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Patrick Marcel (Traducteur)
EAN : 9782915793062
286 pages
Les Moutons Electriques (06/09/2005)
3.6/5   51 notes
Résumé :
La moitié de son visage était en porcelaine. Assise à son balcon, mâchonnant distraitement les fleurs bleues anémiques qu'elle avait cueillies dans la jardinière de la fenêtre, Som-Som considérait la cour de la Maison sans Horloges. Dépourvu de décorations et circulaire, l'espace reposait sous elle comme un puit sombre et stagnant. Les dalles noires, polies par le passage de nombreux pieds jusqu'à atteindre un lustre impavide, évoquaient davantage une eau tranquille... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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En compagnie de la Guerre des trois rois, L'Hypothèse du lézard est le deuxième opus des ActuSF Graphic sortis à partir de mai 2020. Il s'agit d'une nouvelle d'Alan Moore de 1987, illustrée dans cette édition par Cindy Canévet.

Plongée dans un bordel de Liavek
L'Hypothèse du Lézard est une assez longue nouvelle d'Alan Moore, qu'il a écrite dans le cadre de l'univers nommé « Liavek ». Il s'agit d'une ville de fiction partagée à la fin des années 1980 par de nombreux auteurs (à commencer par Megan Lindholm alias Robin Hobb, mais également Gene Wolfe, Steven Brust, etc.), où la magie est inhérente à la vie quotidienne et où l'ambiance donne à penser qu'on se trouve dans un lieu orientalisant digne de la Renaissance du XVIe siècle. Dans ce contexte potentiellement troublé, Alan Moore nous présente la jeune Som-Som, toute jeune fille (puis femme) venue par sa mère à la fameuse Maison sans Horloges. C'est un lieu de prostitution très renommé à Liavek, car s'y trouvent de nombreuses curiosités (physiques et/ou mentales) attirant des personnes très influentes dans la cité. Une fois présentée la protagoniste, l'auteur passe assez abruptement à ce que Som-Som découvre dans ce lieu étrange, empli de réactions bizarres, d'autant plus mystérieuses pour elle que la spécialité qu'on lui a attribué fausse toute sa réalité. Elle ne peut que très difficilement communiquer (ce qui la rend impropre à relater ce que pourraient lui confier ses clients) ; or, deux comédiens font également partie de la Maison sans Horloges : Foral Yatt et Raura Chin s'aiment, mais ce dernier veut tenter l'aventure de la carrière de comédien public, au risque de perdre son amour.

Bizarre autant qu'étrange
L'ambiance de L'Hypothèse du Lézard est volontairement « malaisante ». La protagoniste ne peut pas transcrire tout ce qui se passe pour des raisons psychomotrices et tout autour d'elle semble être fait d'onirisme et de mystère. Alan Moore aime assez nous perdre, parfois dans des passages qui peuvent apparaître assez floues dans leur description. À l'image de l'ensemble de la nouvelle, la fin pourra décevoir, car elle laisse un peu le lecteur en suspens. C'est d'ailleurs souvent le cas avec Alan Moore : dans ses comics les plus connus (par exemple The Killing Joke sur la relation Batman – le Joker), dans ses romans ou recueils de nouvelles (comme La Voix du Feu), il met en place une ambiance tellement étrange que les repères habituels ne sont pas là, la différenciation entre personnages s'évapore parfois, et il termine sur une fin sans véritable conclusion, nous laissant sur plein d'interprétations possibles. Ici, il ajoute à tout cela un jeu dont il est difficile de saisir l'intérêt : il surnomme l'un des deux comédiens Elle, ce qui, forcément, trouble un brin la dynamique des pronoms. Ce mystère constant qui plane sans trop savoir en quoi il résulte vraiment du genre fantastique (mais ce flou n'est-il pas en soi ce qui tient lieu de « fantastique » chez lui ?) risque de rebuter certains lecteurs.

