Elle est Bretonne avant tout, avec la cape de son pays sur la tête. A la mort de son père François II, duc de Bretagne, qui s'opposa à l'absorption de son duché par la France de Louis XI, puis de Charles VIII, cette petite duchesse de onze ans résiste encore trois ans au roi de France avant de lui céder, en 1491 !!! Elle est alors deux fois reine de France, une grande reine, hautaine, têtue, intelligente, mais humaine. Elle n'aura pas d'héritier mâle vivant pour lui succéder, si bien qu'à la mort de Charles, puis à celle de Louis XII, il y aura deux "décrochages" de la filiation directe des Valois.
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Philippe Tourault écrit très bien ! Il défend si bien la Bretagne d'Anne, duchesse-reine née à Nantes en 1477, décédée à Blois en 1514, que je me suis demandé où il était né lui-même. En fait il admire cette femme égale à l'homme, et même supérieure à Louis XII par l'intelligence et la capacité à commander. Une reine Victoria, une Catherine II ... Opposée avec les autres femmes de tête et de pouvoir, Anne de Beaujeu, puis Louise de Savoie aux caprices des rois Charles VIII et Louis XII à avoir, bien qu'ils en rapportent des oeuvres et des artistes, des vues inutiles sur l'Italie, elle accepte la dernière croisade qui fut un échec.
Sa seule erreur, à mon avis, sera sa folie de vouloir marier sa fille Claude au futur Charles Quint, pour éviter de rattacher la Bretagne à la France. Charles Quint, dont l'empire, par héritages, entourera la France ( ! ), se serait réjoui d'absorber celle-ci.
Louis XI était peu être "tordu", mais avait compris l'importance de l'unification nationale. Il s'est cassé les dents contre la Bretagne, tout comme ensuite Charles VIII et Louis XII, à cause de l'obstination de la duchesse-reine Anne. François premier ne réalisera ce voeu des rois de France qu'en 1532 !
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Il y a peu de temps, j'avais lu un livre sur Louise de Savoie, mère de François premier, puis une bande dessinée sur François premier. Ce qui est sympathique avec L Histoire, c'est de recouper les témoignages. Ainsi, dans ce précédent livre de René de Maulde La Clavière, l'auteur louait les qualités d'économie du "Père du peuple" Louis XII. Dans l'ouvrage de Tourault, ce roi est parfois fastueux, surtout pour les obsèques de sa femme Anne dont il était très amoureux.
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Bien que Normand, il y a longtemps que j'aime aussi la Bretagne, ses côtes, son folklore et chants celtiques,... Passant du temps à Perros Guirec, j'ai su apprécier ses symboles, ses racines, son marché de circuits courts, ... Et aussi ses "autoroutes" gratuites ... : )
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Depuis près de cinquante ans, il n'avait pas été publié de biographie importante sur Anne de Bretagne. Philippe Tourault a écrit dans un style alerte un ouvrage qui renouvelle en grande partie la vie de ce personnage singulier, duchesse puis, par deux fois, reine de France.
L'auteur fait justice de la légende qui présentait Anne comme une "duchesse en sabots", pauvre et forcée d'épouser le roi de France en menant avec lui une existence malheureuse d'exilée.
Il s'attache à restituer la justesse des faits en suivant l'évolution de son héroïne.
Après une jeunesse mêlée de tracas, qui voit son père François II lutter puis perdre la guerre contre les souverains français, Anne épouse le pire ennemi de son pays, celui qui l'a vaincu : Charles VIII.
Le mariage forcé devient bientôt un mariage d'amour, que seules viennent contrarier les guerres d'Italie.
Après la mort prématurée de son époux, la bretonne doit épouser son successeur Louis XII.
Mais instruite par l'expérience, elle sait lui dicter ses volontés qui doivent assurer à tout jamais l'indépendance de la Bretagne.
Le décès inattendu d'Anne, à 36 ans, en décide autrement : sa fille Claude, unie au robuste François Ier, finit par lui céder son duché....
(extrait de "Anne de Bretagne par Philippe de Tourault", article du journal "Historama" paru en juillet 1990)
En 1492, à l’époque de sa découverte du bonheur, la reine est honorée et servie par soixante-dix-neuf « officiers de l’hôtel ». Encore ce chiffre est-il sous-estimé car certains d’entre eux ne sont mentionnés sur les listes que par rubriques, sans que leur nombre ni leur nom ne soient recensés. Cette Cour avant la lettre est composée d’aristocrates et de notables qui se répartissent hiérarchiquement en un « chevalier d’honneur de la reine », huit maîtres d’hôtel, huit écuyers d’écurie, six pannetiers, sept échansons, six « écuyers tranchants », quatre maréchaux de salle, quatre écuyers de cuisine, six pannetiers de bouche, sept échansons de bouche, huit pannetiers du commun, huit échansons du commun, trois médecin et apothicaires, trois joueurs d’instruments. En somme tout le personnel qu’il faut pour la parade, la santé et la sécurité, le service de la table et, déjà, les musiciens qu’Anne apprécie tant. Il faut ajouter le personnel de la cuisine, de la vaisselle, de la chambre et bien d’autres officiers encore…Ce sont probablement quelque cent vingt dignitaires masculins qui entourent et honorent la reine de leurs soins attentifs tout au long de la journée.
Oui, Charles VIII, cet apprenti-mari, c'est celui-là même qui a tué son père... Dans ces conditions, comment cette enfant de onze ans pourrait-elle consentir, même sous la contrainte, à un tel mariage avec le roi de France exécré ?
C'est, en dépit des apparences, en grande partie grâce à l'action de son épouse la Duchesse-Reine Anne, que le royaume de France a été épargné ... Et l'harmonie du couple retrouvée.
Que peut penser Anne de tant de promesses qui, à quatre ans, l’unissent au prince de Galles, à neuf ans à Maximilien, à dix ans à Alain d’Albret et, la même année, de nouveau à Maximilien ? Certes on lui fait miroiter des mariages avec des grands seigneurs, mais elle accomplit, soumise, la volonté de son père et de son entourage, contrainte de lier sa vie à des étrangers que pour certains, elle ne connaît pas. A dix ans, au moment du dernier grand sursaut breton, elle est la meilleure monnaie d’échanges internationaux pour sauver sa patrie en danger.
5 questions posées à Philippe Tourault, à l'occasion de la parution de son livre Les ducs et les duchesses de Bretagne (Perrin).