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EAN : 9782369350613
80 pages
Le Passager Clandestin (18/10/2016)
3.85/5   23 notes
Résumé :
En 1973, Robert Silverberg imagine un grain de sable dans les rouages d'une ville-machine planétaire. Le premier jour de l'été, ma femme-du-mois, Silena Ruiz, a trouvé le moyen de barboter le programme directeur de notre district au centre d'informatique de Fort Ganfield et de disparaître avec. Un garde du fort a avoué qu'elle était parvenue à entrer en lui faisant du charme et qu'elle l'avait drogué. Certains disent qu'elle est maintenant à Conning Town ; d'autres ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Une jolie nouvelle publiée en 1973 par Robert Silverberg qui, s'il a peut-être trouvé une forme d'inspiration dans le célèbre 1984, livre un court texte, dense malgré sa brièveté, avec une histoire d'amour de moins de 30 jours, bien différente de celle des héros de George Orwell.

Le héros de Silverberg est lui-même le narrateur de cette traversée de districts d'une mégapole dans l'ensemble inhumaine où il réalise quelques rencontres plutôt hostiles alors qu'il est à la recherche de sa "femme d'un mois", l'énigmatique Silena qui a fui son district en emportant un précieux programme informatique nécessaire au fonctionnement et à la survie du district.

J'aime cette science-fiction teintée de réflexions métaphysiques sur la vie, la mort, l'amour, distillant quelques réparties qui traduisent fort bien tout le bien ou tout le mal de l'humain.

C'est court et cela suffit car en ce bref voyage inter-districts, le narrateur découvre sans doute sa propre identité parmi toutes les vanités exécrées par la troublante Silena.
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Eh bien je crois qu'il va falloir que j'aille explorer un peu plus les histoires courtes écrites par Robert Silverberg. Si cette novella est caractéristique de leur qualité moyenne, il y a de quoi envisager de bons moments.

Bob s'intéresse ici au fonctionnement d'une oecuménopole. Kézako ? – je fais mon malin mais je viens en fait juste de découvrir le terme – il s'agit d'une ville qui recouvre une planète entière, comme par exemple la Trantor de Fondation ou la Coruscant de Star Wars. L'auteur imagine que les gigantesques mégalopoles de la Terre n'en forme plus qu'une seule, mais qu'au lieu d'obéir à un gouvernement unique, ses districts sont devenus autonomes et s'autogèrent, collaborant parfois, rivalisant beaucoup. Il s'agit donc d'une extrapolation de la ville du futur, alternative à celle qu'il déploie dans Les Monades Urbaines.
Dans ce décor, Bob raconte l'histoire d'un homme du district de Ganfield qui est forcé de partir à la recherche de celle qui a dérobé le programme informatique dirigeant le secteur. On traverse ainsi plusieurs districts qui ont évolué différemment les uns des autres et se sont en quelque sorte spécialisés.

Je suis très impressionné par la capacité de l'auteur à construire en si peu de pages un monde dont la mécanique tourne aussi bien. On croit à la possible réalité de cette mégacité même s'il est peu vraisemblable qu'on ait envie d'y vivre. Vu le faible nombre de pages, Robert Silverberg a dû faire un choix et mettre en sommeil la description détaillée de la psychologie des personnages. Ils sont ici plus esquissés que véritablement vivants – sauf peut-être le personnage principal – mais l'esquisse leur donne suffisamment d'épaisseur pour les besoins du récit.
L'auteur double sa description quelque peu dystopique de l'oecuménopole d'un avertissement quant à la dépendance des sociétés modernes vis-à-vis de l'automatisation à outrance ; le jour où ça tombe en panne, c'est la fin des haricots. Par certains côtés, le district de Ganfield nous montre ce que donnera l'aboutissement du développement de la domotique, des appareils connectés, des compteurs linky et tout le toutim. Les hackeurs modernes peuvent aussi être considérés comme des avatars de la voleuse du programme directeur dans le livre.

Un très bon petit bouquin, donc. A recommander quand on a quelques heures à tuer.
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"Traverser la ville" fait une nouvelle fois la preuve de l'immense talent de Silverberg, un auteur qui sait parfaitement allier divertissement et réflexion. Cette nouvelle aborde de nombreux thèmes, comme quoi la richesse d'une oeuvre ne tient pas au nombre de pages.

L'auteur nous promène dans un monde futuriste très crédible. La surpopulation a entraîné l'essor de mégalopoles. Les humains déconnectés de la terre, de la nature, sont entièrement dépendants de la technologie. le ton de "traverser la ville" est très singulier. Une certaine mélancolie imprègne le récit. Les villes dépeintes sont surpeuplées et pourtant on ressent une grande solitude. le périple du héros se mue en un voyage initiatique très intéressant. D'autant plus Cet aspect plutôt pessimiste, presque désespéré n'empêche pas le récit d'être très agréable à lire. Silverberg sait raconter une histoire, proposant des situations intéressantes, dessinant en quelques phrases de bons personnages...