Travail graphique
L'Hypothèse du Lézard est une nouvelle qui a déjà été publiée, il s'agit donc ici d'une réédition dans une collection portée sur l'adéquation entre le texte et le dessin. le premier opus de la collection ActuSF Graphic, La Guerre des trois rois, mettait cela parfaitement en pratique. Dans le cas de cette nouvelle d'Alan Moore, c'est forcément beaucoup plus compliqué de parler d'un travail entre l'auteur et l'illustratrice. Dès le départ, on peut tout à fait comprendre que publier du Alan Moore est toujours une occasion à saisir, le lecteur peut lire une édition réactualisée d'un écrit peu connu (un peu comme La Voix du Feu, recueil plutôt passé sous le radar). Ici, cela consiste surtout en l'interprétation d'une nouvelle par une jeune dessinatrice, Cindy Canévet. Autant le dire tout de suite, ce n'est pas un vain mot de souligner qu'elle a eu la liberté de très largement illustrer le texte : bien souvent, c'est une page de texte, une page dessinée. Et nous ne sommes pas dans un petit dessin de coin de page, ce sont souvent des planches entières mettant en scène le personnage principal ou l'un de ceux qu'elle rencontre. Ces dessins très (très) nombreux font que nous avons affaire à un véritable carnet de dessins, qui a dû demander un gros travail éditorial pour en insérer autant sans surcharger l'objet, d'autant que certaines phrases de la nouvelle d'Alan Moore sont mises en exergue en parallèle de certains dessins. Ces illustrations sont bien immersives et font vivre différemment cette histoire si particulière.

L'Hypothèse du Lézard est donc un objet ravissant, qui bénéficie d'un graphisme jeune et d'une écriture reconnue, même cette entrée dans le bizarre est toujours particulière quand il s'agit d'Alan Moore.
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Alan Moore a cette capacité de lézarder la raison, la faire vaciller telle la lumière d'une bougie lorsque la mèche d'une chandelle expire. Ses mots se jouent des Sens, déSorientent, enSorcellent.
L'Hypothèse du lézard aurait été un remarquable 9ème Sujet du documentaire « de folie douce » d'ARTE Créative : Dans la tête d'Alan Moore… car c'est à se demander si ce qui s'y passe n'est pas comme l'énigmatique hypothèse du lézard… mais comme on ne peut l'ouvrir on ne peut Savoir s'il y a réellement un lézard à l'intérieur, ou pas…

Cette novella graphique est une deScente en Spirale de la lumière vers les ténèbres, un jeu Subtil de miroirs et de réflexionS, de reflets en opposition de Lui et d'Elle avec Ses S majuScules. Une mise en Scène théâtrale dans une maison close où paSSent les heures au gré des ombres et des lueurs des chandelles, où tout est illusion et trouble de la perception.
La Scène en obsidienne de la Sphérique Maison sans Horloges est le théâtre d'un drame malaisant joué par une « ménagerie d'êtres exotiques », de « raretés animées » qui excellent dans l'apprentissage et la pratique de plaiSirs coupables des plus pervers. L'atmoSphère est onirique, à la fois Sublimée et opreSSante, chargée de Sperme et de Sueur, de Secrets et du Silence du Masque brisé, Spectateur privilégié des activités enSorcellées de l'immense Sphère et de leurs répercuSSions. Mais l'immobilité n'est pas paSSivité, une mue et la métamorphoSe s'opère…
L'hypothèse du lézard est une énigme déStabilisante.

L'intrigue sortie de la tête d'Alan Moore dans les années 80 s'est intégrée dans une anthologie regroupant d'autres textes situés dans un univers de fantasy développé autour de la majestueuse cité portuaire de Liavek, une cité de la chance aux saveurs orientales, et partagé par d'autres auteurs de renom comme Gene Wolf et Megan Lindholm. Sa situation dans un huis-clos permet toutefois à cette novella d'être appréciée, et de prendre judicieusement place, seule, dans une première édition d'ActuSF en 2005 et une deuxième en version graphique en 2020 sous la direction de Jean-Laurent del Socorro. Cette dernière, illustrée d'encre couleur d'obsidienne et par de savants contrastes d'ombres et de lumières par Cindy Canévet, retranscrit brillamment cette atmosphère dérangeante empreinte d'onirisme. le rendu fait de cet ouvrage un livre-objet esthétique et d'une grande qualité éditoriale, qui ne serait pourtant pas grand-chose sans le remarquable travail de traduction de Patrick Marcel. Mes respects, il faut oser aller vérifier si un lézard dort à l'intérieur de la boule, ou pas. On ne sort jamais indemne de la tête d'Alan Moore.

