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EAN : 9782848762449
216 pages
Philippe Rey (07/02/2013)
3.81/5   59 notes
Résumé :
" Je n’ai jamais été très douée avec les mots. Ceux qu’il faut prononcer, échanger. Les miens restent bloqués à l’intérieur, encombrés au moment de sortir, disparus. Ils me reviennent quand il n’y a plus personne pour les recevoir. " C’est dans une grande maison isolée au bord
d’un fleuve que Clara vient se réfugier après une rupture amoureuse. Là, elle passe ses journées dans l’atelier à sculpter d’aériennes silhouettes, des mobiles qui touchent terre. Au c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Clara est cette "silencieuse" aux mots "bloqués à l'intérieur". Lorsque Barnabé, son compagnon, la quitte, elle abandonne les marionnettes qu'ensemble ils animaient, à lui les voix et les paroles, à elle l'espace et les gestes. Elle quitte la ville, "un monde", pour abriter son silence dans un autre, dans celui qu'elle se crée peu à peu. Un monde dont le centre et le refuge est une vieille et grande maison, comme née de la nature qui l'entoure. Les pierres, la rivière, les arbres et le jardin sont les premiers éléments qui apportent leur consistance à cette transparence que Clara reconnaît comme partie intégrante de sa personnalité. Une transparence que les personnes rencontrées par la jeune femme dans ce village isolé assimilent plutôt à de la discrétion, et, peu à peu, les silences de Clara deviennent réceptacles pour la parole des autres : les voisins, bavards comme Thierry, secrets comme Omar, étranges comme Bertrand, ardents comme Ameline, mais aussi les textes et oeuvres des artistes qui nourrissent ses propres sculptures. Sa solitude choisie, sinon toujours acceptée, englobe les mots et les existences de ceux qui la croisent et les silhouettes qu'elle sculpte gardent la mémoire du mouvement et de l'espace.
Comme une dentellière, le personnage du roman d'Ariane Schréder raconte la trame du temps en une passementerie, trouée de silences et d'abandons, tissée de poésie et de précision, une dentelle qui arrime le territoire intérieur à l'espace extérieur. D'une grâce et d'une pureté infinies, l'écriture incarne toutes les nuances d'une histoire dans laquelle le romanesque vient se nicher discrètement, presque modestement, à l'image de Clara.
Ce roman a, pour moi, quelque chose d'une source. La limpidité sûrement, mais aussi la sensation que l'on peut s'y désaltérer quelle que soit la soif que l'on éprouve. Parce qu'il me semble aussi que sa clarté définit l'opacité et vice-versa. Je veux dire que, encore une fois comme la narratrice au prénom trompeur, la transparence enferme et enveloppe une singulière profondeur. Comme la promesse d'un charme constamment renouvelé à chaque lecture.
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Clara et Barnabé, c'est fini. Sans drame, comme ça. Clara n'a "jamais été très douée avec les mots. Ceux qu'ils faut prononcer, échanger." Elle sculpte, utilisant fil de fer, papier, plâtre et décide d'installer son atelier dans une grande maison à la campagne, au bord d'un fleuve. Elle se noue d'amitié avec Ameline, la pharmacienne ne rêvant que de grande ville, Omar le voisin jardinier, l'Adorateur, Thierry, d'autres. Au fil d'une année, les saisons s'écoulent, va-t-elle rester?

Son regard sur la nature environnante s'affine. "Après l'orage, j'ai fait comme les bêtes. Je suis sortie. Soulagée par la fraîcheur revenue. J'ai visité les fleurs. L'araignée à corps de bulle sur ses longues pattes fines dans le rosier, la sauterelle à l'arrêt sur la feuille de figuier, la coccinelle, plus audacieuse, sur les althéas blancs. Il faut avoir des yeux de loupe pour aimer la campagne. le regard à ras de terre, ou bien accroché aux étoiles."

Sa sculpture évolue. Elle en parle joliment, simplement. "Tout y est disproportionné. Les marcheuses, les danseuses, sont toutes petites au regard des insectes. Je les accroche aussi aux poutres, comme les carcasses vides et parfaites des cigales que je récoltais délicatement sur le tronc des arbres, enfant.
Je n'ai pas la prétention d'être une grande artiste. Ni d'être un jour reconnue. Je ne vois pas comment ajouter au monde tel qu'il est, plein comme un oeuf, encore moins comment introduire du nouveau. Je le peuple simplement, à ma manière, pour qu'il me soit habitable. je le recrée, et c'est ce que cherchent ceux qui parfois m'achètent des sculptures. Ils voient l'ensemble, et en emportent un morceau."

Un roman plein de délicatesse, un poil minimaliste, sans affèterie.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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"La silencieuse" d'Ariane SCHREDER est un roman sur l'intime de la vie au féminin.
Clara est sculpteur. Elle se laisse bercer par le quotidien, des sculptures, comme des mobiles, créées dans un atelier, des marionnettes pour accompagner Barnabé dans le théâtre pour enfants. Puis Barnabé part. Elle ne peut pas rester sur Paris, elle fuit à la campagne. Pour un an tout au plus.
Dans cette maison louée, elle peut enfin rester sans parler. Parce qu'elle ne sait pas s'exprimer, les mots sont coincés dans sa gorge depuis quelques temps déjà.

