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Félix Sauvage (Traducteur)
EAN : 9782251799810
253 pages
Les Belles Lettres (10/01/2005)
3.71/5   40 notes
Résumé :

Sir John Falstaff, vieux chevalier naïf et jovial, désire courtiser Mistress Page et Mistress Ford, deux commères de la cour de Windsor. Il va pour ce faire envoyer à chacune la même lettre, se contentant de modifier la signature. Les deux femmes démasquent la manœuvre de Falstaff, à son insu. Elles décident alors de se jouer de lui. Cette pièce a été écrite par Shakespeare (1564-1616) en 16... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Je continue dans ma découverte de Shakespeare avec ces Joyeuses commères de Windsor qui fleurent bon la comédie. La pièce fait partie des moins appréciés par les amateurs de Shakespeare, il s'agirait d'ailleurs d'une commande de la reine Elisabeth Ière (qui devait d'ailleurs juste s'appeler Elisabeth à l'époque, avant que la multi jubilante successeuse ne lui vole la vedette sur son nom) qui avait tant apprécié le personnage de Falstaff qu'elle avait adoré dans Henri IV, qu'elle voulait le voir vivre d'autres aventures.

Alors, est-ce qu'on sent la commande dans le texte ? Disons que les ficelles sont plus grosses, qu'on sent que c'est la recherche du ressort comique qui guide en grande partie l'écriture avec un Falstaff souvent moqué... mais pas que, disons les hommes en général, que ce soit les profiteurs bernés, les maris jaloux ou les prétendants éconduits. L'amour triomphe à la fin, comme un pied de nez à l'époque où les mariages de raison devaient être bien plus légion et beaucoup plus difficile à éviter. Les ressorts de l'intrigue ne sont pas originaux et on sent que c'est le public (ou du coup la reine alors) qu'on cherche à contenter.

La préface très intéressante permet de comprendre que l'oeuvre a deux versions, une version "de travail" qui existait à l'époque où elle s'est jouée et dont on a récupéré le texte via sans doute les comédiens, et la publication officielle, faite de façon posthume et rallongée, qu'on sent avoir peut-être été modifiée par des amis de Shakespeare pour la rendre plus correcte, plus à la gloire du maître défunt.

L'humour se base souvent sur des quiproquos linguistiques ou des spécificités d'accent ou de vocabulaire qui demandent des trésors d'invention aux traducteurs ( qui sont tout de même obligés d'expliquer certaines choses dans les notes) et sur des références d'époque complexes à rendre intelligibles et que la traduction de l'édition que j'avais en main avait choisi de moderniser pour la rendre sans doute jouable tel quel de nos jours.

Une expérience agréable en tout cas qui sans atteindre en effet les sommets des chefs d'oeuvre de ce cher Bill reste un vrai moment de théâtre où on sent le plaisir partagé qu'ont dû connaitre les comédiens à l'interpréter et le public à le vivre.
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J'affiche mon air le plus humble et soupire intérieurement. Il s'agit de faire profil bas. Car bringuebalant sa majestueuse bedaine d'un bout à l'autre de la pièce, mon noble interlocuteur roule des yeux furibonds, dresse la tête comme un coq et tortille furieusement les pointes de ses magnifiques moustaches en croc.

« Tout de même jeune maître, vous conviendrez qu'elle est un peu raide ! Moi, John Fastolf, un pair du royaume, un chevalier de la Jarretière, trainé dans la fange – littéralement, puisqu'il me fait jeter dans la Tamise ! Humilié, mortifié par un histrion de bas étage, un bateleur du Warwickshire sentant la taverne et l'oignon !

Une pile d'écuelle s'écroule avec fracas, ayant eu le malheur de rencontrer l'auguste ventre du dignitaire du plus ancien ordre de chevalerie du monde. Ce dernier n'en a cure.

- Me dépeindre en ivrogne, en gouffre à mangeaille, en débauché ruiné tentant de séduire deux braves commères ! Les mettre en scène se gaussant de moi, m'attirant dans des rendez-vous piégés, d'où je fuis déguisé en vieille femme sous les coups de leurs époux ! Et le plus beau pour la fin : m'envoyer dans la forêt affublé d'une paire de cornes, et m'y effrayer d'enfants déguisés en lutins, moi qui ai chargé les Français à Verneuil et à Patay !

- Heu oui enfin, glisse-je, à Patay, la rumeur veut que vous vous soyez enfui…

Un regard furieux me frappe comme une flèche de longbow.

- Les scribes barbouillés d'encre sont décidément plus dangereux que la bannière fleurdelisée ! Ces chiens m'ont toujours haï et médit, et vous le savez !

Il éponge son large front et s'écroule dans un siège, hors d'haleine. le moment est venu de contre-attaquer.

- Allons sir John dis-je doctement, ‘Les joyeuses commères de Windsor' est une maître pièce, qui a fait rire des générations et en fera rire encore bien d'autres. Et songez que c'est grâce à elle que votre nom n'a point sombré dans l'oubli comme ceux de vos camarades ! Qui parle encore de Jean de Lancastre, John Talbot de Thomas de Scales ? Mais le vôtre, déformé mais aisément reconnaissable, est sur les lèvres des plus belles dames et brille aux frontons des plus beaux bâtiments...

Un grognement méprisant me coupe.

- Des actrices ! Des théâtres ! Cent fois j'aurais préféré voir mon nom sommeiller sous la poussière, au côté de ceux des nobles compagnons que vous citez !