Mes remerciements à ActuSF pour cette dernière MC Mauvaise Genre. SaiSiSSant.
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J'adore les romans graphiques. Je suis une grande fan de la bibliothèque dessinée des éditions des Moutons électriques, et je craque dès que je vois un projet graphique qui sort de l'ordinaire. Je ne pouvais donc pas manquer les débuts de la collection Graphic des éditions ActuSF ! Ce sont des livres que je préfère, pour ma part, avoir au format papier, car la mise en page et les couleurs rendent beaucoup mieux. L'objet-livre est très beau, avec en plus de la superbe mise en page, une couverture en dur et un marque-page en tissu.

Si j'ai craqué pour ce premier titre, c'est avant tout pour le talent incroyable de l'illustratrice, connue apparemment pour sa couverture de l'ouvrage Je suis Providence, mais que j'ai pour ma part adorée sur des projets comme Délius – Une chanson d'été ou encore Rocaille ! Un univers entre beauté délicate et poésie sombre qui colle particulièrement bien à cette histoire fascinante, hors du temps.

La plupart des illustrations sont en noir et blanc, pleine page, double page ou éléments occupant une partie de page. le texte est parfois séparé, parfois inclus dans le dessin. J'ai bien aimé l'équilibre entre les deux, le tout est très fluide à la lecture, les émotions et les sous-entendus de l'écrit transparaissent subtilement dans les illustrations de Cindy Canévet. Il y a aussi quelques illustrations couleur pleine page qui ajoutent un éclat à certaines scènes plutôt sombres.

J'avais pu découvrir la plume d'Alan Moore avec le recueil de nouvelles La Voix du Feu, mais j'étais assez partagée : certaines nouvelles m'avaient parues géniales et d'autres incompréhensibles. C'est de ce côté que j'avais un peu peur, mais j'ai été tout de suite happée par ce récit hors du commun, et je l'ai dévoré en deux jours (je l'aurais d'ailleurs fini en une fois si je n'avais pas du partir travailler xD).

Le lieu de l'intrigue est une maison close assez particulière : les prostitué(e)s y proposent des services hors normes, qui promettent des expériences d'exception. Som-Som est vendue à l'âge de 5 ans par sa mère dans cette Maison sans Horloges et y demeurera dans l'innocence jusqu'à l'âge de 9 ans. Elle découvrira à ce moment la spécialité qui lui est réservée au sein de la maison et quels sacrifices cela exigera de sa part. J'ai vraiment été captivée par cet univers sombre, à la fois d'une beauté extérieure magique et d'une noirceur intérieure effrayante.

Même si on s'intéresse d'abord au personnage de Som-Som, c'est surtout l'histoire de Raura Chin qui va ensuite nous fasciner. Personnage androgyne envoutant, à la fois homme et femme et aucun, séduisant les uns et les autres par un magnétisme ensorcelant que personne ne comprend. Som-Som est sa confidente et assiste indirectement à toute son histoire. Raura Chin entretient une relation avec le très beau Foral Yatt également employé à la Maison sans Horloges, mais va un jour décider de tout quitter pour poursuivre sa carrière d'actrice. Cinq ans plus tard, elle décide de revenir… et offre une étrange boule en métal à son ancien amant.

J'ai adoré l'évolution de ce récit, la tension et le malaise montent petit à petit, menant vers une fin inéluctable. Qui est réellement la victime et qui est le bourreau ? le lézard mord sa propre queue, mais celle-ci repousse…

Un roman graphique coup de coeur : un univers sombre et fascinant, des personnages ensorcelants, un récit dans lequel la tension monte petit à petit jusqu'à ce que le lézard morde sa propre queue. Une histoire magnifiquement illustrée par Cindy Canévet. Une très belle réussite pour la nouvelle collection Graphic d'ActuSF !
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Ce livre, j'ai craqué dessus au moment de sa sortie, et comment ne pas craquer sur cette beauté des éditions ActuSF? Je profite donc du Pumpkin Autumn Challenge pour le menu Automne des Mystères, catégorie Cabinet de curiosité : art, sciences, musée, singularité sont les mots clefs. Et ce petit livre colle parfaitement aux termes.