La richesse de l'univers proposé aurait aisément pu donner lieu à un roman. Et c'est peut-être là mon seul regret. Finalement, c'était trop court, j'en aurais voulu plus.
Je remercie Babelio et l'éditeur le passager clandestin dont la collection Dyschroniques est décidément un must.

Challenge Petits plaisirs 2016 - 48
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Il s'agit d'une nouvelle publiée en 1973.

C'est l'histoire d'un homme (on ignore son nom du début à la fin) qui voit sa vie basculer quand sa femme-du-mois dérobe le programme informatique qui gère entièrement la ville de Ganfield.

"Quelle terrible impression d'isolement nous ressentons (...) sans ordinateurs pour nous guider!"

Bref, c'est le chaos. Notre héros n'a pas d'autre alternative que de partir à la recherche de Silena et tenter de récupérer le programme.

Rien d'exceptionnel à mon sens, mais à notre époque il n'est pas difficile d'imaginer ce que pourrait être notre vie si du jour au lendemain nous étions privés d'ordinateurs et de tout ce qui va avec.

A noter une "Synchronique du texte" avec des conseils de lectures similaires.
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ENFER CLIMATISÉ ROBOTISÉ.

Traverser une ville, de nos jours, n'est pas toujours de tout repos. Il se trouve bien, ici et là, des quartiers peu fréquentables, borgnes, sombres et sales, à la réputation dangereuse parfaitement établie et pas forcément imaginaire.
Imaginez que la planète entière n'est plus qu'une immense ville-monde ; une ville planétaire où ces coins incertains font suite à des enfilades de rues dangereuses ; que vous ne puissiez plus jamais vous reposer entre deux agglomérations dans quelque halte campagnarde, verte et reposante ; que d'une zone à l'autre de cette terre entièrement bétonnée, des "districts", les règles n'y sont pas exactement les mêmes, les policiers-robots pas parfaitement identiques, les accents parfois incompréhensibles, les vêtements différents, mais que cette immense ville et cette multiplicité de districts sont commandées, régies, surveillées, régulées par des ordinateurs surpuissants et omnipotents.
Imaginez maintenant que, dans l'un des ces districts, l'informatique ne fonctionne plus. Parce que Silena Ruiz, la "femme-du-mois" du narrateur (dont on n'apprendra jamais le nom) de cette apocalyptique novella, a dérobé les programmes permettant la bonne marche de cette micro-société d'un nouveau genre. Dès lors, tout tombe en panne, s'arrête et c'est le début de la Bérézina : les robot-flic, d'abord. Puis le recyclage de l'air et des eaux usées, la climatisation, les évacuations, la production de nourriture... En un mot comme en cent : tout fout le camp, et l'inondation du district de Ganfield, ancien lac asséché pour cause d'urbanisation démentielle et chaotique, est en cours !
Imaginez encore que c'est à vous, fonctionnaire d'un échelon intermédiaire, qui deviez retrouver cette fameuse Silena (avec laquelle vous vous êtes mariée pour un mois, donc) après une recherche aussi éperdue qu'hasardeuse, dans l'inconnu des districts environnants ; que des livres, interdits parce que subversifs, semblent être le seul fil, ténu, vous permettant de retrouver cette femme dont vous vous avouez être tombé amoureux ; un livre tout particulièrement : walden trois - référence plus qu'évidente au célèbre Walden ou la vie dans les bois de l'écrivain et penseur américain du XIXème, Henri David Thoreau - et lorsque l'on connait un peu l'oeuvre dont il s'inspire, on peut aisément comprendre que dans une société où la loi et l'ordre ont été confiés à des robots sans âme ni humour, que tout de l'ancienne Nature a été détruit et recouvert d'immeubles, ce livre puisse passer pour subversif.

Peu de personnages, assez brièvement portraiturés mais juste ce qu'il faut pour y croire et même s'y attacher, un texte qui se parcourt comme une sorte de journal de bord - sans en avoir la présentation -, un style vif, rapide et d'une très grande clarté et, malgré cela, ce très court roman est plutôt désespéré et d'autant plus déprimant que, sans être une représentation fidèle de nos villes actuelles, puisque futuriste tout autant qu'inspiré des ouvrages de sociologie et d'urbanisme prospectifs de l'époque, où l'on imaginait assez la ville des années 2 000 recouvrir l'essentiel des terres émergées, du moins au niveau de l'occident, cette présentation de la ville-monde n'est cependant pas sans rappeler certains des défauts majeurs de nos très grandes villes : hyper-surveillance, insalubrité, pollution, pauvreté, pression sociale et immobilière, etc. Sans oublier que ces trente dernières années ont vu l'apparition démultipliée de ces fameuses et angoissantes Mégalopoles, même si l'on est encore loin des projections les plus futuristes de ces années soixante-dix, où l'on imaginait, par exemple, une seule et même cité reliant Lille à Marseille, reliant Rouen, Paris et Lyon à l'horizon 2020.