Bon. Allons-y pour l'artillerie lourde.

- Vous ne devriez pas, Sir John. Car le Barde vous a néanmoins fait un beau cadeau : il vous a rendu sympathique. Peut-être vous a-t-il fait menteur, voleur, tricheur. Mais il a également fait de vous un brave homme, qui sait reconnaitre ses torts, accepter la punition qu'il a mérité et ne se formalise pas de vider un pichet avec celui qui la lui a infligé. Et Verdi, le compositeur le plus adulé de tous les temps, vous a dédié son seul opéra comique. Malgré tous vos défauts nous vous aimons, Sir John, que pouvez-vous désirer de plus ?

Songeur, il vide sa chopine d'une formidable lampée.

- Peut-être avez-vous raison, béjaune, grommelle-t-il. Et puis au fond, ai-je le choix ? »

Et la deuxième moitié de la bouteille part rejoindre la première.
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Lu dans la traduction de Jean-Michel Déprats et Jean-Pierre Richard, texte anglais de Gisèle Venet, paru en Pléiade en 2016.

Deux épouses sympa, dégourdies sans être frivoles.
Un époux rusé et malin, un autre un peu idiot à force d'être jaloux.
Un chevalier truculent, voyou, énorme, entouré de ses sbires.
Une jolie jeune fille aux amours contrariées.
Des domestiques qui font n'importe quoi et emploient un mot pour un autre, ou même qui en créent par inadvertance. L'édition bilingue est utile pour plonger dans le texte anglais et y goûter les jeu de mots, souvent intraduisibles.
Un curé gallois.
Un médecin français, dont l'accent anglais est à faire peur.
Voilà les protagonistes de cette comédie, vivement emmenée, qui reste drôle et enjouée et qui se lit avec beaucoup de plaisir. Les procédés sont connus mais ils fonctionnent à merveille.
Incroyable Shakespeare, aussi à l'aise dans la comédie légère que dans la tragédie la plus noire ou des sonnets mystérieux. Ses personnages sont tellement vivants qu'ils nous sont proches.
Il est éternellement notre contemporain.
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A Windsor il y a pas mal de duperies, Jean Falstaff essaie de soutirer de l'argent à deux femmes mariées en leur écrivant deux lettres d'amours pratiquement identiques malheureusement pour lui, elles se parlent et la duperie se retourne contre ce malheureux. La seule chose qui m'a géné dans cette pièce c'est la partie du curé Galois Sire Hugues Evans, il a un rôle de conseiller mais sa diction étant mauvaise cela rend la lecture désagréable. Sinon la fille de madame Lepage a trois prétendant, son père a son favori, tout comme sa mère et la fille a le sien. Il essayerons chacun de ruser pour obtenir gain de cause, mais à la fin l'amour triomphe.
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Un homme, Falstaff, fait la cour à une femme mariée, dont le mari est de nature jalouse. Parallèlement une jeune fille fait l'objet de convoitise de la part de plusieurs hommes.
Encore une oeuvre de Shakespeare magistralement écrite, où les personnages sont eux-mêmes par moments acteurs . Je me suis malgré tout parfois un peu ennuyée sur certaines pages, mais on ne peut que reconnaître le génie de Shakespeare.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Falstaff - (...) Mais j'ai un plan : c'est de donner assaut d'amour à Dame Gué. Je discerne chez elle un penchant pour la friandise. Nez retroussé, qui flaire. Petit bout de langue bien rose, qui cause, qui cause. Et ces regards en coin, hautement suggestifs ! Le message en clair, reçu cinq sur cinq : "Prends moi, Falstaff, je t'appartiens !"

Pistoll. - Sous le texte, le sous-texte ! Sous le vêtement, le sous-vêtement !
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Acte II Scène 2 :
Gué se faisant passer pour Monsieur Fontaine amoureux éperdu de Mistress Gué : Je l’aime depuis longtemps, et je vous proteste que j’ai beaucoup fait pour elle : je l’ai suivie avec l’assiduité la plus passionnée ; j’ai saisi tous les moyens favorables pour la rencontrer ; j’ai payé chèrement la plus mince occasion de l’entrevoir, fût-ce un instant. Non seulement j’ai acheté pour elle bien des présents, mais j’ai donné beaucoup à bien des gens pour savoir quels dons elle pouvait souhaiter. Bref, je l’ai poursuivie, comme l’amour me poursuivait moi-même, c’est-à-dire sur les ailes de toute occasion. Mais, quoi que j’aie pu mériter, soit par mes sentiments, soit par mes procédés, je suis bien sûr de n’en avoir retiré aucun bénéfice, à moins que l’expérience ne soit un trésor ; pour celui-là, je l’ai acheté à un taux exorbitant, et c’est ce qui m’a appris à dire ceci : « l’amour fuit comme une ombre d’amour réel qui le poursuit, poursuivant qui le fuit, fuyant qui le poursuit. »
Falstaff : N’avez-vous reçu d’elle aucune promesse encourageante ?
Gué : Aucune.
Falstaff : L’avez-vous pressée à cet effet ?
Gué : Jamais.
Falstaff : De quelle nature était donc votre amour ?
Gué : Comme une belle maison bâtie sur le terrain d’un autre. En sorte que j’ai perdu l’édifice pour m’être trompé d’emplacement.
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"Il n'y a pas de remède contre l'amour, c'est le ciel qui guide les cœurs."
William Shakespeare
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