La centaine de pages de ce livre évoque le parcours de Som-Som, une enfant vendue par sa mère à la maison sans Horloges de Liavek. Elle sera soumise au Silence et portera le Masque brisé pour devenir l'amante des Magiciens. Isolée, elle sera le témoin d'une histoire d'amour violente et cruelle.

Ce court texte marque par son étrangeté et par sa poésie. La langue est belle, chantante, un brin nostalgique aussi. Cela crée un accord parfait avec les graphismes qui accompagnent l'ensemble du récit : les dessins sont sublimes, tantôt sur une double page, tantôt sur une seule ou sur une moitié. Deux parcours de lecture coexistent : l'histoire racontée par les mots et le drame chanté par les coups de crayon. Les deux viennent embraser notre coeur et notre esprit de lecteur et leur alliance nous emporte aux confins d'un univers cruel, où se joue une réelle tragédie, à laquelle nous assistons, impuissants. En cela, nous devenons les doubles de Som-Som, ce qui ajoute une strate de littérarité au texte. Elle est, elle, piégée dans son monde de silence, nous sommes, nous, piégés dans notre monde de lecteur silencieux, témoins sans aucun pouvoir d'un jeu pervers et violent.

Ce récit est à la fois beau et dérangeant. C'est un constat déroutant qui laisse en bouche toute la complexité de l'oeuvre. L'univers imaginé par Alan Moore met mal à l'aise, ce huis clos dans un univers plein de non dits, de désirs frustrés, de manipulation et de violence larvée laisse une sensation étrange. Som-Som est abandonnée par sa mère, mais le destin qu'on lui impose est aussi tragique que celui des amants qu'elle observe. J'ai été profondément émue, choquée et accablée par le destin de cette femme, qu'elle accepte pourtant sans rien dire, comme une évidence, comme si elle n'avait pas le choix. Il y a quelque chose de déchirant dans son destin, dans la sérénité avec laquelle elle l'accepte et dans la façon dont elle est le témoin lucide mais silencieux des événements.

De la même façon, une véritable tragédie se noue avec le couple d'amants de la Maison sans Horloges. le lieu semble sordide, osons le mot, et les amours accueillies ne sont guère plus positives. Lorsque deux artistes des lieux se laissent porter par l'amour, l'issue ne peut pas être positive. Les jeux de pouvoir, la culpabilité, l'ascendant de l'un ou de l'autre, la façon dont l'un s'étiole puis l'autre, tout ceci nous arrache incompréhension et compassion. Nous aimerions en tant que lecteur, en tant qu'individu secouer le malheureux, l'enjoindre à se réveiller, nous voyons poindre l'issue, et comme dans toute tragédie qui se respecte, nous ne pouvons pas éviter la catastrophe. La machine infernale est mise en marche dès la naissance de cet amour et tout concourt à nous porter jusqu'au dernier acte, bouleversant, cruel, violent et aussi désespérant.

Sur un laps de temps très courts, 120 pages, nous avons donc une démultiplication des tragédies : tragédie de l'être, faillite de l'individu, faillite du couple, revanche, joie honteuse et désespoir non feint. C'est le sordide de l'humanité qui ressort, une poésie de l'horreur du couple, le désastre d'une humanité qui se noie dans le silence ou la joie honteuse. C'est une lecture, belle, émouvante et hors norme. Un ovni littéraire et graphique qui ne laisse pas indifférent.

Ainsi, je suis enchantée de ma lecture. Je ne saurais pas vraiment classer l'Hypothèse du lézard dans une catégorie tant le verbe prend ici des chemins variés pour s'immiscer au plus profond de notre coeur de lecteur et pour nous troubler. Ce roman ne vous laissera pas indifférent, c'est certain ! Reste à savoir si vous êtes prêts à plonger tête la première dans cette nasse.
Lien : https://lesreveriesdisis.com..
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"L'hypothèse du Lézard" est une novella écrite par Alan Moore et publiée en 2004. Concernant notre ouvrage, il s'agit d'un des premiers fers de lance de la collection "graphique" d'ActuSF: il s'agit de textes courts mis en image par un illustrateur et donnant lieu à un format hybride. Définitivement pas une BD, et pas tout à fait un roman... Un récit graphique. Il s'agit ici de Cindy Canévet, dont j'avais déjà vu le coup de crayon (comme beaucoup) sur le "Je suis Providence" de Joshi.