Cependant, ce Traverser la ville nous parle dans la mesure où, même très largement excessif ou, du moins, anticipant avec encore plusieurs probables décennies sur une plus grande conformité à ce texte, nous mesurons combien il est l'un de nos futurs possibles, et c'est là tout le génie - désespérant - de Robert Silverberg, l'un des derniers "grands" de ce qu'il est convenu d'appeler "l'âge d'or de la Science Fiction américaine", avec ses Philip K. Dick, ses Isaac Assimov, ses Franck Herbert, ses Ursula K. le Guin et ses Dan Simmons (j'en oublie, bien sur. de même que pourraient manquer à cette liste innombrable les britanniques Georges Orwell, Aldous Huxley ou John Brunner, autres grands maîtres de la fiction prospective et de la dystopie). D'avoir perçu, avec un demi-siècle d'avance, tous les travers de nos sociétés : isolement, ghettoïsation des populations, surveillance automatique généralisée, abandon de tout ou partie de nos libertés au profit d'une mécanisation/informatisation du monde, fichage, règles administratives absconses, envahissantes et ingérables... Là aussi, j'en oublie ! Même si tout cela n'est que rapidement, format oblige, trop rapidement survolé, décliné par Robert Silverberg, en filigrane c'est pourtant bien un tel monde que le futur auteur de "Les monades urbaines" dénonce déjà. Et la conclusion ultime de son petit texte - que le lecteur découvrira avec ravissement, malgré son épilogue démoralisant - est d'autant plus décourageante, déprimante, qu'il peu parfois sembler que c'est dores et déjà l'option dans laquelle s'engage l'humanité de nos temps post-modernes.

Un petit livre des éditions "Le passager clandestin" à dévorer... Avant que l'enfer robotisé et climatisé qu'il préfigure ne soit notre unique destin possible...

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Nous pouvons fonctionner au régime actuel pendant encore six semaines, si du moins il n'y a pas d'épidémies ni d'inondation et si nous ne sommes pas envahis par des bandits de l'extérieur. Ensuite, les effets accumulés d'une foule de petites avaries vont nous paralyser. Nous allons sombrer dans le chaos. Nous allons nous prendre à la gorge sur nos propres déchets, crever de faim, suffoquer, retourner à l'état sauvage, vivre comme des bêtes jusqu'à la mort, qui sait? Sans le programme directeur nous sommes perdus.
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Toujours présent dans le paysage éditorial, Robert Silverberg reste l'un des derniers (le dernier?) survivants de l'âge d'or de la SF étatsunienne. Contemporain d'Isaac Asimov, de Philip K. Dick ou encore d'Arthur C. Clarke, il est sans doute moins populaire que ces pairs disparus, mais il a su construire une œuvre cohérente et tout aussi fondamentale.
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Je me sens curieusement serein. Tout se passe comme si je venais de découvrir une volonté divine, un plan supérieur, dans la structure de notre société, dans notre cité tentaculaire faite d'innombrables cités, notre tapisserie de béton et d'acier collée comme une armure d'écailles à la peau de notre planète
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La cité-monde n'est pas un ensemble homogène d'uniformités, une masse globale de faubourgs indistincts. Non, elle représente une incroyable diversité, une foule de noyaux urbains bien spécifiques liés par la nécessité comme en une fragile unité. Aucun plan directeur n'a présidé à leur apparition ; chacun a évolué à un moment donné pour répondre à des impératifs particuliers.
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C'est une des anomalies de notre société toujours plus fragmentée et stratifiée que cette survivance d'un contact régulier de communauté à communauté ; un certain nombre de gens doivent se rendre tous les jours dans des districts périphériques, où ils travaillent encapsulés, isolé, dans un monde étranger et malveillant.
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Videos de Robert Silverberg (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Silverberg
Ancienne colonie, la planète Belzagor a été rendue à ses deux espèces intelligentes. Des scientifiques décident d'assister à leur rituel secret, la cérémonie de la renaissance... Dessin : Laura Zuccheri Oeuvre originale : Robert Silverberg Scénario : Philippe Thirault
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