romans de science-fiction, don... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une passionnante lecture des romans de Dick, très littéraire et très politique, par le jeune Kim Stanley Robinson.

Publiée en 1984, et traduite en français en 2005 par Laurent Queyssi aux décidément précieux Moutons Électriques, la thèse de doctorat de littérature de Kim Stanley Robinson sur "Les romans de Philip K. Dick" est à la fois un travail classique, rigoureux, s'en tenant aux textes et à leur insertion littéraire, démythifiant au maximum les scories (folie, drogue,...), souvent entretenues malicieusement, pendant un temps, par Dick lui-même avant son décès en 1982, qui ont longtemps encombré l'analyse de l'oeuvre.

Refusant donc volontairement de s'étendre sur l'aspect biographique et sur les souvenirs d'enfance qui fascineront dix ans plus tard un Emmanuel Carrère, KSR creuse en revanche en profondeur les ambitions littéraires de Dick, à travers tout d'abord un dépouillement minutieux d'une grande partie des archives léguées par la famille (romans non publiés et correspondance, principalement), en cherchant sans relâche le projet littéraire, ou les projets littéraires successifs, qui sont à l'oeuvre dans ses romans (et dans l'ensemble d'entre eux - pas uniquement dans ceux consacrés par les lecteurs ou la critique).

Lui-même élève de Fredric Jameson à l'Université de San Diego, KSR réalise donc une très riche analyse de ces romans, à la fois nourrie de tout le bagage littéraire de Dick, tel qu'il s'exprima d'abord dans ses tentatives d'écriture (7 romans non publiés) hors du champ SF, avec l'admiration pour Proust, Kafka, Joyce, Faulkner ou Dos Passos qui y transparaît, et - très logiquement pour Robinson ! - d'une lecture très politique de l'oeuvre, forte du jeu affirmé d'abord, de la destruction éventuelle ensuite, des "codes" que le soi-disant "âge d'or" campbellien de la SF américaine tentait de "graver dans le marbre" dans les années 50, et que les émules de Cyril M. Kornbluth et de Frederik Pohl, bien avant la "New Wave", tentaient de battre en brèche.

À noter également une riche et intelligente postface de Laurent Queyssi, centrée sur les personnages et les structures narratives utilisées par Dick.

Une lecture sans doute indispensable pour les fans de Philip K. Dick, mais aussi - et peut-être surtout - pour tous ceux que la possibilité continue d'une littérature politique ambitieuse et subtile ne laisse pas indifférents.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
{ PREFACE : Patrice Duvic [fin] }

Dick est désormais l'un des deux ou trois géants de la science-fiction. il a influencé une, si ce n'est deux, générations d'écrivains et transformé le genre en profondeur. Son nom est connu même de ceux qui n'on pas lu une ligne de lui.
Reste une question : à quoi ressemble exactement ce Philip K. Dick élevé au rang de Monstre Sacré ?
Peut-être justement... à un monstre, un de ces hologrammes surdimensionnés et quasi-transparents jouant les oracles d dans les films de science-fiction. On imaginerait bien aussi son portrait par Andy Warhol, multiplié à des centaines de milliers d'exemplaires et tout aussi inquiétant que celui de Mao. Plus proche de Palmer Eldritch dans "Le dieu venu du Centaure" que de Ragle Gumm dans "Le Temps désarticulé" ou de Joe Chip dans "Ubik". Bref, une sorte de démiurge dont les cauchemars auraient peu à peu contaminé notre réalité. Un Dick qui aurait tout prévu, tout annoncé, et de manière irrévocable, un Dick dépouillé de sa dimension humaine, un Dick dépouillé de sa dimension humaine, un Dick qui aurait pu se dispenser d'écrire, fonder une secte et devenir le prophète de la réalité virtuelle, d'un pardais globalis et économiquement performant.
Seulement, tout au long de sa vie Dick n'a cessé d'écrire, de s'interroger, de se remettre en cause, et c'est ce que nous rappelle fort opportunément Kim Stanley Robinson dans son étude approfondie et passionnante sur les romans de l'auteur.
Faisons comme lui. revenons aux textes ! Voyons de plus près ce qu'ils nous racontent, à quelle réflexion ils nous invitent, contre quoi ils nous mettent en garde...
Ne soyons pas des moutons de Panurge, même électriques.

[Kim Stanley ROBINSON, "The Novels of Philip K. Dick" / "Les Romans de Philip K. Dick", 1984 — traduit de l'américain par Laurent Queyssi pour le compte des éditions Les moutons électriques (Lyon), 2005 — page 9]
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{ PREFACE : Patrice Duvic [début] }

Risquons un pronostic : d'ici une vingtaine d'années, peut-être moins, nous pourrons suivre sur nos écrans de télévision, ou ce qui en tiendra lieu, la dernière série à succès, "The Adventures of the Young Philip Dick", où un sympathique adolescent rêvant de devenir un écrivain réaliste, une sorte de Dickens ou de Zola du milieu du XXème siècle, se verra confronté, dans un univers aussi plaisamment rétro qu'exotique, à des nazis venus d'une Amérique parallèle et à d'inquiétants messies, s'apercevra que ses camarades de classe et même ses parents ont été remplacés par des androïdes et parviendra tant bien que mal à échapper à divers glissements de temps et invasions extraterrestres.