"L'hypothèse du lézard" (A Hypothetical Lizard) est donc une novella d'Alan Moore, multi-artiste incontournable tant son emprunte, sur les comics notamment, est majeure (rappelons: Watchmen, 300, V pour Vendetta, From Hell, La ligue des gentlemen extraordinaires....). Un monstre. A titre personnel, j'ai une très grande admiration pour le personnage, malgré, avouons-le, une bizarrerie parfois difficile à saisir. Ne suivant pas non plus ses digressions plus ou moins bienvenues, je ne le connais que par ses oeuvres: ça me va très bien comme ça.
On suit ici l'histoire de Som Som, jeune fille vendue à un bordel des plus particuliers: les filles et garçons de joie possèdent tous des caractéristiques étranges permettant d'accueillir une clientèle bien particulière. Som Som est désignée à satisfaire les magiciens et sorciers qui, sous le coup du plaisir, pourraient involontairement délivrer de précieuses informations. On réalise alors sur notre protagoniste une callosotomie totale avec a priori un syndrome de déconnexion. Et la voilà incapable de communiquer, malgré une perception et une compréhension optimales. Toute tentative d'expression éteinte, Som Som est par définition le réceptacle neutre: des fluides comme des histoires.
C'est ainsi qu'elle découvre la triste histoire d'un couple maudit, piégé dans la gravité de cette maison où tout semble hypothétique, sauf le temps quij s'écoule...

A l'image du lézard éponyme (y a-t-il un lézard endormi dans cette sphère?), le récit est fait d'une infinité de reflets, de faux-semblants et il appartient donc au lecteur de se laisser porter. L'auteur se joue des personnages, de son lecteur, nous enivre de pronoms contradictoires venant semer le doute, les apparences et les sentiments se troublent et perdent leur contenance... Reste une mystérieuse poésie, nous laissant avec l'impression de s'être frotté à l'impalpable, sans pour autant réveiller une certaine frustration.

Et ma foi, les illustrations de Cindy Canévet sont parfaitement adaptées. Mystérieuses, envoûtantes, laissant la part belle à l'ombre et la contemplation, elles portent ainsi un récit qui sans elle, paraitrait bien ardu parfois.
Ajoutons que le travail éditorial est ici exemplaire: les illustrations se mêlent à merveille au texte, le soulignent ou le masquent, pour un rendu hybride finalement très agréable à lire. La couverture rigide avec la petite tresse rouge marque-page donnent un cachet d'unicité et de préciosité en plus.

"L'hypothèse du lézard" n'est donc pas un mauvais livre. Il est même plutôt conseiller d'y jeter un coup d'oeil, tant ce format est intéressant. Les vers de Moore sont souvent abscons mais beaux, et les illustrations de Canévet viennent mettre en emphase la part de mystère et de sensualité du récit. Malgré tout, le plaisir de lire l'ouvrage tient plus de l'expérience éditoriale que du réel engouement du lecteur.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Elle comprenait par exemple, qu’en plus d’être un océan de hasard sans limites, le monde était également un chaotique tourbillon de sexe. Des établissements comme la Maison sans Horloges représentaient au sein de ce courant des îles où échouaient les gens, rejetés par les marées du besoin et de la solitude. Certains y resteraient à jamais, campés à la limite des marées hautes. La plupart étaient emportés à nouveau quand venait le reflux. De ces fragments repris par l’océan, peu atteindraient jamais la terre ferme et, s’ils y parvenaient, ce ne serait pas sous ces latitudes.
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Elle remplissait la fonction de réceptacle des aspirations et des angoisses d'autrui, mais jamais cet état ne devint accablant. Elle appréciait l'exclusivité de ces aperçus sur la façon dont se menait une vie normale. Le fait que les gens lui relatassent des faits qu'ils taisaient même à leurs êtres chers, offrait à Som-Som sur la nature humaine un point de vue plus vrai et plus complet que celui qu'en avaient nombre de sages et de philosophes.
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L’intangible continent de la fortune était un territoire noyé d’aléas et celle qui devait devenir la catin de sorciers devraient également assumer d’être l’épouse du Silence.
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