Le Décalogue est une série de bande dessinée, en 11 volumes. Cherchez l'erreur. Chaque tome est scénarisé par
Frank Giroud mais est dessiné par un artiste différent. Il reçoit également en sous-titre un des dix commandements. Par exemple : « Tu ne tueras point ». Ainsi chaque épisode peut se lire indépendamment de tous les autres car il est un prétexte à étudier un des aspects du genre humain : le mensonge, l'adultère, la violence, la jalousie, etc. Pourtant, il existe un fil rouge, très tenu il est vrai : tout tourne autour d'un livre « maudit » intitulé Nahik, dans lequel est développé par Mahomet les fondements d'un Islam pétri d'amour et de non-violence. Quelques questions récurrentes entretiennent l'intérêt. Qui est Alan D., l'auteur de Nahik ? Que représentent les aquarelles de Fernand Desnouettes ? Et quel est le sens de cette omoplate de chameau sur laquelle est gravé le Décalogue et qui est représentée dans le livre ? Une dernière particularité de la série est de remonter le temps, de l'époque contemporaine jusqu'en 622, date de l'Hégire.
Mon volume préféré est le VIIIe tome. Il porte le titre de « Nahik ». Nous sommes sous l'Empire, à un moment critique des campagnes napoléoniennes (1813). Et nous faisons la connaissance de la famille Fleury, vivant auprès d'un frère, Eugène, revenu fou des campagnes d'Egypte. Celui-ci est en proie de visions, et est régulièrement confronté à une omoplate de chameau flottant mystérieusement dans le vide. Hortense Fleury décide, en dépit de la volonté de son frère Hector Nadal, de faire soigner (et non pas incarcérer) l'halluciné.
Très bien documentée, la reconstitution du Paris du début du XIXe est réussie. Tout est restitué avec justesse : les costumes, les uniformes, les coiffures, les décors. Mais est également exacte la restitution du climat intellectuel de l'époque. L'égyptomanie, encouragée par
Vivant-Denon, touche tous les arts, de la peinture à l'opéra, en passant par le mobilier. le goût des antiquités se répand dans la haute bourgeoisie. On écoute Cherubini et Beethoven, le compositeur d'une symphonie dédiée à l'Empereur. Mais surtout, à plusieurs reprises, sont évoqués les débuts de la médecine mentale.
Philippe Pinel tente, à Bicêtre, de traiter les malades mentaux, sans utiliser la violence ou l'enfermement. Et certains pratiquent l'hypnose, bien avant
Freud, pour permettre à ce qu'on n'appelle pas encore l'inconscient d'affleurer. Ce sont les premiers balbutiements de la psychiatrie.