La révolution surréaliste est l'oeuvre d'une poignée de poètes : Breton,
Aragon,
Eluard,
Soupault, Reverdy… auxquels viendront s'adjoindre quantité d'autres poètes, artistes, cinéastes… Si les trois premiers ont pris très vite une place essentielle dans la littérature, les deux derniers, dont l'importance est tout à fait réelle, n'ont eu qu'une audience restreinte, réservée aux seuls amateurs de poésie. Pourtant, ils méritent l'un et l'autre d'être connus, et du plus grand nombre.
Philippe Soupault (1897-1990), comme
Robert Desnos, avec qui il a beaucoup de points communs, est un poète « attachant ». Sans avoir la fluidité magique d'un
Eluard ou le lyrisme d'un
Aragon, il a ce qu'on pourrait appeler un charme particulier, ou un charisme populaire, tel qu'en auront également
Jacques Prévert ou
Raymond Queneau.
FUNEBRE
Monsieur Miroir marchand d'habits
Est mort hier soir à Paris
Il fait nuit
Il fait noir
Il fait nuit noire à Paris
(Chansons – 1949)
Il fait tout passer dans sa poésie : l'esprit d'enfance et la fantaisie, comme la profondeur, l'intensité des passions, la quête, le bonheur et le malheur de vivre… Il faut dire que sa vie aura, pendant plus de quatre-vingt dix ans, donné du grain à moudre à sa poésie : grand reporter de presse, il a voyagé autour du monde, sillonné l'Europe dans tous les sens, croisé les grands de ce monde (il a même croisé Hitler dans un ascenseur, er regretté ce jour-là, de n'être pas armé). Antifasciste notoire, il se verra pourchassé autant par la police de Vichy que par les nazis. Après la guerre, il continuera le journalisme autant à la radio que dans la presse écrite.
Sa poésie est tout à la fois intime et universelle (ce qui est le propre des grands poètes) et surtout elle a un côté populaire qui touche ce qu'on appelle aujourd'hui « les gens » et qu'on appelait jadis « le petit peuple ». Les lecteurs de
Philippe Soupault se trouvent aussi bien chez les bourgeois que chez les prolétaires, chez vous comme chez moi, parce que vous et moi, nous nous retrouvons dans ses mots et dans ses phrases, avec nos qualités et nos défauts, nos désirs et nos frustrations, notre grandeur et notre petitesse
Ce recueil « Georgia-Epitaphes-Chansons » paru en 1984 dans l'excellente collection «
Poésie-Gallimard (bien connue des amateurs de poésie), constitue une anthologie tout-à-fait représentative de la poésie de
Philippe Soupault, depuis ses
poèmes surréalistes jusqu'aux derniers textes des années 80, où la sagesse du vieil homme accompagne l'étincelle (pour ne pas dire le feu) qui a animé le poète toute sa vie. A compléter, dans la même collection avc «
Les Champs magnétiques » écrit à quatre mains avec
André Breton.