Elle est encore inachevée.
Les promenades au bord du fleuve avec la chienne des voisins lui apporte réconfort. Elle se construit aussi avec la rencontre des villageois: Omar le taiseux et son couscous hebdomadaire pour apprendre à dire non parce qu'elle a le choix, l'Adorateur et ses retranchements pour profiter des petits riens, Ameline la pharmacienne qui s'ennuie en campagne et les choix de vie d'une femme, mais aussi la cousine adorée Lise et Julie, cette nièce au début de sa vie de femme. Tous vont l'aider à se positionner par leurs choix propres.
Et puis la vie reprend son cours, elle apprend le lâcher prise. Des question sur l'art, entre débat sur la forme, l'épaisseur, avec Jean ARP, et Alberto GIACOMETTI, qui peuvent aussi être des réflexions sur la vie.

Clara a besoin de prendre de l'épaisseur, du poids, de la consistance. Ces sculptures évanescentes sont plus marquées quand elles représentent des personnes réelles. Elle même doit se façonner pour ne pas devenir folle pour ne pas s'enliser dans une maison comme la Robinsonne. Il ne manque plus que l'intervention d'un chaton pour bousculer la vie, lui rendre de la folie, de la spontanéité, des craintes et des joies.
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C'est entre silence et méditation qu'Ariane Schréder situe son personnage principal. Clara a du mal à ne pas devenir trop légère pour rester sur terre, mi-ange solitaire, mi personnage de fiction, elle incarne l'évanescence et s'isole de la souffrance dans une nature sauvage accueillante. de rencontres tendres en échanges fugaces, elle portera sur le monde extérieur un regard apaisé et salvateur.
Premier roman d'Ariane Schréder, on ne peut qu'être surpris par l'ambiance feutrée qui s'en dégage et par l'incroyable fragilité de l'écriture. Une fragilité souhaitée et maitrisée qui rend ses personnages tendres et attachants. Un beau travail a par ailleurs été réalisé sur les décors et les liens tissés entre les personnages nous ouvrent les portes d'un monde amical et enjoué.
Une lecture douce et apaisante qui présage d'une belle carrière pour l'auteur.
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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Comment la fuite permet-elle de se réconcilier avec la vie ? Comment le silence permet-il de mieux appréhender le quotidien afin de retrouver l'espoir et la paix de l'âme ? En nous proposons ce magnifique portrait de femme, Anne Schreder tente de répondre à ces questions essentielles. Clara est une femme seule et blessée. Quelque chose en elle reste inachevée et elle doit parvenir à se re-construire sur son passé, son travail de sculpteur, son désir. Ce n'est pas facile de lâcher prise et d'admettre ses erreurs. Un petit chaton viendra rompre le silence et c'est un peu magique Ce roman nous émerveille par sa pureté et ses messages. Un beau texte, une ambiance feutrée et un beau style.
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critiques presse (1)
Lexpress
14 mars 2013
Sur une trame assez convenue - comment trouver sa voie dans la fuite ? - Ariane Schréder nous livre un portrait de femme d'une justesse et d'une délicatesse extrêmes.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
L'écriture m'a plu tout de suite. Fluide et sobre, mais pas sèche. Elle donne envie de tourner les pages encore et encore.
Le thème était a priori peu attirant pour moi, mais je me suis laissée toucher par cette solitaire par nécessité qui renoue petit à petit avec les autres avec délicatesse. La créativité est omniprésente (l'héroïne sculpe), c'est un personnage en soi, tout comme le silence et la nature.
Vraiment un beau moment de lecture.
Seule la fin est un peu "trop", mais après tout, ce happy end, on le lui souhaite !
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Je n'ai jamais été très douée avec les mots. Ceux qu'il faut prononcer, échanger. Les miens restent bloqués à l'intérieur, encombrés au moment de sortir, disparus. Ils me reviennent quand il n'y a plus personne pour les recevoir.
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Avant, je passai des heures à travailler dans l'atelier, et puis je sortais marcher, à la tombée du jour quand toutes les lumières s'allument et que la nuit n'est pas encore là. C'était l'heure que je préférais. Ou parfois plus tard, surtout quand la pluie faisait briller les trottoirs et que les fenêtres s'éclairaient en grands rectangles jaunes, avec cet exhibitionnisme tranquille des gens des grandes villes. Après les longues heures à travailler dans le corps à corps avec la sculpture, à lutter avec la matière récalcitrante, à tâtonner laborieusement dans l'attente que quelque chose s’impose enfin, je m'exaltais de voir la vie autour de moi, ravie de son indifférence. Je captais les lumières, les mouvements, les bruits, aux aguets de tout après le grand silence de l'atelier.
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"J'aspirais sans doute à la disparition. Me fondre dans la campagne comme l'insecte vert sur la tige. M'engloutir dans le blanc et la poussière du plâtre, devenir translucide et aérienne comme mes sculptures patientes sur leurs poutres".
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Je suis un peu abrupt. Mais j’aime les arbres et ça me met en colère de voir à quel point les gens s’en soucient peu. Comme s’il suffisait de les planter, au petit bonheur la chance, et puis de les laisser pousser tout seuls. Les arbres, pour être en bonne santé, ont besoin d’être taillés
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