Soral Alain - "
Misères du désir" suivi de "Chute !" - "
Editions Blanche", 2009 (ISBN 978-2846282369)
Je suis tombé sur ce livre par hasard, dans une petite librairie, et la quatrième de couverture m'avait suffisamment intrigué pour que je risque cet achat. Après la lecture des cent premières pages, je suis tout de même allé faire un petit tour sur Internet vérifier qui était au juste ce zigoto, dont le nom m'était strictement inconnu jusqu'ici, alors que j'avais tout de même l'impression d'avoir déjà entendu l'une ou l'autre des anecdotes racontées dans ces pages.
Si j'en crois donc le site "wikipedia – France", ce Soral est né en 1958 à Aix-les-Bains, il aurait grandi dans une cité à Annemasse puis à Meudon, et se serait ensuite livré à des activités marginales à Grenoble. Il aurait été recueilli par des universitaires qui lui firent fréquenter l'EHESS (!!!) où il aurait suivi les cours de
Cornelius Castoriadis (tout un programme ! comment l'Etat peut-il rémunérer de tels cuistres avec l'argent du contribuable ?), ce qui lui permit de dispenser un vague enseignement de sociologie du vêtement (ben voyons). A partir des années 1980, voilà notre Rastignac admis dans les cercles "branchés" du microcosme mondain-culturel parisien gaucho-bobo : il fréquente les cercles pourris autour de l'inénarrable
Jack Lang...
Il aurait publié quelques ouvrages ayant connu un certain succès, limité sans doute à ces milieux-là, ce qui lui valut de passer dans diverses émissions télévisées du genre "Arte" et "France-Culture", deux bastions de la gauche caviar et universitaire bcbg. En 1990, il adhère au PCF, ce qui ne l'empêche pas de fréquenter le rédacteur en chef de "l'idiot international",
Jean-Edern Hallier (si, si, ça existe encore !), de participer à la campagne pour le "non" au traité de Maastricht (septembre 1992) et à ses suites en compagnie d'un certain
Jean-Paul Cruse, un ancien membre de la "Gauche prolétarienne" (tout ça sent la naphtaline à plein nez, que ça en est à peine croyable !). Il finit par quitter le PCF (ou en être viré ? peu importe).
Fin 2005, dans une parfaite logique de pure protestation peu étonnante, celui qui se présente comme un "sociologue" adhère au Front National de Jean-Marie le Pen. Il participe activement à la campagne présidentielle de ce dernier de l'année 2007, et est nommé au "comité central" en novembre de la même année. Mais le FN refuse de l'investir comme tête de liste en Ile-de-France, si bien que le pôvre petit est –une fois de plus – déçu : il quitte ce parti en février 2009 pour fonder son propre groupuscule "Egalité et Réconciliation".
Le pôvre Soral est né trop tard, en 1958, il a donc raté mai-68, et il en est tout dépité. Il a côtoyé les cercles branchés-dorés mais en a été rejeté. Il a connu son heure de gloire médiatique mais en est maintenant exclu. Bref, c'est un raté qui tient à le faire savoir.
Le premier texte intitulé "
Misères du désir" est un essai (et non un roman), plus exactement une éructation à flots continus de propos extrêmement virulents et caricaturaux. L'auteur déverse sa bile à l'emporte-pièce, dans un vocabulaire souvent ordurier, sans aucune réflexion approfondie sur les thèmes abordés.
L'intérêt de ces vociférations outrancières réside dans les constats sans concession dressés sans aucun souci de finesse d'analyse.
- Il regroupe ainsi sous le terme "communautarismes" tous ces mouvements qu'il pourfend (féministes, homosexuels, juifs, etc.) et qui poursuivent la défense d'intérêts particuliers. Il montre combien ces vaines agitations ne sont qu'un paravent hypocrite déployé par une certaine caste de la moyenne bourgeoisie devant la misère des pauvres. Son observation de la situation des échanges hommes-femmes en banlieue n'est pas fausse bien que caricaturale, puisque la situation des banlieues est précisément caricaturale.
- Selon lui, le modèle fondamental de ces groupes communautaristes serait la communauté juive et son "talent" à se faire détester depuis des millénaires, partout où elle s'implante... on baigne ici dans l'antisémitisme le plus abject.
- Il vocifère contre le milieu culturo-brancho-bo-bo qui l'a rejeté, mais dans ce registre, il se dévoile comme un gamin frustré et dépité qui, en fait, aurait bien aimé être intégré dans ces cercles-là : sa narration de l'affaire Cantat-Trintignant (pp. 156-170) est révélatrice, ainsi que ses reproches à sa soeur (
Agnès Soral) devenue actrice de cinéma.
- Il (comment dire ? quel terme choisir ?) déblatère, vomit, éructe sa haine des féministes ; s'appuyant sur de nombreux exemples concrets, il esquisse tout de même un semblant de début d'analyse : il perçoit combien ces féministes enragées sont avant tout de bonnes bourgeoises intellectuelles, disposant de revenus confortables, accaparant la parole et les médias au point de faire croire à l'immense majorité des autres femmes que leurs petits problèmes de bourgeoises sont ceux de toutes les femmes ; il sait distinguer entre les "flippées" du type mémère
Simone de Beauvoir et les "pétasses" du type
Elisabeth Badinter ; mais il ne tire pas grand-chose de ces constats, car il reste constamment au niveau de la seule vocifération. Les dégâts infligés à la société et à elles-mêmes par ces bourgeoises libérées sont drastiquement récapitulés par exemple pp. 134-135.
Un des passages les plus terribles car – hélas – relativement bien vu se trouve pp. 195-196 et concerne les enfants (voir citation)
Le deuxième texte de ce volume, un simili-roman intitulé "Chute !" est tellement ridicule et geignard qu'il ne mérite aucune attention. Quelques anecdotes peuvent tout de même tirer un sourire...