Consécration ultime réservée à une toute petite élite, et il n'aurait sans doute pas déplu à Dick de se retrouver en compagnie de collègues comme Conan Doyle, H. G. Wells, Edgar Poe, [H.P. Lovecraft] ou Jules Verne, devenus eux aussi des personnages de leurs propres univers.

[Kim Stanley ROBINSON, "The Novels of Philip K. Dick" / "Les Romans de Philip K. Dick", 1984 — traduit de l'américain par Laurent Queyssi pour le compte des éditions Les moutons électriques (Lyon), 2005 — page 5]
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["SUR LE TERRITOIRE DE MILTON LUMKY" / "IN THE MILTON LUMKY TERRITORY", 1958-1959]

"In Milton Lumky Territory" est le meilleur des romans réalistes de Dick (toujours à l'exception de "Confessions of a Crap artist", où les intrusions [d'éléments fantastiques ou de S.-F.] deviennent l'un des sujets du livre). Cependant "Milton Lumky" étant l'oeuvre réaliste de l'auteur la plus cohérente [...], Dick écrit dans l'avertissement au lecteur : « Il s'agit, en fait, d'un livre très drôle, et d'un bon texte également parce que les choses drôles qui s'y passent arrivent à des personnes réelles qui s'éveillent à la vie. La fin est heureuse. Qu'est-ce qu'un auteur peut dire de plus ? Que peut-il offrir de plus ? »

[Kim Stanley ROBINSON, "The Novels of Philip K. Dick" / "Les Romans de Philip K. Dick", 1984 — traduit de l'américain par Laurent Queyssi pour le compte des éditions Les moutons électriques (Lyon), 2005 — Chapitre 1. LES DEBUTS REALISTES, pages 22-23]
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["LE MAÎTRE DU HAUT CHÂTEAU / "THE MAN IN THE HIGH CASTLE", 1962]

Il fallut au moins un an à Dick pour écrire "Le maître du Haut Château", et comme ce livre était un nouveau départ, il lutta pour lui donner sa forme finale. Parmi les nombreux éléments de la science-fiction, il en choisit un seul, l'uchronie, qui était l'un des rares qu'il n'avait jamais traité encore. Jusqu'alors, il combinait plusieurs éléments dans un même roman, mais dans ce cas, il écarta les scènes qui en auraient ajouté, préférant, par simplicité, ne s'occuper que d'un seul sujet. Dans cette œuvre, Dick associa une caractérisation des personnages soignée et une prose de qualité, déjà utilisées dans ses romans réalistes [...]

[Kim Stanley ROBINSON, "The Novels of Philip K. Dick" / "Les Romans de Philip K. Dick", 1984 — traduit de l'américain par Laurent Queyssi pour le compte des éditions Les moutons électriques (Lyon), 2005 — Chapitre 4. LE BOND EN AVANT, pages 76-77]
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Malgré le côté dystopique incessant de son travail, il ne s'est jamais laissé aller à la tendance facile du pessimisme, à la mode dans certains cercles littéraires qui proclament à la fois l'épuisement de la littérature et la mort de notre civilisation. Des révolutions réussies des premiers romans, jusqu'aux alternatives privées des derniers livres en passant par les fixations du récit des textes du milieu, Dick a cherché des solutions ; comme ses derniers personnages obsessionnels, il a proposé sans cesse à l'individu des nouvelles manières de s'opposer aux aspects dystopiques de notre société. Ce faisant, ses textes menaçaient et corrompaient très fréquemment les traditions de la science-fiction et les valeurs habituelles associées à ses éléments. C'est en cela et dans son orchestration des éléments du genre pour en faire des systèmes de métaphores que Dick est un pionnier de la littérature américaine. Son œuvre a eu une vaste influence sur ses pairs en leur donnant un aperçu des limites du genre. La réussite de Dick et de sa génération d'auteurs est d'avoir attiré vers la science-fiction des nouveaux écrivains qui ne lui ressemblaient pas dans leurs préoccupations, mais qui voient dans le genre des possibilités illimitées.
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Vidéo de Kim Stanley Robinson
RENCONTRE AVEC KIM STANLEY ROBINSON

Romancier et nouvelliste, Kim Stanley Robinson est peut-être le plus jeune de nos Grands Anciens. Son oeuvre magistrale dessine pour l'humanité à venir une carte indispensable des chemins de l'espace Rencontre avec celui qui est allé sur Mars.

Avec Kim Stanley Robinson Modération : Ugo Bellagamba
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