C'est avec L'éveil d'Endymion que se termine le tentaculaire et génial cycle de
Dan Simmons, « Les Cantos d'Hypérion ». Cycle aux 10 prix littéraires dont un prix Hugo et trois prix Locus, il s'impose parmi les oeuvres les plus importantes de la science-fiction du XXè siècle grâce aux thèmes qu'il aborde, à sa narration subtile et à ses dimensions titanesques (environ 3000 pages au format poche).
Le cycle est séparé par deux périodes d'écriture: une première partie avec Hypérion (1989) et La Chute d'Hypéron (1990) puis une suite, Endymion (1995) et L'éveil d'Endymion (1997), qui est plus qu'une simple conclusion de la première partie. Avec ce second volet des Cantos, Simmons élargit son univers mais est loin d'apporter toutes les réponses à certaines parties de l'intrigue.
Les mystères concernant le devenir du TechnoCentre et de la Pax, la question du Gritche, le dénouement de la lutte entre l'Intelligence Ultime et l'Intelligence humaine, ainsi qu'une multitude d'autres énigmes restées en suspens à la fin de L'éveil d'Endymion, ne font qu'ajouter à la profondeur du récit, à son réalisme et à l'attachement au cycle. L'imagination du lecteur est mise à contribution pour continuer l'histoire et la faire vivre.
L'incroyable régularité de Simmons dans l'écriture du cycle (s'étalant sur environ 8 ans) donne au récit une cohérence et un réalisme saisissant. L'univers qu'il édifie prend place aux côtés de ceux de Dune de
Frank Herbert ou de Fondation d'
Isaac Asimov, au sein des univers de science-fiction les plus grandioses jamais imaginés. Simmons n'a jamais cessé de garder la même finesse de style qui lui a permit d'écrire des descriptions magnifiques de mondes riches de diversité et de vie et d'avoir une scénario complexe et subtil, dont la construction permet de donner de l'importance à chaque détail et qui permet de créer la surprise, le suspens et les chutes. Tout dans le récit est exploité et mis à contribution du scénario et de son dénouement, créant un texte d'une grande densité et très riche, mais cohérent et logique.
Dans Hypérion et La Chute d'Hypéron,
Dan Simmons ajoutait à son histoire un engagement contre la stupidité humaine et pour le respect de l'environnement et de la vie. Il y faisait une dénonciation d'une société pourrie par les technologies, la surconsommation, et toujours enclin à faire la guerre. Dans Endymion et L'éveil d'Endymion, il dépeint une société encore plus décadente qui n'a plus fait de découverte majeure depuis trois siècles et qui est écrasée par le retour au pouvoir de l'Église. Ne s‘attaquant pas directement à la religion, c'est plutôt son utilisation pour le pouvoir qui est critiquée ainsi que la corruption et l'abus des dirigeants politiques et commerciaux qui est dénoncée.
À propos de la religion ou des intelligences artificielles, Simmons entreprend ce qui ressemble à un essai philosophique, qu'il développe à travers les nombreuses discussions entre Énée et Raul. Ces apartés philosophiques alourdissent parfois un peu le récit car n'en font pas partie intégrante comme c'est le cas dans le cycle de Dune.
Dans ce dernier tome, Raul Endymion achève son voyage auquel l'a prédestiné le vieux poète de 999 ans Martin Silnenus, afin de sauver l'humanité du joug de l'Église et de permettre la pérennité de l'espèce humaine qui était mise en danger par les intelligences artificielles du TechnoCentre. Mais le plus important pour clore ce cycle, c'est l'amour entre Raul et Énée que Simmons arrive à décrire avec une telle justesse que l'on en ressent toute la force et la puissance, qui sera en effet capable de bouleverser le cours des évènements.
En achevant les Cantos d'Hypérion,
Dan Simmons laisse derrière lui de nombreux lecteurs orphelins et offre à la pérennité une des plus grandes oeuvres de la science-fiction et de la littérature.