Dans les environs de Delfzijl, en Hollande, s'érige une sorte de château, un manoir mystérieux entouré de canaux qui servent de douves.
Deux savants, l'un britannique, l'autre français, ont disparu dans des conditions énigmatiques. L'inspecteur Sancette, qui doit son nom à son numéro de poste téléphonique à la Préfecture de Police de Paris où il est employé au Deuxième bureau, est envoyé dans le hameau de Roodezand (les sables rouges) afin d'enquêter et dénouer l'affaire.
Dans l'auberge, l'une des trois maisons du hameau, où il prend pension, Sancette retrouve Mower de l'Intelligence Service, lui aussi dépêché sur place.
Nous sommes en janvier 1929 et la neige recouvre tout, gelant les eaux des canaux. Sancette possède sa méthode d'investigation qui diffère de celle de Mower. Peu importe pourvu que le résultat soit au bout du compte.
Le soir, alors qu'il se promène près des canaux afin de s'imprégner des lieux et de l'atmosphère, Sancette aperçoit une jeune fille arrivant en voiture et dérapant dans un trou d'eau. Il lui sauve la vie et elle l'invite à entrer dans le manoir. Elle pense que Sancette est venu donner une conférence, comme ses prédécesseurs.
Son père, le comte van Dijkstra, est installé dans le salon. C'est un homme mutique, comparable à une statue de cire lisant un ouvrage ancien. Il ne possède qu'un vieux serviteur pour assurer le service. Sancette est tout étonné, mais il ne peut refuser, lorsque proposition lui est faite de s'installer au manoir.
Il va passer une drôle de nuit. Enfin, drôle n'est pas le qualificatif exact car Sancette va surtout vivre une nuit éprouvante. Il aperçoit des hommes arrivant au manoir, puis il décide de visiter les lieux. Dans une salle située dans les caves, il assiste à une réunion de ces individus chantant des psaumes et lisant l'Apocalypse. Mais il n'en sait pas plus car il est assommé.
Ce roman, écrit juste avant
Pietr le Letton, ne sera publié qu'en 1933, pourtant
Georges Simenon tenait beaucoup à cette histoire, au point qu'il pensait l'éditer sous son patronyme. Mais le succès de
Pietr le Letton, et par voie de conséquence de
Maigret, ont fait que l'inspecteur Sancette n'aura pas connu la renommée littéraire auquel l'auteur pouvait prétendre.
Mais il existe de nombreuses analogies entre Sancette et
Simenon. L'ambiance, l'atmosphère qui sont décrits dans cet ouvrage font penser à un seul et même personnage. de même que les réactions des deux hommes, qui sous l'emprise de la boisson mais sans vouloir se l'avouer, ruminent dans un brouillard enfiévré, les sens perturbés et les pensées évanescentes.
Il traversa une fois de plus le canal gelé, et il glissa, s'étala sur le dos, les jambes en l'air, ce qui le mortifia d'autant plus qu'il ne voulut pas s'avouer que l'alcool était cause de sa maladresse.
Il règne sur cette intrigue une aura de mystère proche du fantastique.
Il n'y a que le premier pas dans le domaine de l'invraisemblance qui coûte. Ce pas fait, il n'existe plus de frontières nettes entre le réel et l'irréel.
Confiné durant des décennies dans une petite collection populaire,
le Château des sables rouges ne connut pas de rééditions avant l'exhumation suggérée par
Georges Simenon à
Francis Lacassin qui désirait rééditer les premiers
Maigret, avant la naissance officielle de celui-ci. Et c'est ainsi que les lecteurs purent redécouvrir outre ce roman, Train de nuit, La jeune fille aux perles, La femme rousse et La maison de l'inquiétude.
Francis Lacassin, dans sa préface, explique mieux que je pourrais le faire, les avatars de ce roman et ses à-côtés.
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