Ça vous arrive de sortir de votre zone de confort ? A moi, régulièrement, mais cette fois, je l'ai fait avec une romance,
Réponds-moi. Et c'est une très belle surprise.
Bien sûr, je n'y suis pas venue par hasard. J'ai déjà lu des romans de
Mélanie Taquet (
Starling) ou ses nouvelles (
L'instinct des innocents), parce que c'est une auteure qui a été repérée par Eyrolles, sa maison d'édition, grâce à Librinova. Mais aussi, j'ai lu l'extraordinaire article de
Nicolas Mathieu dans le numéro de mars de Zadig, le mag, qu'il a écrit après avoir arpenté les allées du premier salon de littérature de romance à Dunkerque et avoir exprimé les surprises que lui a réservées cette visite. Comment résister à son idée, selon laquelle les raisons pour lesquelles les romances existent sont politiques ? « … le désir se heurte évidemment à la réalité, celle du porte-monnaie en premier lieu. le désir se heurte toujours à la réalité de toute façon, c'est pour ça qu'on a inventé la fiction. Et les romans d'amour. »
Alors j'ai lu
Réponds-moi. J'ai bien l'impression que le livre respecte tous les codes du genre : une histoire d'amour avec des obstacles, dont on se doute bien que la fin sera happy, et qu'elle nous plaira (non, je ne la révèlerai pas). Mais aussi, tout est vu de l'intérieur, du point de vue des protagonistes : on a donc accès non seulement à l'histoire, mais aussi à ses coulisses, et à ses ambivalences. Or, pour moi, c'est à cela qu'on reconnaît un bon auteur (peu importe qu'il s'agisse de romance ou d'un autre genre) : ce n'est pas à la surface des choses qu'il donne accès, mais à l'envers du décor. « Alors je suis partie, pas parce que quelque chose clochait chez toi, comme tu sembles le penser, mais parce que c'était moi le monstre. »
Depuis Les liaisons dangereuses, on sait bien que la forme épistolaire est un idéal pour parler d'amour : elle donne un maximum de proximité avec les personnages. Bien sûr,
Réponds-moi est aussi rafraîchissant que le livre de Choderlos de Laclos est pervers. Mais ne vous y fiez pas. Florence n'est ni Cécile de Volanges, ni la Merteuil, tandis que Nicolas n'est ni Valmont, ni Danceny : et tant mieux ! Ils ne sont pas intemporels, mais juste des contemporains qui affrontent leurs contradictions bien d'aujourd'hui, nous donnant la possibilité de nous y identifier.
Et cette identification fait du bien, parce qu'on a tous besoin, à certaines périodes de notre vie, de croire que l'amour est possible, que la résilience est certaine, que les liens entre des êtres qui se sont aimés peuvent durer par-delà les décennies… et dans ces périodes, autant choisir un livre bien écrit, entraînant, addictif, sincère. Et, pour sortir du lot – pitié ! -, plus subtil qu'un banal jeu sur la fragilité féminine face à la domination masculine. Pas d'hésitation :
Réponds-moi sort absolument du lot…
Retrouvez également ma chronique pour 20 minutes, lien ci-dessous.
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